LA COLONISATION GRECQUE : le cas de Massalia PROPOSITIONS BIBLIOGRAPHIQUES John BOARDMANN, Les Grecs outre-mer, 1995 Michel GRAS, La Méditerranée archaïque, 1995 Claude MOSSE, La colonisation dans l’Antiquité, 1970 Marie-Cécilia D’ERCOLE, Histoires méditerranéennes, 2012
INTRODUCTION La civilisation grecque est la civilisation de l'antiquité qui a fondé le plus de villes coloniales. On dénombre plusieurs centaines de fondation tout autour de la Méditerranée, en Mer Noire et jusqu'en Gaule et en Espagne. Ce mouvement colonial s'est réalisé en deux temps : 770-630 (premières fondations au nord de l'Egée, en Sicile et en Italie, ainsi que vers le Pont- Euxin) 620-580, deuxième vague de fondation vers la Gaule et l'Espagne notamment, avec le renforcement des régions déjà occupées Les métropoles qui ont fourni le plus de colons sont Milet (36), Corinthe (13), Erétrie (8), Chalcis (7), Mégare (5) en Grèce centrale, Thasos (5) au nord de la mer Egée, Phocée (5) et d'autres cités d'Asie Mineure. Sources : Hérodote développe plusieurs versions au sujet de la colonisation de Cyrène. Il est allé en Egypte et en Cyrénaïque - livre IV, 150-153 : la version des Théréens (la métropole) - 154-156 : version des Cyrénéens - 157-158 : le tronc commun aux deux versions Problématique : La mer est un espace connu pour ses dangers (courants, vents, côtes découpées, espace dédié à Poséidon). Aussi l'aventure coloniale doit être perçue comme une nécessité impérieuse, une obligation pour les Grecs.
L’OIKOUMENE (le monde connu des Grecs) LA CARTE D’HECATEE DE MILET (vers 500 av.J.-C.)
Les colonies grecques dans le bassin méditerranéen à l’époque classique
Commerce et navigation en Méditerranée dans les colonies phocéennes LA NEBULEUSE PHOCENNE Commerce et navigation en Méditerranée dans les colonies phocéennes
Phocée, métropole Eolienne
Le site de Phocée, métropole de Massalia
La prospérité de Phocée : les statères en électrum du VIe siècle av. J La prospérité de Phocée : les statères en électrum du VIe siècle av. J.-C
DOCUMENT 2 : LA FONDATION DE MASSALIA SELON JUSTIN (début du IIIe siècle de notre ère) Au temps du roi Tarquin, venant d’Asie, une troupe de jeunes Phocéens aborda à l’embouchure du Tibre et se lia d’amitié avec les Romains. Puis elle fit voile vers les golfes les plus reculés de la Gaule et fonda Marseille entre les Ligures et les sauvages tribus des Gaulois. Elle accomplit de grands exploits, soit en se protégeant par les armes contre la barbarie gauloise, soit en rendant leurs attaques à ceux qui l’avaient précédemment attaquée. Les Phocéens, contraints de l’exiguïté et la maigreur de leur territoire, exploitaient plus volontiers la mer que la terre. La pêche et le commerce, souvent même la piraterie qui, en ces temps anciens, étaient en honneur, leur fournissaient de quoi vivre. Aussi n’eurent-ils pas peur d’avancer jusqu’à l’extrême bord de l’Océan, ce qui les conduisit à un golfe gaulois à l’embouchure du Rhône. Séduits par l’agrément du site, ils rentrèrent chez eux, rapportèrent ce qu’ils avaient vu et attirèrent une troupe plus nombreuse. Les chefs de la troupe étaient Simos et Protis. Ils allèrent trouver le roi des Ségobriges, appelé Nannus, sur le territoire duquel ils avaient l’intention de fonder une ville, pour lui demander son amitié. Il se trouva que, ce jour-là, le roi était occupé à préparer les noces de sa fille Gyptis. Selon la coutume locale, le gendre devait être choisi au cours du banquet et il se disposait à la lui donner alors en mariage. Aux noces avaient été invités tous les prétendants. Le roi convia aussi ses hôtes grecs au dîner. La jeune fille fut introduite, son père la pria d’offrir l’eau à celui qu’elle choisissait pour mari. Alors, tournant le dos à tout le monde, elle se dirige vers les Grecs et tend l’eau à Protis qui, d’hôte devenu gendre, reçut de son beau-père un emplacement pour y fonder une ville. Marseille fut ainsi fondée près de l’embouchure du Rhône dans un golfe écarté, comme dans un angle de la mer.
L’environnement gaulois de Massalia
Les pentécontores phocéennes
La fondation de Massalia vers 600 gravure de l’Histoire populaire de la France (1862-1866) de Victor Duruy
Gyptis et Protis. Tableau de Joanny Rave (1874)
DOCUMENT 1 : LE RECIT DE STRABON (début du Ier siècle de notre ère) Marseille est une fondation des Phocéens. Elle est située sur un terrain rocheux. Son port se trouve au pied d’une falaise en amphithéâtre qui regarde vers le midi. Elle est solidement fortifiée, de même que l’ensemble de la ville dont la dimension est considérable. Sur l’acropole sont fondés l’Ephésion et le sanctuaire d’Apollon Delphinien. Ce dernier culte est commun à tous les Ioniens mais l’Ephésion est le temple réservé à l’Artémis d’Ephèse. Au moment où les Phocéens levaient l’ancre pour quitter leur patrie, un oracle leur tomba du ciel, dit-on, de prendre pour pilote de leur navigation ce qu’ils trouveraient auprès de l’Artémis d’Ephèse. S’étant portés à Ephèse, ils cherchèrent comment obtenir de la déesse ce qui leur était prescrit. Aristarchè, une des femmes les plus honorées, vit en songe la déesse à côté d’elle lui ordonner de s’embarquer avec les Phocéens en emportant une copie des objets sacrés. Ainsi fut fait et, quand les colons arrivèrent au terme de leur expédition, ils fondèrent le sanctuaire et confièrent à Aristarchè une marque d’honneur toute particulière en l’élisant prêtresse. Dans toutes les cités qu’ils ont colonisées, ils adorent cette divinité avant les autres. Ils conservent à sa statue de culte la même attitude et à son culte les mêmes rites que dans la métropole. Strabon, Géographie, IV, 1, 4
La calanque de Massalia : le Lacydon
Marseille antique d’après L. Sève, Atlas du monde grec antique
Maquette de la cité antique de Massalia (1983)Centre Camille Jullian
LE CRATÈRE DE VIX (BOURGOGNE) HTTP://WWW.MUSEE-VIX.FR haut de 1,64m, d’un poids de 208,6 kg, d’un diamètre maximum de 1,27m, et dont la contenance est de 1100 litres. Il a été fabriqué vers 530 avant notre ère en Grande Grèce (Italie du Sud)..