Michael Esfeld Université de Lausanne

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Transcription de la présentation:

Michael Esfeld Université de Lausanne Michael-Andreas.Esfeld@unil.ch La philosophie de la nature La physique quantique et le problème de la référence (ch. 10) Michael Esfeld Université de Lausanne Michael-Andreas.Esfeld@unil.ch

Pierre Simon de Laplace (1749-1827) Essai philosophique sur les probabilités (1814) « Une intelligence qui pour un instant donné, connaîtrait toutes les forces dont la nature est animée, et la situation respective des êtres qui la composent, si d’ailleurs elle était assez vaste pour soumettre ces données à l’analyse, embrasserait dans la même formule, les mouvements des plus grands corps de l’univers et ceux du plus léger atome : rien ne serait incertain pour elle, et l’avenir comme le passé, serait présent à ces yeux. »

Les limites de la connaissance mécanique classique : démon de Laplace ≠ observateur à l’intérieur de l’univers mécanique statistique : ignorance des positions et vitesses exactes des particules = ignorance des conditions initiales probabilités mécanique quantique : relation d’incertitude de Heisenberg : impossible de mesurer position et vitesse d’une particule avec précision p q  1/2 (h/2)

Opérateurs / observables opérateurs / observables : information sur le comportement de systèmes quantiques dans des situations expérimentales opérateurs / observables incompatibles pas possible de regarder le système quantique comme possédant une valeur de tous ces opérateurs (théorèmes de Gleason et de Kochen & Specker) pas possible de regarder les opérateurs / observables comme propriétés des systèmes quantiques (« réalisme naïf au sujet des opérateurs ») pas de chemin qui mène des opérateurs / observables à l’ontologie

La dynamique l’équation de Schrödinger développement temporel de la fonction d’onde du système permettant de calculer des probabilités de résultats de mesure des opérateurs / observables développement temporel de ces probabilités

Le problème de la mesure I (Tim Maudlin 1995) A La description d’un objet par sa fonction d’onde  est une description complète de l’objet, c’est-à-dire que cette description saisit toutes les propriétés que l’objet possède à un moment donné du temps. B La fonction d’onde  se développe toujours dans le temps selon une équation dynamique linéaire comme l’équation de Schrödinger. C Lorsqu’on effectue une mesure, on obtient de façon générale un résultat déterminé. Si, par exemple, on mesure le spin d’un électron dans une direction donnée, on obtient un résultat exprimé par une position déterminée de l’aiguille de l’appareil de mesure : l’aiguille est soit dans une position qui indique « spin plus », soit dans une position qui indique « spin moins ». A et B impliquent non C.

Le problème de la mesure II (Tim Maudlin 1995) A La description d’un objet par sa fonction d’onde  est une description complète de l’objet, c’est-à-dire que cette description saisit toutes les propriétés que l’objet possède à un moment donné du temps. B La fonction d’onde  se développe toujours dans le temps selon une équation dynamique déterministe comme l’équation de Schrödinger. C Des expériences qui sont décrites par des fonctions d’onde initiales identiques aboutissent parfois à des résultats différents ; la probabilité de chaque résultat possible est donnée par la règle de Born. A et B impliquent non C. 7

Le chat de Schrödinger (1935) 8

J. von Neumann : Fondements mathéma-tiques de la mécanique quantique (1932) deux différents types d’évolution des états : l’évolution selon l’équation de Schrödinger : déterministe intrications d’états postulat de réduction de l’état lors d’une mesure (« collapsus de la fonction d’onde ») : non déterministe dissout les intrications complètement ad hoc ; pas de différence physique entre mesure et autres interactions

Décohérence ne pas considérer un objet quantique et un appareil de mesure isolément du reste de l’univers, mais tenir compte de l’environnement L’état du système quantique est intriqué non seulement avec l’état de l’appareil de mesure, mais avec tout son environnement.  décohérence implique une augmentation de l’intrication montre aussi que l’intrication est diffusée dans l’environnement possible de donner une description de l’objet quantique pris seul qui fasse abstraction de son intrication avec l’environnement 10

Décohérence ne change rien quant au problème de la mesure 1) intrications persistent 2) n’explique pas pourquoi les objets apparaissent à un observateur comme s’ils possédaient des valeurs déterminées des propriétés observées : si un observateur entre en interaction avec un objet, l’état de l’observateur devient intriqué avec celui de l’objet et de tout son environnement. 3) Même si la décohérence menait à une situation dans laquelle l’objet quantique serait dans un état déterminé, le problème de la mesure resterait intact : dynamique déterministe : résultat de la mesure fixé dès le début  description que fournit la fonction d’onde incomplète dynamique indéterministe  remplacer l’équation de Schrödinger par une équation non-linéaire et stochastique

Problème de référence À quoi le formalisme de la mécanique quantique fait-il référence ? De quoi décrit-il le développement temporel ? fonction d’onde ne définit pas de champ dans l’espace physique (ni en mécanique quantique, ni en théorie des champs quantiques) champ défini sur l’espace de configurations : espace mathématique de très hautes dimensions (N particules  3N dimensions) Quelle est la signification de ce champ / de l’espace des configurations ?

Trois questions 1) Qu’est-ce que la matière ? = Quels sont les objets physiques ? MC : particules 2) Quels sont les lois du développement temporel des objets ? = Quelles sont les propriétés des objets physiques telles que certaines lois décrivent leur développement temporel ? MC : mass, charge  lois de forces 3) Comment les objets physiques et leurs propriétés expliquent-ils les phénomènes observables ? MC : configuration des particules, mouvement des particules et changement d’état de mouvement des particules sous l’influence de forces

Le problème de compréhension MQ formalisme donne des probabilités pour des résultats de mesure, mais ne peut même pas intégrer le fait qu’il y a des résultats de mesure (sauf si collapsus de la fonction d’onde comme processus dans la nature) trajectoires classiques de particules ne peuvent pas donner les probabilités de résultats de mesure MQ (théorème de Bell) concevoir collapsus de la fonction d’onde lors d’une mesure comme processus dans la nature, ajouter force quantique aux forces classiques ad hoc « action à distance fantomatique » (Einstein)

Philosophie naturelle ontologie de la nature & équations mathématiques qui permettent de calculer des phénomènes observables ensemble, pas de séparation entre les deux possibles contre positivisme : pas possible de déduire ontologie de la nature du formalisme de la MQ contre métaphysique a priori : par possible de trouver ontologie de la nature par réflexion seule (e.g. déduction a priori du principe de localité réfutée par le théorème de Bell) justification par cohérence : théorie universelle de la nature qui permet de prédire et d’expliquer les phénomènes philosophie naturelle nécessaire pour répondre à la question physique de savoir ce qui se passe dans les boîtes d’Einstein et l’expérience EPR