Affections de l’oreille moyenne et externe Jean-Pierre Cristofari ORL et chirurgie cervico-faciale CHU Bichat - Claude Bernard
Rappel anatomique Oreille externe : pavillon conduit auditif externe tympan
Rappel anatomique Oreille moyenne : constituée par : caisse du tympan cellules mastoïdiennes comprend : la chaîne ossiculaire le nerf facial
Rappel anatomique Oreille interne : comprend le labyrinthe constitué par : la cochlée (audition) le vestibule (équilibre)
Rappel anatomique L’oreille est “creusée” dans la partie supérieure de l’os temporal Cette partie s’appelle le rocher Importance des rapports anatomiques : Boîte crânienne en haut Articulation temporo-mandibulaire en avant Sinus latéral en arrière Carotide interne en dedans Traversé par le nerf facial
Inflammation du conduit auditif externe Causes : traumatisme de la peau du conduit (coton-tige +++) surinfection d’un eczéma furoncle Otite externe
Symptômes : otalgie intense +/- douleur à la mastication +/- écoulement (otorrhée) rarement de signe général Signes cliniques : douleur à la mobilisation du pavillon sténose inflammatoire +/- complète du conduit
Otite externe Sans traitement : évolution en chondrite (inflammation du pavillon) Traitement : antibiothérapie orale (Augmentin®) antibiothérapie locale (Oflocet auriculaire®) calibrage du conduit par un Pop-Oto-Wick® antalgique traitement d’un éventuelle chondrite en hospitalisation
Otite externe Particularité chez le sujet diabètique : toujours se poser la question d’un diabète sous- jacent car dégénérescence possible en otite externe maligne : = ostéite du rocher avec paralysie faciale pronostic vital engagé traitement : hospitalisation antibiothérapie longue > 1 mois équilibration stricte du diabète
Otite moyenne aiguë Inflammation des cavités de l’oreille moyenne (caisse du tympan et cellules mastoïdiennes) Causée le plus souvent par un trouble de l’aération de ces cavités : rhinite et/ou hypertrophie des végétations (enfant) dysfonction de la trompe d’Eustache (adulte) Pathologie de l’enfant
Symptômes : otalgie et fièvre +/- otorrhée (mais dans ce cas douleur moins intense) diarrhée, inappétence, insomnie chez l’enfant Diagnostic porté par l’otoscopie, 3 stades : congestif collecté perforé Otite moyenne aiguë
Tympan normalOtite moyenne aiguë
Traitement : antibiothérapie orale probabiliste antalgique et antipyrétique irrigations nasales antibiothérapie locale utile seulement an cas de perforation contrôle impératif à 3 jours Otite moyenne aiguë
Prélèvement bactériologique = paracentèse. Si : âge < 3 mois échec d’un traitement antérieur OMA compliquée fièvre mal tolérée Otite moyenne aiguë
Complications : mastoïdite +++ ostéite de la mastoïde oedème rétro-auriculaire traitement chirurgical (mastoïdectomie) labyrinthite (surdité, vertige) paralysie faciale thrombo-phlébite cérébrale Otite moyenne aiguë
Sous-entend otite chronique moyenne Processus inflammatoire > 3 mois Mode de révélation très riche : otorrhée surdité gêne paralysie faciale vertige complication endo-crânienne Otite chronique
Regroupe 3 entités : OC ouverte OC cholestéatomateuse (OC fibroadhésive) à part : otite séro-muqueuse Otite chronique
Causée par une perforation du tympan Souvent séquelle d’otites moyennes aiguës répétées dans l’enfance Révélée par otorrhée et surdité Complications à long terme : épidermose (épiderme dans la caisse) tympanosclérose (plaques calcaires) labyrinthisation (atteinte de l’oreille interne) Otite chronique ouverte
Perforation tympanique
Traitement : chirurgical bilan pré-opératoire : audiogramme scanner des rochers menée sur une oreille sèche consiste en : exploration de la caisse fermeture de la perforation par de l’aponévrose temporale Otite chronique ouverte
“Poche de peau” derrière le tympan Causée le plus souvent par une atélectasie (aspiration) du tympan dans la caisse Plus rarement : iatrogénique (cellules épidermiques “oubliées” par le chirurgien) congénital Otite chronique cholestéatomateuse
Formation d’une poche cholestéatomateuse Otite chronique cholestéatomateuse
Cholestéatome congénitalCholestéatome acquis
Pathologie dangereuse car évolution invasive du cholestéatome avec lyse possible de : osselets (surdité de transmission) oreille interne (surdité de perception) nerf facial (paralysie faciale) toit du rocher (abcès cérébral) Le pronostic vital est donc engagé à long terme Otite chronique cholestéatomateuse
Traitement chirurgical en 2 temps Bilan pré-opératoire : audiogramme scanner des rochers (bilan lésionnel, anatomie) Otite chronique cholestéatomateuse
Coupes axiales
Coupes frontales
1ère intervention = chirurgie de propreté : double voie d’abord le plus souvent (conduit auditif externe et masto-antro-atticotomie en arrière) exérèse du cholestéatome et de la poche de rétraction sacrifice des structures envahies par le cholestéatome (osselets) fermeture et renforcement du tympan (éviter une nouvelle rétraction) Otite chronique cholestéatomateuse
2ème intervention = chirurgie fonctionnelle : souvent appelée “second look” 1 an après la première intervention buts : s’assurer de l’absence de récidive rétablir l’audition si nécessaire (en cas de sacrifice des osselets)par une prothèse ossiculaire Otite chronique cholestéatomateuse
Risques du traitement chirurgical : atteinte du nerf facial (paralysie) cophose (surdité complète) plus rarement : brèche méningée N. B. = risques de la chirurgie otologique en général Otite chronique cholestéatomateuse
Epanchement rétro-tympanique de liquide séreux Succède généralement à une otite moyenne aiguë Pathologique au-delà de 3 mois Rencontrée le plus souvent chez l’enfant mais parfois aussi chez l’adulte (dysfonction tubaire, cancer du cavum) Otite séro-muqueuse
Complications : surdité (préjudiciable à l’acquisition du langage) surinfections répétées (otite moyenne aiguë) évolution possible vers une otite chronique Otite séro-muqueuse
Traitement : de la cause du trouble de l’aération (végétations chez l’enfant = adénoïdectomie) et la pose d’aérateurs trans-tympaniques drains de Shepard (“yoyo”) T-tubes Otite séro-muqueuse
Aérateur trans-tympanique type “yoyo”
Traumatismes de l’oreille 2 types Traumatisme du conduit auditif externe et/ou du tympan Traumatisme du rocher
Le plus souvent par choc direct (coton-tige) Plus rarement par “blast” Traumatismes du conduit auditif externe
Saignement (otorragie) fréquent et anxiogène Une question : les structures rétro-tympaniques (chaîne ossiculaire et oreille interne) ont-elles été touchées ? Donc toujours rechercher : surdité vertige Traumatismes du conduit auditif externe
Examen otoscopique : difficile et peu contributif en raison des caillots recherche : plaie du conduit (isolée le plus souvent) perforation ou ecchymose du tympan otoliquorrhée (écoulement de liquide céphalo-rachidien par l’oreille) en cas de perforation Traumatismes du conduit auditif externe
Conduite à tenir : si absence de signe d’atteinte labyrinthique : aucune urgence si plaie du conduit isolée : pas d’eau dans l’oreille pendant 7 jours puis consultation ORL si perforation tympanique : idem avec en plus une antibiothérapie locale Traumatismes du conduit auditif externe
Toujours bilan ORL différé (audiogramme +/-scanner) à la recherche d’une atteinte ossiculaire en cas d’atteinte du tympan Aucune urgence à réparer une chaîne ossiculaire Les perforations traumatiques sont d’excellent pronostic (fermeture spontanée) Traumatismes du conduit auditif externe
Risque de fracture du rocher Grave car possibilité d’atteinte de l’oreille interne et de brèche méningée (méningite) Signes constants en cas de fracture : ecchymose mastoïdienne hémotympan (épanchement sanguin rétro-tympanique) otorragie Traumatismes du rocher
Signes de gravité : paralysie faciale initiale (atteinte du nerf facial) vertige et/ou surdité de perception (atteinte de l’oreille interne) otoliquorrhée = écoulement de liquide céphalo- rachidien par l’oreille (brèche méningée) rhinoliquorrhée = écoulement de LCR par le nez (brèche méningée avec écoulement via la trompe d’Eustache) Traumatismes du rocher
La fracture est confirmée par un scanner en urgence : objective le trait de fracture précise le trajet : traverse-t-elle l’oreille interne ? y a-t-il une brèche méningée (air dans la boîte crânienne = pneumencéphalie) ? Traumatismes du rocher
Conduite à tenir : hospitalisation en cas signe de gravité ou au moindre doute surveillance : écoulement de LCR (oreille, nez et gorge) signe de méningite audiogramme épreuves vestibulaires Traumatismes du rocher
Conduite à tenir (suite) : vaccination anti-pneumococcique (Pneumo 23 ® ) et explication des risques de méningite à vie si brèche méningée jamais d’antibioprophylaxie de la méningite fermeture chirurgicale de la brèche si persistance de l’écoulement (mais tarissement spontané le plus souvent) Traumatismes du rocher