Ludovic DUREL Consultant Complémentarité des différentes approches d’action dans le champ du handicap
Définition des trois niveaux d’approche possibles (1) Approche spécifique : seules les personnes handicapées sont concernées par les actions entreprises qui tiennent compte et sont basées sur leurs besoins spécifiques. Ex : la réhabilitation fonctionnelle, le traitement médical relèvent de cette approche Approche inclusive ou développement inclusif : les personnes handicapées ont accès aux mêmes services ou mêmes activités que les autres membres de la société. Ces services ou activités sont donc adaptés aux besoins et non plus spécialisés. Ils sont conçus non pas pour mais avec les personne handicapées. Ex : un bureau de poste accessible aussi bien aux personnes handicapées qu’aux personnes non handicapées
Définition des trois niveaux d’approche possibles (2) Une approche intermédiaire, l’approche intégrée : il s’agit de services ou activités conçus spécifiquement pour les personnes handicapées et intégrés à des services ordinaires Ex : une classe intégrée dans une école ordinaire (lieu commun mais personnel enseignant, classe spécifiques)
Développement inclusif, les challenges Plus de 75% des 600 millions de personnes handicapées dans le monde vivent dans les pays en voie de développement et sont les plus pauvres parmi les pauvres. Les phénomènes d’exclusion économique et sociale des personnes handicapées doivent être pris en compte dans le cadre de développement. La réduction de la pauvreté ne pourra être abordée sans inclure la thématique du handicap dans les politiques et les processus de développement en assurant la participation des personnes handicapées dans toutes les phases de programmation. Au moins six des Objectifs du Millénaire pour le développement et la lutte contre la pauvreté ne pourront être atteints sans la prise en compte du domaine du handicap : La lutte contre la pauvreté et la faim; Permettre l’éducation primaire pour tous; La promotion de l’égalité du genre et “l’empowerment” des femmes; Réduction de la mortalité infantile; L’amélioration de la santé maternelle; La lutte contre de SIDA / paludisme et autres maladies infectieuses
Approche inclusif : référence au modèle social du handicap Le modèle social du handicap envisage la situation du handicap comme une interaction entre une personne avec une déficience et un environnement social discriminatoire, bloquant l’accès à toute personne handicapée souhaitant jouer son rôle au sein de la société La raison pour laquelle une personne handicapée ne parvient pas à réaliser pleinement son potentiel n’est pas liée à son incapacité, mai aux attitudes, aux lois et aux structures discriminatoires auxquelles elle est en permanence confrontée Le but est d’identifier, d’analyser et d’exposer les obstacles physiques et sociaux que rencontre quotidiennement une personne handicapée
Approche inclusive : référence aux droits de l’homme Les obstacles physiques ou sociaux de l’environnement sont autant de violations des droits de l’homme qui sont les mêmes pour les personnes handicapées et les personnes non handicapées : Droit au respect et à la dignité ; Non discrimination ; Droit d’accès aux services,bâtiments publics…; Droit de vivre dans sa communauté et dans sa famille ; Droit de participer à la vie sociale ; Droit de participer à la vie politique et de voter; Droit d’association.
En résumé : l’approche inclusive pour une société inclusive La notion d’approche inclusive implique que soient prises en compte à toutes les étapes du développement (programmation, mise en œuvre, suivi et évaluation) la dimension du handicap, garantissant aux personnes handicapées d’être des acteurs ressources des processus et de leur mise en œuvre ; L’approche inclusive se fonde sur l’approche basée sur les droits de l’homme ; L’approche inclusive garantit aux personnes handicapées de pouvoir bénéficier des mêmes droits que n’importe quel autre membre de la société, ainsi que d’être associé au processus de développement sans distinction fondée sur le handicap, la race, le sexe, la religion ou autre ; Elle implique que les organisations, les programmes, les politiques et les projets de développement soient évalués en fonction de leur impact sur les conditions de vie des personnes handicapées, en favorisant constamment la promotion et la défense des droits de l’homme. Ex: développement local inclusif sur Salé.
La nécessaire complémentarité des approches Les avantages de l’approche inclusive sont important dans le sens qu’il construit une société qui n’exclut pas contrairement à une approche exclusivement spécifique (mal pensée). Néanmoins des actions spécifiques sont nécessaires pour rendre le développement inclusif effectif. L’approche inclusive ne peut en effet être effective sans qu’en même temps des mesures soient prises en terme de : Réhabilitation fonctionnelle, prévention des déficiences, mécanismes d’assistance, aides et équipements ; Existence d’organisations de personnes handicapées fortes qui renforcent les personnes handicapées dans leurs habitudes individuelles de vie, renforcent l’estime qu’ils ont d’eux même et leurs compréhension de leurs droits Ex: Un enfant qui ne peut pas se laver seul et ne bénéficie pas des aides fonctionnelles nécessaires à son déplacement ne peut bénéficier de l’éducation même si l’école est complètement accessible, avec des enseignants formés et un programme d’enseignement adapté.
L’approche des chemins jumeaux (recommandation DFID) Des actions spécifiques en direction des personnes handicapées et de leurs organisations pour renforcer les capacités des personnes handicapées L’inclusion de la thématique du handicap dans toutes les actions de développement pour lutter contre les inégalités entre personnes handicapées et non handicapées Egalité des droits et des chances pour une pleine participation sociale des personnes handicapées
De l’exclusion à l’inclusion Intégration Société Inclusion Société Adapté de Ronald Wiman editor. Disability dimension in development action. Manual on inclusive planning. Published by stakes for the UN (2003) Société
Réponse aux arguments contre le développement inclusif (1) Adapté de EDF Policy Paper. Development Cooperation and Disability. Doc EDF 02/16 EN. European Disability Forum. Le handicap n’est pas une priorité, c’est un luxe pour les communautés pauvres: Réponse Le handicap doit être une priorité dans les politiques publiques car la question du handicap est rarement spontanément priorisée par les communautés consultées: Les personnes handicapées sont invisibles car pas consultés ; Les consultations sont réalisées auprès de représentants qui ne sont eux-mêmes pas handicapées ; La pauvreté ne pourra être réduite que si la question du handicap est prise en compte ;
Réponse aux arguments contre le développement inclusif (2) La question du handicap est une affaire de spécialistes : Réponse La question du handicap n’est pas un enjeu de spécialistes, c’est un enjeu lié aux droits de l’homme ; Les priorités des personnes handicapées sont comme les autres l’accès à la nourriture, à un toit, à une vie de famille, à une emploi et la participation à la société en général ; La spécialisation se réfère à certains équipements, aides personnalisés ou exercices de réhabilitation dont certaines personnes handicapées ont besoins ; Il a été démontré que 80% des besoins en réhabilitation pour les personnes handicapées pouvaient être réalisés par des gens ordinaires dans leur communauté avec des connaissances et capacités locales (voir la réhabilitation à base communautaire) ;
Réponse aux arguments contre le développement inclusif (3) Prendre en compte les questions liées au handicap est trop coûteux (adaptation des bâtiments, équipements…): Réponse Les coûts de prise en charge de personnes dépendantes sont bien plus important que l’adaptation des services, équipements…Or le développement inclusif tend à rendre les personnes handicapées moins dépendantes ; Concevoir et réaliser des bâtiments, des services adaptés est moins coûteux que les adapter une fois réalisés ; Les coûts sont effectivement supérieurs au départ mais seront compenser par les bénéfices à long terme notamment car ils permettent aux personnes handicapées elles mêmes de devenir productives et d’être moins dépendantes des aides ;