Le raisonnement économique © Yvan Péguiron – HEP Lausanne – nov. 2008
Le raisonnement économique Avoir un raisonnement économique, c’est procéder à partir de paraboles simples, aux hypothèses rudimentaires, pour essayer de saisir la logique et les mécanismes génériques d’un phénomène ou d’une situation que l’on peut ensuite facilement illustrer par la méthode graphique. Les raisonnements basiques de nature microéconomique, permettent de “raconter des histoires” qui peuvent être très éclairantes sur le plan heuristique ( qui sert à la découverte ). La puissance heuristique des concepts économiques de base tels que ceux de coûts d’opportunités, d’avantages comparatifs, de bénéfices et de coûts marginaux, etc., est réelles et permet d’éclairer simplement beaucoup de phénomènes économiques. L’économie ne s’arrête évidement pas à ces raisonnements de base. Reconnaître leur intérêt ne remet pas en cause la multitude des méthodes qui peuvent être ensuite utilisées pour étudier les phénomènes économiques.
Le raisonnement économique Les choix et les compromis Du beurre ou des canons Les choix stratégiques Le dilemme du prisonnier Induction, déduction Des enchaînements logiques pour des conclusions opposées ! Cas « Effets de la baisse des salaires sur l’emploi »
Le raisonnement économique I
Les choix et les compromis La rareté impose des choix, et choisir signifie ne retenir qu’une possibilité parmi d’autres. Un choix est donc un compromis car il signifie le renoncement à d’autres choses. Le compromis du beurre ou des canons (ou n’importe quelle paire de biens et services) illustre la dure réalité de notre vie : si nous voulons une chose ou davantage d’une chose, nous devons renoncer à autre chose. La notion de compromis est centrale dans le raisonnement économique. On peut ramener toutes les grandes questions micro ou macroéconomiques à des questions de compromis.
La courbe des possibilité de production BeurreCanons Possibilités (en tonne)(unités) A015 B114 C212 D39 E45 F50 Beurre (en tonnes) Canons A B C F Z D E Réalisable Irréalisable Gaspillage CP P CPP : la Courbe des Possibilités de Production révèle les limites de la capacité de production des deux biens, compte tenu des ressources totales disponibles pour les produire. Au point Z par exemple, la production est inefficace parce que certaines ressources sont soit gaspillées, soit mal allouées, ou les deux. Tout choix qui se situe le long de la CPP suppose un compromis
Le coût d’opportunité BeurreCanons Possibilités (en tonne)(unités) A015 B114 C212 D39 E45 F50 Beurre (en tonnes) Canons A B C F D E Le coût d'opportunité d'un bien est la quantité de l'autre qu'il faut sacrifier pour obtenir une unité supplémentaire du premier bien. On peut mesurer le coût d'opportunité d'un bien en diminuant sa quantité. Alors, son coût est la quantité de l'autre qu'on obtient. Idée centrale de l’économie : tout choix entraîne un coût. Entre C et D le coût d’opportunité d’une tonne de beurre est de 3 canons 3/1
Beurre (en tonnes) A B C F D E Il faut sacrifier 5 canons pour obtenir une tonne de beurre supplémentaire Le coût d'opportunité (ou coût d'option) mesure la perte des biens auxquels on renonce en affectant les ressources disponibles à un usage donné. C'est le coût d'une chose estimé en termes d'opportunités non-réalisées, ou encore la valeur de la meilleure autre option non-réalisée. Le coût d’opportunité
Les avantages comparatifs Exemple en images :
Les avantages comparatifs
Le raisonnement économique Bien que ces travaux aient toujours confirmé les résultats de Ricardo, ils en ont précisé certains aspects, et, ce faisant, ont levé de nouvelles problématiques. À titre d’exemple, la théorie montre que l’ouverture commerciale accroît la richesse nationale, mais aussi qu’elle en modifie la répartition au détriment de certains agents économiques, peut-être les plus pauvres. La théorie de l’avantage comparatif explique que, dans un contexte de libre-échange, chaque pays, s’il se spécialise dans la production pour laquelle il dispose du coût d’opportunité le plus favorable ou le moins faible, comparativement à ses partenaires, accroîtra sa richesse nationale. Réflexion :
Sophisme de la vitre cassée Sophisme énoncé par l'économiste Frédéric Bastiat en 1850, afin d'illustrer la notion de coût d'opportunité, en particulier l'importance des coûts cachés de toute décision économique. Bastiat reconnaît que le coût de réparation de la vitre (six francs de l'époque) bénéficie bien directement à l'industrie vitrière (« ce qui se voit »), mais il s'oppose à la conclusion qu'il en résulte un bénéfice pour l'industrie tout entière, car cela néglige les autres usages qui auraient pu être faits de ces six francs (« ce qui ne se voit pas »). Ce sophisme se rencontre couramment, par exemple : « Les guerres, les catastrophes naturelles, font augmenter le PIB. » ; « La consommation de médicaments fait augmenter le PIB ». Le fils de « Jacques Bonhomme » casse un carreau de vitre. Réaction des badauds : « À quelque chose malheur est bon. De tels accidents font aller l'industrie. Il faut que tout le monde vive. Que deviendraient les vitriers, si l'on ne cassait jamais de vitre ? »
Le raisonnement économique II
Les choix stratégiques En économie, tous les agents sont interdépendants et chacun doit tenir compte du comportement anticipé des autres. La fixation des prix dans un duopole ou dans un oligopole est régie par une stratégie que le jeu du dilemme du prisonnier permet de comprendre.
Le dilemme du prisonnier Deux suspects, Albert et Bertrand, sont arrêtés par la police. Mais les agents n'ont pas assez de preuves pour les inculper, alors ils les interrogent séparément en leur faisant la même offre. Si tu dénonces ton complice et qu'il ne te dénonce pas, tu seras remis en liberté et l'autre écopera de 10 ans de prison. Si tu le dénonces et lui aussi, vous écoperez tous les deux de 5 ans de prison. Si personne ne se dénonce, vous aurez tous deux 6 mois de prison. Les stratégies d’Albert Les stratégies de Bertrand Se taireDénoncer Se taire Dénoncer
Le dilemme du prisonnier Deux suspects, Albert et Bertrand, sont arrêtés par la police. Mais les agents n'ont pas assez de preuves pour les inculper, alors ils les interrogent séparément en leur faisant la même offre. Si tu dénonces ton complice et qu'il ne te dénonce pas, tu seras remis en liberté et l'autre écopera de 10 ans de prison. Si tu le dénonces et lui aussi, vous écoperez tous les deux de 5 ans de prison. Si personne ne se dénonce, vous aurez tous deux 6 mois de prison. 6 mois 10 ans liberté5 ans Résultats pour Albert Albert Bertrand Albert C’est B C’est A
Le dilemme du prisonnier Deux suspects, Albert et Bertrand, sont arrêtés par la police. Mais les agents n'ont pas assez de preuves pour les inculper, alors ils les interrogent séparément en leur faisant la même offre. Si tu dénonces ton complice et qu'il ne te dénonce pas, tu seras remis en liberté et l'autre écopera de 10 ans de prison. Si tu le dénonces et lui aussi, vous écoperez tous les deux de 5 ans de prison. Si personne ne se dénonce, vous aurez tous deux 6 mois de prison. 6 mois 0 10 ans 5 ans 10 ans 0 Les stratégies d’Albert Les stratégies de Bertrand Se taireDénoncer Se taire Dénoncer
Le dilemme du prisonnier Les deux complices vont probablement se dénoncer et écoper de 5 ans de prison chacun. Cet exemple montre que lorsque chacun poursuit son intérêt individuel, le résultat obtenu n’est pas optimal. 6 mois 0 10 ans 5 ans 10 ans 0 Les stratégies d’Albert Les stratégies de Bertrand Se taireDénoncer Se taire Dénoncer
Le dilemme du prisonnier Exemple économique : Deux entreprises, X et Y font deux produits semblables. La demande est de 6000 pièces par semaine. X et Y s’entendent pour ne produire que 2000 pièces chacune au prix de 9’000.- $. Cette production permet un profit unitaire de 1’000.- $. Pour que le prix reste à 9’000.- $, la production ne doit pas dépasser les 4000 pièces. Comme le prix dépasse le coût marginal. L’une et l’autre des entreprises peut être tentée d’accroître son profit en trichant – c’est-à-dire en produisant davantage que la quantité convenue. Source : Parkin & Bade, éd. ERPI
Deux entreprises, X et Y font deux produits semblables. La demande est de 6000 pièces par semaine. X et Y s’entendent pour ne produire que 2’000 pièces chacune au prix de 9’000 $. Cette production permet un profit unitaire de 1’000.- $. Les stratégies de X Les stratégies de Y TricherieEntente Tricherie Entente Le dilemme du prisonnier
Entreprise X
Deux entreprises, X et Y font deux produits semblables. La demande est de 6000 pièces par semaine. X et Y s’entendent pour ne produire que 2’000 pièces chacune au prix de 9’000 $. 0 $ -1M $ +4,5M $ +2M $ +4,5M $ -1M $ Les stratégies de X Les stratégies de Y TricherieEntente Tricherie Entente Voilà pourquoi les entreprises ont tout intérêt à respecter leurs ententes Le dilemme du prisonnier
Le raisonnement économique III
Induction, déduction Développement d’une théorie Théorie Hypothèse Modèle Observation Raisonnement inductif Vérification d’une théorie Théorie Hypothèse Observation Confirmation Raisonnement déductif Recherche de lois générales à partir de l’observation de faits particuliers. Les conclusions sont plus spécifiques que les prémisses Les conclusions sont plus générales que les prémisses
Induction, déduction
1. Le raisonnement déductif : C’est un mode de raisonnement qui consiste à appliquer des règles et à utiliser des connaissances établies pour résoudre des problèmes particuliers. On part donc de principes, de règles ou de concepts généraux pour finalement les appliquer à des cas particuliers. Exemple : L’enfant utilise la règle de l’accord du participe passé avec avoir pour accorder les participes passés dans une phrase. 2. Le raisonnement inductif : C’est un mode de raisonnement qui consiste à inférer de nouvelles connaissances au départ d’observations (faits, exemples, …) et correspond à une démarche de généralisation. Il s’agit donc de découvrir la règle, le principe général, le théorème,… à partir d’exemple particulier. Exemple : Après avoir relevé dans un texte tous les participes passés conjugués avec être, les enfants sont amenés à formuler une règle permettant de les accorder correctement.
Hypothético-Déduction Concept : raisonnement hypothético-déductif Définition Le raisonnement hypothético-déductif est la capacité qu'a l'apprenant de déduire des conclusions à partir de pures hypothèses et pas seulement d'une observation réelle. C'est un processus de réflexion qui tente de dégager une explication causale d'un phénomène quelconque. L'apprenant qui utilise ce type de raisonnement commence par formuler une hypothèse et essaie ensuite de confirmer ou d'infirmer son hypothèse.
Hypothético-Déduction A BCD Ci-dessus, il y a 4 hommes enterrés dans le sol jusqu’au cou. Ils ne peuvent pas bouger donc, ils ne peuvent voir que devant eux. Entre A et B il y un mur de ciment au travers duquel on ne peut pas voir. Ils savent que deux d’entre-eux portent un chapeau noir et les deux autres portent un chapeau blanc (2 chapeaux blancs et 2 chapeaux noirs au total). Mais ils ne savent pas de quelle couleur ils sont eux-même coiffés. Afin d’éviter d’être fusillé, l’un d’entre eux doit crier au bourreau la couleur de son chapeau. Si ils donnent une fausse réponse, tous seront fusillés. Ils ne sont pas autorisés à se parler et ils ont dix minutes pour trouver la solution. Au bout d’une minute : Lequel d’entre eux appelle de bourreau ? Pourquoi est-il certain à 100% de la couleur de son chapeau ?
Induction TOUT S ’ENCHAINE… BAISSE DES SALAIRES ET EMPLOI… PAS SI SIMPLE... La baisse des salaires et l’emploi Pour certains la baisse des salaires aurait des effets bénéfiques sur l’emploi, pour d’autres des effets négatifs. Pour mener cette réflexion vous allez devoir constituer des enchaînements logiques. 1.Constituez des groupes de 3 à 4 élèves. Nommez un rapporteur. 2.Placez les étiquettes sur la feuille « Baisse des salaires » de manière à réaliser deux enchaînements logiques. 3.Numérotez les flèches de liaison. Un des rapporteurs sera désigné pour présenter ses enchaînements. 4.Pour chaque flèche, trouvez un cas pour lequel l ’enchaînement ne serait pas valable.
Enchaînements REVENUS DISTRIBUES REVENUS DISTRIBUES DEMANDE PRODUCTION REVENUS DISTRIBUES COUTS DU TRAVAIL PRODUCTION DEMANDE Etiquettes à disposition : PRODUCTION EMPLOI PRODUCTION EMPLOI DEMANDE P R I X DEMANDE P R I X
COÛTS DU TRAVAIL DEMANDE PRODUCTION EMPLOI PRIX REVENUS DISTRIBUÉS DEMANDE PRODUCTION EMPLOI PRIX DES SALAIRES
Enchaînements DES SALAIRES Enchaînement 1 Enchaînement 2
Enchaînements DES SALAIRES COUTS DU TRAVAIL COUTS DU TRAVAIL REVENUS DISTRIBUES REVENUS DISTRIBUES Enchaînement 1 Enchaînement 2
Enchaînements
Induction, conclusion INDUCTION Fait no 1 Au Japon on travaille plus d’h/sem. qu’en France Fait no 2 Au Japon il y a moins de chômeurs qu’en France (taux de chômage plus faible) Induction (on généralise) : Plus on travaille d’h/sem., moins il y aura de chômage.
F i n