La gestion internationale du personnel au club Med Christian JUYAUX Secrétaire du CEDS Club Med Coordinateur syndical EFFAT-UITA
Le Club Méditerranée Une multinationale du Tourisme Fondé en France dans les années 50, le Club Med est implanté dans 30 pays et exploite une cinquantaine de villages d’été et une trentaine l’hiver. Les 2/3 de son activité se font en Europe-Afrique et un peu plus de 50% de sa clientèle (les GM) sont européens
Plus de 25 000 salariés répartis en 3 grandes catégories Gentils Organisateurs permanents : 4 000 Gentils Organisateurs saisonniers : 7 300 Gentils Employés : 14 500 l’ensemble de ces personnels sont issus de 109 nationalités dont des européens (U.E, Turquie Russie) des asiatiques (Chine-Japon) des américains (Brésil, Canada USA) et des africains (Sénégal , Ile Maurice, Tunisiens, Marocains) etc…
Une mobilité internationale du personnel GO et GE Pour permettre aux GO de venir travailler dans les villages du Club Med sur le pourtour de la méditerranée et dans les autres zones touristiques toute l’année, la direction de cette multinationale du tourisme s’est engagée auprès des différents pays à embaucher pendant la saisons d’hiver du personnel local (Turcs, Marocains, Tunisiens) pour travailler comme GE dans les villages alpins.
7 saisons de conflit social pour l’obtention de la carte de travail Dans les années 80 (de 1982 à 1985) un long conflit social oppose la direction du Club Med et le personnel de service tunisien et marocain travaillant dans les villages français. Ces travailleurs saisonniers s’organisent pour bénéficier de la régularisation des travailleurs immigrés pour l’obtention d’une carte de travail et de séjour en France.
L’accord sur l’emploi de 1985 A l’issue de cette action, le personnel a négocié avec la direction l’accord du 8 mars 1985 qui stipule: la garantie de réembauche d’une saison sur l’autre soit en France pour les régularisés, soit dans leur pays pour les autres. l’ouverture de discussions avec la direction générale sur l’emploi et la mobilité transnationale.
Le Comité Européen de Dialogue Social du Club Méditerranée En septembre 1996 par accord entre la direction générale et la fédération syndicale européenne du tourisme (EFFAT) est constitué le Comité Européen de Dialogue Social qui réunit à chaque intersaisons 15 représentants du personnel (7 Français, 3 Italiens, 2 Espagnols, 2 Grecs, 1 Portugais) et un mandaté par la fédération européenne (EFFAT) qui assume le secrétariat du CEDS Club Med.
Un accord transnational sur la mobilité des GE d’Europe Afrique En 2003 devant la difficulté de trouver du personnel qualifié dans les zones alpines et la réduction de la durée des saisons pour le personnel des villages d’été, la direction générale du Club Méditerranée et la fédération syndicale mondiale (UITA) négocient un accord relatif à la mobilité des salariés (personnel de service GE) originaires d’Europe et d’Afrique vers les pays de l’Union Européenne.
Un principe fondateur : Les droits fondamentaux au travail Dans les villages en Europe mais aussi en Turquie, Egypte, Maroc, Tunisie, Côte d’Ivoire, Sénégal et de l’Ile Maurice, le Club Med s’engage à respecter les libertés syndicales, l’abolition effective du travail des enfants, de ne tolérer aucune forme de travail forcé ou obligatoire et de promouvoir le principe d’égalité des chances en matière d’emploi sans discrimination raciste, sexuelle ou des opinions politiques et religieuses
Un objectif principal : La mobilité transnationale des GE Pour cela les garanties sociales négociées prévoient la priorité donnée à la main d’œuvre locale, des conditions d’emploi conformes au droit social du pays d’accueil, un délai de prévenance de 15 jours et une information aux représentants du personnel sur la liste des salariés mobiles
Une expérimentation : Entre la Turquie et la France Pour mettre en œuvre les mesures d’accompagnement de cet accord, le secrétaire du CEDS intervient depuis l’hiver 2004 dans tous les villages alpins où travaillent des GE saisonniers migrants turcs pour les informer sur leurs droits et recueillir les difficultés et problèmes auxquels ils sont confrontés en France.
Les difficultés sociales rencontrées Durant les hivers 2004-2005-2006, la centaine de GE Turcs qui travaillent dans les villages alpins (1/3 cuisiniers, 1/3 serveurs, 1/3 autres emplois restauration-hébergement) viennent au ¾ pour la première fois en France, leur ancienneté au Club Med varie de 3 à 22 ans. Des difficultés à bénéficier des prestations sociales et familiales Des problèmes d’intégration dans le village du fait de difficultés linguistiques.
Les nécessités économiques de la mobilité transnationale au Club Méditerranée Dans cette entreprise leader des villages de vacances dans le monde, qui se positionne sur le marché de l’offre touristique dans « le haut de gamme, multiculturel » cela nécessite une gestion internationale de ses équipes GE/GO pour offrir une prestation de qualité à sa clientèle.
Les enjeux sociaux de la mobilité transnationale au Club Méditerranée En négociant les droits fondamentaux au travail et la mobilité internationale par accord dans l’entreprise , les partenaires sociaux (direction et syndicats) ont permis : Une fidélisation accrue du personnel pour une prestation haut de gamme La réduction de la précarité de l’emploi par la réembauche d’une saison sur l’autre. Un réel soutien aux travailleurs mobiles par une coopération syndicale entre la France et ceux des pays d’origine.
Conclusions Cette pratique innovante de la concertation et du dialogue social au Club Méditerranée pour créer par accord des conditions sociales de l’emploi afin d’organiser la mobilité transnationale acceptables par tous, devrait se développer dans d’autres entreprises pour lutter contre le « dumping social » et pour rendre des services de qualité.