Le harcèlement moral 8- Diagnostics Professeur Philippe Corten Psychopathologie du travail - ULB Clinique du stress – CHU Brugmann
Conséquences dans l’entreprise Attaques indirectes Sentiment de confusion, évitement du conflit Violences, Attaques de + en + virulentes Victime se soumet ou se démet Victime se révolte et est accusée de l’échec de la relation professionnelle ou est accusée d’être violente
Les conséquences individuelles La stratégie du harceleur est de Créer une situation de stress expérimental où sa victime ne peut ni fuir ni se défendre jusqu’à ce qu’elle en arrive au ‘syndrome d’inhibition’ : « quoi que tu fasses, il n’y a pas d’issue et j’aurai ta peau » activation du cerveau reptilien Créer une tornade métabolique: flush d’adrénaline, libération de cortisol, augmentation du rythme cardiaque et respiratoire, emballement du métabolisme On imagine bien l’effet silencieux et dévastateur de tels séismes répétés heures après heures, jours après jours, mois après mois…
Les conséquences individuelles Finalement, l’individu ne peut plus que perforer son estomac, faire un infarctus ou à tout le moins de l’hypertension, tomber en dépression, se suicider. Très régulièrement il induit un syndrome de stress post-traumatique particulièrement long. C’est en ce sens que le harcèlement moral est un acte de violence. A terme, il peut conduire à la mort : une mort lente, insidieuse, indétectable.
Tableau clinique Phase 1: alerte La victime ne comprend pas ce qui lui arrive, ce qui l’empêche de réagir de manière adaptée, elle ne s’aperçoit pas qu’elle est manipulée. A ce stade seule la moitié des harcelés ont conscience d’être harcelés! Quel que soit son comportement: échec. Il est en butte à la dérobade. Les agissements du harceleur se font à l’abri des regards ce qui conduit à l’isolement de la victime. Celle-ci en ressent un sentiment de culpabilité et d’abandon de la part de son entourage. La victime commence à mettre en doute ses compétences et ses capacités. La victime cherche une cause logique aux évènements et s’imagine en être responsable. Difficile à diagnostiquer car la personne ne se plaint pas : anxiété, troubles du sommeil, ennui, médicaments, alcool, fatigue, hyperactivité réactionnelle. Instrument: Questionnaire de Leyman
Tableau clinique Phase 2: Etat de stress post-traumatique angoisses , tachycardies, tremblements, sueurs, boules oesophagiennes. Terreur à l’idée d’aller travailler. Phobie de s’approcher du bâtiment, du quartier où a eu lieu le traumatisme Le retour en boucle des scènes d’humiliations, de brimades. Attaques de panique déclenchées par des perceptions analogiques avec tel ou tel détail de scènes de maltraitance : bruit, parfum, … Cauchemars intrusifs entraînant des réveils toutes les nuits en sueur. (L’insomnie réactionnelle est un moyen de bloquer la survenue des cauchemars . ) Sentiment de culpabilité. Atteintes cognitives : <concentration, mémoire, logique. Atteintes somatiques : troubles digestifs, perte de poids, troubles cardiaques, troubles gynécologiques chez les femmes .
Tableau clinique Phase 3: l’effondrement « cataclysme » Nuremberg, Hiroshima, Nagasaki… la liste est longue pour évoquer l’horreur inimaginable Décompensation anxio-dépressive majeure Suicide Et surtout des conséquences à long terme.
Le prix du harcèlement moral ? des perturbations importantes du métabolisme qui prendront un temps considérable pour se rétablir un sommeil peu profond et non réparateur entraînant une asthénie de très longue durée, malgré le repos et l’incapacité de travail une blessure indélébile, fragilisant la victime face à des stress ultérieurs sans parler des gastrites tenaces, de l’hypertension, de l’anxiété, des impressions de ‘qui vive’ permanentes qui les replongent dans la situation traumatisante,… Et ceci pour autant qu’elle s’en sorte!
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