Les aménagements préhistoriques de l'aven de Sot Manit (Saint-Maurice-Navacelles, Hérault) Jean-Yves Bigot KARST 2018 Colloque international de karstologie Chambéry du 27 juin au 1er juillet 2018
2 – Situation La cavité se situe dans le nord du département de l'Hérault sur le causse du Larzac. Aven de Sot Manit
La partie préhistorique se situe dans la galerie supérieure La partie préhistorique se situe dans la galerie supérieure. La galerie inférieure n'a été découverte qu'en 1953 et était défendue par une étroiture impénétrable. 3 – Coupe de l'aven
4 – L'aven L'aven de Sot Manit a été exploré par le groupe Vallot de Lodève en 1937. Robert de Joly visite l'aven le 19 mars 1938 et en fait une description sommaire (Notes et observations d'un spéléologue. Bulletin de la Société préhistorique de France, tome 36, n°5, 1939, p. 251-260). L'aven est défendu par un puits de 25 mètres.
5 – Les vases Dans les années 60, il ne reste plus que 4 vases sur les 9 signalés lors de la découverte. Les autorités archéologiques ordonnent alors l'extraction des vases restants attribués au Néolithique final.. Il ne reste plus aujourd'hui dans l'aven que les empreintes de 3 fonds de vase.
6 – Les cupules Des cupules naturelles formées par la chute de gouttes d'eau issues de larmiers naturels intriguent les archéologues qui les interprêtent comme des objets archéologiques... En fait, il s'agit de phénomènes de corrosion par des eaux ou des jus acides probablement liés à la concentration de chauves-souris dans les plafonds de la grotte.
7 – L'oubli Certes, l'aven de Sot Manit est une « grotte-citerne » (ressource en eau), mais les céramiques ont disparu et rien ne permet plus d'attester son usage ancien. Lors des visites spéléologiques, l'intérêt de la cavité se limite alors aux cupules sensées évoquer le passé archéologique de la cavité...
Plan de la galerie supérieure de l'aven de Sot Manit.
9 – Les sentiers aménagés Il existe des sentiers aménagés qui permettent d'accéder facilement à la galerie supérieure. Une rampe a été construite avec des débris de concrétions aujourd'hui scellés par la calcite. La rampe permet de franchir sans peine un ressaut.
10 – Les différents dispositifs de rétention de l'eau Les vases ne sont pas les seuls éléments susceptibles de contenir de l'eau. Un petit gour ébréché et un gour construit montrent que tous les réceptables naturels sont bons pour retenir l'eau qui tombe en pluie à cet endroit. Les céramiques ayant été prélevées anciennement, il restent des concrétions brisées (spéléofacts) dont l'agencement mérite d'être étudié.
11 – Le grand gour barré Un ouvrage hors normes révèle l'importance des travaux d'aménagement : le grand gour barré.
12 – Le grand gour barré Le grand gour barré sert à la fois à retenir l'eau et à l'empêcher de se perdre dans un endroit où il n'est plus possible de la récupérer.
13 – Stalagmites de dérivation Les stalagmites couchées sont des stalagmites de dérivation. Elles ne servent pas de barrage ou à augmenter la capacité de stockage d'un gour, mais seulement à détourner les eaux vers un bassin inférieur. Les stalagmites de dérivation ont une fonction similaire aux serpillères de rue que l'on voyait dans le Paris des années 90.
14 – Plan partiel Pour éviter que les eaux se perdent dans la zone sud, les hommes ont détrourné les filets d'eau (ouest et sud) vers le bassin inférieur.
15 – Bassin inférieur L'idée de dériver les eaux vers le bassin inférieur pour s'en servir de réservoir a peut-être été suggérée par la présence d'un liseré de calcite qui marque le niveau d'un ancien gour. Après une désobstruction préalable (bris de draperies), les hommes préhistoriques se sont assurés qu'il n'existait pas une possiblilité de continuation au-delà du bassin inférieur.
Certes, un gour profond existait à cet endroit, mais il y a très longtemps, comme l'indiquent certaines concrétions qui ont recouvert le liséré et les autres bords du gour... 16 – Bassin inférieur
17 – Le gour taillé Un autre site a été aménagé dans les parties basses (zone sud) de la cavité : le gour taillé. Ebrèchement Coupe partielle Le bord du gour a été taillé : on observe un ébrechement et incision en V. L'ancienneté des faits est attestée par la formation d'un concrétionnement différencié : en choux-fleurs (en haut) et en mamelons (en bas). Incision en V
18 – Le gour taillé Ce gour est naturel mais comporte de nombreux aménagements anciens. L'espace confiné est accessible à deux personnes seulement réparties de part et d'autre de l'incision centrale en forme de V.
19 – Le petit gour ébréché La technique de l'ébrèchement permet de vider les gours sans se blesser. En effet, les bords des gours sont souvent coupants et rendent le fond du gour moins accessible. En ébrèchant le bord du gour, on peut le vider totalement.
20 – Reconstitution Pour vider le gour taillé, d'une capacité d'environ 200 à 300 l, il faut disposer de plusieurs outres et de plusieurs porteurs... Reconstitution d'une scène de puisage au gour taillé.
21 – Conclusion Les céramiques ne sont pas les seuls éléments dignes d'intérêt, l'approche spatiale d'un site renseigne sur les intentions des hommes préhistoriques. L'examen minutieux d'un site archéologique souterrain, sans prélèvement ni destruction d'objets, permet d'obtenir des informations essentielles sur son aménagement.
FIN 22 – Fin Interprétation Jean-Louis Rocher Photos Patrick Pagès et Jean-Yves Bigot. Photos Patrick Pagès et Jean-Yves Bigot assistés par Elise Ferreira et Marjan Temovski.