Cas groupés de Botulisme dans la Somme et dans le Vaucluse en 2011

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Transcription de la présentation:

Cas groupés de Botulisme dans la Somme et dans le Vaucluse en 2011 Caroline VANBOCKSTAEL (Épidémiologiste) - InVS

LE BOTULISME Maladie provoquée par une neurotoxine bactérienne produite par Clostridium botulinum Bacilles ubiquitaires, anaérobie Maladie rare et à déclaration obligatoire Incidence moyenne de 0,4 pour 106 habitants (en 2011 : 9 foyers et 17 malades recensés) Durée d’incubation de 12 à 72 heures pour un botulisme d’origine alimentaire Le botulisme est une maladie infectieuse à déclaration obligatoire induite par une puissante neurotoxine produite par Clostridium botulinum responsable de tableaux de paralysies sévères , le toxinotype B est le + fréquent en France associé à la consommation de charcuterie, le A plus rare mais plus grave est surtout associé à la consommation de conserves familiales de légumes Il s’agit d’une bactérie ubiquitaire, anaérobie strict Maladie rare avec une incidence moyenne de 0,4 par million d’habitant, en 2011 par exemple 9 foyers totalisant 17 malades ont été recensés. Pour un botulisme d’origine alimentaire, la durée d’incubation est courte entre 12 et 72 heures

L’ALERTE Le 03/09 : Le 05/09 en début d’après midi : signalement de 5 cas familiaux de botulisme par CH d’Avignon à l’ARS PACA repas commun avec notion de consommation de tapenades artisanales  info reprise par la presse Le 05/09 en début d’après midi : signalement par un médecin du service des maladies infectieuses du CHU d’Amiens de 3 cas familiaux fortement suspects de botulisme ayant consommé des tapenades Pour les 8 cas signalés : assistance respiratoire et administration d’antitoxine trivalente Le 1er signalement de 5 cas familiaux de botulisme a été fait le 03/09 par le CH d’Avignon à l’ARS Paca Les premières investigations ont permis d’identifier que les personnes malades avaient partagé un seul repas commun avec notion de consommation de tapenades artisanales. Deux jours plus tard, le 05/09 le 2nd signalement a été fait par un médecin… Les 8 cas signalés ont du bénéficier d’une assistance respiratoire et de l’administration d’antitoxine trivalente

LES INVESTIGATIONS Epidémiologiques (CVGS/Cire) 80 et 84 : Enquêtes alimentaires auprès des personnes ayant partagé les repas Alimentaires (DDPP) 80 et 84 : Prélèvements alimentaires chez les cas et dans l’entreprise de production Enquête de traçabilité Investigations dans entreprise de production Microbiologiques (CNR) : Recherche de Clostridium botulinum et toxine botulique dans le sérum, les selles et le liquide gastrique des patients dans les aliments suspects Dès le signalement, les investigations ont été réalisées par chacun des 2 départements L’investigation épidémiologique visait dans un premier temps à valider les cas et à rechercher les repas et aliments suspectés. Pour cela, un questionnaire alimentaire a été réalisé auprès de chacune des personnes ayant partagé les repas ou à défaut à leur entourage. Une fois l’hypothèse émise, la DDPP (direction départementale de protection de la population) récupère dans la mesure du possible un restant de l’aliment pour analyse. Quant cela le nécessite, c’est-à-dire quand l’aliment en cause est commercialisé, elle mène une enquête de traçabilité visant à rechercher les numéros de lots concerné en vue d’un éventuel retrait. Enfin, l’investigation microbiologique vise à rechercher la présence de toxine botulique chez les patients et les aliments suspectés

LES RÉSULTATS ÉPIDÉMIOLOGIQUES Vaucluse : Repas commun unique de 8 convives 6 cas : 5 cas avaient consommé de la tapenade amande-olive et de la tapenade tomates 2 non malades n’avaient pas consommé ces mets 1 avec forme atténuée n’avait pas consommé mais utilisé le couteau qui avait été employé pour servir la tapenade Somme : Repas commun unique de 6 convives 3 cas : consommation de tapenades amande-olive et tomates pour les 3 cas hospitalisés tapenades achetées sur un marché dans le Vaucluse  Tapenades provenant d’un même producteur (Vaucluse) Pour les 2 départements, l’investigation a mise en évidence un repas commun unique. Les enquêtes alimentaires retrouvaient, dans les foyers de la Somme et du Vaucluse, la consommation de tapenades artisanales provenant d’un même producteur.

LES RESULTATS MICROBIOLOGIQUES Patients : toxine botulique de type A retrouvée chez les 9 cas Aliments : présence de toxine botulique A à très forte concentration dans le reste de la tapenade olive-amande prélevé chez les cas détection par PCR de Clostridium botulinum dans la tapenade aux tomates Les analyses microbiologiques réalisaient par le CNR (Centre National de Référence) ont retrouvé la présence de toxine botulique pour les 9 patients (6 dans le Vaucluse et 3 dans la Somme) Les analyses effectuées dans les restes de tapenade amande-olive ont également mis en évidence la présence de toxine botulique tandis que dans la tapenade tomate seule la présence de la bactérie a été objectivée

LES MESURES DE GESTION Communiqué de presse national + rappel de produit auprès des consommateurs en complément des mesures de retrait. Alerte EWRS (Early Warning Rapid System) Messages d’alerte sur les 2 sites internet de vente des produits incriminés par la DGCCRF et diffusion internationale par le système RASFF (Rapid Alert System for Food and Feed) Les résultats des investigations ont permis de mettre en place les mesures de gestion adéquates. Ainsi, alors que le 2nd signalement a été fait le 5/09 en début d’après midi, dès le soir un communiqué de presse national était rédigé. Parallèlement, une alerte EWRS a été initié. Il s’agit d’un système d’alerte précoce mis en place en 1998 permettant une communication permanente entre les autorités de santé publique des Etats membres de l’UE. De même, une information a été faite via le système d’alerte rapide pour les produits destinés à l’alimentation humaine et animale (RASFF)

CONCLUSION Précocité du signalement Investigations  identification rapide de la source alimentaire Réactivité des autorités sanitaires et efficacité des mesures mises en place  Pas de nouveau cas signalé Pour plus d’informations : http://www.eurosurveillance.org/ViewArticle.aspx?ArticleId=20035 En conclusion : Cet exemple illustre l’importance de la rapidité du signalement, étape essentielle dont la plupart d’entre vous êtes les acteurs. Les investigations mises en place ont permis l’identification rapide de la source de contamination La réactivité des autorités sanitaires et l’efficacité des mesures mises en place ont probablement empêché la survenue de nouveau cas. A travers cet exemple, on peut noter également l’importance d’une collaboration étroite entre tous les partenaires intervenants dans le champ de la surveillance et l’alerte sanitaire.

MERCI DE VOTRE ATTENTION !