La Passion Définition/Etymologie Définition Le Robert : "Etat affectif et intellectuel assez puissant pour dominer la vie mentale" Définition Dictionnaire de philosophie: "Ce qui, par opposition à l’action, à la raison et à la volonté, est subi" Du point de vue psychologique, on distingue la passion de la simple émotion par sa durée, son amplitude, sa capacité à dominer la vie individuelle au point d’être perçue comme un élément de la destinée. En caractérologie : Le passionné est Emotif Actif Secondaire (EAS). Le colérique est Emotif Actif Primaire (EAP) Etymologie: Passion du latin Passio en latin s’oppose à actio Action. C’est celui qui subit qui pâtit ou qui souffre (la Passion du Christ)
Tour d'horizon sommaire : Dans la tradition antique, la Passion est négative. Elle s’oppose à la sagesse stoïcienne qui est l’absence de passion ou tout du moins d’une domination de celles-ci. Pour Platon, la Passion marque une soumission aux désirs et pulsions qui destitue la raison de sa position de maîtrise. Il en va de même chez Descartes (XVII s) bien qu’il ne condamne pas la Passion et chez Kant (XVIII s) pour qui la raison est opposée aux passions en tant que seule la raison peut donner à l’homme le statut d’un être libre et autonome, sujet de la moralité. Il faut attendre Hegel (fin XVIII s) selon lequel « rien de grand ne se fait sans passion » et Kierkegaard (début XIX s) pour qui « passion est synonyme de toute existence » pour que la Passion soit en quelque sorte réhabilitée mais aussi qu’émerge plus clairement son rôle ambivalent : La Passion est-elle plutôt une aliénation ou bien une Energie indispensable à l’Action ? Dans le vocabulaire actuel on utilise peu le mot Passion, on lui préfère selon le sens les mots Tendance, Affect, Pulsion.
Q1: La Passion est elle compatible avec le libre arbitre, la volonté, la raison, la morale ? Si les passions sont incontrôlable, la raison ne dispose pas de l’espace d’analyse requis pour s’exprimer : Le libre arbitre n’a pas de sens. La volonté n’a pas de prise. La morale ne sert à rien. En ce sens on peut dire que la Passion est incompatible avec le libre arbitre, la volonté, la raison ou la morale.
Q2: L’imagination joue-t-elle un rôle important dans le phénomène passionnel ? L’imagination par sa capacité à former des images joue un rôle amplificateur du désir dont elle constitue le vecteur d’émergence de l’inconscient au niveau du conscient. De primaire le désir se ramifie et s’exprime sous différentes facettes. On peut alors parler de la fonction reproductrice de l’imaginaire qui, par opposition à l’imagination créatrice, tend à enfermer le sujet dans l’obsédante permanence de son désir.
Q3: Toute existence intense n’est-elle pas synonyme de Passion ? Selon Hegel, sans la force des Passions, aucune action ne serait accomplie. Les Hommes seraient finalement toujours mus par l’ambition, l’orgueil, la crainte ou l’espérance. Leurs Passions seraient en ce sens les véritables « moteurs » de l’histoire individuelle et collective des hommes. Mais, ne sont-ce pas tout autant les Passions que leurs inéluctables contrariétés issues de la Raison qui sont les véritables bâtisseurs d’histoires des Hommes ? Ces contrariétés ne les obligent-ils pas à trouver dans leur Raison le seul lieu possible de la satisfaction de leurs passions (ruse de la raison !)?
Q4: S’il y a de bonnes et de mauvaises passions comment les définir ? Les passions ne sont jamais en elles-mêmes ni bonnes ni mauvaises. Les passions interagissent en synergie ou en opposition. Elles se concrétisent toujours en autre chose qu’elles-mêmes. L’amour peut par exemple mener aux pires déconvenues comme au bien-être. Ce qu’il faut comprendre, n’est-ce pas plutôt : Le processus par lequel une passion en arrive à dominer la vie d’un homme, La façon dont les passions se combinent , s’opposent, s’amplifient et se concrétisent, Comment, sans le recul nécessaire de la raison et du libre arbitre une passion initialement pulsion de vie peut en quelque sorte se métamorphoser en pulsion de mort ?
Q5: Peut-on Aimer avec ou sans Passion ? Eros : Possession de l’autre par amour de soi. Amour possessif conduisant à la fusion avec l’autre. Face à l’impossibilité de satisfaire dans l’absolu un tel élan fusionnel, Eros ne peut-il pas qu’être source d’angoisse et de déceptions? Agapè : Don de soi par amour de l’autre. Amour oblatif conduisant à l’abnégation jusqu’à la vacuité du moi. Sauf à atteindre la Sagesse absolue, Agapè ne peut-il pas également être source d’angoisse et de déceptions ? L’immense difficulté, pour ne pas dire impossibilité, de l’Amour passion n’est il pas dans ce dilemme éternel entre Eros et Agapè ? Est ce à dire que sans la moindre pulsion d’ordre passionnel, d’Eros et/ou d’Agapè, il soit impossible d’aimer ? Sauf à parler « d’amour de raison », ce qui n’a peut-être plus grand-chose à voir avec l’Amour, on pourrait le penser. Mais entre ces deux extrêmes n’y a t il pas une voir médiane pour un Amour apaisé entre passion et sentiment ? A en croire Freud qui a écrit : « Un solide égoïsme préserve de l’amour, mais à la fin on doit se mettre à aimer pour ne pas tomber malade», il apparaît nécessaire d’aimer. A en croire A Comte-Sponville… : « Il faut vivre la Passion quand elle est là, mais il ne faut rien en attendre. La vraie question est de savoir s’il faut cesser d’aimer quand on cesse « d’être amoureux » ou s’il faut aimer autrement et mieux. »
En guise de conclusion.