Développer l’estime de soi est l’oeuvre de toute une vie Base de l’aptitude à aimer et à se situer comme une personne Dans les structures d’accueil de personnes déficientes mentales, la question de l’accompagnement de relations de couple qui peuvent se mettre en place revient très souvent. Les professionnels se demandent au nom de quoi ils ont un mot à dire dans la mise en place ou le développement d’une relation qui peut avoir diverses composantes: besoin d’affection, attirance érotique et pulsion sexuelle, désir de fonder une famille, désir de faire comme tout le monde, désir de se montrer « normal », besoin de se valoriser aux yeux d’un groupe… Il m’a semblé important de donner quelques repères pour vous permettre de situer l’évolution des personnes considérées dans le cadre d’une relation duelle et de mesurer le profit ou les risques individuels pour chacun des membres du couple. Développer l’estime de soi est l’oeuvre de toute une vie
‟ Développer sa capacité à aimer Aimer c’est tout donner…. L’ESTIME DE SOI Développer sa capacité à aimer ( Besoin - Désir - Don) ‟ Aimer c’est tout donner…. Avec l’autre aimer les autres AGAPE Aimer l’autre pour lui PHILIA Afin de poser des bases claires voyons comment se développe la capacité à aimer de chaque personne. Capacité qui permet de passer de la satisfaction de ses besoins naturels à l’éveil des désirs et à l’aptitude à donner et se donner. Ceci est valable pour tout le monde et vous donnera peut-être l’occasion d’illustrer par des exemples personnels les étapes proposées. Il faut toutefois dire dès le départ que toute la vie nous avons a développer les différentes façons d’aimer de façon à les mettre toutes en œuvre. Il est tout à fait normal de vivre des moments d’évolution régressive ou progressive de notre capacité personnelle à aimer. A la base l’amour selon Narcisse. Reprenant le mythe de Narcisse qui meurt à force de regarder dans un lac son image dont il est tombé amoureux, on parle depuis Freud de cette étape essentielle du développement de la personne qui consiste à se reconnaître comme une personne à part entière, séparée de sa mère, et ayant une valeur aimable. Parler de quelqu’un de narcissique a quelque chose de péjoratif dans le langage actuel mais en dehors de l’excès d’auto centrisme il est indispensable d’avoir une base solide d’amour de soi. L’adolescence avec son éveil hormonal et le réveil des pulsions érotiques nous amène à découvrir une autre façon d’aimer. C’est l’EROS grec ou l’attrait sexuel qui nous fait désirer l’autre pour ce qu’il peut nous apporter de confort, de bien être, de jouissance… on en mangerait, il est à croquer… c’est l’amour captateur qui prend l’autre à son profit. Le risque dans cette forme d’amour est que, si l’autre est mon faire valoir, son départ peut être aussi mon anéantissement. Les chagrins d’amour son de graves blessures qui peuvent mener au bord du gouffre, voire même au suicide… PHILIA est une autre forme d’amour. C’est l’amour courtois, le sentiment de l’amitié, la chaleur humaine qui se développe dans le dialogue et permet de découvrir chez l’autre des vertus et des qualités merveilleuses et uniques. Il invite à chercher à faire plaisir à l’autre, lui être agréable, le contenter . On voit bien qu’un tel amour poussé à son extrême et en l’absence d’une base solide d’estime de soi peut amener quelqu’un de fragile à ne plus exister qu’en fonction du désir de l’autre et il y a là un risque majeur de se perdre soi même en n’étant plus que le reflet du désir de l’autre… Le français est si pauvre qu’il ne nous donne qu’un mot pour définir des réalités très différentes de l’amour que le grec et d’autres langues ont décliné selon d’autres perspectives en trois verbes différents. AGAPE c’est l’amour spirituel, divin, inconditionnel. Il est large et s’étaye sur les autres formes de l’amour. Il rend apte au sacrifice de son propre intérêt pour l’intérêt supérieur de l’autre. Il cherche à faire grandir et s’épanouir l’autre qui m’est cher. Il s’ouvre avec l’autre à tous les autres. Ce n’est qu’en vivant ces différents niveaux de l’amour et en montant et descendant harmonieusement les différentes marches de la pyramide que l’on vit vraiment toutes les dimensions de l’amour. On peut tout à fait être dans chacune de ces façons d’aimer avec des personnes différentes au cours de sa vie et même comme célibataire… mais dans un couple il est nécessaire de pouvoir grimper jusqu’en haut de la pyramide pour découvrir la cerise sur le gâteau, cette harmonie avec l’autre faite de complicité, de désir sexuel et de plaisir partagé et de créativité en famille et autour de soi. Aimer l’autre pour soi EROS S’aimer soi-même NARCISSE 2/7
L’ESTIME DE SOI Estime de soi d’après Germain Duclos : l’estime de soi, un passeport pour la vie ‟ Sentiment de confiance Sentiment d’appartenir à un groupe Sentiment de connaissance de soi Sentiment de compétence Attardons nous donc un instant sur cette première marche de l’amour de soi. Parler de l’estime de soi c’est rejoindre chacun dans son histoire personnelle car c’est une vertu universelle qui sert de base à la construction de l’image de soi et au mode de relation que nous établissons avec notre entourage. Nous sommes tous plus ou moins des fragiles de l’estime de soi. Se survaloriser amène forcément à des déconvenues liées à un complexe de supériorité qui nuit dans les relations à autrui. Se dévaloriser peut amener à manquer d’assurance et à avoir du mal à se faire respecter. Savoir s’estimer à se juste valeur c’est être capable de s’apprécier inconditionnellement avec nos qualités et nos défauts… ce n’est pas facile et il faut toute la vie travailler à garder cet équilibre instable qui passe entre le doute et l’excès de confiance! Parler de ce thème c’est rejoindre en chacun de nous la part d’étayage que nous avons pu glaner dans notre vie auprès de ceux qui nous ont élevé, soutenu et aimé. Ceux qui ont cru en nous et nous ont donné un capital de confiance qui nous permet d’avancer dans la vie, de se situer librement et de faire face aux épreuves qu’elle nous réserve. Comme éducateur nous avons aussi notre responsabilité dans la construction de l’estime de soi de ceux qui nous sont confiés. D’après vous quelles sont les composantes de l’estime de soi? 3/7
‟ Construction de l’estime de soi Se ressentir comme « être estimable ». Grâce au le regard de ses parents, ses frères et sœurs, ses professeurs, son entourage… Se reconnaître des qualités. Aux adultes de les mettre en valeurs, et d’accepter la personne telle qu’elle est et non pas telle qu’ils voudraient qu’elle soit. Se vivre en relation (apprenti sage). Connaître ses limites et les assumer pleinement. L’enfant se construit une image de lui-même à travers les yeux de ses parents. Se ressentir comme « être estimable ». Mis en confiance dès les premières heures de la vie, baigné d’affection dans un cadre stable et régulier il pourra se détendre, se sentir bien , s’ouvrir aux autres et au monde. Se reconnaître des qualités. Si l’enfant n’est pas aimé tel qu’il est, il se sentira toujours de trop. Tiraillé entre un idéal impossible à atteindre et son être profond pourra-t-il se sentir bien dans sa peau? A chacun de reconnaître ses forces et ses limites sans se prendre pour un autre, s’illusionner sur lui même car d’autres personnes auront tôt fait de lui enlever ses illusions. Une bonne estime de soi ce n’est pas une haute estime de soi mais une estime de soi stable face à la réussite comme à l’échec. Se vivre en relation C’est en se frottant aux autres que l’enfant se définit, se situe, évolue et améliore certains de ses comportements. Il devient au fil des rencontres un être social qui bouge, parle, rit… s’estime et se lance des défis réalistes et les relève tel un « apprenti sage ». L’enfant doit prendre conscience de ce qu’il doit aux autres, à la providence, et intégrer les notions de respect, d’humilité, d’attention aux autres nécessaires à toute vie en société. Dans les activités culturelles artistiques, sportives en multipliant les rencontres et expériences l’être se construit progressivement Connaître ses limites et les assumer pleinement. Assumer ses limites c’est-à-dire s’accepter ni minable, ni coupable mais imparfait. Dans une société qui prône la performance, l’abondance et l’apparence ce n’est pas si facile de se dire « pour l’instant je ne suis pas celui que je voudrais être - ce qui n’empêche pas des gens de m’estimer, me respecter - mais je sais que je peux progresser et que des gens vont m’aider à le faire ». 4/7
Bénéfices de l’estime de soi ‟ Permet de traverser les épreuves sans être détruit. Ouvre à la relation, permet de se faire respecter et de dire « non ». Donne de la liberté par rapport aux influences du passé (trier le meilleur), aux influences sociales (ne pas être le jouet des modes). Évite d’être toujours dans la séduction. (ex. Don Juan en quête perpétuelle de réassurance dans sa capacité d’être aimé). 5/7
‟ Éduquer à l’estime de soi Les plus Les moins L’ESTIME DE SOI Être une présence chaleureuse. Établir des règles familiales, institutionnelles peu nombreuses mais claires. Amener la personne à reconnaître ses erreurs. Contrôler les facteurs de ses angoisses. Souligner ses forces. Favoriser l’expression de ses émotions. Les moins Le manque de complicité et de plaisir avec l’enfant. Les mots qui blessent. La surprotection. Le laisser faire. Le découragement devant les difficultés. Les attentes trop ou pas assez grandes. Les comparaisons avec les autres. 6/7
LA MONTEE VERS L’OBLATIVITE Avec l’autre l’amour des autres L’amour de l’autre pour l’autre Nous avons donc du pain sur la planche pour permettre à chacun de gravir les différentes marches et découvrir ainsi toute les richesses de l’amour humain. L’amour de l’autre pour soi L’amour de soi