Effets cérébraux du binge drinking.

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Transcription de la présentation:

Effets cérébraux du binge drinking. Quelles conséquences à moyen et long terme chez les jeunes ?

Au sommaire… 1° Qu’est ce que le « Binge Drinking » ? 2° Est-ce vraiment un problème? 3° Quelles en sont les causes? 4° Quels en sont les effets à court, moyen et long terme?

Au sommaire… 5° Quelles en sont les conséquences cérébrales? 5.1. Un petit détour: les potentiels évoqués. 5.2. Nos recherches sur le binge drinking. 6° Ce qu’on sait sur le Binge Drinking, et ce qu’on ne sait pas encore. 7° Quelques pistes de réflexion.

1° Qu’est ce que le « Binge Drinking » ?

1° Définitions - Une appellation récente pour une pratique ancienne. - Alcoolisation paroxystique intermittente ou « Biture express ». - Deux axes de définition: - Quantitative: seuil et fréquence - Qualitative: abus et perte de contrôle

1° Définitions - Une approche intéressante. Le calcul du score binge : - consommation globale et fréquence, mais aussi - vitesse de consommation - fréquence de l’état d’ivresse - rapport nombre d’ivresses / nombre d’alcoolisations - Cibler les comportements spécifiquement associés au binge drinking. - Différence alcoolisme: abus vs dépendance. Townshend & Duka, 2002

2° Est-ce vraiment un problème?

2° En quoi est-ce un problème? - Image positive de l’alcool dans la société. - Le Binge Drinking a toujours existé. - MAIS: - Systématisation du phénomène - Extension à de nouvelles populations - L’alcool, « drogue dure »: dépendance et tolérance - 30-40% des 16-20 ans.

2° En quoi est-ce un problème? Paradoxe: Baisse de la consommation générale

2° En quoi est-ce un problème? Le Belge est un buveur moyen

2° En quoi est-ce un problème? Mais un grand Binge Drinker

2° En quoi est-ce un problème? Il se met à boire (relativement) tardivement. % 15-16 ans ayant eu leur première ivresse avant 13 ans. Source: IAS Institute of alcohol studies, UK.

2° En quoi est-ce un problème? % 15-16 ans ayant été ivres plus de 20 fois dans leur vie. Source: IAS Institute of alcohol studies, UK.

2° En quoi est-ce un problème? Mais devient un grand binge drinker. % 15-16 ans ayant été ivres Au moins 3X durant le dernier mois. Source: IAS Institute of alcohol studies, UK.

2° En quoi est-ce un problème? Le problème majeur du Binge Drinking, c’est peut-être qu’il n’est pas vu comme un problème par les binge drinkers. Les Binge Drinkers: Ne voient pas le binge drinking comme une pratique risquée. Sous-évaluent leur consommation propre. Mentionnent comme effet négatif majeur la gueule de bois. - Ont une faible conscience des risques à moyen et long terme. Or, le Binge Drinking est désormais considéré comme le premier problème de santé publique au Royaume-Uni. Broadbent et al., 1994; Valencia-Martin et al., 2007

3° Quelles en sont les causes?

3° Les causes du Binge Drinking Approche épidémiologique Pas de déterminants stricts, mais des facteurs de risque: - Age - Genre - Facteurs personnels - Autres consommations Dowdall et al., 1998; Moore et al., 1994

3° Les causes du Binge Drinking - Facteurs familiaux et relationnels - Facteurs sociétaux ESPAD, 1999

3° Les causes du Binge Drinking Approche psychologique Peu d’études sur les facteurs déterminant le binge drinking mais un modèle intéressant. - Deux facteurs majeurs pour prédire la consommation : 1° Attentes envers l’alcool 2° Capacité à refuser une boisson alcoolisée - Ces deux facteurs prédisent mieux les comportements de binge drinking que des facteurs démographiques. Oei & Morawska, 2004

3° Les causes du Binge Drinking La combinaison de ces deux facteurs détermine quatre catégories de buveurs:

3° Les causes du Binge Drinking Binge drinkers: - Assez bonne capacité à refuser un verre dans l’absolu. - Mais attentes fortes envers les effets de l’alcool.  Quand l’alcool est présent, ils cherchent à en obtenir les effets positifs, d’où une forte consommation. Intérêt de ce modèle: - Ces facteurs sont des « construits cognitifs » modifiables. - Ils peuvent donc constituer des leviers pour changer les comportements de binge drinking. - Intervention et prévention.

4° Quels en sont les effets à court, moyen et long terme?

4° Les effets du Binge Drinking A court terme: conduites à risque - Conduite automobile Conduites sexuelles à risque Violences Autres consommations Autres conduites à risque (accidents, suicide)

4° Les effets du Binge Drinking A long terme: - Désinvestissement scolaire ou professionnel, problèmes interpersonnels. - Hypothèse de continuité: alcoolisme chronique (dépendance + problèmes physiques) - Dépression, anxiété: cause ou conséquence?

4° Les effets du Binge Drinking A moyen terme: - Après environ 1-2 ans de Binge Drinking - En dehors des périodes d’alcoolisation aigue. Conception générale: le binge drinking perturbe la mémoire, la concentration,… Reste à savoir ce qui est testé et comment c’est testé. Tapert, 2002; 2004 ; Hartley et al., 2004

4° Les effets du Binge Drinking Capacités motrices et visuospatiales

+

+

+

+

4° Les effets du Binge Drinking Attention: - sélective: se centrer sur un élément p.ex. test D2: barrer les d’’ parmi des d’, p’ et p’’ - divisée: faire deux tâches en même temps. p.ex. compter à rebours 3 par 3 à partir de 100 et détecter l’arrivée d’un son - vigilance: tâches longues avec détection de stimulations rares.

4° Les effets du Binge Drinking Mémoire: - à court terme (mémoire de travail) p.ex. liste de chiffres à répéter immédiatement - à long terme p.ex. liste de mots, 3 minutes pour en mémoriser un maximum puis rappel après 30 minutes

4° Les effets du Binge Drinking Fonctions exécutives (tests « frontaux ») 3 grandes sous-fonctions: - Flexibilité - Mise à jour - Inhibition

Flexibilité - Principe: alterner une tâche et une autre - Exemple Paires Lettre – Nombre (p.ex. 2G) 4 Quadrants Tâche: Haut: dire si nombre Pair - Impair Bas: dire si la lettre Consonne - Voyelle

2G

PAIR !

5R

CONSONNE !

7B

IMPAIR !

4M

CONSONNE !

Mise à jour - Principe: modifier constamment une information stockée en mémoire. - Exemple Catégories présentées au bas de l’écran (animal, métal, couleur) Des mots apparaissent un à un Tâche: Donner à la fin de la présentation, le dernier mot apparu pour chaque catégorie.

CANARD ANIMAL METAL COULEUR

ARGENT ANIMAL METAL COULEUR

BRONZE ANIMAL METAL COULEUR

BLEU ANIMAL METAL COULEUR

CHIEN ANIMAL METAL COULEUR

FER ANIMAL METAL COULEUR

ROUGE ANIMAL METAL COULEUR

CUIVRE ANIMAL METAL COULEUR

NOIR ANIMAL METAL COULEUR

POULE ANIMAL METAL COULEUR

JAUNE ANIMAL METAL COULEUR

CHEVAL ANIMAL METAL COULEUR

VACHE ANIMAL METAL COULEUR

PLOMB ANIMAL METAL COULEUR

COULEUR = ? ANIMAL = ? METAL = ?

COULEUR = JAUNE ANIMAL = VACHE METAL = PLOMB

Inhibition Principe: stopper l’application d’une capacité - Exemple automatique pour en appliquer une autre non- automatisée. - Exemple Test de Stroop Noms de couleur écrits dans une autre couleur Tâche: Donner la couleur dans laquelle sont écrits les mots

VERT

JAUNE

BLEU

BLEU

ROUGE

4° Les effets du Binge Drinking En résumé Les Binge Drinkers présentent surtout des déficits pour les fonctions de haut niveau: - Peu de déficits moteurs ou attentionnels - Déficits marqués en mémoire et fonctions exécutives (surtout inhibition) MAIS: - tests éloignés de la réalité quotidienne - vision critique de ce qui est testé

5° Quelles en sont les conséquences cérébrales? 5.1. Un petit détour: les potentiels évoqués. 5.2. Nos recherches sur le binge drinking.

Le cerveau… Pariétal Frontal Occipital Temporal Cervelet

attention visuo-spatiale Le cerveau… Frontal: fonctions exécutives, mémoire à court terme, attention Pariétal: traitements spatiaux attention visuo-spatiale calcul Occipital: perception visuelle Temporal: langage, émotions, Mémoire à long terme

Technique des potentiels évoqués Principes de base Dérivé de l’EEG (enregistrement au repos de l’activité électrique cérébrale à la surface du scalp). Potentiels évoqués : enregistrement des modifications de l’activité électrique cérébrale durant une tâche cognitive. Précision spatiale faible mais précision temporelle de l’ordre de la milliseconde (ms).

Ordinateur de stimulation Casque d’enregistrement Amplificateur Ordinateur d'enregistrement

Amplitude (µv) = Intensité du processus Latence (ms) = Vitesse du processus Dénomination des ondes: Positivité / Négativité et Moment d’apparition

Par exemple, lorsqu’on doit reconnaître un visage célèbre.

1° Stade perceptif Deux composantes : P100 : Analyse visuelle précoce. N170 : Analyse spécifique des visages.

2° Stade attentionnel Un complexe d’ondes: N2b/P3a: Allocation des ressources attentionnelles

3° Stade décisionnel Une composante : P3b: Achèvement des traitements cognitifs avant la réponse

FRONTAL GAUCHE DROITE P100/N170 OCCIPITAL

FRONTAL P3a GAUCHE DROITE N2b OCCIPITAL

FRONTAL GAUCHE DROITE P3b OCCIPITAL

Composants étudiés… P100 : Traitements visuels précoces N170 : Traitement spécifique des visages N2b/P3a : Allocation de ressources attentionnelles P3b : « Clôture » des traitements avant la réponse Perception Attention Décision

5° Les conséquences cérébrales 5.2. Nos recherches sur le binge drinking.

Logique générale On sait que le Binge Drinking: - Est une pratique en essor, surtout chez les jeunes. - Est associé à des déficits de mémoire et de FE. - Est un mode de consommation particulièrement néfaste pour le fonctionnement cérébral (modèle animal): - cerveau en maturation, très sensible à l’alcool - alternance alcoolisation – sevrage - Est considéré comme une porte d’entrée possible vers l’alcoolisme (hypothèse de continuité).

Qu’observe-t-on dans l’alcoolisme? Les patients alcooliques ont: - Des altérations cérébrales importantes, aux plans anatomique et fonctionnel (notamment pour les PE). - Des déficits très marqués aux plans cognitif (attention, mémoire, FE) et émotionnel (notamment pour le décodage des visages et voix) PEUR TRISTESSE DEGOUT

Question de recherche - Si le Binge Drinking est un “alcoolisme a minima” au plan cérébral, les binge drinkers devraient présenter des anomalies cérébrales. - Au plan anatomique, il semble que le Binge Drinking soit associé à une réduction du volume de l’hippocampe et du cortex préfrontal. - Le Binge Drinking est-il associé à des troubles du fonctionnement cérébral, notamment lors du traitement de stimuli émotionnels?

Méthode de recherche - Présélection via questionnaire sur 462 étudiants de 1ère Bac: - Mesures psychologiques de contrôle: anxiété, dépression - Questionnaire de consommation d’alcool - Sélection de 18 binge drinkers « attendus » et 18 contrôles: - Pas de consommation régulière d’alcool dans le passé. - Pas d’anxiété, dépression, ni d’alcoolisme familial. - Pas de consommation d’autres drogues. - Pas de troubles neurologiques, psychiatriques ou sensoriels.

Méthode de recherche - 2 phases d’expérience (3 jours sans consommation avant): - Début 1ère bac (groupes identiques) - Fin 1ère bac (binge vs contrôles) - Stimulations auditives émotionnelles (joie ou colère) - Tâche: Décider si la voix exprime une émotion positive ou négative.

Exemple

Boîtier de réponse J C

x

Boîtier de réponse J C

x

Boîtier de réponse J C

Enregistrement des potentiels évoqués P100 : Traitements auditifs précoces N200 : Traitement spécifique des voix (N2b/P3a) : Allocation de ressources attentionnelles P3b : « Clôture » des traitements avant la réponse Perception (Attention) Décision

Résultats: consommation

Résultats: potentiels évoqués Pas de déficit comportemental (TR, erreurs) MAIS - Temps 1: Pas de différences entre groupes. - Temps 2: Latence retardée chez les binge drinkers, aux stades perceptif (P100, N200) et décisionnel (P3b). Après seulement 9 mois de Binge Drinking, le fonctionnement cérébral est RALENTI par rapport à un groupe contrôle. En outre, le ralentissement des PE est proportionnel: - à la consommation moyenne d’alcool - au nombre d’épisodes

Implications - Jusqu’ici: connaissances sur les effets cérébraux à court et long terme de la consommation d’alcool. - Ici, évaluation du moyen terme: déficits fonctionnels cérébraux. Hypothèse d’une arrivée précoce des effets cérébraux de l’alcoolisme (inverse de la conception classique). - Implications sociétales et cliniques: le binge drinking a des conséquences cérébrales durables.

Etudes complémentaire - 4 groupes de 20 participants: - Non-buveurs - Buveurs quotidiens (2-3 dpo / 5-7 ops) - Binge Drinkers « Bas » (5-10 dpo / 1-2 ops) - Binge Drinkers « Hauts » (>10 dpo / 2-3 ops) - Etude en potentiels évoqués avec stimulations visuelles: - déficit en latence et en amplitude - déficit proportionnel: - à la quantité consommée (Binge bas vs Binge haut) - au mode de consommation (Binge vs Buv Quot)

6° Ce qu’on sait sur le Binge Drinking, et ce qu’on ne sait pas encore.

On savait que le Binge Drinking - A des effets - à court terme (conduites à risque) - à long terme (alcoolisme, désinsertion sociale) - Est associé à des déficits cognitifs, surtout pour les fonctions dites de haut-niveau: - mémoire - fonctions exécutives

On sait désormais que le Binge Drinking - Conduit à moyen terme à des déficits cérébraux fonctionnels (non liés à l’alcoolisation aigue). - Ces déficits sont proportionnels à la quantité consommée et au type de consommation. - Le cerveau des Binge Drinkers : - est en souffrance neuronale - fonctionne plus lentement et moins efficacement - présente des déficits parallèles à celui des alcooliques (bien que moins marqués)

On ignore si le Binge Drinking - Est associé à des déficits cérébraux anatomiques ou à des lésions cérébrales touchant des zones spécifiques (études en IRMf à venir). - Conduit à des déficits irréversibles (effet de l’abstinence non étudié). - Est lié à des déficits accentués en cas de comorbidité (tabac, autres toxicomanies) ou de début plus précoce. - On ignore aussi les effets des dysfonctionnements cérébraux sur le quotidien des Binge Drinkers.

7° Quelques pistes de réflexion. Pour lancer la discussion…

7° Quelques pistes de réflexion a. Informer sur les effets et leur prévention - Ni moralisant, ni prohibitionniste - Mais lucidité sur le phénomène et ses effets - Programmes d’information et de prévention: parents, enfants, enseignants. - A minima, que chacun connaisse les effets du Binge Drinking, ce qui ne semble pas être le cas actuellement.

7° Quelques pistes de réflexion Chez les Binge Drinkers: Interventions courtes individuelles - Apprentissage des capacités de refus - Diminution des attentes envers l’alcool Connaissance des conséquences. Haines & Spear, 1996

7° Quelques pistes de réflexion Intervention motivationnelle brève: - Insister sur la responsabilité personnelle dans la modification de la consommation d’alcool. - Parler de la motivation à boire (les raisons) et des effets négatifs possibles de cette consommation. - Envisager différents scénarios futurs en fonction de la modification possible de la consommation. - Etablir des buts concrets quant à la consommation future. - Etablir des règles pour atteindre ces buts.  Aux USA, efficacité prouvée, réduction de consommation significative après 3 semaines et 6 mois post-intervention.  Efficacité plus forte pour entretiens individuels qu’en groupe.

7° Quelques pistes de réflexion b. Questionner la survalorisation de l’alcool - Lien alcool – bénéfices santé (p.ex. cardiaques) - Lien alcool - valeurs positives (p.ex. sport) - Pratiques commerciales: Sponsoring, nouvelles cibles, nouveaux moments - Nécessité d’informer sur ces pratiques.

7° Quelques pistes de réflexion c. Réflexion sur le coût des boissons alcoolisées - Prix de la bière = prix d’un soft - Tabac: hausse fréquente des prix - Proposition: hausse réfléchie, au moins pour distinguer alcool et non alcool - Lien négatif établi entre intensité de consommation et prix (Treise, 1999)

7° Quelques pistes de réflexion d. Développer les activités culturelles et sportives - Alternatives à la consommation en milieu étudiant. - Facteurs psychosociaux (isolement, stress, conformation à la norme)

7° Quelques pistes de réflexion e. Un message central: les effets positifs arrivent avant les négatifs Les Binge Drinkers Obtiennent Cherchent 1° Amusement 2° Etre plus sociable 3° Se sentir joyeux, relaxé 4° Oublier les problèmes Les effets positifs sont atteints à 3-4 doses, les effets négatifs n’arrivent qu’après. Pourquoi continuer à boire? Turrisi & Wiersma,1999; Stolle et al., 2009

En guise de conclusion - Eviter la dramatisation, mais aussi la sous-estimation. - Réévaluer sa position envers l’alcool. - Mener une réflexion de grande ampleur: acteurs scolaires, politiques, médicaux, associatifs.

Merci pour votre attention Remerciements Aux co-auteurs de l’étude: Frédéric Joassin, Salvatore Campanella, Mauro Pesenti, Pierre Philippot A mes collègues de l’Université Catholique de Louvain: Mandy Rossignol, Sue Hamilton, Nicolas Vermeulen Pierre MAURAGE pierre.maurage@uclouvain.be Université Catholique de Louvain (UCL) Faculté de Psychologie, Unité de Neurosciences Cognitives (NESC) 10, place Cardinal Mercier B-1348 Louvain-la-Neuve Tél: 010/47.92.45. Fax: 010/47.37.74.