Politiques sociales 2015 Journée 9 5 mars 2015 La société multiculturelle
Plan de la matinée Gérer une société multiculturelle: les approches L’intégration: définition Société multiculturelle en Suisse Société multiculturelle cohésion sociale et Etat social
Des approches nationales très différentes: Trois visions des populations venues d’ailleurs: Les étrangers (Suisse, Allemagne) Les immigrés (France) Le minorités ethniques (Royaume Uni, USA)
Quatre modèles de relations entre immigrés et autochtones Assimilation Intégration Multi-culturalité Ségrégation
Le modèle anglo-américain Tolérance pour la diversité Intégration formelle rapide (droit du sol) Politique de gestion de la diversité très développée Promotion de l’égalité des chances « Affirmative action » Rôle important des tribunaux
Le modèle de l’intégration Quelle définition? Quelles politiques?
L’intégration selon le Conseil Fédéral L’intégration des étrangers vise à favoriser la coexistence des populations suisse et étrangère sur la base des valeurs constitutionnelles ainsi que du respect et de la tolérance mutuels. Elle doit permettre aux étrangers dont le séjour est légal et durable de participer à la vie économique, sociale et culturelle. L’intégration suppose d’une part que les étrangers sont disposés à s’intégrer, d’autre part que la population suisse fait preuve d’ouverture à leur égard. Il est indispensable que les étrangers se familiarisent avec la société et le mode de vie en Suisse et, en particulier, qu’ils apprennent une langue nationale. Source: DFJP, Problèmes d’intégration des ressortissants étrangers en Suisse, Berne, 2006 (définition reprise sur le site web du DFJP)
Autre définition dans le rapport: « L’intégration est considérée comme une sorte d’égalité des chances. L’intégration des étrangers peut être qualifiée de réussie (situation optimale) lorsque les valeurs statistiques enregistrées par ces derniers dans les différents domaines d’intégration sont comparables à celles de Suisses d’âge, de sexe, de situation sociale et économique, de statut familial et de formation professionnelle comparables ». Source: DFJP, Problèmes d’intégration des ressortissants étrangers en Suisse, Berne, 2006
Quelles politiques? Protection contre la discrimination raciale Politique du logement et de la ville Politique de l’éducation Politique sociale et du marché du travail Intégration politique/accès à la nationalité Intégration dans les institutions (police, administrations, école) Un mainstreaming de l’intégration ?
La société multiculturelle en Suisse Des tensions existent Désavantage et discrimination restent importants Surreprésentation de certaines catégories d’ étrangers dans certaines statistique de la criminalité
Proportion d'élèves classes spéciales, de 1980 à 2001 Source: DFJP, Problèmes d’intégration des ressortissants étrangers en Suisse, Berne, 2006
Chances de trouver une place d'apprentissage selon l'origine à qualifications égales (type d'école, résultats scolaires) Source: DFJP, Problèmes d’intégration des ressortissants étrangers en Suisse, Berne, 2006.
La discrimination dans l’accès à l’emploi Plusieurs études ont démontré de manière claire que les recruteurs pratiquent différentes formes de discrimination Etudes basées sur des entretiens directs ou sur des «paired CV audits». Plusieurs caractéristiques ont un impact: origine ethnique, couleur de la peau, âge, casier judicaire, obésité, etc… En général, l’ effet est plus grand lors des études «paired CV»
Etude Fibbi et al. 2003 Fibbi, R., Kaya, B. & Piguet, E. (2003) Le passeport ou le diplôme ? Etude des discriminations à l’embauche des jeunes issus de la migration, Neuchâtel, Forum suisse pour l'étude des migrations.
Etude Fibbi et al. 2003 Fibbi, R., Kaya, B. & Piguet, E. (2003) Le passeport ou le diplôme ? Etude des discriminations à l’embauche des jeunes issus de la migration, Neuchâtel, Forum suisse pour l'étude des migrations.
Etude Fibbi et al. 2003 Fibbi, R., Kaya, B. & Piguet, E. (2003) Le passeport ou le diplôme ? Etude des discriminations à l’embauche des jeunes issus de la migration, Neuchâtel, Forum suisse pour l'étude des migrations.
Exemple de réponse Fibbi, R., Kaya, B. & Piguet, E. (2003) Le passeport ou le diplôme ? Etude des discriminations à l’embauche des jeunes issus de la migration, Neuchâtel, Forum suisse pour l'étude des migrations.
Rapport des taux de délits lors de condamnations de jeunes hommes étrangers par rapport aux Suisses, par groupes d'âge, 1998 Source: DFJP, Problèmes d’intégration des ressortissants étrangers en Suisse, Berne, 2006.
La nouvelle politique migratoire LEtr: adopté en référendum en septembre 2006 Libre circulation avec les pays de l’UE – AELE Accès fortement limité pour les ressortissants d’autres pays (personnes hautement qualifiées) Facilitation du regroupement familial Renforcement des mesures d’intégration Renforcements des instruments de lutte contre l’immigration clandestine
Des limites à l’immigration extra-européenne. LEtr Art.23 « Seuls les cadres, les spécialistes ou autres travailleurs qualifiés peuvent obtenir une autorisation de courte durée ou de séjour En cas d’octroi d’une autorisation de séjour, la qualification professionnelle de l’étranger, sa capacité d’adaptation professionnelle et sociale, ses connaissances linguistiques et son âge doivent en outre laisser supposer qu’il s’intégrera durablement à l’environnement professionnel et social. » Des dérogations sont prévues pour des entrepreneurs, les « stars », les diplomates, et des travailleurs de secteurs frappés par une pénurie de main d’œuvre.
Le paradoxe européen Contexte très favorable à l’immigration (push – pull) Résistances de plus en plus grandes Résultat: immigration clandestine Peu d’espace pour une politique de l’intégration efficace
Immigration clandestine Trois origines: Demandeurs d’asile déboutés Personnes qui restent après l’échéance du visa Personnes qui passent la frontière de manière illégale Très difficile à estimer En Suisse: 300’000? En Grande Bretagne 500’000? En France 400’000?
Les enjeux d’une société multiculturelle Égalité des chances Cohésion sociale (capital social) La solidarité (disponibilité à participer à des mécanismes redistributifs)
Le capital social comme caractéristique d’une société Définition: « la valeur collective des réseaux sociaux et la tendance à faire quelque chose pour autrui (réciprocité) » (R. Putnam) Accent est mis sur: Participation à des structures de volontariat, associations Confiance dans l’autre Altruisme / solidarité Grand intérêt: Banque Mondiale, OCDE, Bill Clinton
Le capital social est important pour: Le fonctionnement de la démocratie (disponibilité à s’investir pour la collectivité) Les affaires (confiance dans les échanges commerciaux) Le bon fonctionnement de l’État social
Bowling alone Travail impressionnant en terme qualité de la recherche Illustre le déclin du capital social aux USA Ce développement est mis en relation avec les maux de la société américaine
Mesurer le capital social (Putnam) Indice synthétique du capital social Exemple d’indicateurs: Temps consacré au volontariat Temps passé avec des invités chez soi D’accord avec la phrase: « La plupart des gens sont honnêtes » Nombre d’organisations par habitant Taux de participation aux élections
Le capital social aux USA Source: Putnam 2000
Le déclin du capital social aux USA Source: Putnam 2000
Avec quelles conséquences?
Avec quelles conséquences?
Avec quelles conséquences?
Capital social: un concept puissant? Les corrélations avec l’indice de capital social sont impressionnantes Elles sont meilleures qu’avec d’autres indicateurs du bien-être d’une société, p.ex. le PIB/hab S’agit-il d’une mesure de la cohésion ou de l’intégration sociale?
Putnam 2007: capital social et société multiculturelle Part de deux hypothèses: La diversité renforce les liens entre communautés, ou le bridging (contact theory) La diversité renforce les liens intra-communautaires, ou le bonding (conflict theory) Putnam, R. (2007) E Pluribus Unum: diversity and community in the twenty-first century. Scandinavian Political Studies, 30, 137-174.
Homogénéité ethnique du quartier et confiance à des personnes d’autres ethnies
Homogénéité ethnique du quartier et confiance à des personnes de la même ethnie
Homogénéité ethnique du quartier et confiance aux voisins
La diversité encourage le repli sur soi Ces effets constatés pour la confiance se retrouvent dans les autres composantes du capital social Confrontés à une plus grande diversité ethnique, les Américains ont tendance à s’accroupir (hanker down) Suggère des pistes: identités multiples
Quelles conséquences pour l’Etat social? Moindre disponibilité à participer à des mécanismes redistributifs dans des sociétés multiculturelles Etude Alesina / Glaeser: La diversité ethnique expliquerait le faible développement de l’Etat social américain Alesina, A. & Glaeser, E. (2004) Fighting Poverty in the US and Europe: A World of Difference, Oxford, Oxford University Press.
Source: Alesina and Glaeser 2004: 141
Source: Alesina and Glaeser 2004: 147
Des paradoxes et des dilemmes de l’immigration et de l’intégration Le déclin démographique et la fermeture à l’immigration extra- européenne La remise en question de principes fondamentaux de nos sociétés: Séparation Etat – Eglise Egalité homme-femme Solutions pragmatiques à des question de principe? Intégration par l’éducation et le travail?