La photographie en couleurs Les précurseurs Vers la photographie en couleur grand public : les frères Lumière Les 100 ans d’un prix Nobel : Gabriel Lippmann (1845-1921) Prix Nobel 1908 Une fois la première photographie, sans couleurs, obtenue par Nicéphore Niepce (1765-1833) en 1826, les premiers perfectionnements obtenus par Louis Jacques Mandé Daguerre (1787-1851) permettent l’essor de la photographie. De nombreuses innovations techniques se succéderont au cours du XIXème siècle (Talbot : possibilité de négatifs...). Photographie et peinture dialogueront dès lors. Si dans les années 1892-1893 les frères Lumière s’enthousiasment pour le procédé Lippmann, Louis Lumière comprend rapidement que le procédé ne permettra pas d’atteindre un (quasi) instantané. 1891 : Gabriel Lippman, physicien français, fait la démonstration à l’ Académie des Sciences de sa méthode de photographie en couleurs qui utilise le phénomène d’interférences. Il obtient alors la première photographie en couleurs stable. Le procédé se révèlera trop complexe et ne sera pas exploité à grande échelle. Il lui vaut néanmoins le Prix Nobel en 1908. Louis Daguerre en 1844 Si le premier brevet date du 17-12-1903, la mise au pont définitive est réalisée en 1907. Les plaques « autochromes » permettant la photographie en couleur coûtent environ le triple de celles en noir et blanc. En bon commerçant, une boîte de plaques en contiendra quatre pour la couleur et douze pour le noir et blanc : le prix sera sensiblement le même !!! Henry Fox Talbot Lippmann, G., “Sur la théorie de la photographie des couleurs simples et composées par la methode interférentielle,” J. Phys. (Paris), vol. 3, no. 97, 1894. La découverte de M. Lippmann. La photographie des couleurs. Encore une date mémorable pour l’histoire des découvertes et des inventions. Dans la séance du 2 février de l’Académie des Sciences, M. Lippmann a annoncé qu’il était parvenu à résoudre le problème si cherché de la photographie des couleurs, et il a effectivement placé sous les yeux de l’assistance diverses photographies du spectre solaire. Toutes les couleurs sont fixées sur la plaque avec leurs teintes exactes et leur éclat. La fixation est absolue et les couleurs peuvent rester sans perdre de leur vivacité indéfiniment exposées à l’air et à la lumière. Depuis Niepce et Daguerre, ce problème difficile avait vainement excité la sagacité des inventeurs. La solution trouvée par M Lippmann est-elle la seule ? est-elle la meilleure? L’avenir répondra à cet égard. Mais ce qu’il est permis d’avancer, c'est qu'elle est originale, élégante, et un peu inattendue, car elle a été trouvée dans une voie tout à fait inexplorée jusqu’ici. Peter de Hooch, Arrière cours d’une maison à Delft, 1658. La plaque autochrome se compose d'un support de plaque de verre recouvert par une fine couche de vernis à base de latex sur lequel est fixé un mélange de grains de fécule de pomme de terre colorés en vert, rouge-orangé ou bleu-violet associé à des particules de carbone. La plaque est chargée à l'envers (émulsion à l'arrière) dans l'appareil de prise de vue. Sainte Maxime G. Lippmann vers 1895 Talbot, The open door, 1844. La question se pose de la photographie en couleurs. Ainsi, les grains de fécule filtrent la lumière incidente et analysent sélectivement sa composition en arrêtant les rayons de couleur complémentaire (par exemple, les grains verts absorbent le rayon lumineux rouge, alors que les grains bleu-violet et rouge-orangé le laissent traverser). Edmond Becquerel décrit une image fugitive, qu’il n’arrive pas à conserver : " De l'image photographique colorée du spectre solaire ", CRAS, t. 29, 1848, p. 181-183. 1861 : L’écossais James Clerk Maxwell (1831-1879), physicien, fondateur de l’électromagnétisme moderne, montre expérimentalement la synthèse additive trichrome à l’aide de trois lanternes munies de filtres rouge, vert et bleu. Après avoir fixé l’image d’un ruban écossais à travers ces trois mêmes filtres et en superposant ces transparences, il obtient la première photo en couleurs. Bouquet de fleurs G. Lippmann dans les années en 1890 Article anonyme paru dans : Les annales politiques et littéraires le 15 février 1891 objet plaques de verre miroir mercure émulsion photographique lentille vert rouge n 2 l Vue au microscope; le diamètre d’un grain de fécule est de 12 micromètres environ. Tartan écossais La plaque est visualisée en transmission : l’autochrome est l’ancêtre de la diapositive. Jusqu’au début des années 1930, l’autochrome sera pratiquement sans concurrence. Microphotographie d’une coupe à travers l’émulsion utilisée par Lippmann. Un miroir en mercure est placé au contact de l’émulsion sur la partie droite. On observe les ondes stationnaires créées. 1869 : Charles Cros et Louis Ducos du Hauron présentent le même jour (7 Mai) à la " Société Française de Photographie ", le principe de la photographie couleur indirecte en trichromie soustractive. Grossissement du tableau « La parade du cirque » Georges Seurat (1888). La division de la tache pour un rendu de couleur entièrement nouveau renvoie-t-elle aux grains minuscules utilisés par Louis Lumière ? Parmi les prix Nobel de physique, deux scientifiques ont été distingués pour leur méthode d’enregistrement des images : Gabriel LIPPMANN, a reçu le prix Nobel en 1908 « for his method of reproducing colours photographically based on the phenomenon of interference » et Dennis GABOR le reçu en 1971, « for his invention and development of the holographic method » . Les deux méthodes furent, en leur temps, des méthodes complètement originales : elles ne correspondaient pas à une évolution de l’ingénierie de l’enregistrement des images. Autochrome, vers 1910 de Jean-Baptiste Tournassoud photographe (1866 - 1951) Photographie par Louis Ducos du Hauron 1877 La plus belle collection d’autochrome se trouve sans doute au musée Albert Kahn à Boulogne-Billancourt. Si la possibilité technique de réaliser des photographies en couleur existe, la difficulté de réalisation empêche le développement de cet art en devenir. Production Max Boltz