Déterminants sociaux de la santé Journées de l’ED 393, Saint Malo, 2012 De la connaissance des déterminants à l’action en Santé Publique : une continuité.

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Transcription de la présentation:

Déterminants sociaux de la santé Journées de l’ED 393, Saint Malo, 2012 De la connaissance des déterminants à l’action en Santé Publique : une continuité problématique Michel Setbon

Processus et objectif de la santé publique La trilogie sur laquelle repose la santé publique : La connaissance des facteurs de risque, objet de la recherche épidémiologique (1) Le choix de l’action correctrice/cibles, objet du politique éclairé (2) La mise en oeuvre du “changement” à l’échelle individuelle susceptible de réduire le risque au niveau populationnel qui représente l’objectif final (3) Postulat rationnel: la connaissance permet de déterminer l’action qui, appliquée, produirait le changement visé Mais chacune des 3 étapes est problématique tout comme la transition de l’une à l’autre

1. La connaissance socio-épidémiologique

Déterminants sociaux de la santé : un débat centré sur la connaissance L’épidémiologie a pour objet “l’étude des variations de fréquence des maladies dans les groupes humains et recherche les déterminants de ces variations” Identifer les déteminants = identifier les facteurs de risque (causes ?) individuels et/ou collectifs Le plus souvent un mix des deux A l’origine du débat : déterminants sociaux (collectifs) vs comportementaux (individuels)

Question de sémantique ? Certains considérent que les comportements individuels font partie des déterminants sociaux et que la distinction n’a pas lieu d’être Mais d’autres proposent de distinguer : Les déterminants macrosociaux de la santé, conditions socio-économiques qui échappent aux choix des individus Auxquels on peut opposer des déterminants microsociaux de la santé qui correspondent aux comportements individuels, même s’ils sont socialement déterminés Ce n’est pas qu’une question de sémantique mais un enjeu majeur : sur quel déterminant portera le choix de l’action correctrice et qui portera la responsabilité du changement ?

Des déterminants multiples et de différente nature Le problème : plusieurs déterminants sont le plus souvent identifiés en rapport avec une pathologie : Déterminants macrosociaux : niveau d’éducation, profession, revenus, religion, environnement physique et social, etc. Déterminants microsociaux : mode de vie, alimentation, croyances, perceptions, etc. Certes, leur force d’association est variable, chacun d’eux expliquant une part plus ou moins importante de la variance Tabagisme Maladies infectieuses transmissibles MCV, diabète, etc. De plus, leur part peut varier dans le temps

Whitehall cohort (1985-2009) Stringhini S. et al Whitehall cohort (1985-2009) Stringhini S. et al.,Association of Socioeconomic Position With Health Behaviors and Mortality JAMA. 2010;303(12):1159-1166 Alors que tous les résultats issus de la cohorte indiquaient que les macrodéterminants étaient associés à la mortalité (1,6 supérieure chez les plus défavorisés) et étaient atténués de 42% quand les comportements individuels sont introduits lors de l’inclusion dans le modèle, ce % s’élève à 72% quand ils sont mesurés de façon répettée (4 fois sur 24 ans) L’équipe montre que 3 des 4 microdéterminants retenus (exercice physique, consommation d’alcool, de tabac et le régime alimentaire) expliquent cette différence : meilleure alimentation, exercice physique accru , consommation d’alcool réduite (pas d’effet du tabac) Les comportements mesurés à l’inclusion qui expliquaient 42% de la mortalité (toutes causes), 29% (MCV) et 61% (non MCV et non cancer) du gradient social expliquent respectivement 72%, 45% et 94% si les mesures sont répettées dans le temps Explication : les comportements évoluent dans le temps et leurs effets réducteurs sur la mortalité s’accroissent Conséquence : les effets des comportements sur les inégalités de santé peuvent s’avérer supérieurs quand ils sont évalués de façon longitudinale

Epidémies émergentes en France d’outre-mer Trois enquêtes (2006-2007) Méthodes et résultats Réalisées par M. Setbon et J. Raude

Arboviroses et facteurs de risque d’arboviroses Les arboviroses : maladies infectieuses virales transmises par des arthropodes (moustiques) Sévissant dans les régions à climat tropical et émergentes dans de nombreuses autres régions Les vecteurs : Aedes albopictus vecteur principal du virus du chikungunya et Aedes aegypti vecteur principal du virus de la dengue Lors d’épidémies, le principal objectif cognitif est d’identifier les facteurs socio-démographiques et psycho-cognitifs associés à la distribution de la maladie infectieuse dans la population exposée

Contexte et design des 3 enquêtes Affected island Réunion Mayotte Martinique Location Indian Ocean Caribbean Sea Population (inhabitants) 750.000 170.000 399.000 Date of the outbreak (number) 2005-2006 (1) 1995-2007 (4) Epidemic/endemic Epidemic Endemic + epidemic Main vector Aedes albopictus Aedes aegypti Virus Chikungunya Dengue % population infected 38 20 Date of survey May 2006 December 2006 June 2007 Sample size N = 1035 N = 888 N = 1001 Administration method Status identification Telephone Questionnaire Questionnaire+ serology Face to face

NS = non significant (p>0.05) Prevalence du Chikungunya/Dengue fever en fonction des variables sociodemographiques (% and significativité) Variables Réunion Sign. Mayotte Martinique Place of birth Réunion/Mayotte/Martinique 46.1 <0.001 29.3 18.4 <0.01 Other location 23.9 52.8 30.9 Type of housing Individual house 47.0 50.3 22.1 Collective 19.4 32.1 15.9 Education No formal education 49.1 41.5 <0.05 12.8 19.8 Some high school 46.5 29.7 19.6 High school graduate 37.2 28.2 27.8 Some college 30.0 25.0 Occupation Students 35.6 NS 34.4 17.4 Housewife 44.6 37.5 15.3 Unemployed 42.6 19.0 Employee/independant worker 41.1 33.9 Retired 39.4 29.4 14.1 Household size 1 to 2 40.1 20.9 3 to 4 40.3 46.7 5 to 6 46.3 41.3 18.1 7 or more 45.5 32.7 6.3 Total 41.6 39.0 NS = non significant (p>0.05)

Prevalence du Chikungunya/Dengue en fonction des variables psycho-cognitives (% and significativité) La Réunion Sign. Mayotte Martinique Perceived controllability Agree 37.0 <0.001 36.6 19.7 NS Disagree 54.0 51.0 Perceived effectiveness of protection 38.7 <0.01 38.4 N.S. 16.4 49.4 45.2 20.2 Perceived route of infection: mosquitoes 38.2 49.1 40.6 27.1 Perceived route of infection: air 50.7 39.6 15.1 <0.05 35.2 37.7 22.6 Perceived route of infection: body contacts 48.4 42.4 17.3 37.1 23.3 Use of repellents 35.8 MD 16.9 45.9 Total 41.6 39.0 19.4 MD = missing data; NS = Non significant (p>0.05).

Synthèse comparative des facteurs de contamination Facteurs finaux Chik à La Réunion (régression logistique) Chik à Mayotte Dengue à La Martinique (analyse bivariée) Facteurs socio-démographiques Habiter une maison individuelle avec jardin (OR : 3,44)*** Etre né aux Comores (OR : 2,28) *** Habiter une maison avec jardin Niveau diplôme élevé (OR : 0,66) Niveau d’études supérieures Profession (ouv. agric.) (OR : 1,80) Habiter une maison en dur (jardin clôt) avec bonnes conditions sanitaires (OR : 0,61) Disposer de revenus moyens et élevés CSP agriculteurs commerçants, cadres prof libérales Facteurs psycho-cognitifs et comportements de protection Contrôlabilité perçue (OR : 0,59) Efficacité perçue de la protection Etre mieux informé sur la dengue Utilisation régulière de sprays et crèmes répulsifs (OR : 0,71) Contrôlabilité perçue (OR : 0,60) Vision du monde fataliste

Conclusion sur ces 3 enquêtes Ce type d’enquête « ouverte » permet d’identifier rapidement les facteurs (macro et micro) corrélés à une contamination et leur puissance respective On identifie qui est plus à risque et les facteurs d’exposition aggravant le risque ainsi que les comportements efficaces adoptés pour le réduire Là où l’absence de protection (au plus près du moustique) est généralisée (pas discriminante), seuls les facteurs d’exposition (incluant des facteurs sociaux) différencient les groupes les plus à risque (dengue) Quand la protection a des effets discriminants (chik/La Réunion), le fait qu’elle soit plus utilisée par les groupes favorisés ne réduit en rien sa pertinence ni le besoin de l’étendre à ceux qui ne croient pas à son utilité

2. De la connaissance à la décision d’action

La place de l’action dans la santé publique La multiplicité des facteurs de risque identifiés conduit à inférer que le plus puissant devrait être (en théorie) la cible de l’action correctrice L’évidence cognitive a pour conséquence de focaliser le débat sur le choix du déterminant, occultant ainsi le débat et la recherche sur l’action, i.e. sur le choix de l’action efficace et sur les formes de sa mise en oeuvre Or il peut s’avérer que ce serait moins “le déterminant” le plus puissant qui s’imposerait comme cible de l’action mais celui (ou ceux) qui sont les plus aisément manipulables : accessibles à un “coût” supportable et sur une durée compatible avec le processus pathologique Cette approche à l’avantage de replacer l’action au centre du processus : c’est elle qui légitime la santé publique alors que la recherche sur les causes n’est que le moyen qui permet de délimiter les possibilités d’action

La décision d’action sous contraintes La décision d’agir (ou de ne pas agir) appartient au politique Toute action publique qui vise un changement de l’état constaté, implique un choix de valeurs, de cibles, a des coûts collectifs et individuels et entraîne des conséquences de diverse nature Si l’on peut considérer que l’action en santé publique devrait être la traduction de la connaissance produite, c’est rarement le cas Quand de plus sont identifiés des déterminants macro et des microsociaux, la question du choix devient plus problématique : les contraintes et limites de l’action (jugée a priori efficace) orientant ce choix

La place centrale de la perception du risque La perception du risque (PR) s’affirme comme le microdéterminant susceptible d’expliquer les réactions face au risque Plusieurs modèles ont été construits, testés et théorisés : HBM, PTM, SRM, etc. Tous cherchent à identifier les variables psycho-cognitives qui concourent à la formation de la PR, i.e. “les croyances en des méfaits potentiels” à l’échelle individuelle et collective La PR s’avère le meilleur prédicteur de la probabilité de protection ou d’absence de protection face à une menace Par exemple il a été montré que l’augmentation de la PR a un effet sur le comportement de vaccination et que la vaccination un impact (réducteur) sur la PR L’important est que les individus jugent leurs risques sur des bases différentes à celles des experts, que ces jugements ont des relations avec leurs comportements et… que le changement de comportement ne se génère pas par l’émission de simples conseils ou de recommandations générales !

Prévenir une pathologie Macrodéterminants Identification des facteurs de risque sélection Action sur un ou des facteurs de risque Facteurs socio-démo Microdéterminants Comportements modes de vie Perception du risque Com /R Changement = réduction du risque

3. De l’action programmée au changement

Déterminants macrosociaux à l’épreuve du changement par l’action Les déterminants macrosociaux seraient les “causes des causes” et selon certaines théories, la première source d’inégalités de santé Justifiant une demande d’action sur le maillon supérieur de la chaîne causale (revenu, éducation, environnement, etc.) Une telle inférence se heurte à plusieurs réalités : Absence de preuve qu’en améliorant un facteur distal on obtienne un changement sur le facteur proximal (le comportement) Peu ou pas de tentative en ce sens, tant en termes de design expérimental que d’effets Le temps et le coût nécessaires peu compatibles avec un objectif sanitaire visé On sort du champ de la santé publique, celle-ci devenant le levier de tout changement social ! Néanmoins…. Est-ce que ça peut marcher ?

Une action sur un déterminant macrosocial Jens Ludwig et al Une action sur un déterminant macrosocial Jens Ludwig et al., Neighborhoods, Obesity, and Diabetes —A Randomized Social Experiment, n engl j med 365;16 nejm.org october 20, 2011 Mise en place d’un programme expérimental randomisé visant à réduire l’obésité et le diabète en agissant sur l’environnement social d’une population (4498 familles avec enfant) vivant sous le seuil de pauvreté ( En 1998, 3 groupes : 1788 reçoivent une subvention et du counseling à condition de démanager dans un quartier moins pauvre (G1), 1312 reçoivent a même somme mais sans obligation de changement ni counseling (G2) et 1398 comme groupe de controle reste dans la même situation (G3) Entre 2008 et 2010 plusieurs indicateurs d’obésité (IMC) et de diabète (hémoglobine glucosée, HG) sont receuillis Résultat (10 ans plus tard) : la prévalence d’IMC > 35 ou plus ainsi que d’IMC > 40 ou plus et d’un niveau d’HG de 6.5% ou plus était plus basse dans le G1 comparée au G3, avec une différence absolue respectivement de 4.61%, 3.38% et 4.31% Mais pas de différence entre le G2 et le G3 ! Conclusion : l’environnement social joue un rôle, certes ici modeste, mais potentiellement important dans la réduction de la prévalence de l’extrême obésité et du diabète Commentaire : le changement du déterminant macrosocial (la pauvreté) ne suffit pas à modifier l’état sanitaire s’il ne s’accompagne pas d’un changement des facteurs qui le déterminent directement (normes sociales, environnement, counseling, etc.)

Déterminants microsociaux à l’épreuve du changement par l’action La plupart des actions visant à réduire un facteur de risque identifié en rapport avec une pathologie portent sur les comportements et modes de vie Pourtant, les succès attribuables à des programmes spécifiques sont rares et, quand ils le sont, ne concernent que certains groupes sociaux ! Les inégalités subsistent et souvent s’amplifient Alimentant la critique sur le choix des déterminants sur lesquels porte l’action Mais le choix de l’action pertinente ne suffit pas Ce sont les méthodes-moyens utilisées pour obtenir un changement qui expliquent succès ou échecs : dimensions peu ou pas étudiées !

Prévention du diabète de type 2 Un exemple d’intégration positive Fisher E.B et al., Behavioral Science Research in the Prevention of Diabetes Status and opportunities, Diabetes Care March 2002 vol. 25 no. 3 599-606, doi:10.2337/diacare.25.3.599 Diabetes Prevention Program Research Group: Reduction in the incidence of type 2 diabetes with lifestyle intervention or metformin. N Engl J Med. 346:393–403, 2002  Pan XR, Li GW, Hu YH, Wang JX, Yang WY, An ZX, Hu ZX, Lin J, Xiao JZ, Cao HB, Liu PA, Jiang XG, Jiang YY, Wang JP, Zheng H, Zhang H, Bennett PH, Howard BV: Effects of diet and exercise in preventing NIDDM in people with impaired glucose tolerane: the Da Qing IGT and Diabetes Study.Diabetes Care 20:537–544, 1997   Tuomilehto J, Lindstrom J, Eriksson JG, Valle TT, Hamalainen H, Ilanne-Parikka P, Keinanen-Kiukaanniemi S, Laakso M, Louheranta A, Rastas M, Salminen V, Uusitupa M: Prevention of type 2 diabetes mellitus by changes in lifestyle among subjects with impaired glucose tolerance. N Engl J Med344:1343–1350, 2001

Constats tirés du programme La prévention (primaire) du diabète de type 2 est possible : ça marche ! Pour cela 3 dimensions à couvrir : Comment bien conceptualiser, évaluer et communiquer sur le risque ? Comment bien identifier qui est à risque ? Comment réduire le risque y compris dans les groupes sociaux défavorisés ? La prévention (active) est conçue à partir de l’identification des diverses influences (micro et macro) qui déterminent les comportements : modèle écologique du comportement

Ecological model of health behavior. Fisher E B et al. Dia Care 2002;25:599-606 Copyright © 2011 American Diabetes Association, Inc.

Une communication sur le risque fondée sur la connaissance de la PR Comment le risque (R) de diabète est-il perçu (mental models, MM) ? Base de toute action de com/R La PR réunit plusieurs variables, les unes individuelles, d’autres collectives (variations culturelles) Les choix d’action seront différents en fonction des variables et des cibles (à risque) identifiées Objectif commun : réduire l’écart entre la PR (les MM) et le modèle normatif

Prévention fondée sur un changement des modes de vie (1) Les évidences d’action à combiner : Activité physique accrue Régime basse calories Thérapie comportementale Les interventions sont d’abord individuelles et flexibles Mais également, organisationnelles (écoles), communautaires et stucturelles (media, disponibilité de denrées adaptées, etc.) De même quand choix de prévention médicale, vise à renforcer l’adhérence à une médication antihyperglycémique

Prendre en compte les disparités socio-culturelles (2) Le diabète (T2) est fortement stratifié par les disparités socioéconomiques (+++ défavorisés) Nécessitant de mettre en oeuvre des programmes transitant par les réseaux spécifiques aux groupes visés (minorités ethniques, religieuses, etc.) et par des méthodes participatives soutenues par les pairs Résultat du PPD : en termes de changement de mode de vie comme d’adhérence au traitement, les résultats sont significatifs tant au sein des minorités défavorisées que pour l’ensemble des participants : Après 2, 8 ans, réduction du risque de 58% (groupe changement de modes de vie) de 31% (groupe traitement médical préventif) comparé au groupe placebo * * Diabetes Prevention Program Research Group, Reduction in the Incidence of Type 2 Diabetes with Lifestyle Intervention or Metformin, N Engl J Med 2002; 346:393-403

Discussion

Discussion : apports respectifs des déterminants sociaux Les déterminants macrosociaux de la santé permettent essentiellement d’identifier les groupes sociaux les “plus à risque” Les déterminants microsociaux permettent de comprendre les comportements à risque et d’identifier les variables clés qui les déterminent Parmi elles, la perception du risque s’affirme comme le modèle mental rendant compte des croyances, des informations, des valeurs et expériences des individus C’est sa connaissance qui sert de guide à l’action et au changement

Discussion : de la connaissance des facteurs de risque à l’action La connaissance produite en santé publique a pour finalité l’action capable de réduire le risque Réduire le risque exige le changement de l’état constaté Mais quel(s) changement(s) viser et comment y parvenir ? 3 critères encadrent le choix d’intervention La faisabilité/acceptabilité/cibles L’efficience (coût individuel et/ou collectif du résultat attendu) La temporalité (durée de l’action/processus pathologique) Plus le facteur est distal, impliquant une chaîne longue de causalités, plus les effets de l’action sur lui seront incertains, dilués, lointains et coûteux Plus l’action portera sur un facteur proximal, plus la chaîne de causalité sera réduite et l’action visant le changement concentrée sur le facteur retenu Cela sans négliger la difficulté à rendre crédible le risque « pour soi » et en intégrant les barrières (concrètes et perçues) qui s’opposent à tout changement de comportement

Discussion : le cas des MIE Le modèle épidémique émergent qui se caractérise par sa nouveauté, sa durée (courte), son intensité (marquée), réduit les possibilités d’action sur les facteurs proximaux (déterminants microsociaux) Selon les contextes il est possible d’agir sur le niveau d’exposition à l’agent (ou au vecteur) et/ou sur les comportements de protection L’identification des déterminants macrosociaux permet de différencier les modes d’action en fonction des groupes sociaux à risque en les adaptant à leurs croyances, modes de vie, réseaux sociaux et barrières C’est la condition pour viser à la fois la réduction du risque global et la réduction des inégalités (le gradient social des contaminations)

Conclusion (1) La connaissance socio-épidémiologique est une condition indispensable pour identifier les déterminants sociaux Mais elle n’est pas suffisante, ni pour fixer sur quel déterminant portera l’action, ni pour indiquer comment parvenir au changement souhaité La décision d’action sur le(s) déterminant(s), qu’il soit micro ou macro passe par une compréhension fine des comportements à risque (via la PR) et par l’identification des voies et méthodes pertinentes (à l’échelle individuelle et collective) par lesquelles le changement peut être obtenu au meilleur coût/temps Alors que le choix d’action fondé sur la connaissance est une hypothèse, c’est le résultat de l’action qui en sera la preuve Vers un développement des sciences du changement de comportement !

Conclusion (2) De nombreux travaux montrent que les déterminants macosociaux expliquent les inégalités de santé et que les actions sur les comportements à risque bénéficient plus aux groupes sociaux favorisés. D’où la question : La persistance (ou la croissance) des inégalités sociales de santé est- elle un marqueur d’échec de la santé publique ? Le mieux est d’y répondre par une autre question : quel est l’objectif générique de la santé publique ? Réduire les risques sanitaires au niveau populationnel ou réduire les inégalités de santé ? Autrement dit, si un programme de santé publique visant à réduire l’incidence d’une pathologie bénéficie plus à certains groupes sociaux tout en bénéficiant à d’autres dans une moindre mesure, est-ce un échec ou un succès ? Le débat est ouvert !

Merci