Ballade des Dames du temps jadis François VILLON Dictes moy ou, n'en quel pays Est Flora, la belle Rommaine, Archipiades, ne Thaïs, Qui fut sa cousine germaine, Écho parlant quand bruyt on maine Dessus riviere ou sus estan, Qui beaulté ot trop plus qu'humaine. Mais ou sont les neiges d'antan ? …….. Princes, n'enquerez de sepmaine Ou elles sont, ne de cest an, Qu'a ce reffrain ne vous remaine : Mais ou sont les neiges d'antan ?
Ballade des dames du temps jadis Mais où sont les parasites d’antan ? Luc Paris Laboratoire de Parasitologie-Mycologie Consultation des maladies infectieuses et tropicales
Mais où sont les parasites d’antan ? Parasitoses opportunistes : un peu d’histoire
Mais où sont les parasites d’antan ? Parasitoses et mycoses opportunistes chez les patients immunodéprimés Parasitoses Mycoses Toxoplasmose Pneumocystose Leishmaniose (viscérale) Cryptocoque Coccidies digestives Cryptosporidies Isospora Cyclospora Dimorphiques Histoplasme Coccidioïdomycose Blastomycose Trypanosomose américaine Microsporidies Anguillulose Penicillium marneffei Parasite du gay bowel Amibes (pathogènes ou pas) Flagellés Candidose digestive
Agents fongiques et parasitaires opportunistes : localisations POUMON DIGESTIF SNC PEAU AUTRES DISSEMINATION CHAMPIGNONS Pneumocystis jirovecii +++ Exceptionnelle Aspergillus fumigatus (autres) ++ Œil Candida albicans (autres) + Œil, rein Cryptococcus neformans prostate Histoplasma capsulatum Fusarium & Penicillium spp Microsporidies Œil , rein Zygomycètes PARASITES Toxoplasma gondii Cryptosporidium sp Isospora belli Cyclospora cayetanensis Strongyloides stercoralis
Mais où sont les parasites d’antan ? TOXOPLASMOSE
Toxoplasmose & VIH avant 1996 Caractéristiques épidémiologiques des toxoplasmoses cérébrales chez 399 patients infectés par le VIH suivis entre 1983 et 1994 La Revue de Médecine Interne Vol 19 N°5, May 1998, Pages 313-317P Bossi, E Caumes, P Astagneau, TS Li, L Paris, X Mengual, C Katlama, F Bricaire Incidence globale : 20,5 pour 100 patients-année 1er évènement classant SIDA : 51% des cas Évènement révélant le VIH : 13% des cas CD4 < 100/mm3 dans 93% des cas (moyenne 44/mm3, médiane 22/mm3) 92% pas de prophylaxie Survie moyenne après la TC : 11,4 mois (83,5% de décès en fin d’étude)
Mais où sont les parasites d’antan ? TOXOPLASMOSE Autres localisations
L’infection VIH après 10 ans de combinaisons antirétrovirales. D L’infection VIH après 10 ans de combinaisons antirétrovirales. D. Costagliola Incidence des 10 pathologies les plus fréquentes dans la population VIH
Baisse de la prévalence de la toxoplasmose dans la population générale 54,3% 36,7%
101 PCR positives 94 patients Laboratoire de parasitologie-Mycologie Pitié-Salpêtrière / Charles Foix Toxoplasmose 01/02/2012 au 07/11/2016 101 PCR positives 94 patients 3 LBA 2 VIH 16 LCR + 5 biopsies 16 VIH + 1 cas congénital né de mère VIH+ non observante 1 greffé rénal + 1 patient d’hématologie 53 PCA VIH 10 5 immunodéprimés d’autre cause 29 sang périphériques 20 patients d’hématologie 5 VIH En tout 48 patients VIH / 5 ans Épisode inaugural Rupture de suivi
Titre de la Mais où sont les parasites d’antan ? Pneumocystose Due à Pneumocystis jiroveci Aujourd’hui classée dans les mycoses Avant 1996 1ère infection opportuniste 25 à 30% des patients
PNEUMOCYSTOSE Diminution de la fréquence chez les patients infectés par le VIH B. Denis & O. Lortholary, Revue des Maladies Respiratoires (2013) 30, 682—695 3,2% en 1992 (695 cas) 0,3% en 2008 (97 cas) Reste la seconde cause d’infection définissant le SIDA à la période HAART
Pneumocystose Réseau pneumocystose francilien : bilan de 5 années de surveillance (2003—2007) Surveillance sur 14 hôpitaux de l’AP-HP Journal de Mycologie Médicale (2009) 19, 290-293 805 cas 487 VIH+ 264 VIH – 54 leucémies, 44 lymphomes 86 greffes (21 moelles, 37 reins…) Corticothérapies, chimiothérapies… 54 sans information VIH Pitié-Salpêtrière 2012-2016 267 Pneumocystoses Majoritairement chez des greffés
Current Epidemiology of Pneumocystis Pneumonia Pneumocystose Yearly opportunistic infection rates per 1,000 personyears, CDC Adult and Adolescent Spectrum of Disease Project,1994–2001 Current Epidemiology of Pneumocystis Pneumonia Emerging Infectious Diseases Vol. 10, No. 10, October 2004
Coccidies digestives et Microsporidies Qu’est ce qu’une coccidie ? Phylum des Apicomplexa Les coccidies intestinales Cryptosporidium spp Cyclospora cayetanensis Isospora belli Sarcocystis hominis Qu’est ce qu’une microsporidie ? « Champignon singulier » cellules hyper spécialisées le génome microsporidien a été réduit et compacté
Agents fongiques et parasitaires opportunistes : localisations POUMON DIGESTIF SNC PEAU AUTRES DISSEMINATION CHAMPIGNONS Pneumocystis jirovecii +++ Exceptionnelle Aspergillus fumigatus (autres) ++ Œil Candida albicans (autres) + Œil, rein Cryptococcus neformans prostate Histoplasma capsulatum Fusarium & Penicillium spp Microsporidies Œil , rein Zygomycètes PARASITES Toxoplasma gondii Cryptosporidium sp Isospora belli Cyclospora cayetanensis Strongyloides stercoralis
2 périodes distinctes dans la connaissance de ces agents infectieux Cryptosporidies/microsporidies : Problématiques communes 2 périodes distinctes dans la connaissance de ces agents infectieux Avant et après la pandémie de SIDA… L’infection VIH a révélé le caractère pathogène particulier de ces espèces chez l’Homme Protozoaires/«champignon» parasites digestifs Péril fécal Zoonoses Infections de l’immunodéprimé. Immunocompétent + à +++ Infections asymptomatiques + à +++
Diagnostic des « parasites » opportunistes digestifs Taille 25 µm Isospora belli MO sans coloration, sur selles fraiches & concentration PCR (Extraction d’ADN)
Isospora belli Coccidie Distribution en zone tropicale Réservoir strictement humain Développement dans l’entérocyte (20 jours) Syndrome diarrhéique Fièvre 39-40°C Hyperéosinophilie à la NFS
Isospora belli Fréquence (au cours infection par le VIH) - Blanshard & al, Londres (1997) 1/115 - Meynard & al, Paris (1997) 1/113 - Sharpstone & al, Rev litt. (moy) 1,5% - Pays en voie de développement 3-20% - GHPS : 2012-2016 : 2 cas dont 1 VIH
Diagnostic des « parasites » opportunistes digestifs Taille 25 µm 10 µm Isospora belli MO sans coloration, sur selles fraiches & concentration PCR (Extraction d’ADN) Cyclospora Cayetanensis MO sans coloration, sur selles fraiches & concentration PCR (Extraction d’ADN) 2 cas (non VIH sur 2012-2016 au GHPS)
Diagnostic des « parasites » opportunistes digestifs Taille 25 µm 10 µm 5 µm Isospora belli MO sans coloration, sur selles fraiches & concentration PCR (Extraction d’ADN) Cyclospora Cayetanensis MO sans coloration, sur selles fraiches & concentration PCR (Extraction d’ADN) Cryptosporidium spp MO après coloration (Ziehl-Neelsen) sur selles concentrées PCR (Extraction d’ADN)
Cryptosporidium : espèces impliquées dans l’infection humaine 20 espèces > 40 génotypes pour C. parvum ou C. hominis Caccio & Pozzio Expert Rev. Anti Infect. Ther. 4(3), 429–443 (2006) GHPS : 1012-2016 : 18 cas 2 VIH 2 voyageurs 3 contextes inconnus 11 immuno-déprimés d’autres causes que VIH (greffe)
Diagnostic des « parasites » opportunistes digestifs Taille 25 µm 10 µm 5 µm 1 µm Isospora belli MO sans coloration, sur selles fraiches & concentration PCR (Extraction d’ADN) Cyclospora cayetanensis MO sans coloration, sur selles fraiches & concentration PCR (Extraction d’ADN) Cryptosporidium spp MO après coloration (Ziehl-Neelsen) sur selles concentrées PCR (Extraction d’ADN) Enterocytozoon bieneusi & Encephalitozoon intestinalis MO après coloration (Weber, van Gool) sur selles concentrées IFA Test Ac monoclonaux PCR (Extraction d’ADN)
Microsporidies pathogènes… Epizooties d’importances économiques Insectes, vers à soie, abeilles (sériciculture, ruches) Crustacés, homards, crevettes (aquaculture) poissons : saumons, truites…(aquaculture) Oiseaux & mammifères (visons, animaux de laboratoires) 150 genres, > 1000 espèces Cas Sporadiques chez l’homme avant le SIDA 1985, Desportes, Le Charpentier et al., première description de Enterocytozoon bieneusi, chez un patient atteint de SIDA
Microsporidioses avec la pandémie de SIDA Nombreuses infections chez l’homme Nouveaux genres, nouvelles espèces Species Localisation Origine de l’infection Enterocytozoon bieneusi Gastrointestinal and biliary Man & Mammals Encephalitozoon intestinalis Gastrointestinal, systemic Man & Mammals Encephalitozoon cuniculi Cerebral, systemic Mammals Encephalitozoon hellem Eye, systemic Birds Pleistophora sp. Muscle Fish? Insects? Trachipleistophora hominis Muscle Insects T. anthropophthera Systemic Fish? Insects? Brachiola vesicularum Muscle ? Insects? Brachiola connori Systemic ? Brachiola algerae Eye Mosquitoes Vittaforma corneae Eye Insects? Microsporum africanum Eye ? Microsporum ceylonensis Eye ?
Microsporidioses Avec la pandémie de SIDA Enterocytozoon bieneusi Gastrointestinal and biliary > 1000 cases Encephalitozoon intestinalis Gastrointestinal, systemic > 100 cases Encephalitozoon cuniculi Cerebral, systemic > 10 cases Encephalitozoon hellem Eye, systemic < 10 cases Pleistophora sp. Muscle < 5 cases Trachipleistophora hominis Muscle < 5 cases T. anthropophthera Systemic < 5 cases Brachiola vesicularum Muscle < 5 cases Brachiola connori Systemic < 5 cases Brachiola algerae Eye < 5 cases Vittaforma corneae Eye < 5 cases Microsporum africanum Eye < 5 cases Microsporum ceylonensis Eye < 5 cases
Microsporidioses Avec la pandémie de SIDA Au temps des HAART GHPS : 2012-2016 1 cas à Encephalitozoon chez un greffé 2 cas à Enterocytozoon 1 diarrhée du voyageur Un patient infecté par le VIH (2013)
HAART 13 367 spécimens / 6 636 patients Infections opportunistes digestives parasitaires chez les sujets infectés par le VIH au CHU Pitié-Salpêtrière entre 1993 et 2001 HAART 13 367 spécimens / 6 636 patients 665 Microsporidia + / 292 patients 418 Cryptosporidia + / 201 patients 19 Isospora + / 9 patients 13 Cyclospora + / 13 patients 30
Impact des traitements antirétroviraux
Autres protozoaires intestinaux Amibes Entamœba histolytica/E. dispar E. coli E. hartmanni E. polecki Iodamœba bütschlii Endolimax nanus
Autres protozoaires intestinaux Flagellés Chilomastix mesnili Pentatrichomonas hominis Retortamonas intestinalis Enteromonas hominis Giardia intestinalis Dientamœba fragilis
Autres protozoaires intestinaux Stramenopila Blastocystis hominis pathogène ? Coccidies Sarcocystis sp
Autres protozoaires intestinaux Ces protozoaires sont le reflet De l’hygiène de l’environnement De l’hygiène individuelle. Transmission sexuelle possible (feuille de rose)
Autres protozoaires intestinaux 9170 examens parasitologiques des selles février 2012-novembre 2016 Amibes Entamœba histolytica/E. dispar 143 cas dont 46 E. histolytica E. coli : 222 E. hartmanni : 96 I. bütschlii : 12 Endolimax nanus : 279 Flagellés Chilomastix mesnili : 22 Pentatrichomonas hominis : 5 Retortamonas intestinalis : 23 Enteromonas hominis : 29 Giardia intestinalis : 80 Dientamœba fragilis : 53 Autres Blastocystis hominis : 235 Sarcocystis sp : 4 Protozoaires souvent associés entre eux 2, 3 , 4 voire plus…
Autres protozoaires intestinaux Pourquoi a-t-on le sentiment d’en voir moins ? Ces protozoaires sont le reflet De l’hygiène de l’environnement De l’hygiène individuelle. Transmission sexuelle possible (feuille de rose) Faites-vous encore des parasito des selles à vos patients bien contrôlés pour le VIH ?
Cryptococcose
CRYPTOCOCCOSE En 2014 63 cas déclarés au CNR - 37 VIH – - 26 VIH + Décès à 3 mois : 23%
Pitié-Salpêtrière 2012-2016 CRYPTOCOCCOSE 15 cas 10 VIH + 2 greffés 2 patients de cancérologie 1 cas ?
Autres parasitoses Trypanosomose américaine Leishmaniose viscérale 2 co-infectés VIH T. cruzi 1 asymptomatique 1 abcès cérébral T. Gondii ± T. cruzi Dépister les sud-américains Leishmaniose viscérale Données CNR 2006-2014 En moyenne 23 cas /an 2012 : 4 VIH + 2013 : 8 VIH + 2014 : 0 VIH + si forte suspicion clinique Sérologie aller jusqu’au W. Blot Se méfier des faux + ELISA PCR : sang périphérique, moelle, biopsies digestives Anguillulose Ne pose pas réellement de problèmes chez les patients infectés par le VIH 54 patients sur 2012-2016 au GHPS Concentration spécifique (Baermann)
Mais où sont nos parasites d’antan ? Ils sont toujours là Chez les patients infectés par le VIH Découverte du VIH Rupture de soins Chez les immunodéprimés d’autre cause Qui bénéficient de tout ce qu’on a appris avec le VIH Mais il y en a moins
Mais où sont nos parasites d’antan ? Pourquoi ces parasitoses/mycoses sont-elles moins fréquentes chez les patients infectés par le VIH ? Causes liées à la prise en charge du VIH : Prophylaxies Restauration immunitaire Causes liées à l’épidémiologie des parasitoses Baisse de la prévalence de la toxoplasmose Il faut les chercher Prescription (adéquate) des cliniciens / Savoir faire du biologiste Pour les parasitoses intestinales Faire des examens de selles Mettre en route les méthodes spécifiques pour cryptosporidies ou microsporidies Savoir reconnaître les parasitoses rares : cyclosporose
Mais où sont nos parasites d’antan ? élévation du niveau d’hygiène Diminution des endémies Progrès de la médecine Les parasites et la parasitologie vont-ils disparaître ? La survie des parasites est malgré tout assurée dans notre patrimoine culturel
Les parasites : répertoire d’insultes du capitaine Haddock
Les parasites : répertoire d’insultes du capitaine Haddock