Cinétique d’activation plaquettaire et d’interactions leuco-plaquettaires, et influence de l’aspirine au cours d’un sepsis expérimental N° R316 Vincent Mémier1, Fanny Vardon2, Aemilia Jacquemin2, Vincent Minville2, Pierre Sié1, Bernard Payrastre3 1 Laboratoire d'hématologie, 2 Anesthésie-Réanimation, CHU Toulouse 3 I2MC Institut des Maladies Métaboliques et Cardiovasculaires - Equipe 11, Inserm/UPS UMR 1048, Toulouse Introduction : Dans le sepsis, la thrombopénie est un marqueur pronostique indépendant suggérant un rôle prépondérant des plaquettes1. Néanmoins, l’analyse de l’activation des plaquettes et de leur ciblage pharmacologique a donné des résultats discordants probablement du fait de leur étude à des temps tardifs de la pathologie2,3. L’objectif de notre étude était de caractériser la cinétique d’activation et d’interaction leuco-plaquettaire, et l’impact d’un traitement par aspirine dans un modèle murin expérimental (ligation caecale et perforation : CLP). Résultats : Comme attendu dans le modèle, nous observons une leucothrombopénie d’installation rapide (diminution significative par rapport au sham de 51% des leucocytes à la 8ème heures et de 40% des plaquettes à la 24ème heure ; p=0,03 et p= 0,002 respectivement). Nous n’observons pas d'augmentation significative des marqueurs d'activation plaquettaire de surface avant la 24ème heure, alors que l’étude des marqueurs circulants montre une activation précoce : sCD40L dès la 4ème heure : 1072 pg/mL dans le groupe sepsis versus 607 pg/mL dans le groupe sham, p=0,014 ; et certains eicosanoïdes d’origine plaquettaire dès la 1ère heure (12HETE notamment). L’interaction monocyte-plaquette était précoce et forte dès la 4ème heure (59 % dans le groupe sham versus 88 % dans le groupe sepsis ; p = 0,003 figure 1), alors que l’interaction tardive neutrophile-plaquette était significative seulement à 48H (29 % dans le groupe sham versus 49 % dans le groupe sepsis ; p = 0,037). Matériel et méthodes : Les souris ont été divisées en 3 groupes : sham, CLP, CLP+Aspirine (n=4 par groupes). Au cours des 48 1ères heures, l’activation plaquettaire a été mesurée à l’aide de marqueurs de membrane (CD62P, conformation activée de l’intégrine αIIbβ3), par cytométrie en flux -FACS- et de marqueurs circulants plasmatique protéiques (sCD40L par ELISA) et lipidiques (eicosanoïdes par spectrométrie de masse). L’interaction leuco-plaquettaire a été analysée en FACS grâce à des anticorps spécifiques des monocytes (CD115) neutrophiles (Ly6G) et plaquettes (CD41). L’infiltration pulmonaire et rénale a été évaluée par étude immunohistochimique. L’aspirine a réduit la chute des plaquettes (523 x103 plaquettes/mm3 dans le groupe sepsis+aspirine versus 351 x103 dans le groupe sepsis à 48H ; p=0,0115 figure 2) et tendait à améliorer les lésions pulmonaires et l’atteinte rénale, mais n’influençait ni le taux de leucocytes, ni les interactions leucoplaquettaires (92% d'interaction monocytes-plaquettes avec aspirine à la 4ème heure versus 82% dans le groupe sepsis ; p=0,22). Discussion : Les plaquettes sont activées précocement dans le sepsis, comme l’indiquent les marqueurs solubles. Les plaquettes activées libres ne sont pas ou peu circulantes. La plupart sont associées aux monocytes et piégées dans la microcirculation. L’aspirine réduit la thrombopénie liée au sepsis mais son rôle dans la lésion d’organe reste à déterminer. Références : 1. Moreau D, Timsit J-F, Vesin A, et al. Platelet count decline: an early prognostic marker in critically ill patients with prolonged ICU stays. CHEST J. 2007 ; 131(6):1735-1741. 2. Valerio-Rojas JC, Jaffer IJ, Kor DJ, Gajic O, Cartin-Ceba R. Outcomes of severe sepsis and septic shock patients on chronic antiplatelet treatment: a historical cohort study. Crit. Care Res. Pract. 2013 ; 2013:1-9. 3. Xiang B, Zhang G, Guo L, et al. Platelets protect from septic shock by inhibiting macrophage-dependent inflammation via the cyclooxygenase 1 signalling pathway. Nat. Commun. 2013 ; 4(10):n2657
Etude de marqueurs de production plaquettaire : activation précoce L’étude des marqueurs circulants produit par les plaquettes montre une activation précoce : sCD40L dès la 4ème heure : 1072 pg/mL dans le groupe sepsis versus 607 pg/mL dans le groupe sham, p=0,014 ; et certains eicosanoïdes d’origine plaquettaire dès la 1ère heure (12HETE notamment). L’étude des marqueurs membranaires des plaquettes montre une activation tardive : faible augmentation d’expression de CD62P (P-selectine) significative à des temps tardifs de 24 et 48h (1,2 fois plus de moyenne de fluorescence MFI ; p=0,02). On retrouve également une activation relativement faible mais significative de l’intégrine αIIbβ3 à partir de 24H (1,17 fois d’augmentation de MFI dans le groupe sepsis versus sham ; p=0,014) Etude de marqueurs de production plaquettaire : activation précoce Les plaquettes activées précocement dans le sepsis ne sont pas ou peu circulantes
L’interaction monocyte-plaquette était précoce et forte dès la 4ème heure (59 % dans le groupe sham versus 88 % dans le groupe sepsis ; p = 0,003 figure 1), alors que l’interaction tardive neutrophile-plaquette était significative seulement à 48H (29 % dans le groupe sham versus 49 % dans le groupe sepsis ; p = 0,037). Les plaquettes activées dans le sepsis ont une interaction directe et précoce avec les monocytes
L’aspirine a réduit la chute des plaquettes (523 x103 plaquettes/mm3 dans le groupe sepsis+aspirine versus 351 x103 dans le groupe sepsis à 48H ; p=0,0115 figure 2) et tendait à améliorer les lésions pulmonaires et l’atteinte rénale, mais n’influençait ni le taux de leucocytes, ni les interactions leucoplaquettaires (92% d'interaction monocytes-plaquettes avec aspirine à la 4ème heure versus 82% dans le groupe sepsis ; p=0,22).
Cinétique d’activation plaquettaire et d’interactions leuco-plaquettaires, et influence de l’aspirine au cours d’un sepsis expérimental N° R316 Vincent Mémier1, Fanny Vardon2, Aemilia Jacquemin2, Vincent Minville2, Pierre Sié1, Bernard Payrastre3 1 Laboratoire d'hématologie, 2 Anesthésie-Réanimation, CHU Toulouse 3 I2MC Institut des Maladies Métaboliques et Cardiovasculaires - Equipe 11, Inserm/UPS UMR 1048, Toulouse Introduction : Dans le sepsis, la thrombopénie est un marqueur pronostique indépendant suggérant un rôle prépondérant des plaquettes1. Néanmoins, l’analyse de l’activation des plaquettes et de leur ciblage pharmacologique a donné des résultats discordants probablement du fait de leur étude à des temps tardifs de la pathologie2,3. L’objectif de notre étude était de caractériser la cinétique d’activation et d’interaction leuco-plaquettaire, et l’impact d’un traitement par aspirine dans un modèle murin expérimental (ligation caecale et perforation : CLP). Résultats : Comme attendu dans le modèle, nous observons une leucothrombopénie d’installation rapide (diminution significative par rapport au sham de 51% des leucocytes à la 8ème heures et de 40% des plaquettes à la 24ème heure ; p=0,03 et p= 0,002 respectivement). Nous n’observons pas d'augmentation significative des marqueurs d'activation plaquettaire de surface avant la 24ème heure, alors que l’étude des marqueurs circulants montre une activation précoce : sCD40L dès la 4ème heure : 1072 pg/mL dans le groupe sepsis versus 607 pg/mL dans le groupe sham, p=0,014 ; et certains eicosanoïdes d’origine plaquettaire dès la 1ère heure (12HETE notamment). L’interaction monocyte-plaquette était précoce et forte dès la 4ème heure (59 % dans le groupe sham versus 88 % dans le groupe sepsis ; p = 0,003 figure 1), alors que l’interaction tardive neutrophile-plaquette était significative seulement à 48H (29 % dans le groupe sham versus 49 % dans le groupe sepsis ; p = 0,037). Matériel et méthodes : Les souris ont été divisées en 3 groupes : sham, CLP, CLP+Aspirine (n=4 par groupes). Au cours des 48 1ères heures, l’activation plaquettaire a été mesurée à l’aide de marqueurs de membrane (CD62P, conformation activée de l’intégrine αIIbβ3), par cytométrie en flux -FACS- et de marqueurs circulants plasmatique protéiques (sCD40L par ELISA) et lipidiques (eicosanoïdes par spectrométrie de masse). L’interaction leuco-plaquettaire a été analysée en FACS grâce à des anticorps spécifiques des monocytes (CD115) neutrophiles (Ly6G) et plaquettes (CD41). L’infiltration pulmonaire et rénale a été évaluée par étude immunohistochimique. L’aspirine a réduit la chute des plaquettes (523 x103 plaquettes/mm3 dans le groupe sepsis+aspirine versus 351 x103 dans le groupe sepsis à 48H ; p=0,0115 figure 2) et tendait à améliorer les lésions pulmonaires et l’atteinte rénale, mais n’influençait ni le taux de leucocytes, ni les interactions leucoplaquettaires (92% d'interaction monocytes-plaquettes avec aspirine à la 4ème heure versus 82% dans le groupe sepsis ; p=0,22). Discussion : Les plaquettes sont activées précocement dans le sepsis, comme l’indiquent les marqueurs solubles. Les plaquettes activées libres ne sont pas ou peu circulantes. La plupart sont associées aux monocytes et piégées dans la microcirculation. L’aspirine réduit la thrombopénie liée au sepsis mais son rôle dans la lésion d’organe reste à déterminer. Références : 1. Moreau D, Timsit J-F, Vesin A, et al. Platelet count decline: an early prognostic marker in critically ill patients with prolonged ICU stays. CHEST J. 2007 ; 131(6):1735-1741. 2. Valerio-Rojas JC, Jaffer IJ, Kor DJ, Gajic O, Cartin-Ceba R. Outcomes of severe sepsis and septic shock patients on chronic antiplatelet treatment: a historical cohort study. Crit. Care Res. Pract. 2013 ; 2013:1-9. 3. Xiang B, Zhang G, Guo L, et al. Platelets protect from septic shock by inhibiting macrophage-dependent inflammation via the cyclooxygenase 1 signalling pathway. Nat. Commun. 2013 ; 4(10):n2657