Bon usage des antibiotiques et prévention résistance aux antibiotiques Dr Thierry Fosse DU Hygiène Hospitalière Mars 2019
Premier rapport de l’OMS sur la résistance aux antibiotiques: une menace grave d’ampleur mondiale 14 avril 2015 La résistance au carbapénèmes, traitement de recours, atteint plus de la moitié des patients traités pour des infections à Klebsiella pneumoniae dans certains pays. Cette entérobactérie courante est une cause majeure d’infections nosocomiales telles que la pneumonie, les infections hématologiques ou les infections contractées par les nouveau-nés et les patients des unités de soins intensifs. La résistance aux fluoroquinolones dépasse 50% des cas d’infection des voies urinaires dues à E. coli dans de nombreux pays alors qu’elle était nulle dans les années 1980.
Premier rapport de l’OMS sur la résistance aux antibiotiques: une menace grave d’ampleur mondiale 14 avril 2015 Echec du traitement par les céphalosporines de troisième génération contre la gonorrhée décrit en Afrique du Sud, en Australie, en Autriche, au Canada, en France, au Japon, en Norvège, au Royaume-Uni, en Slovénie et en Suède (~106 millions personnes infectées par le gonocoque en 2008). Risque infection plus prolongée et augmentation décès. Exemple infection à Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM) où le risque de décès est supérieur de 64%. comparé au risque pour les personnes atteintes d’une forme non résistante de l’infection.
Liste OMS des agents pathogènes prioritaires pour la recherche-développement de nouveaux antibiotiques http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2017/bacteria-antibiotics-needed/fr/ Priorité 1: CRITIQUE Acinetobacter baumannii, résistance R aux carbapénèmes Pseudomonas aeruginosa, R aux carbapénèmes Enterobacteriaceae, R aux carbapénèmes, production de BLSE Priorité 2: ÉLEVÉE Enterococcus faecium, R à la vancomycine Staphylococcus aureus, R à la méthicilline, R/I vancomycine Helicobacter pylori, R à la clarithromycine Campylobacter spp. et Salmonellae R aux fluoroquinolones Neisseria gonorrhoeae, R céphalosporines et fluoroquinolones Priorité 3: MOYENNE Streptococcus pneumoniae, insensible à la pénicilline, Haemophilus influenzae, R à l’ampicilline et Shigella spp., R fluoroquinolones
QUIZZ OMS résistance aux antibiotiques http://www.who.int/campaigns/world-antibiotic-awareness-week/quiz/fr/
Réponses Quizz OMS 1 Les antibiotiques sont des médicaments qui traitent les infection bactériennes. Ils ne guérissent pas les infections causées par des virus, telles que la grippe ou le rhume courants. Prendre des antibiotiques quand on en N’a PAS besoin peut empêcher ces médicaments d’être efficaces quand on A VRAIMENT besoin d’eux. 2 On administre des antibiotiques aux êtres humains, au bétail, aux poissons et aux cultures. Une résistance aux antibiotiques apparaît lorsqu’une bactérie évolue et devient résistante aux antibiotiques utilisés pour traiter les infections qu’elle provoque. La bactérie résistante aux antibiotiques se propage par contact avec des êtres humains, des animaux, des aliments ou de l’eau qui la véhiculent.
Réponses Quizz OMS 3 C'est FAUX! Il est très important de prendre le bon antibiotique, à la dose appropriée et sur la durée qui convient. En absorbant la cure complète, à la posologie prescrite, même si vous commencez à vous sentir mieux plus tôt, vous devriez détruire toutes les bactéries qui vous rendent malade et ne pas en laisser subsister qui pourraient muter et devenir résistantes. 4 La résistance aux antibiotiques se développe partout dans le monde, touchant des individus de tous âges. C’est l’une des plus grandes menaces pour la santé publique aujourd’hui. Les infections résistantes aux antibiotiques peuvent être plus longues à traiter, et nécessiter des visites plus fréquentes chez le médecin, des séjours hospitaliers éventuels et des traitements onéreux, et être sources d’effets secondaires graves. C’est donc bien un problème sérieux.
Réponses Quizz OMS 5 Si l’apparition d’une résistance aux antibiotiques est un phénomène qui se produit naturellement, le mauvais usage ou la surutilisation des antibiotiques chez les plantes, les animaux et les êtres humains a accéléré ce processus jusqu’à ce qu’il atteigne des niveaux dangereux. MAIS il n’est pas trop tard pour réduire l’impact de la résistance aux antibiotiques et nous avons tous un rôle à jouer dans la préservation de l’efficacité de ces médicaments. 6 Prendre des mesures pour prévenir les infections, comme de se faire vacciner, vous empêchera de tomber malade et réduira vos besoins en antibiotiques. Et si vous tombez malade, rappelez-vous : il faut toujours consulter votre médecin pour savoir si vous devez prendre des antibiotiques. Il faut avoir une ordonnance et toujours finir sa cure de traitement antibiotique (même si vous vous sentez mieux).
Taux de résistance de deux pathogènes majeurs (communautaire/nosocomial) en Europe = différences importantes selon le pays S. pneumoniae et pénicilline G S. aureus et méticilline Problème ancien Peu d’actions réalisées Très peu de nouveaux antibiotiques produits par les laboratoires EARSS annual report 2002. www.earss.rivm.nl
Bon usage des antibiotiques: historique 1993 : RMO 1996 : antibiotiques et résistance à l’hôpital (Andem) 1998 : utilisation des antibiotiques (Observatoire) 1999 : lutte contre les résistances bactériennes (InVS) 1999 – 2002 : recommandations de bonne pratique (Afssaps) 2001 : 1er plan national antibiotique 2002 : conférence de consensus 2002 : campagne de l’assurance maladie 2007 : 2ème plan national antibiotique 2012: 3ème plan (efficacité 1er et 2ème plan?) Conférences européennes : Copenhague (1998), Visby, Bruxelles (2001) Surveillances européennes EARSS, ECDC
Journée mondiale 5 mai 2014 centrée sur la résistance aux AB = retour ère pré antibiotique
Evolution entre 2010 et 2014 de la densité d’incidence des SARM et des EBLSE pour 1 000 journées d'hospitalisation (cohorte de 623 établissements)
ICATB.2 abandonné en 2019 modèle pour l’organisation du bon usage des antibiotiques Cet indicateur est calculé sous la forme d’une note sur 100 et d’une classe de performance (A à E). Il vise à améliorer la prise en charge des patients et à prévenir les résistances bactériennes aux antibiotiques et a été développé en lien avec les priorités du plan d’alerte sur les antibiotiques 2011-2016. Trois chapitres Organisation (O : 16 points), moyens (M : 38 points) actions (A : 46 points).
ICATB.2 Organisation : Moyens : 3. aux Actions : politique et programme d’actions sur les antibiotiques accès à un conseil en antibiothérapie collaboration entre le référent antibiotique et autres acteurs Moyens : informatiques (connexion des différents secteurs d’activité, prescription informatisée) humains (référent antibiotique) formation des nouveaux prescripteurs 3. aux Actions : prévention (liste AB ciblés, protocoles antibiothérapie) surveillance de la consommation d’antibiotiques évaluation de la prescription des antibiotiques
La confrontation des données de surveillance de consommation d'ab avec celles de la résistance bactérienne aux ab peut permettre d'expliquer : 1° l'incidence élevée de souches bactériennes résistantes par une consommation élevée d'antibiotiques Exemple : E. Coli résistant à la ciprofloxacine et consommation de fluoroquinolones ; 2° la consommation de certains antibiotiques de 2 ème intention par une écologie microbienne locale Exemples :consommation de glycopeptides due à une incidence élevée du S. aureus résistant à la méticilline Ou consommation de carbapénèmes due à une incidence élevée d'entérobactéries ou de P. aeruginosa résistant aux céphalosphorines de 3 ème génération
Consommation européenne des antibiotiques Campagne Rapport décembre 2017 : DDJ/1000 habitants/jour
Chargé de mission ARS antibiorésistance Structurer et coordonner le réseau des référents en antibiothérapie. ES annuaire des référents en antibiothérapie qui doit être actualisé ; Connaissance locale des consommations et des résistances ajustement conseil en antibiothérapie et outils adaptés ; Partage régional, interrégional voire national des actions
Chargé de mission ARS antibiorésistance Actions prioritaires régionale (directeur ARS); Réduire les disparités territoriales en termes de consommation et de résistances ; coordonner les actions des structures régionales de vigilance dans ce domaine Promouvoir l’usage raisonné des antibiotiques et impliquer le patient à toutes ses étapes de prise en charge
Depuis la découverte de la pénicilline, le premier antibiotique, en 1928 par Alexander Fleming, les bactéries n’ont eu de cesse de résister. Aujourd’hui, il est estimé que l’antibiorésistance tue 700 000 personnes par an à travers le monde ! D’où la nécessité de lutter contre ce phénomène galopant. Feuilleter le numéro Pages 24 à 35
Ressources sur les antibiotiques Mission SPARES http://www.cpias-grand-est.fr/index.php/secteur-sanitaire/missions-nationales/spares/ Mission PRIMO https://www.cpias-pdl.com/actualites/ Medqual http://www.medqual.fr/ La page antibiothérapie de l'ANSM Site sur les antibiotiques du Ministère de la Santé Professionnels de Santé boîte à outils https://solidarites-sante.gouv.fr/prevention-en-sante/les-antibiotiques-des-medicaments-essentiels-a-preserver/professionnels-de-sante/article/boite-a-outils-pour-le-bon-usage-des-antibiotiques
Sources d'informations pratiques pour les professionnels Consensus et Recommandations Aide à la décision d'antibiothérapie: Antibioclic Guides de prescription hospitalière et diaporamas Infectio-lille.com Antibiolor: guides ATB antibioville hopital antibioguide http://www.antibiolor.org/ Medqual
Antibiotiques locaux A l’issue de la réévaluation du rapport bénéfice/risque des antibiotiques locaux utilisés en dermatologie, l’Afssaps conclut que l’effet thérapeutique de certaines spécialités utilisées par voie locale n’est pas démontré selon les standards actuels. Les spécialités concernées sont les spécialités composées d’une association de deux antibiotiques ou d’un antibiotique et d’un corticoïde ainsi que les spécialités contenant uniquement de la néomycine. Ainsi, compte tenu de l'absence d'intérêt thérapeutique et du risque d'émergence de souches bactériennes résistantes aux antibiotiques, l'Afssaps a demandé aux laboratoires concernés d’arrêter la commercialisation en France de ces spécialités à compter du 30 novembre 2007
ORL Préparations locales contenant des aminosides "licite" dans l'otite externe, sauf en cas de perforation du tympan où les fluoroquinolones sont "efficaces et bien tolérées". Otite moyenne aiguë (OMA), otite séromuqueuse (OSM) et l'angine, l'intérêt des antibiotiques par voie locale (AB locaux) n'est pas démontré. Rhinopharyngites aiguës et chroniques, "l'intérêt des antibiotiques par voie locale ou générale n'est démontré ni dans la réduction de la durée des symptômes ni dans la prévention de complications. Rhino-sinusite infectieuse bactérienne aiguë, les antibiotiques locaux par instillation nasale, endosinusienne ou par aérosol ne sont pas recommandés.
Ophtalmologie Le traitement antibiotique des conjonctivites bactériennes doit être réservé aux formes graves et/ou s'il existe un facteur de risque. En dehors de ces cas, le traitement consiste uniquement en un lavage au sérum physiologique associé à un antiseptique. Chez l'adulte, l'antibiothérapie est probabiliste ou guidée par une analyse microbiologique. Tout antibiotique adapté au germe peut être prescrit mais les fluoroquinolones et les associations d'antibiotiques ne doivent être administrées que dans les cas sévères Chez l'enfant, la rifamycine et la bacitracine peuvent être privilégiées, les streptocoques et Haemophilus influenzae étant les bactéries les plus fréquemment en cause dans la conjonctivite.
Dermatologie Eradication du portage du staphylocoque doré dans le cadre de la prévention des infections staphylococciques récidivantes (furonculose et impetigo). Décontamination du nez par application nasale de mupirocine en pommade. L'acide fusidique et la chlortétracycline peuvent également être utilisés dans les narines et sur les autres gites cutanéo-muqueux (ex. intertrigo interfessier). Plaies cutanées récentes (y compris chirurgicales) et les plaies chroniques (escarres, ulcères de jambe, mal perforant), l'antibiothérapie locale n'est pas recommandée puisque celle-ci n'a pas démontré d'intérêt dans le processus de cicatrisation.