Etude sur la violence des patients envers les professionnels au Centre hospitalier départemental Georges Daumezon
Sommaire Le CHD en quelques lignes L’Etude sur la violence Constats de départ Mise en place de l’étude Les données essentielles du rapport Perspectives Le dispositif gestion des évènements indésirables Analyse des causes Exemple d’un EIG de violence Méthode ALARM
Le CHD en quelques lignes une population de 540 000 habitants 7 secteurs de psychiatrie générale, 2 de psychiatrie infanto-juvénile (- de 16 ans) Des pôles cliniques offrant des prises en charge diversifiées Un travail en équipe pluridisciplinaire
Le CHD en quelques lignes 202 lits hospitalisation temps complet 194 places File active globale adulte: 11 212 File active globale infanto–juvénile: 2 120 Environ 13 000 patients suivis dans une année dont ± 2200 en HTC (75 % en HL, 25 % en soins sous contrainte) 1041 agents dont 711 soignants et médico-techniques 60 ETP médicaux
Alternative à l’hospitalisation Unité Hospitalisation Temps Complet Crise Insertion/Projet de vie Hôpital de Jour Soins de jour à temps partiel Thérapie de groupes Médiations thérapeutiques en lien avec l’HTC et l’ambulatoire Centre Médico Psychologique Soins de proximité Accueil, orientation Coordination Consultations Alternative à l’hospitalisation Objectif : réinsérer, évaluer l’autonomie du patient dans les actes de la vie courante . Elaborer et mettre en œuvre le projet de soins Appartements thérapeutiques Appartements d’insertion Accueil familial thérapeuthique
Etude sur la violence au CHD
Constats de départ En 2011, une enquête rétrospective approfondie des situations de violence rencontrées au cours du 1er semestre 2011 réalisée par un interne du DIM Constat une sous déclaration des actes de violence Beaucoup d’événements ne font pas l’objet d’une FEI : dès lors qu’ils ont été correctement gérés par les soignants et n’ont pas eu de conséquence grave. lorsque les violences sont récurrentes et proviennent d’un même patient, considéré comme durablement difficile.
Constats de départ Facteurs déclenchant ou causes prévalentes : l’alcool et les drogues illicites, les frustrations induites par le rappel du cadre thérapeutique ou règle de fonctionnement des UF les éléments liés à l’organisation des soins en terme d’effectifs et de disponibilité des professionnels
Autres constats faits par le CHSCT Constats de départ Autres constats faits par le CHSCT Fausses idées reçues = freins à la déclaration « Ça ne sert à rien de déclarer les situations de violence : pas de changement » « La violence c’est inhérent à la fonction de soignants » « C’est à la victime de faire la déclaration ». « Qu’est-ce que je risque si je fais la déclaration à la place de la victime ? » « Les victimes de violence ne déclarent pas car elles ont un sentiment de culpabilité, d’échec » « Le cadre « fait barrage » à la déclaration parce qu’il souhaite que les dysfonctionnements soient réglés en interne. »
Constats de départ
Mise en place de l’étude sur la violence 2013 : A l’initiative du CHSCT, mise en place d’une étude au sein de l’établissement sur les situations de violence Groupe pilote issu du CHSCT composé d’un représentant médical, de la direction du personnel et du projet social, la direction de la qualité, la direction des soins, la médecine du travail et les représentants du personnel siégeant au CHSCT
Missions du groupe pilote Mise en place de l’étude sur la violence Missions du groupe pilote Recueillir les éléments relatifs aux situations de violence Analyser ces éléments Emettre des propositions et recommandations
Objectifs de la démarche Mise en place de l’étude sur la violence Objectifs de la démarche Disposer d’une vision précise et fiable des situations de violence de façon à identifier des axes de prévention et d’amélioration de la prise en charge de ces situations.
Mise en place des outils Mise en place de l’étude sur la violence Mise en place des outils Elaboration d’une fiche de signalement spécifique « situation de violence des patients ou proches envers le personnel» Réalisation d’un questionnaire d’analyse des situations de violence Diffusion d’une charte d’incitation de signalement des évènements indésirables ou risques Communication large sur cette démarche : Rencontre de l’ensemble des services de soin
Mise en place de l’étude sur la violence Fonctionnement FEI Violence Entretien avec la cadre, le médecin et les personnes victimes ou témoins de la situation pour affiner le recueil et analyser la situation Outil : questionnaire d’analyse Rédaction du rapport d’entretien par les « enquêteurs » Validation par le chef de pôle et l’équipe 30 rapports d’entretien ont fait l’objet d’une analyse par le groupe violence . Le rapport d’analyse a été validé par le CHSCT
Mise en place de l’étude sur la violence Questionnaire d’analyse L’agresseur (grade, ancienneté dans la psychiatrie, ancienneté dans le service, formation violence, lien avec le patient) La victime (sexe, situation familiale/professionnelle, statut, patient connu, pathologie, mode d’hospitalisation, motif, durée d’hospitalisation, programme de soin) Avant le passage à l’acte (situation du patient dans le service, comportement précurseur, les antécédents, bonne compliance au TTT) Passage à l’acte (nature de l’agression, localisation, date, catégorisation de l’agression, intervention) Apres l’acte (plan de soutien victime, suite donnée pour le patient, sentiment a posteriori pour la victime et pour le patient)
Groupe de prévention des situations de violence Modalités de l’étude 30 premières FEI Entre le 25 mai 2013 et le 27 août 2013 19 Services: DDPS, bureau des entrées, guichet unique, CAPA, NERVAL, CMP (Saint Marc, Chanzy), hôpitaux de jour (Emile Zola, Chateauneuf), HTC (Van Gogh, Chaslin, Morel, Moreau de Tours, Seglas, Féré, Mézie, Morel, USA, UHSA) 81 professionnels rencontrés: AAH, adjoint administratif, adjoint des cadres, aide-soignant, ASH, cadre de santé, cadre supérieur de santé, directeur adjoint, éducateur spécialisé, infirmier, interne, praticien hospitalier 10/06/2014 Groupe de prévention des situations de violence
Les données essentielles du rapport
Les personnes concernées par cette étude 31 auteurs d’agression 49 victimes
Les auteurs d’agression 74,2% patients hospitalisés 12,9% sont des familles 9,7% sont des patients non hospitalisés 3,2% résident au CAPA (EHPAD) 48,4% sont des hommes entre 15 et 55 ans 58,1% agression verbale 25,8% agressions verbale et physique
Parmi les patients hospitalisés « agresseurs » 74% avec antécédents de violence (type agression 38,9%) 84,6% connus par le service déclarant Évolution des troubles: 46,2% : non stabilisée, 23,1% : aigue, Compliance au traitement: difficile: 30,7% Résultats IPAQSS 2013 - CME du 9 septembre 2014
Parmi les patients hospitalisés « agresseurs » Notion d’antécédents de consommation de toxiques: 61,5%, cannabis : 37,9%, autres drogues dures: 24% (héroïne, cocaïne, crack, extasy) alcool : 17,2%. Patients atteints de troubles psychiatriques avec une problématique de consommation de toxiques. Difficulté de faire respecter le contrat de soins ou les consignes pour ces patients et interrogation sur CAT Dans certaines situations, les soignants identifient le patient comme trafiquant lui-même. Résultats IPAQSS 2013 - CME du 9 septembre 2014
Parmi les patients hospitalisés « agresseurs » 66,7%: réaction agressive suite à une frustration ou un rappel du cadre suite à une consigne donnée au patient (liberté d’aller et venir, règlement intérieur du service , accès au téléphone…) Signes précurseurs: 80,6%
Les victimes 67,3% sont des femmes 75,5% professions paramédicales Ancienneté dans le service de 1 à 5 ans pour 44, 9% Ancienneté en psychiatrie de : Supérieur à 10 ans pour 38,8% 1 à 5 ans pour 34,7% 55,1% absence de formation spécifique sur la violence Le dépôt de plainte n’est jamais envisagé
Suites données Plan de soutien immédiat : Accompagnement par les collègues : 65,3% Reprise avec le cadre de proximité : 42,9% Pas de reprise : 18,4% Sentiment de banalisation de la violence Plan de reprise, élaboration par le service Réunion clinique : 38,8% Lors de la relève : 20,4% Pas de reprise : 38,8% Les victimes expriment des attentes en termes de reprise
Pistes de réflexion: un processus Créant une dynamique déclinable sur 3 niveaux : Institution Pôle Equipe Avec un fil conducteur s’articulant autour du développement de la clinique et la vigilance collective dans 3 dimensions 10/06/2014 Groupe de prévention des situations de violence
Synthèse de la démarche Axe préventif : Développement théorique de la clinique et de la vigilance collective Axe gestion de crise/débriefing optimiser/harmoniser/définir une politique commune et partagée sur la gestion de la crise (post-situation de violence à chaud) Axe « analyse des pratiques» (post-crise) Echanges professionnels sur la clinique et la vigilance collective (déclinaison polaire Suivi et Evaluation Communication des résultats de l’enquête sur les FEI violence Définition de la politique de développement de la clinique et de la vigilance collective Suivi des indicateurs Mise en œuvre des actions d’amélioration 10/06/2014 Groupe de prévention des situations de violence
Analyse systémique des causes des évènements de violence
Analyse des causes Organisation GDR au CHD Evènement critique Analyse des causes systémique Utilisation d’un outil d’analyse des causes : Arbre des causes, ALARM, 5M Avec l’équipe médicale et soignante Propositions d’actions d’amélioration
Exemple d’un EIG de violence Un patient de18 ans en SDRE en permission n’a pas réintégré son unité. Jusqu’à présent, la réintégration se faisait par l’équipe et se passait bien. La mère de ce patient contacte le service car elle s’inquiète pour son fils Un IDE et une aide soignante se détachent pour aller récupérer le patient à son domicile. Ils le retrouvent au milieu d’un groupe. Ils se retrouvent vite encerclés par le groupe de personnes dont l’une d’entre elle a un fusil avec lequel elle joue en vue d’intimider les soignants. Les soignants poursuivent malgré tout la discussion avec le patient pour l’inciter à les suivre. L’aide soignante se fait alors bousculer et frapper. Les soignants s’enfuient et repartent au CHD. Après appel du cadre de garde, 5 équipes de policiers ont été mobilisées en vue d’opérer la réintégration du patient Les 2 soignants ont été choqués par cet événement. Une déclaration d’accident du travail a été réalisée. Ils n’ont pas porté plainte de peur que les individus aient connaissance de leurs coordonnées personnelles.
Méthode ALARM 1er problème identifié : Violence survenue à l’occasion de la réintégration du patient Procédure : la réintégration des patients sous contrainte pas suffisamment formalisée. Organisation : Les soignants ne connaissaient pas suffisamment la situation du patient du fait de la réorganisation du pôle Professionnels : Les soignants poursuivent la discussion avec le patient alors que la situation s’avère dangereuse Environnement : la visite à domicile s’est faite le soir et dans un quartier jugé à risque
Méthode ALARM 2ème problème identifié : Pas de rappel à la loi pour le patient et ses proches par rapport à cet évènement Procédure : Pas de procédure claire sur la possibilité d’inscrire les coordonnées de l’établissement lors d’un dépôt de plainte pour un événement de violence survenu dans le cadre de ses missions.
Méthode ALARM Plan d’actions : Actions prioritaires Formaliser les modalités de réintégrations des patients selon ses modalités d’hospitalisation et la période (ouvrable et non ouvrable). le principe = les forces de l’ordre sont systématiquement appelées pour les réintégrations de SDRE sauf exception qui doit être argumentée et appréciée par le directeur de garde le PH de garde et le cadre . Définir avec les forces de l’ordre les modalités de dépôt de plainte pour un événement de violence survenu dans le cadre des missions des professionnels. Communiquer sur ses modalités auprès des professionnels.
Conclusion Démarche réalisée avec le CHSCT, la direction des soins et la direction de la qualité Légitimité de la démarche dans les unités L’entretien réalisé par des personnes tiers au service a apporté un regard extérieur Bon accueil dans les services du nombre de déclarations des situations de violence = de la culture de gestion de risque
Non en s’éloignant de l’homme… Mais en tentant de s’en rapprocher… Nous avons choisi une profession avec le désir d’en diminuer progressivement le danger… Non en s’éloignant de l’homme… Mais en tentant de s’en rapprocher… Guy BAILLON
Merci de votre attention