La question de l'autorité à l'école Problématique 1-Qu'est-ce que l'autorité ? Une question sociale et politique : la légitimité du pouvoir Une question psychologique : le rapport au pouvoir Une définition : se faire obéir sans recours à la force ou à la persuasion La crise de l'autorité : le « désenchantement du monde »  2-L'autorité en éducation Les français et l'autorité éducative : le « retour de l'autorité » ? Deux thèses : l'oppression et l'émancipation Une dissymétrie anthropologique : naître et « arriver au monde » Une obligation morale : transmettre et protéger le monde La difficulté d'éduquer aujourd'hui : le renversement de l'orientation historique La démission de l'autorité des adultes : la « tyrannie de la majorité » 3-L'autorité à l'école Les élèves et l'autorité : l'ambivalence Le professeur et l'autorité : être, faire et avoir Le professeur et l'éducateur : compétence et responsabilité La démission de l'autorité du professeur : « l'école de l'inégalité » Conclusion

Il ne saurait y avoir de transmission des valeurs sans un renforcement des maîtres, de leur autorité. Je veux insister là-dessus. Parce que le maître n'est pas une personne comme les autres, l'enseignant n'est pas un fonctionnaire comme les autres, il a ce que d'autres n'ont pas. Il a une responsabilité, il a un savoir, il a aussi une mission qui lui est confiée par la République. (...) Je l'indique ici et pas parce que nous sommes dans cette circonstance, parce que c'est là encore ma conviction et mon rapport avec l'école : tout comportement mettant en cause les valeurs de la République ou l'autorité du maître ou du professeur fera l'objet d'un signalement au chef d'établissement. Aucun incident ne sera laissé sans suite.(...) C'est en faisant en sorte que l'autorité soit respectée, celle du maître, que nous pourrons aussi veiller à ce que les valeurs de la République soient partagées et renforcées. François Hollande, Président de la République française, Voeux au monde éducatif, 21 janvier 2015

L'autorité et l'éducation Que faut-il apprendre aux enfants ? Enquête TNS-SOFRES septembre 2009 Le respect des autres 64% Le respect de l'autorité et des règles 41% (53% pour les employés) Les bonnes manières, la politesse 40% (51% pour les ouvriers) (…) Un savoir, une culture 24% (37% pour les cadres) La foi en Dieu 4% (1% chez les cadres)

L'autorité et l'éducation « Affranchi de l'autorité des adultes, l'enfant n'a donc pas été libéré, mais soumis à une autorité bien plus effrayante et vraiment tyrannique : la tyrannie de la majorité. En tout cas, il en résulte que les enfants ont été pour ainsi dire bannis du monde des adultes. Ils sont soit livrés à eux-mêmes, soit livrés à la tyrannie de leur groupe, contre lequel, du fait de sa supériorité numérique, ils ne peuvent se révolter, avec lequel, étant enfants, ils ne peuvent discuter, et duquel ils ne peuvent s'échapper pour aucun autre monde, car le monde des adultes leur est fermé. Les enfants ont tendance à réagir à cette contrainte soit par le conformisme, soit par la délinquance juvénile et souvent par un mélange des deux. » Hannah Arendt, « La crise de l'éducation », p. 233

Les élèves et l'autorité Les élèves de collège et l'autorité. Enquête CREDOC décembre 2003 Le mot « autorité » est plutôt positif pour 70% des collégiens Mais si on dit que « le prof a de l'autorité », c'est positif pour 83% Pour ceux-là, les preuves d'autorité du prof sont : « avec lui, on connaît les limites à ne pas franchir » 53% « dans sa classe, il n'y a jamais de chahut » 42% « avec lui, toute la classe apprend bien » 38%

Paroles d'élèves « Un professeur qui a de l'autorité, pour moi, c'est un professeur qui ne me comprends pas qui n'arrête pas d'effrayer les élèves, avec lequel il n'y a pas de lien d'amitié. C'est un professeur qui ne veut qu'une seule chose : qu'on travaille bien. » « Dès le premier jour, il donne des règles et il les applique strictement. Nous avons un texte sur les règles de vie qu'il nous a expliqué. Nous l'avons signé ainsi que nos parents et le professeur principal. Les sanctions ne sont pas directes. Il nous prévient, puis il met ensuite la sanction sans discuter avec nous. Il est sévère dès le début. Sévère mais juste. » Cahiers pédagogiques n°426, 2004, « L'autorité »

Rapport au monde ou au savoir ? « Dans le cas de l'éducation, la responsabilité du monde prend la forme de l'autorité. L’autorité de l’éducateur et les compétences du professeur ne sont pas la même chose. Quoiqu’il n’y ait pas d’autorité sans une certaine compétence, celle-ci, si élevée soit-elle, ne saurait jamais engendrer d’elle-même l’autorité. La compétence du professeur consiste à connaître le monde et à pouvoir transmettre cette connaissance aux autres, mais son autorité se fonde sur son rôle de responsable du monde. Vis-à-vis de l'enfant, c'est un peu comme s'il était un représentant de tous les adultes, qui lui signalerait les choses en lui disant : Voici notre monde. » Hannah Arendt « La crise de l'éducation » in La crise de la culture, Folio essais, p. 243

Rapport au monde ou au savoir ? « Pas d’accès à l’humanité sans heurt avec l’extériorité violente d’une organisation (la culture) dont la cohérence nous précède. » « C'est ce rapport que doit explicitement se proposer pour cible l'intervention pédagogique qui, si elle renonce à se présenter comme entreprise de médiation avec une norme expressément posée et reconnue, abandonne en réalité l'entrée des individus dans la culture constituée au hasard des rencontres interpersonnelles et par conséquent, pour l'essentiel, aux mécanismes du privilège social. Au bout de la pédagogie sans violence, il y a l'école de l'inégalité. » Marcel Gauchet La démocratie contre elle-même, Folio-essais