L’éthique déontologique La théorie morale d’Immanuel Kant Les points importants du texte de Marcia Baron L’évaluation de l’éthique déontologique L’éthique déontologique en bioéthique => Comparaisons fréquentes avec l’approche conséquentialiste que nous avons vu la semaine dernière
Le terme ‘déontologique’ Provient du Grec ‘deon’ – il faut Une théorie déontologique considère qu’il existent certaines règles universelles pour évaluer nos actions d’un point de vue éthique; la justification de ces règles comme ‘bon’ ou ‘mauvais’ fait appel à des caractéristiques intrinsèques des actions en question, comme par exemple leur vérité
Immanuel Kant (1724-1804) Trois questions fondamentales: 1) Qu’est-ce que je peux savoir? 2) Comment devrais-je agir? 3) Que m’est-il permis d’espérer? Les Fondements de la métaphysique des mœurs souvent regardé comme l’œuvre fondateur par rapport à la deuxième question qui nous préoccupe ici Un système philosophique très élaboré avec une terminologie particulière Dans sa philosophie politique: un modèle des nations unies est décrit comme nécessaire pour la paix perpétuelle
Une expérience de pensée Supposez que quelqu’un s’enfuit d’un assassin. Il vous dit où il se cachera. Ensuite, l’assassin frappe à votre porte et demande si vous savez où la personne en question se trouve. Que dites-vous? => Selon Kant, il faut dire la vérité. Le principe de ne pas mentir est un principe universel auquel il n’y a pas d’exceptions. Comment justifie-t-il cette conclusion?
‘Le carré du savoir’ de Kant Savoir formel analytique Savoir substantive synthétique A priori (du savoir que nous avons indépendamment de toute expérience) Des principes de logique; des énoncés qui sont vrais par définition, p.ex. ‘chaque effet a une cause’ Le principe de l’impératif hypothétique La métaphysique de la nature: p.ex. ‘chaque événement a une cause,’ ‘l’avenir sera comme le passé’ La métaphysique de la morale: le principe de l’impératif catégorique A posteriori (du savoir basé sur une expérience sensuelle) X La physique empirique: p.ex. la loi de la gravitation; le fait qu’il neige plus au Québec qu’en Floride La partie empirique de l’éthique: anthropologie, théorie de la motivation, etc. Question centrale: Le savoir synthétique a priori comment est-il possible?
Le principe suprême de moralité Division de la philosophie en trois sciences: logique, physique, et éthique Les lois de l’éthique se prononcent sur les choses qui devraient se passer dans le monde La notion d’universalité: pour qu’une loi soit une loi morale / un devoir, elle doit tenir pour chaque être humain peu importe les circonstances Ce qui est exigé n’est pas seulement un comportement qui conforme à la loi morale, mais un comportement dans l’objectif de la loi morale => On discerne l’objectif de la philosophie morale kantienne: la recherche et l’établissement d’un principe suprême de moralité
Le chemin au principe fondamental Une série de revendications: La bonne volonté est la seule chose qui est bonne sans qualification. La bonne volonté est bonne à cause de comment elle se manifeste, non pas à cause de ses résultats. La seule chose qui a de la valeur morale est une action faite dans l’objectif du / de faire son devoir. Une action faite dans l’objectif du devoir a sa valeur morale non pas dans le but qu’on souhaite d’atteindre, mais dans la maxime par laquelle elle est déterminée. Le devoir est la nécessité d’une action faite dans l’objectif de respecter la loi. La 1ère formulation du principe fondamental de la moralité: « Je dois toujours me conduire de telle sorte que je puisse aussi vouloir que ma maxime devienne une loi universelle. »
Impératifs hypothétiques versus catégoriques L’idée de nécessité pratique est exprimée dans la notion de l’impératif. Il y en a deux types: 1) L’impératif hypothétique La raison qui reconnaît la nécessité pratique d’une action possible comme un moyen d’atteindre un autre objectif ou désire donné. => caractère instrumental => exemple: Si je veux gagner une médaille d’or aux Jeux Olympiques, il faudra que je m’entraîne. 2) L’impératif catégorique La raison qui reconnaît la nécessité « objective » d’une action possible dont la poursuit n’est pas relatif à un objectif ou désire donné. => caractère universel => exemple: J’ai besoin d’argent, mais je sais que si je demande un prêt à quelqu’un, je ne pourrai pas repayer l’argent. Est-ce que je demande le prêt ou non?
Le défi des règles absolues Revenons sur l’expérience de pensée sur la diapositive 4: Prémisse 1: Il faut seulement agir d’une manière conforme aux règles qu’on voudrait voir adopter universellement. Prémisse 2: Si tu disait des mensonges, tu suivrais la règle « Il est permis de dire des mensonges. » Prémisse 3: Cette règle ne pourrait pas être adoptée universellement, comme elle est trompeur. Conclusion: Il ne faut pas dire des mensonges. Question: La prémisse 2, donne-t-elle la bonne description de la règle morale?
Des formulations alternatives Kant nous donne au total quatre formulations du principe fondamental de la moralité: 2) « Agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen. » 3) « N’accomplir d’action que d’après une maxime telle qu’elle puisse comporter en outre d’être une loi universelle, telle donc seulement que la volonté puisse se considérer elle-même comme légiférant universellement en même temps pas sa maxime. » [4)]
Des conflits entre règles Reconsidérez l’exemple de l’assassin. Suppose qu’il y a deux règles à suivre dans cette situation: 1) Il ne faut pas dire des mensonges. 2) Il ne faut pas permettre l’assassinat d’une personne innocente. Comment arbitrer entre ces deux règles? Comment savoir quelle des deux prend priorité? La théorie déontologique ne nous donne pas les moyens pour répondre à ces questions. Autrement dit, dés que nous essayons d’utiliser des principes universels en pratique, on fait face à des dilemmes.
Les devoirs imparfaits chez Kant Nous avons une obligation morale de poursuivre deux objectifs spécifiques dans notre vies: 1) La promotion du bien-être d’autrui 2) Notre propre perfectionnement moral => Les devoirs qui découlent de ces objectifs sont appelés des devoirs imparfaits (le nom est trompeur) => En contraste avec les devoirs parfaits (impératif catégorique), ces devoirs nous donne une latitude dans nos actions que d’autres théories morales manquent (p.ex. l’utilitarisme)
Kant versus l’utilitarisme Les similarités et les différences entre l’éthique déontologique de Kant et l’utilitarisme de la règle: les recommandations que les deux théories donnent se ressembleront beaucoup mais: les motivations qui soutient ces recommandations sont différentes; leurs interprétations du rôle des contraintes morales sur nos actions sont différentes l’idée de la maximisation du bien ne joue pas de rôle dans la théorie déontologique
Une objection à un Kantien Une idée centrale de la pensée de Kant est qu’il y a des contraintes rationnelles ainsi que morales sur ce qu’une personne devrait faire. Nous arrivons à ces contraintes en testant si nos principes d’actions peuvent être universalisé. Pourquoi Kant doit-il aller plus loin en revendiquant qu’il n’ ait pas d’exceptions à ces principes? Est-ce que cet argument représente un élément constitutif de sa théorie? Sinon, comme le réclament plusieurs déontologistes contemporains, la théorie peut résoudre le problème de conflits entre différents principes.
Pourquoi une ‘bioéthique déontologique? La théorie déontologique réunit trois caractéristiques désirables pour une approche bioéthique: l’idée d’universaliser ou au moins de trouver des solutions au-delà de cas particuliers le respect pour l’humanité le respect de l’autonomie individuelle Quelles sont les faiblesses de la théorie dans le contexte bioéthique: encore une fois: quoi faire en cas de conflit entre principes? pour certains problèmes, en particulier ceux liés à des nouvelles technologies, il parait difficile de trouver une réponse à la question si nos principes potentiels d’actions peuvent être universalisés
Conclusions L’idée de l’impératif catégorique, une contrainte rationnelle sur nos actions L’impératif catégorique est d’une portée universelle, tandis que l’impératif hypothétique est d’une nature instrumentale et donc relatif à un objectif donné Pourquoi pas admettre des exceptions à nos principes morales? Indépendamment de la réponse à cette question, il nous faudra des principes de priorité entre des principes en conflit La différence entre le Kantien et l’utilitariste de règle se trouve dans la justification qu’ils donnent pour leur conclusion morale
Travail de groupe Considérez deux cas: 1) Un nouveau médicament a produit des résultats extraordinaire dans une première série de testes avec des animaux. Un médecin propose de donner le médicament à un groupe de patients même avant que la deuxième série de testes (sur les effets secondaires) soit faite. 2) Pendant le premier trimestre de la grossesse, un couple apprend que leur bébé souffre d’une grave maladie. Ils considèrent un avortement. Quelle seraient les exigences morales d’une théorie déontologique dans ces cas. Construisez des arguments avec prémisses et conclusion pour les justifier. Est-ce que ces arguments sont convaincants?