1 Intonations de question totale et zones phonologiques en Afrique Annie Rialland Laboratoire de Phonétique et Phonologie (CNRS/Sorbonne-nouvelle), Paris.

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1 Intonations de question totale et zones phonologiques en Afrique Annie Rialland Laboratoire de Phonétique et Phonologie (CNRS/Sorbonne-nouvelle), Paris

2 Synthèse des travaux suivants Rialland Annie Question prosody: an African perspective. In C. Gussenhoven & T. Riad (eds.), Tones and Tunes: Studies in Word and Sentence Prosody. Mouton de Gruyter, Berlin. pp Rialland Annie The African « lax » question prosody: its realisations and geographical distribution Lingua pp Clements George N. et Annie Rialland Africa as a phonological area. In B. Heine & D. Nurse (eds.), A Linguistic Geography of Africa. Cambridge University Press, Cambridge. pp et d’autres plus ponctuels, mentionnés au fur et à mesure.

Une perspective universaliste très répandue selon laquelle il y aurait une association quasi universelle entre question et relèvement de hauteur (en quelque point de l’énoncé). « it is almost invariably the case that high or rising pitch signals the former [question] whereas low or falling pitch, the latter [statement] » – Ohala (1983) « Cross-linguistic Study of Pitch : an Ethological View » Phonetica 40

L’association entre hauteur plus élevée et intonation de question a été conçue comme une grammaticalisation d’une tendance naturelle (cf. « Frequency code »). –« […] the pattern is too widespread to be explained by borrowing, descent from a common linguistic source, or chance. It follows that there is something common to all human speakers, at all stages in history, which creates this phenomenon ». –Ohala (1984), « An ethological perspective of common cross- language utilisation of F0 of voice », Phonetica 41

Quelles étaient les bases de données sur les intonations de question? Hermann E « Problem der Frage». Nachrichten von der Akademie der Wissenschaften in Göttingen. Philologisch-Historische Klasse, Nr langues « found without exception a tendency to higher pitch somewhere in the utterance » Bolinger (1978) Ultan R « Some General Characteristics on Interrogative Systems », Working Papers in Language Universals langues « almost the same results [as Hermann] », 71% intonation montante (3 langues descendantes, dont 2 langues africaines Grebo et le Fanti) Bolinger D « Intonation across languages » in Universals of Human languages, J. Greenberg (ed.) –+41 langues –(all with h or rise, except Papago, Itonama, Quechua for which « no h or rise [has] been reported » and Zuni which has no «pitch marking of question» )

6 Marqueurs prosodiques de la question oui/non en Afrique (à partir d’une base de données de 120 langues) MARQUEURS avec UNE HAUTEUR ELEVEE - suppression/réduction du «downdrift», expansion de registre - relèvement des derniers tons H(s) (pas nécessairement en fin d’énoncé) - suppression/réduction de l’abaissement final - ton H final ou intonation montante (H% final) - mélodie HB finale MARQUEURS sans HAUTEUR ELEVEE - ton B or intonation descendante (B% final) - ton polaire ou ton moyen - allongement (VV or V…) - terminaison soufflée - suppression de l’allongement pénultième - voyelle [bas] cf. « Question prosody: an African Perspective » In Tones and Tunes, Gussenhoven and Riad (eds.) A. Rialland (2007) 67 langues sur 120

7 Faisceau de marqueurs “bas” ou “relâchés” B ou B% terminaison soufflée, relâchée allongement VV, CC ou V…, C… voyelle [bas] Caractéristiques “basses” et “relâchées” peuvent être couplées: "Lax voice involves a lesser degree of tension in the entire vocal tract [as compared to the neutral setting]... At the laryngeal level there is a reduced degree of adductive tension and medial compression. Phonation may therefore be similar to breathy voice, sounding softer and lower pitched than modal voice; " (Ní Chasaide and Gobl, 1997, Handbook of Phonetics, p 451)

8 Nous allons considérer la distribution de ces marqueurs et leurs réalisations dans des langues de familles diverses (avec des exemples sonores): –Dans le phylum Niger-Congo Familles voltaïque, kru, kwa, mande, adamawa-ubangi, benue-congo –Dans le phylum nilo-saharien Familles soudaniques (centre et est) –Dans le phylum afro-asiatique Famille tchadique Actuellement, notre base de données comporte 67 langues avec l’un ou l’autre de ces marqueurs ou une combinaison d’entre eux.

9 Faisceau de marqueurs « bas » ou « relâchés » de question dans les langues voltaïques Pourquoi la famille voltaïque, d’abord? - Elle est mieux représentée dans notre base avec de nombreuses données de première main. - Les langues voltaïques sont les plus «centrales », les plus typiques, au cœur de l’Afrique considérée comme aire linguistique (Heine and Lewey, 2008).

10 Heine and Lewey, 2008, « Is Africa a linguistic area? ». In A linguistic geography of Africa, B. Heine & D. Nurse (eds). Langues voltaïques Nombre de traits africains typiques ou « africanismes »

11 In Moba (Togo), la prosodie de question implique un allongement et une terminaison soufflée: Assertion Allongement Prolongation de F0 Diminution de l’intensité Question ‘ des pierres ’ ‘ des pierres ? ’

12 Assertion Question Le débit d’air décroit. Le débit d’air s’accroit. La glotte s’ouvre. Rialland A., 1984, "Le fini/l'infini ou l'affirmation/l'interrogation en moba (langue voltaïque parlée au Nord-Togo)", Studies in African Linguistics, supp. 9

13 Le contour mélodique résulte de l’étirement des réalisations tonales En Moba, la prosodie de question est caractérisée : Une absence de ton ou de mélodie intonative Un allongement Une terminaison soufflée + la forme de base des mots (sans troncation ou métathèse) « des années » « des années? »

14 « Tu as vu Kpo » « As-tu vu Kpo? » Une absence de ton ou de mélodie intonative Un allongement Une terminaison soufflée + la forme de base tonale des mots (sans troncation et avec éventuellement ton polaire) En Wule Dagara (Burkina), la prosodie de question oui/non implique:

15 Zoom sur la « terminaison soufflée » Diminution progressive de l’intensité Affaiblissement des F5, F4, F3 Dus à l’ouverture progressive de la glotte

16 « Tu as parlé à Kut » « As-tu parlé à Kut? » Allongement d’un r battu final L’allongement porte sur le dernier segment qui peut être une sonante

17 Ouverture glottale en fin d’assertion comme de question Annie Rialland, Achille-Penu Some, Coralie Vincent, 2008, Assertion and question prosodies in Wulé Dagara and other Gur languages: an acoustic and physiological investigation, Tone and Intonation 3, Lisbonne Assertion Question

18 é ɖ í « et il lapa » é ɖ í B% « et il lapa ? » Assertion Question (loc. L) une intonation descendante une terminaison soufflée (avec ouverture progressive de la glotte) un allongement En Kabiye, l’intonation de question implique : Texte

19 é ɖ e ̂ɤ é ɖ e ̂ɤ B% « et il devient bon» « et il devient bon? » Assertion Question L’intonation de la question tend à descendre encore plus bas qu’un ton bas final. (loc. L)

20 é ɖ e ̂ɤ é ɖ e ̂ɤ B % « et il devient bon» « et il devient bon? » Minimum de débit d’air en fin de voyelle Maximum de débit d’air en fin de voyelle Augmentation rapide en fin de voyelle é ɖ e ̂ɤ é ɖ e ̂ɤ B% AssertionQuestion

21 Fibroscopie : configuration glottale Mouvements spécifiques des aryténoïdes: - basculement des aryténoïdes dans les deux cas - aboutissant à une fermeture aryépiglottale dans l’assertion - laissant une ouverture dans la question Assertion Loc. B. Question Loc. B. A. Rialland, R. Ridouane, B. Kassan 2009, A Physiological investigation of voice quality in Kabiye assertions and yes/no questions, World Congress on African Languages, Köln

22 En Moore (Burkina Faso), la prosodie de question implique: ‘ le fantôme ’ ‘ le fantôme? ’ une intonation descendante une terminaison soufflée (avec ouverture progressive de la glotte) un allongement

23 ‘ l’enfant ’ ‘ l’enfant? ’ En Ncam (Togo), la question oui/non est indiquée par le faisceau de marqueurs suivant : une intonation descendante une terminaison soufflée (avec ouverture progressive de la glotte) un allongement la voyelle [a], sauf après un mot monosyllabique terminé par une voyelle

24 Combinaisons des marqueurs de question « bas »/« relâchés » dans les langues voltaïques. Seulement 1 des 17 langues gur dans notre base de données n’a pas cette forme de prosodie de question ( Farefare) En bleu: les langues avec terminaison soufflée. Aucune donnée sur ce point dans les autres langues. Texte B% Texte B% Texte Allongement Texte Allongement

25 Nous proposons une prosodie unique à l’origine de ces divers faisceaux de marqueurs, caractérisée par : - un allongement - une intonation descendante - une terminaison soufflée - une voyelle [bas] Nous avons appelé cette forme de base: prosodie “relâchée” Nous allons montrer maintenant qu’elle est un trait aréal de la ceinture soudanique.

26 Prosodie de question « relâchée » dans les langues kwa

27 Schèmes de variation de la prosodie « relâchée » de question dans les langues kwa Ces marqueurs se rencontrent dans tous les groupes de la famille kwa et dans les plus grandes langues de la famille. (pas d’exemples sonores, pas de données sur la terminaison soufflée)

28 Prosodie de question « relâchée » dans les langues kru

29 Schèmes de variation de la prosodie « relâchée » de question dans les langues kru Pas d’exemple sonore, pas de données sur la terminaison soufflée La prosodie « relâchée » se trouve dans tous les groupes de la famille Kru. 1 seule des 6 langues kru n’a pas une forme de cette prosodie (Klao au Liberia)

30 Prosodie de question « relâchée » dans les langues mandées langues mandées Sud-Est

31 Prosodie de question « relâchée » dans les langues mandées Sud-Est Les langues mandées sud-est parlées en Côte d’Ivoire partagent des traits areals avec les langues kwa et kru: une tendance à la monosyllabicité et un grand nombre de tons. La prosodie de question « relâchée » est répandue parmi elles: en Toura (allongement+ B% or -è) in Gouro (allongement + B%) in Wan (allongement avec B% dans quelques contextes)

32 Occurrences sporadiques de la prosodie « relâchée » de question dans les langues mandées ouest Les langues mandées ouest ont généralement des marqueurs de question impliquant des hauteurs élevées (Soninké, Bambara, Mende) L’intonation relâchée apparaît sporadiquement : En bambara où il y a un marqueur de question -wà, à côté d’une intonation montante ( H%) et d’autres morphèmes segmentaux Son extrait de: An Ka Bamanankan Kalan: Intermediate Bambara, C. Bird and M. Kante

33 Prosodie de question « relâchée » dans les langues Benue-Congo (langues non bantoïdes)

34 Ikaan, parlé au Nigéria, Ondo state, village d’Ikakumo Benue-congo, Ukaan

35

36 Schèmes de variation de la prosodie « relâchée » dans les langues Benue-Congo (non bantouides) La prosodie « relâchée » est présente dans un grand nombre de groupes de cette famille: Edoid, Cross-river, Plateau, Nupoid, Idomoid. Les langues avec prosodie relâchée se trouvent mêlées avec des langues à marqueurs de question impliquant des relèvements de hauteur (Efik, Igbo, Yoruba). ou

37 La prosodie de question « relâchée » dans la sous-famille bantoid de la famille benue-congo (à l’exclusion des langues bantoues)

38 Schèmes de variation de la prosodie « relâchée » dans les langues de la sous-famille bantoïde (à l’exception des langues bantoues) En Mambila, le contour final descendant diffère de la réalisation d’un ton bas final (Connell 2004). Il y a une grande variété de marqueurs prosodiques de la question dans cette famille, certaines langues ayant des marqueurs « relâchés, d’autres des marqueurs avec hauteur élevée (Bafut).

39 La prosodie de question « relâchée » dans les langues adamawa-oubangi

40 Schèmes de variation de la prosodie « relâchée » dans les langues adamawa-oubangi Les plus grandes langues de ces familles (Zande, Banda, Gbaya) ont une forme de prosodie « relâchée ». 2 des 7 langues adamawa-oubangi dans notre base de données n’ont pas cette forme de prosodie. En Zande, le marqueur mélodique diffère d’un ton B lexical en ce qu’il n’est pas associé à une more (Boyd 1980).

41 Dans les langues bantoues (à la limite Nord) Investigation en cours Basaa (A 43), B Olang (Grassfields Bantu), B et terminaison «relâchée» 41

42 La prosodie de question « relâchée » dans le phylum Niger-Congo Nous l’avons trouvée dans toutes les familles niger-congo à l’exception des familles atlantique, bantoue (sauf frange Nord) et kordofanienne. (Carte: web resources for African languages) Aire de la prosodie « relâchée » Aires sans prosodie « relâchée »

43 La prosodie « relâchée » dans le phylum Nilo-Saharien (Map: web resources for African languages)

44 En Ngambay, la prosodie de question est soufflée. Nous pouvons entendre un « h » à la fin de la question question. « -wàh » est le marqueur de question

45 Enoncé assertif : ngokon Dè

46 Enoncé interrogatif : ngokon lè Dè wàh h

47 Schèmes de variation de la prosodie « relâchée » dans les langues soudaniques centrales -wà en Kabba, Ngambay-Mundu, Sara-Ngambay (données sur la terminaison soufflée uniquement en Ngambay-Mundu) -à ou -wà en Mbay -B% en Bagiro

48 Prosodie des questions en Songhay, dans les langues ouest et est soudaniques Songhay : seulement des marqueurs avec hauteur élevée Langues ouest-soudaniques: -wá (Kanuri), une « forme hybride » Langues est-soudaniques -à dans quelques langues (Zaghawa, Turkana) sinon, les langues de cette famille ont des marqueurs impliquant une hauteur élevée de la voix (Anywa, Arusa, Dholuo, Nandi)

49 La prosodie « relâchée » dans le phylum afro- asiatique (Map: web resources for African languages)

50 La prosodie « relâchée » dans le phylum afro-asiatique Nous l’avons seulement trouvée dans la famille tchadique, qui comporte quelques langues associant une forme de prosodie relâchée avec une réduction de downdrift : - àa (Angas, Sayanci) - à (Pero) sinon, les langues tchadiques ont des marqueurs de question avec des hauteurs élevées (Hausa, Tera).

51 Distribution géographique de la prosodie « relâchée » Aire soudanique terminaison soufflée

52 - La prosodie de question «relâchée» est un trait de l’aire soudanique. - On peut supposer qu’elle trouve son origine dans le phylum Niger-Congo et s’est ensuite diffusée dans les langues voisines (Tchadiques et Nilo-Sahariennes). - Son extension rappelle celles d’autres traits du phylum Niger-Congo (les labio-vélaires, par exemple), comme nous allons le voir. Conclusion

53 Les zones phonologiques ont été définies sur la base de propriétés phonologiques, communes dans ces zones mais rares ou du moins beaucoup moins fréquentes en dehors. Zones phonologiques Clements George N. et Annie Rialland Africa as a phonological area. In B. Heine & D. Nurse (eds.), A Linguistic Geography of Africa. Cambridge University Press, Cambridge. pp

54 Quelques traits caractéristiques de zones phonologiques africaines Occlusives labio-vélaires Battements labiaux Deux séries contrastives de voyelles hautes, /i u/ vs. /I U/, sans différence de longueur entre elles (corrélées au trait ATR ) Clicks Absence de consonnes nasales phonologiques

55 Zones phonologiques proposées

56 Les bases de données segmentales - La base de données comporte 150 systèmes phonologiques, avec une surreprésentation des langues de la ceinture soudanique (N = 100) du fait de leur très grand nombre et de leur diversité génétique. -A cette base, s’ajoute une base de 345 langues non africaines, extraite de la base de données UPSID-451, utilisée à titre de comparaison.

57 Les occlusives labio-vélaires : une caractéristique de la zone soudanique Güldemann. T The Macro-Sudanic belt: towards identifying a linguistic area in Northern Sub-saharan Africa. In B. Heine & D. Nurse (eds.), A Linguistic Geography of Africa. Cambridge University Press, Cambridge. pp

58 Langues bantoues Nord avec consonnes labio-vélaires Les codes des langues sont ceux de Guthrie, révisés par Maho (2005)

59 Les battements labials, une caractéristique d’une subpartie de la zone soudanique Güldemann T The Macro-Sudanic belt: towards identifying a linguistic area in Northern Sub-saharan Africa. In B. Heine & D. Nurse (eds.), A Linguistic Geography of Africa. Cambridge University Press, Cambridge. pp

60 Les voyelles nasales sont particulièrement courantes dans les langues de la partie occidentale de la ceinture soudanique de l'Afrique Dans un échantillon de 150 langues africaines et de 345 langues non africaines, nous trouvons la distribution suivante : Voyelles nasales et langues «sans consonnes nasales» langues africaines avec des voyelles nasales : 26.7 % ceinture soudanique : 34 % ailleurs en afrique : 6 % langues non-africaines avec voyelles nasales : 21.2% source : Clements & Rialland 2008

61 Distribution géographique des voyelles nasales (cercles noirs) dans un échantillon de 150 langues africaines. Le pointillé entoure la région où se trouvent les langues « sans consonnes nasales »

62 Les langues « sans consonnes nasales » A l 'intérieur de cette zone, se trouvent les langues dites « sans consonnes nasales », c'est-à-dire dans lesquelles les consonnes nasales n'ont pas de statut phonémique. Libéria: kpelle (famille mandé); grebo, klao (famille kru) Burkina Faso: bwamu (famille gur) Côte d'Ivoire: dan, guro-yaoure, wan-mwan, gban/gagu, toura (famille mandé); senadi/senoufo (famille gur); nyabwa, wè (famille kru); ébrié, avikam, abouré (famille kwa) Ghana: abron, akan, éwé (famille kwa) Togo, Bénin: gen, fon (famille kwa) Nigéria: igbo de mbaise, ikwéré (famille benue-congo) Rép. Centrafricaine : yakoma (oubangi)

63 Une étude de cas: l'ikwéré (benue-congo Nigéria) Les consonnes: réalisations phonétiques devant V ou VN devant V devant VN

64 Implosives et autres consonnes nonobstruantes Les occlusives nonobstruantes sont des sons produits sans qu’il y ait d’augmentation de pression d’air dans la cavité orale (Stevens 1983). Comme il n’y a pas d’augmentation de pression, il n’y a pas d’explosion au relâchement. La classe des occlusives nonobstruantes comprend à la fois des occlusives implosives, produite avec une pression d’air négative derrière l’occlusion primaire, et des occlusives non explosives, impliquant une pression d’air ni positive ni négative et n’ayant pas de burst au moment du relâchement (comme en Ikwere: Clements & Osu 2002).

65 Les consonnes /ˆ/ et /'ˆ/ sont des non obstruantes /aba/ (obstruante) /aˆa/ (non obstruante) 1. Comparaison de /b/ et /ˆ/ : absence d'augmentation de pression d'air dans cette dernière signal audio débit oral pression orale

66 Les consonnes /ˆ/ et /'ˆ/ sont des non obstruantes /apa/ (obstruante)/a'ˆa/ (non obstruante) 2. Comparaison de /p/ et /'ˆ/ : pression d'air négative dans cette dernière signal audio débit oral pression orale

67 Comment la non-obstruance est-elle réalisée ? (2)

68 La non-obstruance se manifeste souvent par un voisement plus fort /aba/ (obstruante) /aˆa/ (non obstruante)

69 Revenons à la nasalisation... Les paires de consonnes appariées sont en distribution complémentaire et constituent de simples phonèmes (= segments sous-jacents).

70 Analyse des réalisations nasales en ikwéré - les réalisations nasales sont crées par une règle de nasalisation qui propage la nasalisation de la voyelle sur la consonne [+nasal] C V - les obstruantes sont « protégées » par l'interdiction de la combinaison de traits * [+nasal, +obstruant] et ne se nasalisent pas

71 Distribution des occlusives implosives Texte incluant sans doute des occlusives non obstruantes

72 Occlusives implosives: une zone de quasi-exclusion

73 Annie Rialland et George N. Clements, Sons africains, Faits de langue, 2011 Codage des langues : Y = Yoruboid E = Edoid J = Ijoid G = Igboid C = Cross River Le delta du Niger Codage des couleurs : marron = lg sans implosives bleu = lg avec implosives blanc = manque d’information

Distribution des systèmes vocaliques avec 1 ou 2 séries de voyelles hautes Systèmes vocaliques avec 2 séries de voyelles hautes = harmonie ATR

76 Distribution des langues avec 3, 4 et 5 tons contrastifs Carte basée sur un échantillon de 76 langues

77 Côte d'Ivoire 3 familles Kru Kwa Mande S. E.

78 Nigeria-Cameroun 2 Familles Adamawa-Ubangi Benue-Congo

79 Soudan 1 Famille Omotique

80 Une des origines de tons additionnels dans un système: la chute de voyelle GulmancemaMoba a.ò kándì [ka ̋ ndì] ù ka ̋ nt 'il/elle a enjambé…' b.ò kándí [kándí] ù kánt 'il/elle enjambe…' c.(ki ̄ ) bígā bík` 'l’enfant' d.(kú) fàagū fàòg` 'la feuille'

81 RESUME La mélodie de question «relâchée» constitue un trait aréal de la zone soudanique. Cette même zone soudanique est également caractérisée par: - les battements labials (pour une sub-partie de la zone) - les occlusives labio-vélaires - les voyelles nasales et les langues «sans consonne nasale» - les implosives - le trait ATR (dans certaines sub-parties) - des systèmes tonals avec trois tons ou plus