La connaissance linguistique comme modèle de la connaissance tout court Emanuele Fadda Valeria Riso
Pertinence et pratique (1975) « certains des problèmes traités par la linguistique n'ont rien de spécifiquement linguistique, mais relèvent du domaine de la théorie de la connaissance » « la langue est la structure qui détermine la façon particulière de connaître les sons et les sens » « une structure analogue à celle que la phonologie [pragoise] suppose pour l'ensemble de la langue se retrouve à la base de toute connaissance »
Troubetzkoy, les phonèmes et la pertinence Le phonème est défini comme l'ensemble des propriétés phonologiquement pertinentes d'une forme phonique. Les parlants arrivent à communiquer entre eux car ils reconnaissent les sons de la langue, c'est à dire les phonèmes.
Saggi di semiotica I – Sulla conoscenza (1989) Prieto étend la méthode pragoise du champ de la connaissance linguistique au champ de la connaissance tout court En posant le principe de pertinence comme critère de validité de la connaissance logiquement antérieur à celui de vérité, il concevait sa sémiologie comme une théorie de la raison d'être de la connaissance de la réalité matérielle. Pertinence = sujet ↔ connaissance Vérité = objet ↔ connaissance
La méthode pragoise chez Prieto La connaissance d'un objet a lieu sur la base de caractéristiques et dimensions L'objet est pertinent par le sujet qui le (re-)connait. La pertinence que le sujet reconnait à l'objet est conséquence de son utilisation dans une pratique
Le structuralisme ‘platonisant’ Le postulat de fermeture du système qui est à la base du structuralisme (il faut avoir la totalité pour pouvoir connaître chaque unité) se tourna assez vite vers un idéalisme caché. La notation saussurienne que l’empirie n’est pas connaissable en tant que telle se fond imperceptiblement dans l’idée qu’il n’y a pas de réalité empirique En fait, le « monde naturel » de Greimas n’est pas naturel du tout
La langue, et le monde Il y a très peu d’exceptions à cette attitude dans le structuralisme classique: notamment, Benveniste et Prieto La tension entre « questions de mots » et « questions de choses » dans le Vocabulaire est évidente, et aussi l’intérêt pour la philosophie analytique et la tradition anglo-saxone C’est pourquoi les deux s’occupent d’institutions (cf. infra)
La langue comme connaissance de la réalité matérielle Chez Prieto, la langue garde son autonomie (structurale) par rapport au monde, mais elle n’est pas en dehors du monde La langue est une façon de connaître (ou de classer) la réalité matérielle Gardiner: « language is a science » Il n’y a aucune différence de principe entre la connaissance scientifique et la connaissance tout court (tout comme chez Peirce)
L’animal homme, et sa biologie à lui LJP: « l’homme est biologiquement programmé pour échapper à la nécessité biologique ». Qu’est- ce que ça signifie? Le monde de l’homme n’est pas borné par ses instincts et les affordances que la réalité matérielle lui offre en tant que telle. Il connaît la réalité par rapport aux intérêts de son group – c’est à dire, qu’il décide ce qu’il faut en faire ≈ MAXIME DU PRAGMATISME: connaître, c’est façonner notre action sur le monde
Deux réalités? Non: une réalité, et les façons de la connaitre Le probléme ontologique de l’ontologie sociale contemporaine (Searle) tourne en problème épistémologique Searle: il y a réalité matérielle et réalité sociale – mais la deuxième dépend de la première. LJP: Il n’y a qu’une réalité (matérielle), et tout objet mental n’est qu’une façon de la connaître
Connaitre, c’est créer Mais celui qui crée un concept, une idée nouvelle, est un véritable inventeur (dans le sens étymologique du terme: il trouve quelque chose qui était déjà là dans les royaume des possibilités, mais il le rend disponible à tous) Iconisme chez Peirce L’inventeur, en effet, crée une pertinence: il nous donne un intérêt qu’on savait pas avoir. Ainsi faisant, ils nous mette dans la condition de mieux profiter de notre monde (à tous)
Sciences humaines Cependant, les connaissances peuvent elles- mêmes être connues – c’est justement la fonction des sciences humaines, dont la sémiologie est le paradigme. Lorsqu’on érige nos pratiques au rôle d’objet de la connaissance, on accomplit une opération réflexive, mais on quitte pas l’horizon général de la connaissance
Sémiologie et sciences de l’homme en tant qu’étude des institutions Les institutions, ce sont des systèmes de connaissances et pratiques partagées, qui règlent la coexistence et l’interrelation entre les êtres humains La langue est le premier de ces systèmes et le plus fondamental C’est pourquoi la sémiologie, issue de la linguistique, pose sa candidature à être théorie des institutions
Conclusions La position de Prieto nous permet de comprendre comme la langue n’est pas détachée par le monde, mais plutôt, au contraire, elle n’est pas concevable au dehors d’une réalité matérielle Homo sapiens n’a pas de relation prédéterminée à son monde, et il ne peut pas l’avoir en tant qu’individu. C’est pourquoi il a besoin d’institutions La langue est la première saisie de l’homme sur la réalité matérielle, et tout connaissance ultérieure se fonde sur cette base