Réseau « bocage de Bourgogne » Titre de la manifestation Lieu Date
Points abordés La Bourgogne, un territoire historiquement bocager Qu’est ce que le bocage ? La régression du bocage bourguignon Conséquences Une prise de conscience collective Une organisation en réseau pour une approche pluridisciplinaire Une démarche et des outils à disposition des élus locaux Préconisations pour l’intervention : D’après une enquête menée par Luc THIEBAUT – ENESAD en 2005 sur le canton de Sombernon (21), il apparaît que le mot « bocage » est ignoré de certains acteurs clés (plusieurs maires) et inutilisé par la plupart. Des perceptions différentes du bocage existent entre les gens qui le vivent, ceux qui le voient et ceux qui le protègent. Face aux nombreuses représentations du bocage, il est important d’utiliser un vocabulaire adapté afin de toucher un plus large public (agriculteurs, conseillers agricoles, techniciens de l’équipement, élus, etc.).
La Bourgogne, un territoire historiquement bocager Les haies sont présentes depuis le Moyen Age Les bocages se structurent à partir de la fin du XVIII siècle Ils sont à leur apogée durant la première moitié du XXème siècle Historique : Les haies essentiellement « sèches » sont présentes en Bourgogne depuis le Moyen Age. Elles étaient utilisées pour séparer les prairies des cultures et ainsi empêcher aux animaux d’accéder aux terres cultivées. A partir du XVIIIème siècle l’élevage se développe. Des parcelles, jusqu’alors cultivées, sont transformées en prairies et la fonction de clôture des haies, entre parcelles d’une même exploitation et entre propriétés, s’accroît. Ces haies constituant le bocage "se végétalisent progressivement et se transforment en haies vives" (OREB, 2005). Le bocage arrive à son apogée durant la première moitié du XXème siècle. A la suite de la première guerre mondiale, "la chute du prix du blé provoque un exode rural et une reconversion des terres cultivées en prairies permanentes". Aussi, en ces temps de reconstruction les fonctions de production de bois de chauffage et bois d’œuvre s’accentuent. Ceci s’accompagne d’une extension du bocage parallèlement au développement de l’élevage.
Qu’est-ce que le bocage ? Un réseau de structures linéaires de végétaux ligneux ou haies Principalement présent dans le Nivernais, le Morvan et le Charolais Associé aux zones d’élevage bovin allaitant Définition : Le bocage est un paysage rural caractérisé par des champs enclos par des alignements d’arbres et arbustes, des talus ou des murs de pierres. C’est un système semi-naturel, formé, entretenu et maintenu par et pour l’homme.
Qu’est-ce que le bocage ? Les 5 grandes fonctions du bocage et de la haie La régulation et l’épuration des eaux ainsi que la protection des sols L’atténuation des contraintes climatiques Le maintien des équilibres biologiques La construction de l’identité d’un territoire La production de biens et de services Régulation de l’eau : En freinant l’eau sur les pentes, les haies et surtout les talus et fossés qui leur sont associés : Limite l’importance des crues et des inondations en favorisant l’infiltration de l’eau obligent l’eau à s’infiltrer, d’où meilleure alimentation des nappes et limitation des crues et inondations, empêchent l’eau d’atteindre un volume et une vitesse de ruissellement capables d’arracher les sols : diminution de l’érosion sur les pentes, retiennent la terre entraînée, au lieu de la laisser dévaler les pentes jusqu’aux rivières : conservation des sols, retiennent et filtrent les produits transportés par l’eau : résidus d’engrais, de pesticides, de lisiers, etc. (NB : D’après l’Agence de Bassin de Normandie, la meilleure qualité des eaux s’observe dans les régions bocagères de polyculture-élevage). Atténuation des contraintes climatiques : c’est-à-dire : Diminution de 30 à 50% de la vitesse du vent, Réduction de 20 à 30% de l’évaporation, Elévation de 1 à 2°C. ce qui permet d’améliorer : les rendements des cultures (+ 10 à 15%) à condition que les champs soient de dimensions suffisantes, la régularité des rendements : les brise-vent permettent de protéger les cultures contre les excès climatiques (excès de vent, de chaleur, de froid, etc.) la production des élevages laitiers et allaitants, le bétail étant plus calme et moins soumis aux pertes calorifiques. la protection des bâtiments d’où économie de chauffage, de climatisation ou aération en été et limitation des dégâts matériels dus au vent. Maintien des équilibres biologiques : Le bocage est un milieu riche, diversifié et stable. Ainsi, il : est nécessaire à la diversité de la flore, de la faune (source de nourriture et abri) et au déplacement des espèces (corridors écologiques), est nécessaire à l’accueil des auxiliaires de cultures dans le cadre des pratiques de luttes biologique et intégrée utiles pour la régulation des ravageurs, contribue au stockage du carbone atmosphérique (effet de serre). Construction de l’identité d’un territoire : Renforce l’appartenance à un pays, Contribue à la valorisation économique d’un territoire (tourisme, produits AOC, etc.), Matérialise les limites de parcelles, Souligne les chemins ruraux, les cours d’eau et les courbes de niveaux dans le paysage. Iconographie (Cf. Yves Michelin ENITAC ) Production de biens et de services : Si elles sont bien composée et bien conduite, les haies peuvent constituer un capital naturel présentant une valeur monétaire intéressante. Ce capital peut être valorisé sous forme de : Bois de chauffage (bûches, plaquettes) Bois d’œuvre pour les essences « nobles » (chêne, hêtre, noyer, merisier, châtaignier, érable, etc.) Fruits (châtaignes, noix, noisettes, petits fruits, mûres, etc.), miels, plantes médicinales Enclos et abri pour le bétail
La régression du bocage bourguignon est observée depuis la seconde guerre mondiale Evolution du paysage sur la commune de Flée (21) : - 40% de linéaires en 1948 en 1998 Après la seconde guerre mondiale, une crise agricole va annoncer un tournant dans l’évolution du bocage. Le déclin de la population rurale active va aboutir à une diminution du nombre d’exploitations et parallèlement à une augmentation des surfaces exploitées par actif. Le développement du machinisme, l’apparition des premiers remembrements et le manque d’entretien des haies, dû en partie à un besoin décroissant du bois résultant de l’apparition de nouvelles énergies, sont les principales causes directes du recul du bocage. En outre, les haies ont été victime des mentalités de l’ère de l’après guerre. La volonté d’effacer l’image d’un passé révolu a eu raison de bons nombres de haies, en Bourgogne comme partout en France. Dès lors le bocage ne va cesser de régresser globalement en Bourgogne (OREB, 2005). Source : OREB, Les bocages en Bourgogne, 2001
La régression du bocage bourguignon Et due à de nombreux facteurs : politiques économiques d’origine réglementaire techniques, sociaux et culturels
Conséquences 38 % des linéaires ont disparu entre 1955 et 2005 Présence potentielle des haies en 1970 Présence potentielle des haies en 2000 Régression des linéaires selon les régions agricoles : Très marquée dans le Nivernais, le Bazois central, la Forterre, la Puisaye et la Bresse Moins forte dans le Brionnais, le Pays d’Arnay et le Charolais Source des cartes : Fédération Régionale des Chasseurs et Centre Régional de la Propriété Forestière de Bourgogne (2005)
Conséquences Du point de vue qualitatif En 2002, 68 % des communes bourguignonnes avaient remembré l’équivalent de 55 % de leur SAU (1 M d’ha) Du point de vue qualitatif Déstructuration de la trame bocagère (connexions) Simplification de la structure et de la composition des haies Non remplacement des arbres isolés Photo de gauche : CPIE du Pays de l'Autunois Morvan - Collonge la Madeleine (71) Photo de droite : AUTUN MORVAN ECOLOGIE - arbre coupé au bord de la départementale Autun Saulieu par Lucenay (71)
Une prise de conscience collective Un constat et des initiatives … Régression du bocage bourguignon Prise de conscience des élus qui s’impliquent Opérations en faveur du maintien et de la restauration du bocage (ex : MAE, plan régional bocage, initiatives locales) Création du « Réseau Bocage de Bourgogne » Aujourd’hui, le bocage se pense au niveau du maillage plus que du linéaire, au niveau de la commune plutôt que de la parcelle et à l’échelle du bassin versant. Il faut s’orienter vers une démarche collective portant sur un territoire et impliquer les collectivités dans une logique de réflexion sur l’ensemble de la commune tant en terme d’aménagement du territoire que sur les aspects paysagers et bocagers. Des instances politiques locales s’emparent de ces questions et méritent d’être appuyées : quelques communes lancent de multiples opérations concourant toutes à la préservation d’un bocage ancien ou à la création de haies nouvelles utiles aux activités humaines actuelles (attractivité paysagère, tourisme de pleine nature, limitation de l’érosion…). Des chartes de pays donnent une place importante au maintien d’un bocage de qualité.
Une organisation en réseau pour une approche pluridisciplinaire Un large réseau de partenaires animé par Alterre Bourgogne associant : administrations et collectivités territoriales acteurs socio économiques acteurs associatifs scientifiques et assimilés Et des objectifs : observer l’évolution du bocage et porter à connaissance mobiliser les acteurs clés et mutualiser les ressources valoriser les expériences et favoriser l’action Les logos des partenaires ne figurent pas tous sur cette diapositive.
Un dispositif et des outils Des missions : Initier et mettre en place des opérations de promotion et de conseil coordonnées à l’échelle de la Bourgogne, Informer sur les aspects techniques, réglementaires et les aides financières, Valoriser les initiatives conduites (agriculteurs, élus, particuliers, etc.) pour inciter à faire, Contribuer à la mise en place d’opérations de développement local en faveur du bocage (Plan de paysage, charte paysagère, MAET, etc.), Accompagner des actions d’animations locales, Proposer des formations à destination des élus, des techniciens des collectivités, des agriculteurs, des paysagistes, des entreprises de TP, etc. Les actions qui peuvent être menées : participation à des journées de formation, information technique : les techniques de plantation et d’entretien de la haie sont souvent mal maîtrisées, ce qui nuit au résultat obtenu et à la motivation de ceux qui en ont la charge ; Financier : conseil individuel aux personnes souhaitant proposer un projet dans le cadre du Plan bocage du CRB ; juridique : des verrous juridiques freinent le maintien et le développement de la haie. Par exemple, l’intégration dans la PAC de la place de la haie est floue ; les distances de plantation ne sont pas toujours connues et évidentes. Les aspects économiques sont la plupart du temps un handicap dénoncé par les agriculteurs. Il convient de replacer les haies dans une logique économique avec, par exemple, la promotion : des apports directs de la haie : bois bûche, bois en plaquette ; des apports indirects de la haie : fixation du carbone, rôle positif sur le tourisme vert, préservation des populations cynégétiques. Annie COMMEAU – Ingénieur, Centre Régional de la Propriété Forestière de Bourgogne
Un dispositif et des outils Des outils à disposition : Des panneaux d’exposition Des documents d’information et de sensibilisation
Un dispositif et des outils Des outils à venir : Un guide pratique du bocage (en construction) et des fiches expériences : Fiches « Techniques de plantation » et « Liste d’espèces végétales » Fiches « Techniques d’entretien mécanique et manuel » (ex : plessage) Fiches « Modes de valorisation » (ex : Chaudière à plaquette, chasse) Fiches « Outils de protection réglementaires » Un site Internet (en cours de construction) : Galerie du bocage (Bases de données iconographique) Base de données « acteurs » : Contacts des experts, professionnels, associations, etc
Un dispositif et des outils Des interventions personnalisées : Une offre de formations Une réponse à vos questions pratiques (choix d’espèces, réglementation en vigueur, aides disponibles, etc.) Un réseau de Correspondants bocage sur tout le territoire bourguignon Des réunions d’information CE PROGRAMME SE DÉCLINE AUTOUR DE QUATRE ACTIONS : AVOIR UNE BONNE CONNAISSANCE DU FONCTIONNEMENT DE LA HAIE ET DE SES RÔLES, DE SON IMPORTANCE SPATIALE EN BOURGOGNE ; élaborer des itinéraires techniques pour valoriser et planter des haies avec la réalisation d’une brochure d’information ; vulgariser et diffuser des connaissances auprès des communes et des agriculteurs ; réaliser des opérations exemplaires : aide à la création et à la gestion de haies ; mise en place de références pouvant servir de support à la vulgarisation.
Pour conclure La présence d’un maillage bocager cohérent est un atout pour la préservation de la ressource en eau, c’est la possibilité, pour les habitants comme pour les visiteurs de notre région, de retrouver et d’apprécier l’identité paysagère d’un territoire qui s’estompe de plus en plus, c’est aussi instaurer le dialogue entre élus, financeurs, agriculteurs et aménageurs qui ont, in fine, en charge l’entretien des espaces ruraux.
Contacts ALTERRE BOURGOGNE David Michelin - 03 80 68 44 30 www.alterre-bourgogne.org
La régression du bocage bourguignon 1978 Facteurs politiques Agricoles entraînant un regroupement du parcellaire et une simplification des modes de cultures Aménagement du territoire entraînant une diminution et une fragmentation de l’espace rural Perte des modes d’utilisation traditionnels de l’espace Uniformisation du paysage Un mode de développement défavorable au maintien des haies L’étalement urbain continue au détriment des espaces agricoles et forestiers périurbains. En 1968, avec 1 459 km2 les aires urbaines représentaient 4,6 % de la superficie de la Bourgogne. Trente ans plus tard, en 1999, elles atteignent 8 292 km2, soit 26,3 % de la superficie régionale. Ces chiffres de l’INSEE repris par le Conseil économique et social de Bourgogne dans son avis sur l’agriculture et l’urbanisation montrent l’ampleur du phénomène. Lotissements, voies nouvelles, zones d’activité viennent donc détruire l’organisation de la campagne et de son réseau de haies et de bois dans un grand rayon autour des agglomérations, et sans ménagements. Là où les petits moyens traditionnels imposaient un respect des contraintes géographiques, des petites vallées par exemple, la puissance financière et mécanique qui accompagne ces aménagements nouveaux permet le nivellement, la banalisation, le bouleversement. Ce phénomène ne touche pas les seules zones qualifiées de périurbaines, l’agglomération se délestant sur la campagne parfois éloignée de ses activités les plus consommatrices d’espace ou les moins prestigieuses, centres d’enfouissement, plateformes logistiques, dépôts de matériaux… Il fallait citer en tête ces accrocs nombreux au tissu bocager qui ne sont pas dus à l’agriculture, seule mise en cause trop souvent. Alain Cordier – avril 2006 Agricoles (Politique agricole commune et lois d’orientation agricole) : Mécanisation de l’agriculture avec l'apparition des tracteurs et des grandes machines agricoles, Rationalisation de l’espace agricole où la haie devient gênante avec les remembrements et les drainages, entraînant un agrandissement du parcellaire, un élargissement des chemins d’exploitation et des fossés d’assainissement, Spécialisation des exploitations dans certains territoires qui se tournent vers la grande culture, Diminution des systèmes de polyculture-élevage traditionnels. Aménagement du territoire : Spécialisation des territoires urbains (Zone d’Activité Commerciale, Zone Industrielle, Zone résidentielle) fortement consommateur d’espace, Extensions de l’urbanisation autour des villages bourg sur le modèle du lotissement (pavillon avec jardins de plusieurs centaines ou milliers de m²) entraînant un mitage du paysage, Développement des infrastructures routières et ferroviaires favorisés par le faible coût des énergies fossiles et nécessaires pour accéder aux différentes zones urbaines. Impacts généraux : Vers une uniformisation du paysage Transformation des prairies en cultures de céréales, destruction des haies, drainage des marais, appauvrissement des peuplements forestiers Urbanisation et fragmentation des habitats par les grandes infrastructures qui détruisent les écosystèmes ou empêchent leur bon fonctionnement
La régression du bocage bourguignon Facteurs économiques Recherche de la productivité et de la rentabilité Faible coût de l’énergie fossile Coût de la main d’œuvre 1964 Pour améliorer la productivité et la rentabilité agricoles, il a été nécessaire de : Réduire le coût de la main d’œuvre (peu productive) par exploitation en incitant et en aidant à la cessation d’activité, Augmenter le capital en matériels, bâtiments, foncier, etc. des exploitations en subventionnant certains investissements (remembrement, drainage, irrigation, etc.). NB : Jusqu’en 1992 les haies ne sont pas subventionnées donc pas rémunératrices (PAC). Dans le cadre d’une enquête menée en 2005 sur le canton de Sombernon (21), Luc THIEBAUT (ENESAD) a mis en évidence que les contraintes économiques majeures liées à la présence des haies sont pour les agriculteurs : le coût et le temps de travail nécessaires à l’entretien des haies, l’obstacle que constituent les haies au passage des engins, la perte de production liée à la densité des haies qui créent de l’ombre et un niveau d’hygrométrie défavorable à l’état sanitaire des cultures (développement des champignons sur les blés, etc.) et au séchage des foins et des pailles, les problèmes pour la déclaration PAC. Perte de l’intérêt économique de la haie
La régression du bocage bourguignon Facteurs d’origine réglementaire Étalement urbain Infrastructures de transports (routes et voies ferrées) Agriculture (plus d’obligation d’entretien des haies dans les baux ruraux) … 1976 ? Les réglementations relatives à l’agriculture : n’obligent plus les agriculteurs à entretenir les haies dans le cadre des baux ruraux, permettent les opérations de remembrement et de drainage sans tenir compte des services écologiques collectifs rendus par le bocage, n’incitent pas les agriculteurs à replanter des haies et des arbres au sein des espaces remembrés (entre les nouvelles parcelles et le long des chemins de remembrement). Les réglementations relatives à l’urbanisation : - permettent l’étalement urbain fortement consommateurs d’espace, n’incitent pas les élus à prendre en compte l’enjeu de maintien des haies, des arbres d’alignement et des arbres isolés situés en bord de route dans les anciens documents d’urbanisme : POS (Plan d’Occupation des Sols) et SDAU (Schéma Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme) ne sensibilisent pas les élus aux enjeux de maintien des haies, des arbres d’alignement et des arbres isolés situés en bord de route dans les nouveaux documents d’urbanisme : PLU (Plan Local d’Urbanisme) et SCOT (Schéma de COhérence Territorial). Les réglementations relatives aux infrastructures de transports : - n’incitent pas les élus et l’administration de l’équipement à trouver un équilibre entre les enjeux de sécurité routière, écologiques et paysagers. Ainsi, pas ou peu de prise en compte de l’enjeu de maintien et/ou de plantations de haies, arbres d’alignement et arbres isolés situés en bord de route dans le cadre des projets de constructions, d’élargissement de chaussées et de travaux d’entretien.
La régression du bocage bourguignon Facteurs techniques Mécanisation et accélération des tâches (généralisation du traitement en haie basse broyée annuellement) Modernisation et augmentation de la taille du matériel (broyeur) Opérations de réorganisation foncière (remembrement et drainage) Facteurs sociaux et culturels Image négative de la haie dans un contexte de modernisation Enseignement agricole incitant au développement d’une agriculture « de progrès » « Faut faire propre ! » Après la seconde guerre mondiale, les pratiques agricoles se mécanisent et s’intensifient. La modernisation de l’agriculture nécessite des structures plus grandes et adaptées à l’utilisation des engins. Les changements majeurs des pratiques agricoles se traduisent alors par l’élargissement de la taille des parcelles, par une augmentation des surfaces cultivées et par la destruction des éléments permanents considérés comme gênants (bois, talus plantés ou non, prairies). Autrefois « rentables », les haies sont devenues un frein à la mécanisation et à l’agrandissement des parcelles. Facteurs sociaux et culturels : « Faut faire propre ! » : Globalement les habitants des communes veulent que les espaces communaux tels que les bords de route formés de haies, de fossés, etc. ainsi que l’ensemble des espaces verts communaux soient « propres ». Chez les agriculteurs, il s’agit également de « faire propre ». Les haies situées sur les parcelles de l’exploitation doivent être taillées, « bien entretenues ». Cette pratique permet : d’exposer ses compétences de gestionnaire « en bon père de famille » de prouver que « l’on fait du bon boulot » de prouver que l’exploitation est bien gérée de prouver que « l’on n’est pas un faignant ».
Qu’est-ce que le bocage ? Les 4 types de haies bourguignonnes Haies basses entretenues «au carré» (hauteur = 2 à 2,50 m) Haies basses comprenant un à cinq arbres par 100 ml Haies arbustives moyennes ou hautes Haies arborées ou boisées comprenant plus de cinq arbres par 100 ml
La régulation et l’épuration des eaux La protection des sols Régulation de l’eau : En freinant l’eau sur les pentes, les haies et surtout les talus et fossés qui leur sont associés : Limite l’importance des crues et des inondations en favorisant l’infiltration de l’eau obligent l’eau à s’infiltrer, d’où meilleure alimentation des nappes et limitation des crues et inondations, empêchent l’eau d’atteindre un volume et une vitesse de ruissellement capables d’arracher les sols : diminution de l’érosion sur les pentes, retiennent la terre entraînée, au lieu de la laisser dévaler les pentes jusqu’aux rivières : conservation des sols, retiennent et filtrent les produits transportés par l’eau : résidus d’engrais, de pesticides, de lisiers, etc. (NB : D’après l’Agence de Bassin de Normandie, la meilleure qualité des eaux s’observe dans les régions bocagères de polyculture-élevage). Source : Planter des haies (Dominique Soltner, 1999)
L’atténuation des contraintes climatiques c’est-à-dire : Diminution de 30 à 50% de la vitesse du vent, Réduction de 20 à 30% de l’évaporation, Elévation de 1 à 2°C. ce qui permet d’améliorer : les rendements des cultures (+ 10 à 15%) à condition que les champs soient de dimensions suffisantes, la régularité des rendements : les brise-vent permettent de protéger les cultures contre les excès climatiques (excès de vent, de chaleur, de froid, etc.) la production des élevages laitiers et allaitants, le bétail étant plus calme et moins soumis aux pertes calorifiques. la protection des bâtiments d’où économie de chauffage, de climatisation ou aération en été et limitation des dégâts matériels dus au vent. Source : Planter des haies (Dominique Soltner, 1999)
Le maintien des équilibres biologiques Le bocage est un milieu riche, diversifié et stable. C’est une source de nourriture et un abri pour de nombreuses espèces. C’est également une infrastructure végétale nécessaire au déplacement des espèces (corridors écologiques). En moyenne, une haie est composée de : 5 à 10 espèces d’arbres (chêne, érable champêtre, frêne, noyer, charme, orme, etc.), 10 à 20 espèces d’arbustes (viorne, prunellier, églantier, ronce, troène, etc.) 20 à 40 espèces de plantes herbacées, 10 à 20 espèces d’oiseaux (chouette chevêche, pigeon ramier, geai des chênes, merle, mésange charbonnière, rouge gorge, troglodyte mignon, etc.) 10 à 20 espèces de mammifères et de reptiles plusieurs centaines d’espèces d’insectes Plus le bocage est riche en espèces animales et végétales, plus les services qu’il peut rendre sont importants. Pour l’agriculteur notamment le bocage rend des services en matière de : de pollinisation, puisqu’il héberge plusieurs dizaines d’espèces d’abeilles, bourdons, etc. de lutte contre les ravageurs de cultures, puisqu’il héberge plus d’une centaine d’auxiliaires de cultures (ex : HYMENOPTERES parasites). Les haies sont donc utiles à l’accueil des auxiliaires de cultures dans le cadre des pratiques de luttes biologique et intégrée. Le bocage contribue également au stockage du carbone atmosphérique (effet de serre). Source : Planter des haies (Dominique Soltner, 1999)
La construction de l’identité d’un territoire Ces haies, trop souvent détruites, n’ont souvent pas la place qu’elles méritent, et sans elles, notre campagne risque de ressembler … à ça : Un enjeu pour la viabilité des territoires, la pérennité de l’agriculture et la qualité de nos paysages Les haies, pourtant remplissent de nombreuses fonctions : rôle paysager bien sûr : c’est celui que l’on perçoit immédiatement : le paysage est la traduction visuelle de l'organisation de l'espace ; il constitue un ensemble de repères auquel nous sommes habitués, et souvent attachés, et qui contribue pour une large part à l'identité d’une région ; Construction de l’identité d’un territoire : Renforce l’appartenance à un pays, Contribue à la valorisation économique d’un territoire (tourisme, produits AOC, etc.), Matérialise les limites de parcelles, Souligne les chemins ruraux, les cours d’eau et les courbes de niveaux dans le paysage. Photo de gauche – Marcel EBERHART Photo de droite – Thomas MAURICE
La construction de l’identité d’un territoire Une économie qui s’appuie sur les caractéristiques paysagères Construction de l’identité d’un territoire : Renforce l’appartenance à un pays, Contribue à la valorisation économique d’un territoire (tourisme, produits AOC, etc.), Matérialise les limites de parcelles, Souligne les chemins ruraux, les cours d’eau et les courbes de niveaux dans le paysage. Iconographie (Cf. Yves Michelin ENITAC ) 27
La production de biens et de services Valoriser les haies et les bosquets s’inscrit aujourd’hui dans une démarche de gestion durable d’écosystèmes riches et fragiles, de conservation des paysages de qualité existants. Mais il ne peut pas y avoir de gestion durable et de prise en compte de dimensions qui relèvent avant tout de l’intérêt général si les acteurs ne sont pas motivés. La production de bois de qualité en est un. C’est pourquoi aujourd’hui encore valoriser les haies et les bosquets c’est aussi chercher à valoriser une ressource en bois, quantitativement et qualitativement. Si elles sont bien composée et bien conduite, les haies peuvent constituer un capital naturel présentant une valeur monétaire intéressante. Ce capital peut être valorisé sous forme de : Bois de chauffage (bûches, plaquettes) Bois d’œuvre pour les essences « nobles » (chêne, hêtre, noyer, merisier, châtaignier, érable, etc.) Fruits (châtaignes, noix, noisettes, petits fruits, mûres, etc.), miels, plantes médicinales Enclos et abri pour le bétail Bois de chauffage : témoignage d’un agriculteur qui valorise le bois de ses haies en plaquettes pour chauffage de son habitation Source : Planter des haies (Dominique Soltner, 1999)