Plaies et troubles du comportement « Stress et trauma » Prof. Philippe Corten ULB 2006
Plaies et troubles du comportement Plaies non accidentelles Plaies pseudo-accidentelles Troubles du comportement dus à des traumas
Plaies non accidentelles Scarifications et cicatrices Volontaires et conscientes: Tatouages Piercings Rituels initiatiques (allochtones) Subies: Excisions Sado-masochisme Maltraitances Agressions Opérations esthétiques ratées Automutilations Délirantes ex: autocastration Impulsives ex: automutilations chez des adolescentes border-lines Suicidaires ex: dépression
Plaies non accidentelles Attitudes du soignant Scarifications et cicatrices volontaires: Information des risques Dépistage HIV, Hépatite C, infections autres Subies: Faut-il encore mettre la victime à l’abri ? Comment assume-t-elle les séquelles? Y a-t-il Post Traumatic Stress Disorder ? (voir infra) Soutien psychologique ? Automutilations: Primum non nocere Gestes d’urgence Temporiser en faisant le nécessaire Avis, soutien, traitement psy Traitement esthétique en fonction de l’évolution psychologique L’intervention peut améliorer l’état mental Mais elle peut également être prématurée => Intérêt triade chirurgien-patient-psy
Plaies « pseudo » accidentelles Récits accidentels qui doivent attirer notre attention: Chute dans les escaliers Alcool ? Prise de calmants et somnifères ? Tentative de meurtre ? Bris de vitres Violence familiale ? Victime ou agresseur ? Idéation suicidaire ? Plaies ou brûlures chez les enfants et les jeunes Négligence ou maltraitance ? Plaies ou brûlures chez une personne âgée Démence ? (bain trop chaud) Violence familiale ou institutionnelle Plaies ou brûlures à des endroits surprenants
Plaies « pseudo » accidentelles Attitudes du soignant « non psy »: Risque: Non assistance de personne en danger Le patient Son entourage Non protection d’un malade mental Démence Automutilation délirante Que faire? Etre aidé d’un psy
Troubles du comportement dus à des traumas Stress aigu Evénement ayant ou ayant pu mettre l’intégrité (physique) en danger Comme victime ou comme témoin Réaction de peur ou d’effroi intense au moment du trauma Pendant ou après l’événement: symptômes dissociatifs Torpeur Réduction de conscience Déréalisation Dépersonnalisation Amnésie post-traumatique Evénement traumatique revécu constamment Images, pensées Flash-back Cauchemars Comme si Exacerbation lors exposition à ce qui peut rappeler l’événement Evitement persistant Anxiété et symptômes neuro-végétatifs Détresse significative Durée au moins 2 jours et maximum 4 semaines, apparaissant dans les 4 semaines.
Troubles du comportement dus à des traumas Stress aigu (attitudes du soignant) Mettre le patient à l’abri Gestes d’urgence Temesta expidet ou diazepam IM Pas de debriefing immédiat Entourage « supportant » durant les 48-72 premières heures ou protection médicale Diazepam 10mg 3x/jour et hypnotiques durant 3 jours Revoir 48 à 72 heures plus tard, puis toutes les semaines durant 6 à 8 semaines. (Consignes de bonnes pratiques pour généralistes du SPF Santé Publique 2006)
Troubles du comportement dus à des traumas Post-Traumatic Stress Disorder (PTSD) Evénement ayant ou ayant pu mettre l’intégrité (physique) en danger Comme victime ou comme témoin Réaction de peur ou d’effroi intense au moment du trauma Apparaissant après 4 semaines Pas nécessairement de symptômes dissociatifs lors de l’événement Revécu constant Evitement persistant Emoussement de la réactivité émotionnelle Activation neuro-végétative persistante Sommeil Irritabilité Concentration Hypervigilance Sursauts
Troubles du comportement dus à des traumas PTSD (attitudes du soignant) !!! Évolution torpide, gravement invalidante Suivi psychologique et psychiatrique indispensables Antidépresseurs: lutter contre la dégénérescence neuronale Triade chirurgien-patient-psy « Tirer sur une salade ne la fait pas pousser plus vite »
Troubles du comportement dus à des traumas Stress chronique Etat de tension persistante, perçu comme négatif où l’individu est ou se sent incapable de répondre adéquatement aux exigences de la tâche, où cette inadéquation peut avoir des conséquences significatives et qui s’accompagne de dysfonctionnements au niveau physique, psychique et social.
Troubles du comportement dus à des traumas Stress chronique (attitude du soignant) Supprimer la source du stress les stress inutiles Prendre soin de soi Somatique Psychologique « S’occuper de soi n’est pas de l’égoïsme » Gérer son stress Limiter l’exposition Se détendre, les bulles Mettre des limites Relativiser Humour Positiver… Et surtout….
Et surtout… Se faire plaisir
Troubles du comportement dus à des traumas Plaies symboliques Atteintes à l’identité imaginaire Sein Grands brûlés (moi-peau) Les plaies « invisibles » Parce que cachées Parce que anodines pour les autres Parce que morales Le regard des autres La répulsion dans le regard des autres La pitié insupportable Le « c’est du passé, tourne la page »
L’identité imaginaire et le regard des autres Plaies symboliques (attitude du soignant) Dépistage PTSD Stress Dépression => psychiatre Soutien psychologique (maturation et deuil)
Il y a psychothérapie et psychothérapie… Plus de 200 thérapies différentes Psychothérapies reconnues comme efficaces par le Comité Supérieur d’Hygiène Thérapies de soutien Thérapies cognitivo comportementales Thérapies expérientielles centrées sur le sujet Thérapies systémiques Thérapies (d’inspiration) analytiques
Les différentes psychothérapies Psychothérapies de soutien Principe: partager à un « confident » ses problèmes, ses émotions, son vécu But: améliorer ses mécanismes de défense et son adaptation Attitude du thérapeute: le thérapeute est actif, donne des conseils, cherche des solutions de commun accord avec le patient Psychothérapies cognitivo comportementales Principe: utiliser ses capacités cognitives pour réduire ses émotions négatives But: modifier ses attitudes et ses comportements dans des situations spécifiques Attitudes du thérapeute: actif et directif (apprentissages de techniques) Patient: actif aussi en dehors des séances (exercices et entraînement) Durée: limitée dans le temps, objectif spécifique Individuel ou de groupe
Les différentes psychothérapies Thérapies expérientielles et centrées sur l’unité psycho corporelle du sujet Principes: L’ici et maintenant (ne pas vouloir expliquer à tout prix) Ecouter ses émotions, ses sensations et ses besoins d’abord Le corps et l’esprit ne font qu’un (Gestalt) Puiser dans ses richesses personnelles Attitude du thérapeute: empathique, chaleureux, égalitaire Durée: pas de limite Individuel ou de groupe Thérapies systémiques Principe: un couple, une famille ou un groupe est un système ouvert Dont l’homéostasie doit être préservée (cad que les flux d’échanges avec le monde extérieur et à l’intérieur du système doivent être équilibrés) Qui a tendance à l’entropie (cad qui nécessite un investissement d’énergie continuel pour ne pas évoluer vers la déstructuration) Qui est doué d’inertie (cad qui résiste aux changements) Le membre du groupe qui veut modifier l’un de ces trois éléments va être vécu comme un perturbateur « dangereux »: bouc émissaire Attitude du thérapeute: désenclaver le « bouc émissaire », faire prendre conscience du fonctionnement du système En famille ou en groupe Durée: pas de limite
Les différentes psychothérapies Psychanalytiques
Approches non médicamenteuses et non psychothérapeutiques Techniques corporelles et psycho corporelles Kiné de relaxation (Schultz, Jacobson, Sophrologie) Kiné de maintien Hypnose et EMDR Massages Hydro et thalasso thérapies Attention: une technique n’est jamais qu’un moyen thérapeutique
Psychothérapie: le bon choix Principes C’est le patient qui fait le choix de la psychothérapie qu’il se sent le plus prêt à entamer Plus que la technique ou le système théorique, c’est le lien interpersonnel avec le psychothérapeute qui fera qu’il sera efficace => donner plusieurs noms Avertir le patient que si au bout de deux ou trois séances le courant ne passe pas, il ne faut pas hésiter à changer de thérapeutes
Conclusions: L’identité imaginaire et le regard des autres « Tout comme le jeune enfant se construit dans le regard de sa mère, l’adulte maintient son intégrité dans un face à face continuel entre l’image qu’il a de lui et le regard de l’autre » http://homepages.ulb.ac.be/~phcorten