L’Ancien français La période féodale (IX-XIII siècles)
Les conséquences de la dislocation de l'Empire de Charlemagne (la fin du IX siècle) Charles le Chauve, Louis le Germanique et Lothaire déchirent l’empire. Les conséquences: o règne de la féodalité, qui morcela l'autorité royale; o invasion des Normands en Angleterre, en France et en Italie; o ère des croisades, qui fit découvrir l'Orient; o toute-puissance de l'Église de Rome; o les communications diminuent.
Le morcellement de l’Empire
La féodalité Les caractéristiques principales du régime féodal: le morcellement et la fidélité. Un seigneur à un vassal – un fief (une terre). Un vassal au seigneur – la défense en cas d'attaque. la constitution de grands fiefs, eux-mêmes divisés en une multitude de petits fiefs; les guerres entre seigneurs afin d'agrandir le fief; l’isolation des fiefs.
L’invasion des Vikings (Normands) en Normandie La monarchie demeurait à peu près sans pouvoir. Incapable de repousser les envahisseurs vikings, Charles III (le Simple) leur a concédé en 911 une province entière, la Normandie. Nort mans→Normand Les vikings perdent leur langue vite.
L’invasion des Normands en Angleterre
Le français gagne du terrain En 987 Hugues Capet a été élu et couronné roi de France; c'était le premier souverain qui s'exprimait en français. La dynastie des Capétiens a réussi à renforcer l'autorité royale et a entrepris la tâche d'agrandir ses domaines. Les Capétiens se sont fixés à Paris.
Domaine royale:
Le français gagne du terrain Au XIII siècle Louis IX a accédé au trône ( ) et l'unification linguistique était en partie gàgnée et la prépondérance du francien définitivement assurée. A la fin de son règne, Louis IX était devenu le plus puissant monarque de l'Europe, ce qui a assuré un prestige à sa langue, que l’on a appelé désormais le français.
L’unification du français Les facteurs d'unification: la royauté; l'Église; la bourgeoisie naissante; langue véhiculaire dans les couches supérieures de la population et dans l’armée royale; le français écrit: dans l'administration et dans les oeuvres littéraires.
Chanson de Roland XI e siècle
Erec et Enide
Roman de RENART ( )
Roman de la Rose ,
L’impact linguistique Dans de telles conditions, les divergences qui existaient déjà entre les parlers locaux se sont développées et se sont affermies. Chaque village et chaque ville avait son parler distinct: la langue évoluait partout librement, sans contrainte. Ce qu'on appelle l'ancien français correspondait à un certain nombre de variétés linguistiques essentiellement orales, hétérogènes géographiquement, non normalisées et non codifiées.
L’impact linguistique françois? français? francien? Louis VI en 1119 s'est proclamé, dans une lettre au pape Calixte II, «roi de la France, non plus des Francs, et fils particulier de l'Église romaine» (la première référence au mot France) Le philologue Gaston Paris a crée le mot francien.
La dominance du latin Pendant la période féodale, le prestige de l'Église catholique en Europe était immense. Le latin était la langue: du culte de l’enseignement de la justice. des sciences de la philosophie. Les gens instruits devaient nécessairement se servir du latin comme langue seconde: c'était la langue véhiculaire internationale dans tout le monde catholique.
L'état de l'ancien français (XIIIe siècle) Au XIIIe siècle le français s'est enrichie surtout aux points de vue phonétique et lexical, alors qu’il s’est simplifié sur le plan morphosyntaxique.
La phonétique Les voyelles, on en dénombrait 33: 9 orales, 5 nasales, 11 diphtongues orales, 5 diphtongues nasales, 3 triphtongues. I et U => I consonne [j] et U consonne [w] Les voyelles finales disparaissent, à l'exception du A qui s’est maintenu sous une forme affaiblie (lacrima - larme, mais murus – mur). Les voyelles initiales ou à l'intérieur du mot se sont transformées: la voyelle latine [u] (tout) est devenue [y] (rue). Le groupe OI [oy] =>[wé].
La phonétique Des voyelles A, O ou E près d'une consonne nasale elle- même “se nasalise”: [vanté] => [vãnté] =>[vãté] Dans les mots où la consonne nasale était suivie d'une voyelle, la consonne s'est maintenue et la voyelle s'est finalement “dénasalisée”: [hõneur] => [honeur] L'évolution a consisté à renforcer la nasalisation de la voyelle, aux dépens de la consonne, qui a fini par ne plus être prononcée.
La phonétique Les consonnes, il y en avait douze usuelles, B et P, D et T, C et G, désignant des occlusives, L et R des liquides ou vibrantes, M et N des nasales, S une sifflante et F une fricative correspondant aux sons du français. Trois affriquées: [ts] comme dans cent prononcé [tsent] [dj] comme dans jambe prononcé [djambe] [tch] comme dans cheval prononcé [tcheval]. Les consonnes ou groupes de consonnes à l’intérieur ou à la fin des mots disparaissent ou se transforment: le t intervocalique disparaît (vita => vie) le s intérieur devant consonne: festa => fete); le l intérieur devant consonne devient une semi-voyelle, laquelle se combinera plus tard avec la voyelle précédente pour former un seul son vocalique: alba => aube.
L’écriture L'écriture est phonétique: toutes les lettres se prononcent. des peaux de chievres blanches aujourd’hui: [dépo t'chèvr' blanch] à l’epoque: [dés péawss detchièvress blan-ntchess]
La grammaire Les transformations phonétiques ont influencées sur la syntaxe, car avec la chute des finales vont disparaître les marques des cas, c'est-à-dire le fondement de la déclinaison. => 2 cas (ancien français) 6 cas (latin) => 2 cas (ancien français) le “cas sujet” (le nominatif et le vocatif du latin) le “cas régime” (l’accusatif latin) Cette altération de la déclinaison latine se trouve compensée d'une part par l'apparition systématique d'articles, et d'autre part par une utilisation plus fréquente des prépositions.
La grammaire SingulierPluriel Cas sujetMasculinarticle li, flexion –s li blans cers article li, sans –s li chien Fémininarticle la, sans –s la forest article les, flexion –s les puceles Cas régimeMasculinarticle le, sans –s le blanc cerf article li, flexion –s à ses chevaliers Féminin – // –
La grammaire En ce qui concerne la morphologie du verbe, on peut dire que le système des temps du français moderne est constitué dès le XIIème siècle et il n'a subi que des modifications mineures. La double possibilité pour marquer le passé, de recourir soit à des formes simples (imparfait, passé simple), soit à des formes composées (passé composé). Des formes du subjonctifs présent: que j'aim (subjonctif) => j'aime (indicatif) que je face (subjonctif) => je faciam (indicatif) Le passé antérieur. Il apparaît en proposition subordonnée temporelle (quant il ot la parole oie), comme en français moderne (quand il eut entendu la parole). La négation ne, commence à être systématiquement doublée de pas ou de point.
L'ordre des mots L'ordre des mots dans la phrase, qui a toujours une certaine liberté, tend à se fixer. En particulier, l'ordre Sujet-Verbe-Objet commence à devenir la règle.
Le vocabulaire une soixantaine de mots gaulois un fonds important de mots romans populaires quelques centaines de mots occitans un millier de mots germaniques quelques dizaines de mots d'origine arabe etc. À partir du XII siècle, certains mots de formation savantes apparaissent à côte des mots d'origine populaire => les doublets: frêle et fragile; loyal et légal Il y a toujours une différence de sens entre les doublets.