Enseigner l’orthographe au C3 Synthèse de pistes proposées par André Angoujard et Danièle Cogis
L’enseignement traditionnel Progression a priori. Questions pointues traitées sans lien. Orthographe d’usage / orthographe grammaticale. Exposé magistral, règles, tableaux de conjugaison, nombreuses exceptions, applications, mémorisation. Dictées. Problème du faible réinvestissement, en écriture en particulier (qui donne lieu à remédiation, donc répétition). On s’attache à rendre les élèves capables de maîtriser l’orthographe en dictée parce qu’on n’y arrive pas en production d’écrit…
Un autre enseignement Eviter la dictature de l’orthographe (qui conduit à n’écrire que ce qu’on sait écrire). Eviter la rupture (qui consiste à ne pas se soucier d’orthographe en production d’écrit mais à en faire un domaine autonome). Les savoirs orthographiques ne sont pas la condition nécessaire à la production d’écrit où ils sont mis à l’épreuve, ils se construisent aussi lors de cette activité d’écriture.
Sérier les erreurs Récurrence : les erreurs récurrentes manifestent un déficit de connaissances qu’il faut combler. Il faut analyser les erreurs de manière hiérarchisée en référence aux principes organisateurs du système graphique.
L’orthographe pendant la production Le problème didactique : les élèves doivent prendre du plaisir (au moins de l’intérêt) à écrire des textes pour répondre à des exigences de communication et / ou d’expression tout en manifestant l’acquisition d’une réelle maîtrise de l’orthographe considérée comme une composante essentielle du savoir écrire.
Quelques principes pour développer la « vigilance orthographique » Créer un délai entre l’écriture et la relecture. Faire souligner les éléments dont l’élève doute sans que cela ne l’interrompe. Retarder l’intervention magistrale (le maître lit les productions entre le premier jet et la relecture différée mais n’intervient qu’ensuite.) Mettre les élèves en situation de résoudre leurs problèmes, créer des outils de référence en classe.
Le choix de problèmes, ou la création de chantiers d’orthographe Ils doivent pouvoir être résolus par les élèves. Ils doivent permettre de constituer des savoirs généralisables à des aspects fondamentaux du plurisystème graphique. Les élèves avancent dans leurs représentations grâce à l’examen de corpus
La résolution de problème Il y a problème lorsque le sujet ne dispose pas immédiatement d’une réponse de routine applicable à la situation (1 ou 2 «p» pour «apercevoir» est une difficulté, non un problème ; l’interrogation récurrente sur le choix 1 ou 2 «s» pour noter [s] à l’intérieur d’un mot, qui nécessite la prise en compte d’une loi de position, en est un).
Démarche pour résoudre Trois étapes : Explicitation / reformulation pour transformer les difficultés d’écriture en problème de langue à résoudre Examen des phénomènes orthographiques problématisés (formulation d’hypothèses, constitution d’un corpus, analyse du corpus, formulation du savoir nouveau). Formalisation / codification pour construire des outils d’aide à l’écriture.
Dictée ? Dans sa visée évaluative, c’est un instrument atypique (prise en compte des erreurs uniquement) et peu fiable (tâche isolée qui ne correspond pas à la production d’écrit). La dictée masque une bonne part des difficultés des élèves tout en mettant l’accent sur les erreurs commises.
Plusieurs formes de dictées Dictée avec aides : affiches collectives ou outils individuels disponibles. Auto-dictée : texte préparé en classe avec l’enseignant. Dictée abrégée : seules certaines phrases sont dictées pour les élèves en difficulté. Dictée 0 faute. Dictée négociée.
La dictée sans faute Texte lu. Texte dicté phrase par phrase, noté au recto de la feuille, les élèves soulignent les mots pour lesquels ils doutent de l’orthographe. Recherche collective des solutions aux difficultés repérées et formulées. Phrase écrite au verso. Commentaire : il s’agit de remplacer le classique « C’est juste ou c’est faux » par un « Comment ça marche ? »
La dictée négociée Texte lu. Texte dicté phrase par phrase, noté. Révision en groupe et recherche de consensus lors de graphies divergentes. Dire et parler l’orthographe : expliquer, argumenter les choix : « Comparez vos textes, entendez-vous sur les solutions à choisir, expliquez les ».
La phrase du jour Il s’agit toujours de mener avec les élèves un travail de réflexion sur la façon dont ils comprennent l’orthographe d’une phrase. Deux modalités : la phrase dictée du jour et la phrase donnée du jour. La phrase dictée du jour part des graphies des élèves, la phrase donnée est écrite correctement. Les élèves font des commentaires réflexifs pour parvenir à écrire sans erreur, ou comprendre les choix orthographiques. Travail complémentaire avec les phrases cachées : seuls les critères orthographiques déterminent les choix à opérer.
Les balles d’accord C’est formaliser une technique qui met les mots à accorder en lien : c’est tracer le trajet des accords à partir d’un mot signal. Les antilopes voient la lionne avec son lionceau et sautent sur l’autre rive. ---------------o---o----------------------------------------------o
Des exercices de réécriture Exercice 1 : remplacer le personnage principal masculin, par deux personnages masculins. Exercice 2 : remplacer le personnage principal masculin, par un personnage féminin. Exercice 3 : réécrire en positionnant les compléments circonstanciels en tête de phrase, en inversant les sujets. Exercice 4 : partir de cacographies et rétablir l’orthographe (le nombre d’erreurs est donné par ligne graphiée).
Utiliser des outils pour la révision Élaborer conjointement avec les élèves des grilles simples portant sur la nature des erreurs. Activer le correcteur orthographique du traitement de texte.