de Paolo Ucello (1397-1475), Détrempe sur bois, H 1.82 m; L 3.17 m. La Bataille de San Romano, la contre-attaque de Micheletto da Cotignola de Paolo Ucello (1397-1475), Détrempe sur bois, H 1.82 m; L 3.17 m. Localisation: Musée du Louvre, Aile Denon : http://www.insecula.com/salle/MS00086.html
Le sujet : Il s'agit d'un événement historique du XVe siècle : la victoire des Florentins sur les Siennois. Cette scène de guerre est l'un des épisodes de la bataille de San Romano. Le tableau faisait partie d'un ensemble de trois panneaux commandés par Cosme de Médicis, vers 1456, à Ucello pour immortaliser cette victoire, et destinés à la décoration du palais Médicis à Florence.
Une scène mouvementée ou immobile ? A droite, la masse des guerriers attend l'assaut, la verticalité des lances suggère cette attente. Au centre de la composition, sur son cheval noir cabré, Micheletto da Cotignola donne le signal de l'attaque. Le mouvement s'accélère vers la gauche, les lances s'ouvrent en éventail face à l'ennemi. Ucello veut indiquer dans sa composition un mouvement général donné par la direction des lances, des bannières, la position des chevaux. ce mouvement est suggéré de la droite vers la gauche du tableau par de nombreux éléments. l'attitude des chevaux, surtout, concourt à donner cette impression. La progression est très nette: le cheval de droite est encore solidement campé sur ses pattes ; le cheval blanc, à sa gauche, commence à partir : une de ses pattes est levée, il ne repose donc plus que sur les trois autres. C'est ce cavalier qui marque la rupture entre le groupe au repos et le groupe qui entre en action. Le cheval noir de da Cotignola s'élance, dressé sur ses deux pattes postérieures, mais il est encore retenu par le regard qu'il porte vers l'arrière. Enfin, le cheval brun de gauche est complètement lancé vers l'avant. les chevaux ne sont donc pas perçus séparément les uns des autres, mais comme traversant l'espace du tableau en donnant une sensation d'accélération.
La décomposition d'un mouvement est particulièrement spectaculaire dans le traitement du groupe de cavaliers à gauche : les cinq lances qui s'abaissent progressivement de droite à gauche nous indiquent qu'il y a cinq personnages. Or, nous ne voyons qu'un seul cheval, et l'enchevêtrement des armures rend difficile la visualisation des cinq cavaliers. L'impression que nous avons est donc celle d'un seul cheval monté par un seul cavalier qui exécute une série de mouvements de droite à gauche en rabattant sa lance pour charger. Par ailleurs, les cuirasses des chevaliers étaient recouvertes de feuilles d'argent destinées probablement à produire des effets de réflexion et de multiplication des images. ceci devait encore amplifier l'illusion du mouvement.
Uccello et la perspective au Quattrocento. On sait peu de choses sur Paolo Uccello. Il fut formé très jeune auprès d'un sculpteur, orfèvre et architecte : Ghiberti à Florence. Cette formation fut complétée par un apprentissage de marqueteur et de mosaïste. Cela lui a donné le sens des contours précis, des formes sculptées ou ciselées dans la matière. Uccello, comme tous les peintres de sa génération, cherche à tout comprendre de l'homme et de la nature. Dans cette période, la création artistique coïncide avec les recherches scientifiques. La connaissance de la réalité et sa représentation reposait sur une étude de la perspective. Uccello, dans ce tableau, montre son obsession de la perspective, par le jeu compliqué des formes traitées surtout en raccourci. Celles-ci paraissent encastrées les unes dans les autres.
Niccolò da Tolentino Leads the Florentine Troops, 1450 Tempera on wood, 182 x 320 cm. National Gallery, London