ESH ECE 1 Camille Vernet Nicolas Danglade

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ESH ECE 1 Camille Vernet 2017-2018 Nicolas Danglade Chapitre 5 – Les transformations des structures économiques et financières ESH ECE 1 Camille Vernet 2017-2018 Nicolas Danglade

1. La hausse de la productivité globale des facteurs et les transformations de l’économie sur le long terme 1.1 Approche empirique Contributions les plus importantes à la hausse du PIB/tête ?

Etude source : Gilbert Cette et alii Entre 1890 et 2012 : le PIB/tête en France est multiplié par 9 Deux facteurs déterminants de la hausse du niveau de vie : la hausse de l’intensité capitalistique et la hausse de la PGF Hausse Intensité capitalistique + hausse PGF = hausse de la productivité horaire du travail

Paul Krugman « La capacité d’un pays à améliorer son niveau de vie au cours du temps dépend presque entièrement de sa capacité à augmenter sa production par actif »

En France, une période exceptionnelle en matière de hausse de la productivité horaire du travail ? Depuis 1995, comment évolue la productivité horaire du travail ?

Choc technologique : the one big wave (Gordon)

1.2 Les conséquences de la hausse de la productivité sur la structure de l’économie et l’emploi 1.2.1 Les liens entre gains de productivité et emploi

1.2.2 La dynamique de destruction créatrice : Joseph Schumpeter Les innovations transforment en profondeur l’économie = impact macroéconomique Dynamique de destruction des emplois < dynamique de création des emplois Quantitativement : le progrès technique (les innovations) ne font pas reculer l’emploi https://www.telos-eu.com/fr/economie/la-revolution-numerique-est-elle-une-vraie-menace-.html (Gilbert Cette)

Résumé Les facteurs déterminants des transformations de l’économie à long terme = l’intensité capitalistique et la PGF Quel impact sur la structure de l’économie ? - Une dynamique de destruction créatrice: J.Schumpeter (un renouvellement permanent du tissu productif) - Le déversement des emplois : A.Sauvy

A.Sauvy et la théorie du déversement 1.2.3 Le déversement des empois et l’évolution de la place relative de chaque secteur dans l’économie L’évolution quantitative de l’emploi n’est pas la même dans tous les secteurs A.Sauvy et la théorie du déversement « La machine et le chômage: le progrès technique et l’emploi » (1980)

3 secteurs : primaire/secondaire/tertiaire Dans chacun de ces secteurs, la dynamique de gains de productivité et de hausse de la demande n’est pas la même Productivité = demande (production) / quantité de travail Quantité de travail = demande / productivité d (Qté travail) = d (demande) / d (Pté)

Là où les gains de productivité sont supérieurs à la hausse de la demande = besoin d’une quantité inférieure de travail (secteur A) Là où les gains de productivité sont inférieurs à la hausse de la demande = besoin d’une quantité supérieure de travail (secteur B) Théorie du déversement : le travail passe du secteur A au secteur B

Secteur où les gains de productivité > croissance de la demande Baisse de la quantité de travail utilisée hausse de la quantité de travail utilisée

Historiquement : Déversement emploi du secteur primaire au secteur secondaire (France : jusqu’aux années 1950) Déversement emploi du secteur secondaire au secteur tertiaire (France à partir années 1960/1970)

Comment expliquer des dynamiques différentes de gains de productivité et de demande ? Comment expliquer l’évolution des gains de productivité ? Accumulation capital physique (K/L) + accumulation de capital technologique et humain = hausse productivité du travail Comment expliquer l’évolution de la demande ? Loi d’Engel = la demande se transforme quand le niveau de vie augmente

En résume La structure de l’économie change sur le long terme : la part du poids de chaque secteur évolue (en % du PIB ou en % de l’emploi) Le facteur déterminant de cette transformation : la hausse de la productivité du travail (intensité capitalistique + PGF)

Une remarque : quand l’intensité capitalistique et la PGF augmentent = accélération de la croissance Constat : la croissance s’accompagne de transformations de l’économie Ce que résume François Perroux par « ce qui croît change en croissant »

Quelles sont les transformations actuelles de l’économie ? La « révolution numérique » transforme-t-elle la structure de l’économie ?

2. Les conséquences de la transition numérique 2.1 Commencer en expliquant un paradoxe : la croissance stagne alors que la révolution numérique se poursuit : pourquoi ? 2.2 Faire le point sur les conséquences observées sur l’emploi et les inégalités de la transition numérique 2.3 Faire une projection sur l’évolution future des emplois 2.4 Expliquer le retard français

2.1 Le paradoxe de la transition numérique : comment expliquer la baisse des gains de productivité ?

2.1.1 Constat empirique : une baisse des gains de productivité

2.1.2 Les techno-pessimistes et la thèse de la stagnation séculaire Sources de la productivité horaire aux Etats-Unis depuis 1890

Robert Gordon « La fin de l’âge d’or » revue du FMI 2016 « Il semble clair aujourd’hui que les bénéfices des grandes inventions et de leurs retombées sont derrière nous et ne pourront pas se reproduire » Peter Thiel, le fondateur de Paypal : « Nous rêvions de voitures volantes, nous avons eu les 140 caractères ! »

Les innovations récentes : une portée limitée ? « Imaginez que vous devez choisir entre l’option A et l’option B. Option A : vous gardez tout ce que l’on a inventé jusqu’à dix ans en arrière. Donc vous avez Google, Amazon, Wikipedia, mais aussi l’eau courante et les toilettes à l’intérieur. Option B : vous conservez tout ce que l’on a inventé jusqu’à hier, c’est-à-dire y compris facebook, Twitter et votre Iphone, mais vous devez renoncer par exemple à avoir l’eau courante ou les toilettes à la maison  Quel choix faites-vous ? » R.Gordon

Robert Gordon renoue avec le paradoxe de Solow (1986) « On voit des ordinateurs partout sauf dans les chiffres de la croissance »

Arguments des techno-pessimistes Innovation de portée réduite Épuisement de la loi de Moore Dualisation du marché du travail et développement des emplois non qualifiés (qui affectent négativement la productivité du travail)

Épuisement de la loi de Moore

2.1.3 Les techno-optimistes Erik Brynjolfsson et Andrew McAffe « Le deuxième âge de la machine. Travail et prospérité à l’heure de la révolution technologique » 2015 « Tout comme il a fallu plusieurs décennies pour faire de la machine à vapeur le moteur de la révolution industrielle, il a fallu du temps pour perfectionner les machines numériques (c’est en 1982 que le Time a fait du PC sa « machine de l’année », il y a plus de trente ans). (…) L’ordinateur est loin d’avoir fini de se perfectionner et il va continuer à faire des choses sans précédent »

Le temps de diffusion des innovations Paul David et Gavin Wright « Early twentieth century productivity growth dynamics : an inquiry into the economic history of “our ignorance” » (1999) Exemple de l’électricité : invention dans les années 1870-1880 diffusion : les années 1910 gains de productivité : les années 1920

Renouer avec Schumpeter Le véritable travail d’innovation n’est pas de créer quelque chose de nouveau mais de recombiner des éléments déjà existants. Les TIC permettent de recombiner les idées = des méta-idées Aujourd’hui : accès à un nombre très élevé de données (big data) et circulation d’une information de nature non-rivale

Arguments de P.Aghion 1) Les institutions peuvent être des freins à la transition numérique (cas de la France) 2) Les outils de mesure de l’activité et de la PGF ne sont pas adaptés à la nouvelle économique = sous-estimation de la croissance Exemple : la qualité d’une voiture d’aujourd’hui différente de celle d’hier même si la voiture a le même prix relatif (exemple en mois de SMIC)

Nouvelle économie : exemple de bablacar et de l’économie du partage : La satisfaction augmente mais vend-on plus de voitures ou de billets de train/bus ? Quel impact sur le PIB ? Idem pour wikipedia ?

La « nouvelle économie » = hausse de la satisfaction des consommateurs sans payer un bien/service plus cher Il y a un « effet de qualité » qui est mal pris en compte par le PIB qui reste un indicateur quantitatif

Cette difficulté à mesurer l’effet qualité rend l’utilisation des indicateurs obsolète Ce que l’on pense être une faiblesse de la croissance et de la PGF est en réalité une mauvaise mesure de l’activité économique Il faut repenser l’outil statistique

Un indicateur quantitatif du bien être Mesure le bien être ? Le PIB Un indicateur quantitatif du bien être La dimension qualitative du bien être n’est pas prise en compte dans le PIB Quand le PIB/tête augmente = l’économie met à disposition de chaque habitant davantage de production pour satisfaire ses besoins - Les biens ou services vendus au même prix relatif intègrent plus de qualité (plus de satisfaction) grâce au PT - Essor d’une économie du partage qui fait augmenter la satisfaction des utilisateurs sans faire augmenter le PIB

Impact de la révolution numérique ? Première interrogation : Comment expliquer que la PGF/croissance restent si faibles depuis 20 ans ? Réponse des techno-pessimistes Robert Gordon Réponse des techno-optimistes Brynjolffson et McAffe Aghion - Innovation qui n’a pas de portée générale - Épuisement de la loi de Moore - Transformation structurelle de l’emploi - Innovation de portée générale qui n’a pas encore atteint son seuil de maturité - l’impact des ordinateurs sur la croissance ne se limite pas à la loi de Moore -les indicateurs de croissance = une sous estimation des gains apporté par la transition numérique sur le bien être

2.2 Les conséquences observées sur l’emploi et les inégalités 2.2.1 L’impact sur l’emploi aux Etats-Unis 2.2.2 L’impact sur l’emploi en France 2.2.3 L’impact sur les inégalités

2.2.1 L’impact de la transition numérique aux Etats-Unis La transition numérique fragilise les métiers automatisables : destruction des emplois d’ouvriers et d’employés qualifiés + postes encadrement Elle fait apparaître des métiers associés à des tâches complexes = métiers (très) qualifiés Elle fait apparaître des métiers peu qualifiés associés à des compétences relationnelles : employés non qualifiés

Dans l’échelle des professions : Le haut de l’échelle « profite » du PT Le bas de l’échelle « profite » du PT Les niveaux intermédiaires sont les « perdants » des transformations emplois : - Ouvriers qualifiés et non qualifiés - Employés qualifiés - Professions intermédiaires = les fractions basses et intermédiaires des classes moyennes

Rappel PCS salariés Cadres supérieurs Cadres Professions intermédiaires Ouvriers qualifiés Employés qualifiés Ouvriers non qualifiés Employés non qualifiés

Conséquence du PT sur la structure sociale ? La structure des emplois se polarise = conséquence sur la structure sociale = le shrinking middle class

Effet de la mondialisation ? Les effets du PT sur l’emploi sont accentués par les échanges internationaux : Les firmes développent le découpage de la chaîne de valeur = les étapes de fabrication et d’assemblage réalisées dans d’autres pays Pour Dorn et Hansen (2013) : La technologie = 75% des destructions d’emplois industriels La concurrence internationale = 25%

2.2.2 La polarisation à la française David Thesmar, Augustin Landier et Sylvain Catherine Le Marché du travail : la grande fracture (2015) On constate aussi : destruction emplois ouvriers qualifiés, ouvriers non qualifiés, employés qualifiés : de 600 000 à 400 000 secrétaires entre 1983 et 2013 (- 30%) création d’emplois employés non qualifiés: le nombre d’assistantes maternelles, gardiennes d’enfants et travailleurs familiales = 176 000 en 1990 à 664 000 en 2012, soit une hausse de 277%

Les PCS en déclin : entre les 10% les moins bien payés et les 30% les mieux payés sur la grille de 1990

Conclusion : on pourrait penser que la France connaît aussi une polarisation = les PCS de niveau intermédiaire se vident comme aux Etats-Unis

Conclusion : on pourrait penser que la France connaît aussi une polarisation = les PCS de niveau intermédiaire se vident comme aux Etats-Unis Mais cette conclusion serait juste si la structure des professions était la même en 1990 qu’en 2012 Or que constate-t-on ?

Pourtant OQ et EQ PI et C ONQ et ENQ

En France les Professions intermédiaires progressent dans l’emploi total Les cadres progressent dans l’emploi total Les ONQ et ENQ restent stables : car ONQ baissent et ENQ augmentent Les OQ et les EQ baissent

Polarisation « à la française » ? C’est le haut des PCS « ouvriers » et « employés » qui se vide Pas de disparition des PI et des cadres comme aux Etats-Unis

Evolution structure emplois Etats-Unis France Cadres supérieurs + Cadres - Professions intermédiaires OQ EQ ONQ ENQ

Shrinking middle class en France ? Tout dépend ce que l’on met dans le groupe des classes moyennes Louis Chauvel : les classes moyennes = des EQ jusqu’aux cadres Eric Maurin : les classes moyennes uniquement les PI et les cadres

Evolution structure emplois Etats-Unis France Cadres supérieurs + Cadres - Professions intermédiaires OQ EQ ONQ ENQ Maurin Chauvel

Louis Chauvel Les classes moyennes à la dérive, 2006 Eric Maurin et Dominique Goux Les nouvelles classes moyennes, 2012

2.2.3 Le creusement des inégalités Les inégalités de revenus Les inégalités territoriales

Les inégalités aux Etats-Unis Où basculent les emplois intermédiaires détruits ? Dans des emplois de services peu qualifiés = baisse des salaires Les emplois les plus qualifiés, les plus demandés sur le marché mondial du travail = hausse plus rapide des salaires La polarisation des emplois s’accompagne d’une dynamique d’inégalités croissantes des salaires

Mais le revenu des plus riches n’augmente pas uniquement parce que les salaires des plus qualifiés augmentent plus vite que les autres

Inégalités de revenu se creusent aux USA : Les rémunérations salariales du haut de la distribution augmentent plus vite que les autres salaires Les revenus du capital augmentent plus vite que la croissance (or, ce qui possèdent du capital sont aussi ceux qui ont des salaires élvés)

Impact de la fiscalité ?

Dans un contexte de baisse du taux marginal d’imposition sur le revenu

En résumé Les revenus du travail des salariés les plus riches augmentent plus vite que les autres Les revenus du capital augmentent plus vite que les salaires Dans un contexte d’abaissement de l’IR sur les tranches supérieures Conséquence : la redistribution ne compense pas le creusement des inégalités = Une polarisation des revenus

Progrès technique : transition numérique Mondialisation 75% des destructions d’emplois dans l’industrie US 25% des destructions d’emplois dans l’industrie US Transformation de la structure des emplois: polarisation emplois - Transformation de la rémunération des emplois : avantage aux très diplômés Les écarts de salaire se creusent La part des profits dans la VA augmente Une fiscalité moins redistributive Inégalités de revenu croissantes

En France : un phénomène de moindre ampleur Olivier Godechot montre qu’entre 1996 et 2009, l’augmentation de la masse salariale des 0,01% français les plus riches est due à 48% aux métiers de la finance, 23% à ceux des services aux entreprises, et 8% à ceux du divertissement. Camille Landais (2007) montre que si en France les revenus des 90% les plus pauvres ont augmenté de 10% entre 1998 et 2007, ceux des 0,01% les plus riches ont augmenté de 45% sur la même période.

Les inégalités territoriales

France Stratégie Dynamique de l’emploi et des métiers France Stratégie Dynamique de l’emploi et des métiers ? Quelle fracture territoriale ? (2017) Dans l’aire de Paris, les métiers à fort potentiel de création représentent près de 60% de l’emploi total contre moins de 40% hors aires urbaines. Inversement, les métiers fragiles représentent 45% des emplois hors aires urbaines, contre 27% dans l’aire de Paris.

2.3 L’évolution future des emplois ? Des prédictions très difficiles France Stratégie L’effet de l’automatisation sur l’emploi : ce qu’on sait et ce qu’on ignore (2016) D’où viennent les difficultés pour prédire ?

Prédire les destructions d’emplois ? Quels sont les emplois fragilisés ? Le critère «tâche répétitive » : Carl Benedikt Frey et Michael A. Osborne = 40% des emplois sont concernés Mais trois remarques : 1) un emploi peut être répétitif mais nécessité une prise de responsabilité ou un contact client = la machine ne peut pas le remplacer France Stratégie retient le chiffre de 15% des salariés : 25% des emplois industriels seraient automatisables contre 13% des métiers de services

2) Le contenu des emplois changent au cours du temps Exemple dans la banque : l’introduction des distributeurs automatiques s’est accompagnée d’une augmentation de 35% à 61% des employés de la banque et des assurances dont le profil est d’emploi est peu automatisable. 3) Critère d’acceptabilité sociale = exemple, les caisses automatiques dans les supermarchés restent minoritaires en France

Prédire les créations d’emplois ? Nouveaux métiers ? Le nombre d’ingénieurs et de cadres de l’informatique et des télécoms passe de 50 000 en 1983 à 300 000 en 2013 On ne connaît pas encore certains métiers de demain Les effets macro-économiques de la hausse des gains de productivité : Techno-pessimistes vs techno-optimistes ?

2.4 La transition numérique et le retard français 2.4.1 Le paradoxe français : malgré une productivité horaire du travail proche des Etats-Unis, le PIB/tête est nettement inférieur 2.4.2 Des nouvelles technologies moins présentes en France 2.4.3 Expliquer le retard français

2.4.1 Le paradoxe français : malgré une productivité horaire du travail proche des Etats-Unis, le PIB/tête est nettement inférieur

Evolution de la productivité horaire France – depuis 1950

France Stratégie « Comprendre le ralentissement de la productivité en France », janvier 2016

France Stratégie « Comprendre le ralentissement de la productivité en France », janvier 2016

Pourtant le PIB/tête français est nettement inférieur (2002) Gilbert Cette, Productivité et croissance en Europe et aux Etats-Unis, collection Repères, La Découverte, 2007, p.37-48

Comment expliquer que la productivité horaire du travail soit supérieure en France mais que le PIB/tête soit inférieur ?

La productivité horaire n’est qu’un facteur de l’évolution du PIB / tête Croissance du PIB par habitant = évolution de la productivité horaire + évolution de la durée du travail + évolution du taux d’emploi

Les facteurs explicatifs de l’écart de croissance / aux Etats-Unis (2012)

En résumé France vs Etats-Unis : Une productivité horaire du travail plus élevée Une durée de travail annuelle par actif plus faible Un taux d’emploi plus faible Les français travaillent plus vite mais travaillent moins longtemps / moins nombreux (% ensemble de la population) = une production par tête qui croît moins vite

Le paradoxe de la productivité française Une Pté horaire très élevée mais une économie qui décroche de la frontière technologique Quelle est la source de croissance de long terme ? La PGF

Deux grandes questions : Pourquoi la France n’a pas le niveau d’innovation des Etats-Unis ? Admettons qu’elle l’atteigne, la croissance peut-elle retrouver les niveaux atteints pendant les « trente glorieuses » ?

2.4.2 Des nouvelles technologies moins présentes en France France Stratégie « Comprendre le ralentissement de la productivité en France », janvier 2016 Une retard qui s’explique par 2 phénomènes : Un effort d’investissement en TIC plus faible Une recomposition plus faible du tissu productif (la dynamique de destruction créatrice provoquée par la diffusion des TIC est plus faible) : les conséquences de l’utilisation des TIC est plus modestes

L’investissement physique incorporant des TIC est plus faible PGF + Intensité capitalistique = productivité du travail Accumulation de capital physique en lien avec les TIC Accumulation de capital physique sans lien avec les TIC

L’investissement physique incorporant des TIC est plus faible PGF + Intensité capitalistique = productivité du travail Accumulation de capital physique en lien avec les TIC Accumulation de capital physique sans lien avec les TIC

L’investissement physique incorporant des TIC est plus faible PGF + Intensité capitalistique = productivité du travail Accumulation de capital physique en lien avec les TIC Accumulation de capital physique sans lien avec les TIC

L’impact sur la productivité du travail des investissements physiques incluant des TIC est plus faible en France qu’aux Etats-Unis L’impact sur la productivité du travail des investissements physiques n’incluant pas de TIC est plus élevé en France qu’aux Etats-Unis Conclusion : l’effort d’investissement physique incluant des TIC est plus faible en France L’usage des TIC est donc plus faible

L’effort d’investissement en TIC

Conséquence : des TIC moins présents dans le tissu productif 63 % des entreprises françaises disposent d’un site web alors que la moyenne de l’OCDE est de 75 %. 17 % des entreprises françaises utilisent les réseaux sociaux pour leurs relations clients, contre 25 % en moyenne dans l’OCDE.

L’utilisation des TIC est plus faible en France, mais lorsque c’est le cas, comment les TIC transforment-elles l’économie ? Quel est l’ampleur du processus de destruction créatrice ?

Une recomposition plus faible du tissu productif Dans les secteurs utilisateurs de TIC, les gains de productivité sont plus faibles qu’aux Etats-Unis ? Impact de l’introduction des TIC est plus faible en France ? Pourquoi ?

Aux États-Unis, la réallocation du facteur travail des entreprises faiblement productives vers les plus productives a été responsable de 50 % de la croissance de la productivité du secteur manufacturier des années 1990 et de 90 % dans le commerce de détail. C’est l’« effet Walmart » Les études empiriques mettent en avant la moindre intensité du processus de destruction créatrice en France

Par exemple, étude de Fontagné La France se singularise par un taux de rotation de ses entreprises relativement bas Conséquence : les entreprises les plus productives ne grandissent pas suffisamment grandi alors que les moins productives conservent une taille excessive.

Le retard (décrochage) français La faiblesse relative de la diffusion (introduction) des TIC dans le tissu productif La faiblesse relative de la recomposition du tissu productif La faiblesse de la dynamique de destruction créatrice L’allocation des ressources est moins efficiente qu’aux Etats-Unis = un écart de productivité du travail et de croissance

Pourquoi ? Pourquoi moins d’effort d’investissement incluant des TIC? Pourquoi moins de destruction créatrice ?

2.4.3 Expliquer le retard français

Défaillances de marché et accès au crédit pour les PME

Les PME françaises sont celles qui font l’effort d’investissement le plus faible Pourtant, les entreprises innovantes sont souvent d’abord petites Conséquence : limiter l’investissement des petites entreprises = limiter leur développement Obstacle au développement : l’accès au crédit

Capital humain et niveau de compétence des actifs

Flexibilité du marché du travail et transformation des organisations

La mobilité sur la marché du travail est élevée … La mobilité sur la marché du travail est élevée …. chez les outsiders mais elle ne concerne qu’une minorité des actifs (15% des salariés) Les rigidités sur le marché du travail freinent l’adaptation de l’organisation du travail et donc la destruction créatrice

Les freins au processus de destruction créatrice Difficulté d’accès au financement des PME qui freine le développement des jeunes entreprises innovantes Faiblesse relative du capital humain qui freine l’adaptation aux nouvelles technologiques Rigidité du marché du travail qui freine les transformations de l’organisation du travail Rigidité du marché des biens et services qui limite la concurrence sur les marchés et les incitations à innover

Un problème de financement Un problème de qualifications Un problème de flexibilité sur le marché du travail Un problème de concurrence sur le marché des B&S

Quelles différences avec les trente glorieuses ? Période 1950-1980 Rattrapage économique Les points faibles aujourd’hui Financement ? Grands champions nationaux Difficulté à financer les PME innovantes Qualification ? Première vague de démocratisation scolaire Difficulté à former des Bac + 5 Flexibilité du marché du travail (contrainte de licenciement) ? Une protection croissante des emplois et une dualisation Faiblesse de la rotation des emplois (sauf chez les outsiders) Concurrence marchés des B&S ? Protectionnisme + réglementation Faiblesse de la concurrence sur les marchés

Economie et statistiques (2009)

Et la fiscalité ?

Règles fiscales et incitation à l’investissement

La France a une pression fiscale globale inférieure à des pays qui pourtant investissent davantage dans les TIC Composition de la fiscalité qui pose problème ?

Réformes fiscales menées dans les pays nordiques Une fiscalité sur la consommation élevée (TVA) Une fiscalité sur les revenus du travail progressive; une dernière tranche taux de près de 50% (conte 90% dans les années 1980) sans niches fiscales Un taux forfaitaire d’imposition sur les revenus du capital : environ 28% (sauf au Danemark où la taxation est restée progressive) Une baisse de l’IS : environ 25%

Réformes fiscales menées dans les pays nordiques Une fiscalité élevée sur la consommation Une fiscalité élevée et progressive sur les revenus du travail Un impôt forfaitaire et plus faible sur les revenus du capital : inférieur à 30% Une impôt forfaitaire sur les bénéfices des sociétés plus faible l’IS : inférieur à 30%

Insuffisance des investissements en TIC et faiblesse de la destruction créatrice Un problème de financement des PME Un problème de fiscalité des entreprises Un problème de qualifications de la pop active Un problème de flexibilité sur le marché du travail Un problème de concurrence sur le marché des B&S

3. Les transformations des structures financières 3.1 Le système bancaire et financier en France avant 1945 3.2 La mise en œuvre d’une régulation du système bancaire et financier : le cas des Etats-Unis 3.3 L’Etat devient l’acteur central du système bancaire et financier en France après 1945 3.4 Les années 1980 marquent une rupture : une double dynamique de déréglementation et de décloisonnement du système bancaire et financier

3.1 Le système bancaire et financier en France avant 1945

3.1.1 Les différents types de banques : banques d’escompte, Banque de France, Haute banque, banques de dépôts, banques coopératives et mutualistes Les banques d’escompte (à partir de 1796) : banques émettrices de papier-monnaie en contrepartie d’un actif gagé (effet de commerce) La Banque de France : elle finance les entreprises par l’escompte (effet de commerce) et réescompte les banques. Elle obtient le monopole de l’émission de papier-monnaie en 1848 La Haute banque (ex: Banque de Paris et des Pays-Bas ) : elle finance le commerce international + des projets industriels, notamment à l’étranger

Les banques commerciales ou banques de dépôts (ex: Société Générale, Crédit Lyonnais ) : elles perçoivent des dépôts, pratiquent l’escompte et elles concurrencent la Haute banque après 1870 dans l’émission d’emprunts étrangers de grande envergure en France (ex: les emprunts russes) Les banques coopératives ou mutualistes (Crédit Agricole mutuel (1894), le Crédit mutuel (1894), les Banques populaires (1894) ): ces banques fournissent les premiers services financiers aux classes moyennes et modestes. Elles passent de sociétés de bienfaisance destinées à protéger de l’usure les petits paysans et les artisans à de véritables coopératives de crédit à la fin du 19ième siècle

3.1.2 Une succession de crises dans un secteur non régulé Faillite du « Crédit mobilier » des frères Pereire en 1889 Bank run sur la Société Générale en 1913 Après 1918, la fragilité des banques (la multiplication des bank runs) les pousse à la concentration = apparition de réseaux bancaires de taille nationale Entre octobre 1929 et 1935 : 566 banques font faillites (40% de l’ensemble des banques) Peu d’intervention de l’Etat et de la Banque de France; aucune assurance sur les dépôts pour les clients

Un système bancaire entièrement libéralisé, pas de charte bancaire, pas de réglementation prudentielle, pas d’assurance de dépôt, pas de séparation des activités bancaires et financières La moindre fragilité se transforme en crise

3.2 La mise en œuvre d’une régulation du système bancaire et financier : le cas des Etats-Unis après 1929 Enquête Pecora après le krach de 1929. Le constat : abus des banques universelles (utiliser les dépôts pour faire des investissements sur les marchés / banque d’investissement) = le risque de marché s’est répercuté sur les « petits » déposants ; les « banksters » En 1933, le Glass-Steagall Act bloque développement de la banque universelle et sépare l’activité de banque de dépôt de celle de banque d’investissement

Confirmées à la Libération par la loi du 2 décembre 1945 3.3 L’Etat devient l’acteur central du système bancaire et financier en France après 1945 Lois du 13 et 14 juin 1941 (Gouvernement de Vichy), qui marquèrent la fin du système libéral d’avant-guerre. Confirmées à la Libération par la loi du 2 décembre 1945 Nationalisation en 1945 de la Banque de France et des quatre principales banques de dépôt (dont la Société générale et le Crédit Lyonnais).

Une politique du crédit dirigé par l’Etat à travers la Banque de France = « l’encadrement du crédit » Un réseau bancaire cloisonné (par secteur) : dans chaque secteur les taux sont différents en fonction des priorités de l’Etat = 200 « prêts bonifiés » Trois catégories de banques selon leur spécialisation : - banque de dépôt, - banque d’affaires - banque de crédit à moyen et long terme. Contrôle des capitaux

Les premières réformes des années 1960 (vers la banque universelle) 1966-1967: réformes initiées par le ministre de l’Economie et des Finances, Michel Debré Objectif : réduire le rôle de l’Etat dans le système bancaire et financier au profit d’un recours plus important à la régulation marchande (« vrai prix ») et à la concurrence bancaire (baisse du coût du capital).

Premières mesures L’ouverture des guichets des banques est libéralisée = + de concurrence Implantation en France des banques étrangères = + de concurrence Les banques d’affaires jouent aussi un rôle beaucoup plus actif en liaison avec le dynamisme industriel

Quel bilan ? Entre 1966 et 1973, la part des banques dans le crédit à l’économie passe de 41% à 55% tandis que la part du Trésor passe de 35% à 15%. Cependant, à la fin de la période, la place de l’Etat et des organismes qu’il contrôle reste très importante. En 1980, les trois grandes banques nationalisées de 1945 représentent 55% des dépôts bancaires et 45% des crédits bancaires.

3.4.1 Déréglementation et décloisonnement 3.4 Les années 1980 marquent une rupture : une double dynamique de déréglementation et de décloisonnement du système bancaire et financier 3.4.1 Déréglementation et décloisonnement

Pourquoi ces réformes ? Quels objectifs ? Développer un accès moins couteux au financement en mobilisant une offre de financement plus importante (hausse épargne des baby-boomers) Un financement de l’économie par l’épargne plutôt que la création monétaire (vs inflation provenant de la création monétaire) / Réduire la place de l’endettement

La déréglementation ? Libéralisation des mouvements de capitaux avec l’étranger : ouvrir l’économie française aux capitaux étranger (décloisonnement « externe ») Libéralisation du secteur financier : loi bancaire de 1984 et loi sur la déréglementation financière de 1986 (décloisonnement « interne »)

Réformes du secteur bancaire Loi bancaire de 1984 : fin de l’encadrement des crédits et des prêts bonifiés Suppression de la séparation banque de dépôts (banque commerciale) et banque d’affaires = banque universelle

Réformes des marchés financiers Suppression du monopole des agents de change (environ 40) : 1986 Création du second marché pour la cotation en bourse des PME Création du MATIF (marché à terme des instruments financiers) Création du MONEP (marché des options négociables de Paris) Bourse électronique Contexte de libéralisation des mouvements de capitaux dans l’UE avec l’Acte unique

Conséquence : la puissance publique et les agents privés peuvent se financer sur des marchés pour toutes les échéances possibles : court terme / moyen terme et long terme

La déréglementation du système financier conduit à : Libéraliser le secteur bancaire Libéraliser l’accès aux marchés des capitaux Créer des nouveaux compartiments financiers (marché à terme, marché des options, … ) Permettre à tous les agents de passer d’un compartiment à un autre = faire sauter les cloisons entre les différents compartiments du marché des capitaux (internes et externes) = décloisonnement

3.4.2 Dans un contexte d’innovations financières Innovation technologique : baisse des coûts de transaction + meilleure circulation de l’information Des innovations financières qui répondent à une demande. Des nouveaux produits : pour se protéger des risques de change et des risques de taux d’intérêt = développer stratégie de couverture sur les marchés à terme et les marchés d’options

Des innovations promues par l’offre pour contourner la réglementation: la titrisation Des innovations qui sont introduites par l’offre : le trading haute fréquence Des innovations promues par la puissance publique pour accéder à un financement plus large du déficit public

Se protéger contre l’évolution des cours : les marchés à terme Un écart entre le moment où est signé le contrat et le moment où est livré l’actif/marchandise Le marché à terme et le marché des options permettent de réduire les risques associés à cette situation

A (une compagnie aérienne) doit acheter du pétrole livré dans 6 mois Le prix actuel est de 100 dollars le baril A peut craindre que le prix monte : il trouve un producteur prêt à vendre 100 dollars le pétrole livré dans 6 mois = marché à terme Dans 6 mois, le baril vaut 110 mais il paie 100 : il a « gagné » Dans 6 mois, le baril, vaut 90 mais il paie 100 : il a « perdu » … sauf s’il a acheté une option qui lui permet de se défaire du contrat (marché des options); il peut alors acheter le baril 90

La titrisation La banque transfert la créance du prêt dans un VF : elle la sort de son bilan et ne touche plus les intérêts Le VF se finance en émettant des obligations achetées par de prêteurs Rémunérés à partir des intérêts des prêts initiés par les banques

La titrisation, quel intérêt pour les banques ? Elle permet aux banques de se défaire du risque de crédit Elles n’ont donc pas à respecter la réglementation prudentielle sur des créances qui sortent de leur bilan (contourner la réglementation)

3.4.3 L’apparition de nouveaux acteurs financiers Investisseurs institutionnels (les zinzins) : fonds de pension, assurance, OPCVM = gestion de l’épargne des ménages 71 000 milliards de dollars gérés en 2010. Hedge funds : financés par les banques ou les « zinzins » fonds qui interviennent sur les marchés à terme et d’options = 20% des actifs gérés par l’industrie financière

Private equity : fonds qui achètent des entreprises non cotées souvent après avoir emprunté auprès de banques (stratégie du Leveraged buy out) Les banques d’affaires (ou banques d’investissement): conseil, IF, création de nouveaux produits financiers Fonds souverains : Etat

Des intermédiaires financiers très liés aux banques : De nombreux zinzins sont contrôlés par les groupes bancaires : plus de 70% en Allemagne et en France ; 90% en Italie ou en Espagne Les véhicules spéciaux d’investissement souvent créés par les banques Les hedge funds et les private equity se financent auprès des banques

3.4.4 La transformation des activités des banques commerciales

Désintermédiation ? Intermédiation de crédit (de bilan) Ré-intermédiation ? Intermédiation de marché Conséquence sur le bilan des banques ?

Mobiliérisation du bilan

3.4.5 Le boom des activités financières Un exemple emblématique : les chiffres du marché des changes - Les volumes quotidiens des transactions de change s’élèvent fin 2010 à 4000 milliards de dollars, soit sur une année entière, l’équivalent de près de 15 fois le PIB mondial (75 fois le montant du commerce international). - Dans les années 1970, l’activité sur le marché des changes ne représentait que 20% du PIB mondial. Les marchés boursiers et obligataires : au niveau mondial, ces marchés représentent plus de 2,5 fois le PIB mondial. Si on y ajoute les actifs bancaires, on passe à 4 fois le PIB mondial. Le rapport pour la France est de 6 fois le PIB.

Résumé : les évolutions du système financier en France depuis le 19ième siècle

Système financier avant 1941 Rôle essentiel des banques privées Financement des banques par le réescompte Collecte de dépôts pour financer des crédits et des projets industriels Financement des entreprises par le réescompte Banques de dépôts Banque de France Accès au crédit des plus modestes Banques d’escompte Financement des grands projets industriels en Fce et à l’étranger + commerce international Banques mutualistes Haute Banque

Système financier avant 1941 Rôle essentiel des banques privées Aucune réglementation, ni intervention d’un PDR Les défaillances des emprunteurs ou les échecs de projets d’investissement Une crise de confiance dans la solidité du banque = un bank run Crise de liquidité Société générale en 1913 Crise de solvabilité : Faillite de la banque des frères Pereire en 1889 1929-1933

Financement direct des entreprises par l’Etat La rupture des années 1940 Gouvernement de Vichy 1941 IV République 1945 Loi du 2 décembre 1945 Trésor (Ministère des finances) Nationalisation BF Nationalisation des 4 plus grandes banques de dépôts Cloisonnement du système bancaire : banques de dépôts, d’affaires et de crédit de ML et LT Politique monétaire Encadrement du crédit L’accès au crédit est contrôlé par l’Etat Fin de la banque universelle Politique des prêts bonifiés = prix administrés dans chaque secteur de l’économie Financement direct des entreprises par l’Etat

Conséquence : financement direct de l’Etat + prix administrés + cloisonnement des banques par activités et par secteur + contrôle de l’accès au crédit par l’Etat = l’accès au capital est coordonné par la puissance publique Pas de concurrence / pas de prix de marché

Années 1960 : la période de reconstruction est achevée = l’intervention de l’Etat est moins impérieuse = sortir des prix administrés Première réforme de libéralisation : réforme Debré 1967 plus de concurrence entre banques Moins de financement direct par le Trésor

Début des années 1980 : nouveau contexte Inflation galopante Taux d’intérêt (toujours) élevés Les générations du baby boom = une épargne de plus en plus importante Enjeu : est-il possible de réduire l’inflation, réduire le coût d’accès au capital et de mieux utiliser l’épargne des ménages ?

Réformes des années 1980 Décloisonnement « externe »? Décloisonnement « interne »? Réforme bancaire 1984 Libre circulation des capitaux : fin du contrôle des changes pou préparer le passage au Marché commun (1993) (DEREGL) Fin de l’encadrement du crédit (DEREGL) Suppression de la spécialisation bancaire = retour des banques universelles (DEREGL) Privatisation des banques (DEREGL) Entrée de capitaux = hausse de l’offre de capitaux Offre de crédit provient de banques en concurrence Déréglementation des marchés financiers : 1986 Suppression du monopole des agents de change (DEREGL) = baisse coûts de transaction Création nouveaux compartiments: Second marché Marché à terme (MATIF) Marché des options (MONEP) = Nouvelles stratégies (couverture, spéculation, arbitrage)

Système financier à partir des années 1990 banques en concurrence Entrée de capitaux étrangers crédits titrisation Agents à besoin de financement Achats & ventes de titres Dépôts Développement des marchés financiers + innovations zinzins Épargne des ménages Agents à besoin de financement Autres acteurs: HF, Banques d’affaires, Fonds souverains, Private equity Autres agents à capacité de financement

Rôle des banques ? Recul de l’intermédiation de bilan mais hausse de l’intermédiation de crédit L’économie reste une économie intermédiée mais l’intermédiation a changée de nature

Depuis années 1980 ? Dérèglementation Décloisonnement Désintermédiation de crédit Intermédiation de marché

3.4.6 L’apparition de nouveaux risques dans le système financier 1) Le caractère systémique des acteurs du système financier Plus de concurrence = recherche de compétitivité = économies d’échelle et de gamme = un processus de concentration Présence d’une trentaine de conglomérats financiers de taille mondiale dont le défaut causerait celui de beaucoup d’autres établissements et provoquerait ainsi une crise systémique.

Conséquence : la puissance publique face au dilemme du « too big to fail » Des banques : Northern Rocks nationalisée en 2008 Des assurances : AIG mis sous tutelle publique en 2008 Des fonds d’investissement : LTCM sauvé en 1998 Tous les établissements « systémiques » pose un problème de type « too big to fail » = aléa moral Une banque non sauvée : Lehman Brothers

2) Des innovations qui accentuent l’aléa moral : la titrisation La banque qui « origine » le crédit ne le supporte plus car elle l’a « distribué » (originate to distribute) et ne le « porte » plus dans son bilan (originate to hold) Le risque de crédit a disparu = être moins attentif à la qualité des emprunteurs = aléa moral

3) Des innovations qui accentuent les asymétries d’information Akerlof et Shiller Les marchés des dupes (2016) Des produits financiers de plus en plus complexes Face à cette complexité, les croyances collectives tiennent le rôle boussole dans les décisions des agents (confiance mimétique)

4) Une partie des acteurs ne sont pas soumis à la régulation : le shadow banking Régulation concerne : Banques commerciales (dépôts); les assurances, les investisseurs institutionnels Les autres : shadow banking - Les hedge funds - Les banques d’investissement - Les véhicules de titrisation 2012 : 67 000 milliards de dollars en terme d’actifs; un tiers du montant total du système financier. L’absence de régulation : une fragilité plus importante Le SB supporte les risques externalisés par les intermédiaires qui sont eux régulés

Des nouveaux risques dans le système financier Apparition de banques (d’intermédiaires financiers) systémiques innovations comme la titrisation Développement des IF appartenant au shadow banking Se considèrent comme Too big to fail Des titres financiers plus complexes Acteurs non régulés Moins d’information Acteurs plus fragiles Plus d’aléa moral Hausse de la prise de risque Devant l’incertitude = comportements mimétiques = bulles

3.4.7 Repenser la régulation du système financier Jean Tirole (Economie du bien commun, 2016), la régulation du système financier a deux objectifs : empêcher les comportements nocifs de certains acteurs sur les marchés financiers (arnaques et manipulations). En France, c’est le rôle de l’AMF (l’Autorité des marchés financiers) ; s’assurer de la solvabilité et de la liquidité des intermédiaires financiers (la BCE pour les établissements systémiques européens, l’ACPR pour les établissements de taille nationale)

La surveillance des arnaques et des fraudes 2008: de grandes banques mondiales sont accusées de manipuler le taux de refinancement interbancaire (scandale du Libor) 2008 : affaire Madoff 2013 : l’AMF condamne un trader pour délit d’initié à 14 millions d’euros et son informateur à 400 000 d’euros lors de l’OPA de la SNCF sur Geodis

G.Akerlof et R.Shiller (Marchés de dupes, 2016) « Les arnaques pratiquées sur les marchés financiers sont la principale cause des crises financières qui ont provoqué et provoquent encore les plus grandes récessions . (…) . Il y a des arnaqueurs et il y a des dupes. (…) Quand les marchés sont totalement libres, la liberté de choix ne va pas sans liberté de tromper et de manipuler. »

3.4.7.2 La supervision microprudentielle Agir sur le comportement individuel des acteurs du système financier afin qu’ils ne se retrouvent pas en situation de faire faillite Le Comité de Bâle a été créé après la faillite de la banque allemande Herstatt en 1974 Éviter l’effet domino

Lutter contre le risque d’insolvabilité : Bâle 1 et Bâle 2 Bâle I (1988) : mesurer pour chaque prêt accordé un montant de fonds propres nécessaires en cas de défaillance de l’emprunteur (tenir compte du risque de bilan) Bâle II (2007): intégrer le risque de marché; rôle des agences de notation; comptabilité en valeur de marché

Rajouter la lutte contre le risque d’illiquidité Bâle III (2013): introduit une obligation de détention d’actifs sous forme liquide et une obligation de ressources stables (par exemple détenir des titres du Trésor américain)

Les limites de la régulation microprudentielle 1) Des normes pro-cycliques Phase haussière = peu de risque = faible besoin de réserve Phase baissière = risque élevé = fort besoin de réserve La constitution de réserve est facile quand elle n’est pas nécessaire et difficile quand elle est nécessaire Pour dégager les réserves nécessaires = les banques réduisent les crédits = credit crunch Innovation Bâle III: un coussin de réserve contra-cyclique

2) Défaillance des agences de notation dans l’évaluation des risques 3) Contournement de la réglementation par les banques qui s’appuient sur le shadow banking 4) La supervision ne concerne que les banques de détails pas les autres intermédiaires financiers

3.4.7.3 La supervision macroprudentielle Tenir compte des interactions entre les établissements = réguler un risque « systémique » (ou global) et non pas seulement « individuel » Contrôler l’impact du fonctionnement du système financier sur l’économie réelle

Mesurer le risque systémique Le stress test est le principal instrument Dodd-Frank Act de 2010, les résultats des stress tests sont publiés annuellement

Réguler les pratiques de marché qui posent problèmes En standardisant les échanges sur les marchés des dérivés (limiter les échanges de gré à gré) interdire certains instruments : la vente à nue de CDS portant sur les défauts de paiements des Etats a été interdite par l’UE en 2011 (la vente à nue consiste à vendre à terme un actif que l’on ne possède pas mais que l’on s’engage à livrer à réalisation du contrat)

Mieux définir les acteurs qui sont soumis à la régulation L’ancien président de la Fed Paul Volker, le Commissaire européen et gouverneur de la Banque de Finlande Erkki Liikanen ou l’économiste John Vickers défendent la séparation entre banques de détail et banques d’affaire Le risque est de voir des établissements universels mal gérer leurs activités d’investissement d’affaires, faire subir à leur clientèle de dépôts les conséquences de cette mauvaise gestion. Proposition : séparer au sein des établissements les activités susceptibles d’être « sauvées » et celles qui ne doivent pas l’être à l’aide d’ « une muraille de Chine ».

Mieux définir les acteurs qui sont soumis à la régulation. Réguler le shadow banking? Comment faire le tri entre les établissements qui agissent pour eux-mêmes, et ceux qui ne servent qu’aux banques afin de contourner les règles prudentielles ? Une proposition radicale consiste à interdire toute forme de transferts du risque des banques vers l’extérieur et à revenir à un modèle uniquement « originate to hold ».

Mieux définir les acteurs qui sont soumis à la régulation. Les paradis fiscaux ? Une des difficultés pour appliquer une régulation est de pouvoir identifier les établissements qui sont immatriculés dans des paradis fiscaux. Pour les banques de dépôts ou les assurances, il n’y a pas de problème car ces établissements doivent avoir une licence pour exercer leur activité. Pour les autres établissements, par contre, la porte n’est pas fermée pour masquer des informations.

Supervision macroprudentielle? Il existe un risque systémique mesuré par les stress test Pour réduire ce risque systémique Supprimer les pratiques dangereuses comme les échanges sur les marchés de gré à gré Séparer les activités de dépôts et d’investissement (fin banque universelle) Réguler les acteurs du shadow banking Notamment les établissements immatriculés dans les paradis fiscaux

Le rôle de la banque centrale dans la stabilité financière « La crise financière nous a enseigné que les banques centrales ne pourront plus conduire la politique monétaire sans tenir compte parallèlement de l’incidence de l’instabilité financière sur leur action et des incidences de leur action sur la stabilité financière. » Jézabel Couppey-Soubeyran dans Monnaie, banques, finance (2009).

Lorsque les marchés manquent de liquidités, que des établissements menacent de faire faillite, l’autorité monétaire intervient. Elle le fait en tant que prêteur en dernier ressort, mais également à l’aide de politiques monétaires expansionnistes. Mais en contrepartie, l’action de PDR génère de l’aléa moral, ce qui renforce la prise de risque des institutions financières, et la liquidité facile et abondante place les agents dans une nouvelle phase de boom du cycle financier. La succession d’actions de la politique monétaire a donc pour conséquence de faire alterner les phases du cycle financier.

Enjeu : comment la politique monétaire doit-elle agir pour répondre aux chocs négatifs tout en évitant les emballements et la formation de bulles et de cycles de crédit? Débat : - Agir sur les marchés - Agir sur les acteurs du marché (augmenter les réserves obligatoires)