Dialogue face à l’agitation du dément en service de médecine à orientation gériatrique Coumau Daniel *, Naudin Patrice**, Perret Frédéric***, Cramet Bernard*, Ollagnier Bernard* Centre Hospitalier Nord Deux Sèvres : *service médecine site de Thouars, **service médecine site de Parthenay, *** service soins de suite et réadaptation site de Parthenay. L’agitation de la personne démente dans un service de médecine polyvalente à orientation gériatrique n’est pas sans poser quelques problèmes. La tentation est forte d’utiliser d’emblée des contentions physiques et chimiques. En dehors des étiologies organiques nécessitant une prise en charge spécifique, de nombreuses situations peuvent être améliorées par l’instauration d’un dialogue dans un climat de confiance. Pour rentrer en contact avec la personne démente, une communication basée sur l’écoute active est tout à fait appropriée. Elle fait appel à la mémoire émotionnelle restée longtemps intacte. Lorsque la communication verbale est encore possible, faire préciser ce que ressent la personne : qui, quoi, où, comment, quand ? Observer les émotions pour les refléter : regard mimique, respiration, mouvements des mains des membres, attitudes; Rassurer : En reflétant le sentiment perçu, En utilisant le sens privilégié : la vue (« je vois ce qui vous inquiète… »), l’ouie (« j’entends ce que vous dites… »), En réveillant des souvenirs : d’un être cher par une caresse ; de sa jeunesse par une chanson ; d’une ambiance familière par les odeurs,les saveurs, les objets usuels… L’écoute active permet : 1.De définir à qui appartient le problème, permettant de différencier notre problème de celui du patient. 2.De tenter de décoder quelles émotions se cachent derrière l’agitation par une attitude d’écoute chaleureuse, compréhensive et sans jugement. 3.D’exprimer ces émotions verbalement et non verbalement pour engager le dialogue. Il ne faut pas prendre pour soi les paroles proférées, donner des ordres, obliger par la force, porter en dérision, essayer de raisonner. Autant d’attitudes qui entretiennent l’incompréhension, l’angoisse et donc l’agitation. Une femme de 80 ans prétend qu’on lui a volé ses bijoux. Faire préciser les faits : Qui vous a volé vos bijoux? Comment étaient ils? Qui les avait offerts?… Reformuler la réponse en reprenant l’intonation de la patiente. Vous voulez dire que votre femme de ménage vous a pris les boucles d’oreilles noires, celles que votre mari vous avait offertes! Oui celles que je préférais. Faire imaginer le pire : vous n’avez plus rien ! Faire imaginer une situation inverse, faire se souvenir : avez vous toujours été volée par votre femme de ménage. Des cris viennent de la chambre 105. Monsieur S a arraché sa perfusion et se débat contre l’infirmière qui tente de le maintenir pour changer son lit. Le visage de monsieur D exprime la peur Sentiment : PEUR Message codé : Cris, agitation, refus d’être manipulé Décodage Je suis agressé Ordre : tenez vous tranquille. Menaces : si vous continuez, on va vous attacher. Jugements : ce n’est pas bien. Dérision : vous perdez la tête. Il a peur Vous avez peur (en exprimant également la peur par l’attitude) De quoi avez vous peur ? De qui avez vous peur ?