Dopage et conduites dopantes Joëlle SAVIN-JUAREZ Médecin Conseiller Jeunesse et Sports
Pour vous, c’est quoi une conduite dopante ?
Dopage Utilisation par des sportifs compétiteurs, de substances ou de méthodes interdites (liste) dans un but de performance
Dopage Code du sport : Article L.232-9 « il est interdit au cours des compétitions et des manifestations sportives organisées ou autorisées par des fédérations sportives ou par une commission spécialisée , ou en vue d’y participer : - d’utiliser des substances ou procédés de nature à modifier artificiellement les capacités ou à masquer l’emploi des substances ou procédés ayant cette propriété; - de recourir à ceux de ces substances ou procédés dont l’utilisation est soumise à des conditions restrictives lorsque ces conditions ne sont pas remplies »
Conduite dopante Consommation de substances, pour affronter un obstacle réel ou ressenti par l’usager ou son entourage aux fins de performance.
Dopage : quelques chiffres
Contrôles antidopage France Source CPLD-AFLD : juin 1999-décembre 2010 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 Nb de CAD 7726 7968 7235 7261 8105 8915 8805 8552 8600 10369 8065 9578 CAD positif 3,6% 4,1% 5,2% 6.8% 6.3% 4.8% 4,0% 3,7% 3,4% 3,1% 3% 2.4%
Contrôles antidopage Antilles Guyane 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 97.1 10% 8% 6% 8,5% 4,7% 9% 4.4% 97.2 0% 2% 97.3 12% 4% 6,4% 3,8% 3,6% Moyenne nationale 6,3% 4,2% 3,7% 3,4% 3,1% 3% 2.4%
97.1 2003 (10%) 2004 (9,8%) 2005(9,7%) 2006 2007 2008 2009 Football 2 cannabis 4 cannabis 6cannabis Hydrochloro thiazide carence cannabis 4cannabis Cannabis + cocaine Basket budesonide Handball Morphine 2cannabis Volley Cyclisme morphine 2 Testostérone betaméthasone triamcinolone 4 triamcinolone Betaméthasone terbutaline nicethamide salbutamol 2 stanozolol Salbutamol testostérone heptaminol Betamétha sone Heptaminol Ufolep amphetamine Bétaméhasone Amphétamine méthyphenydate Tennis Natation Culturisme stanozolol Athlétisme Triathlon Nor-androstérone Nor-etiocholanolone Predinosone prednisolone
Conduites dopantes : quelques chiffres
Sportifs : amateurs
Sportifs : adultes
Sportifs : enfants et adolescents
Sportifs : enfants et adolescents
ESCAPAD 2002 7,6%des garçons et 3,6% des filles ont eu recours au moins une fois dans leur vie à des produits pour améliorer leur performances physiques ou sportives 22% des garçons et 38% des filles déclarent avoir au moins une fois dans leur vie à des produits pour améliorer les résultats scolaires ou intellectuels
Non sportifs : adultes
Non sportifs : adolescents
Quels facteurs peuvent motiver une conduite dopante et/ou un dopage ?
Facteurs liés à la personne Age : nb usagers augmente au cours de l’adolescence Sexe : en moyenne les garçons se dopent plus que les filles filles :performances intellectuelles et scolaires garçons : performances physiques Stress, anxiété, estime de soi peu elevée L’incapacité à demander de l’aide Le sentiment de n’être pas soutenu L’envie d’expérimenter Le manque d’investissement dans d’autres activités..
Facteurs liés à l’environnement Isolement social :éloignement du domicile, lieux d’ étude ou d’entrainement L’incitation aux pratiques dopantes par le référent, l’entourage,le milieu familial, le comportement des aînés, la consommation des coéquipiers L’obligation de résultats, culture excessive de résultats, discours « incitateur » ambiant Système de carrière, recherche de célébrité, gestion de la fin de carrière Facilité pour se procurer les substances, croyance dans leur efficacité…
Liste 2012 des interdictions
Liste des substances interdites Au moins 2 critères : potentiel d’améliorer la performance sportive, risque réel ou potentiel pour la santé du sportif, contraire à l’esprit sportif décrit dans le code Substances et méthodes interdites en permanence Substances et méthodes interdites en compétition Substances interdites dans certains sports www.sports.gouv.fr www.afld.fr
Substances et méthodes interdites en permanence S0 : Substances non approuvées S1 : Agents anabolisants S2: Hormones peptidiques, facteurs de croissance et substances apparentées S3 : Béta-agonistes S4 : modulateurs hormonaux et métaboliques S5: diurétiques et autres agents masquant M1 : amélioration du transport d’oxygène M2 : manipulation chimique et physique M3 : dopage génétique
Substances et méthodes interdites en compétition S0, S1 ,S2, S3, S4, S5 S6 : Stimulants S7 : Narcotiques S8 : cannabinoïdes S9 : glucocorticoïdes Substances interdites dans certains sports P1 : alcool P2 : béta-bloquants Programme de surveillance Cafeïne , codeïne, pseudoephedrine, tramadol, glucocorticoides hors compétition…
Sources d’approvisionnement
Où? Circuit pharmaceutique légal : médicaments détournés de leur usage souvent prescrit sur ordonnance médicale / parapharmacie Internet Lieux de pratique: salles de sport, de musculation Magasins de diététique Marchés clandestins
Sources de substances
Qui? camarade, partenaire d’entrainement… entraîneur, préparateur , coach professionnels de la santé : médecin, pharmacien, infirmier , kiné… parents
Réglementation anti dopage
Règles internationales 1999 : Agence Mondiale Antidopage 2003 : Code mondial antidopage (révision 2009) Document de base: pratiques, règlements pour autorités publiques et organisations sportives Standards internationaux : liste des produits, organisation des contrôles, analyse des échantillons, AUT, protection des renseignements professionnels 2006 : Convention internationale contre le dopage dans le sport sous l’égide UNESCO Ratifiée par 158/193 états Dispositions contraignantes pour les états: contrôles, éducation-formation des sportifs et encadrement, recherche
France Loi Mazeaud 01/06/65 Loi Bambuck 28/06/89 sanction pénale du sportif Loi Bambuck 28/06/89 Sanction sportive du sportif Sanction pénale du trafic des produits Prévention (CNLD) Loi Buffet 23/03/99 relative à la protection de la santé des sportifs et à la lutte contre le dopage Suivi médical par les fédérations Numéro vert « Ecoute Dopage » : 0800 15 2000
France AMPD : lieu d’écoute et de consultation Médecin conseiller des DRJS CPLD Renforcement des sanctions pénales des trafiquants et des pourvoyeurs Loi Lamour 05/04/2006 relative à la protection de la santé des sportifs et à la lutte contre le dopage -code du sport Harmonisation code mondial antidopage Ministère des sports : coordination de la prévention, éducation , de la recherche en matière de dopage et lutte contre les trafics AFLD : contrôles anti dopage
Loi 2008-650 du 03/07/08 relative à la lutte contre les trafics Décret 2003-581 du 27 juin 2003 relatif à la transmission d’informations entre les administrations contre les trafics de produits dopants Loi 2008-650 du 03/07/08 relative à la lutte contre les trafics Interdictions : Prescrire, céder, offrir, administrer aux sportifs participant à des compétitions une substance ou procédé interdit Produire, importer, exporter, transporter, détenir ou acquérir aux fins d’usage par un sportif sans raison médicale Sanctions 5 ans d’emprisonnement et 75 000€ d’amende 7 ans d’emprisonnement 150 000€ si faits commis en bande ou à l’ égard de mineurs
Ordonnance du 14 avril 2010 et ses décrets d’application du 13 janvier 2011 relatifs à la santé des sportifs : mise en conformité du code du sport avec le code mondial antidopage 2009 Loi 2012-158 visant à renforcer l’ ethique du sport et les droits des sportifs
AFLD Agence Française de Lutte contre le Dopage Autorité publique indépendante crée par la loi du 5 avril 2006 Missions: Organisation et analyse des contrôles anti-dopage (niveau national) Suivi des procédures disciplinaires Délivrance des AUT Actions de recherche Actions de prévention
Contrôles antidopage Compétitions internationales en France Compétitions nationales Initiative des contrôles Initiative fédérations internationales AFLD Fédération Analyses Laboratoire accrédité par CIO AFLD ou laboratoire accrédité Sanctions Fédérations internationales en relation avec l ’AMA Fédération nationale et/ou AFLD Recours Tribunal Arbitral du Sport Tribunal administratif si sanction fédérale Conseil d’état si AFLD A l’entrainement les sportifs français et étrangers peuvent être contrôlés par l’AFLD sur le territoire national
Autorisation d’Usage Thérapeutique Critères de délivrance: Absence de traitement :préjudice pour la santé du sportif Pas d’alternative thérapeutique autorisée La substance ne produit pas d’amélioration de la performance La pathologie n’est pas la conséquence de la prise antérieure de substances /procédés interdits
AUT Délivrées par : les fédérations internationales : sportifs participant aux compétitions internationales L’ AFLD : sportifs participant aux autres compétitions
Sportifs du groupe cible international (FI) Sportifs du groupe cible international (FI) Sportifs participant compétition internationale (FI) Sportifs nationaux (AFLD) Toutes substances de la Liste AUT Corticoïdes Par voie orale, IV, IM, rectale Inhalé, intra articulaire Pas d’AUT B2 agonistes Per os, inhalé, IV B2 agonistes: salbutamol, salmeterol Inhalés
Sanction disciplinaire Contrôle antidopage positif sans AUT Sanction par l’organe disciplinaire de la fédération du sportif) Sanction administrative par AFLD Pas de sanction fédérale Sportif non licencié, étranger Extension de la sanction à d’autres disciplines Sanction suivie d’une consultation obligatoire à l’ AMPD régionale
Compléments alimentaires
« Denrée alimentaire dont le but est de compléter le régime alimentaire normal et qui constitue une source concentrée de nutriments ou d’autres substances ayant un effet nutritionnel ou physiologique seul ou combiné.... » (décret 2006-352 du 20 mars 2006) Nutriments : vitamines, minéraux Substances à effet nutritionnel ou physiologique: protéines… Plantes et préparations de plantes
Réglementation Etats Unis : tout produit peut être mis librement sur le marché , FDA doit prouver la toxicité du produit Europe : réglementation plus stricte et cohérente (directive 2002/46/CE) France : la mise sur le marché des compléments nécessite l’approbation de l’AFSSA
ANC du sportif Pratiquant de loisir ANC population générale 3 séances/s - ≤4 heures /s Pratiquant de HN ANC personnalisé et adapté > 4 heures /s (discipline, niveau, fréquence)
SHN : vitamines > 4 heures /s besoins augmentés en vitamines C,E, beta carotène , B1 B2B3 B6 Besoins compensés par une alimentation variée et équilibrée Supplémentation systématique (vitamines, fer,) sans justification biologique est à proscrire
SHN : protéines Sportif d’endurance (1 heure /jour plus de 3 fois/s) 1,2 à 1,36 g/kg/j apporté par une alimentation équilibrée et variée Sportif de force Maintien 1 à 1,2 g/kg/j apporté par une alimentation équilibrée et variée Développement musculaire 2-3 g/kg/j
Créatine Population générale Sportif 3-4 g/j 2g/j Besoins Apports Synthèse 3-4g/j Aliments 1g/j Synthèse 2g/j
Créatine Rien ne justifie une supplémentation en créatine pour l’homme sain recevant une alimentation variée et équilibrée (AFSSA 2008) Effet ergo génique: L’augmentation de la masse musculaire constatée est liée à une rétention d’eau dans le muscle Effet sur les exercices répétés , de hte intensité, moins de 15 s (travaux scientifiques significatifs avec résultats inconstants Effets non évalués enfants, femmes enceintes ou allaitantes, seniors Effets secondaires non évalués à moyen et long terme
Red Bull par l’ industriel Boisson « énergisante destinée particulièrement à soutenir une activité intense et à vivifier le corps et l’esprit » Deux canettes /j caféine : 160 mg soit 2 à 3 tasses de café (dose journalière 200mg/j) Taurine : 2g (10 fois plus que la dose apportée par l’alimentation) D-glucuronolactone : 3 mg (1000 fois) vit B2,B3,B5,B6,B12 Effets secondaires : innocuité non prouvée par le pétitionnaire
Red Bull par l’ AFSSA Boisson « énergisante» : terme marketing sans réalité réglementaire Boissons énergétiques : boissons de l’effort spécifiquement formulées Effets : Apports vitamines B sans intérêt nutritionnel D-glucuronolactone : risque de toxicité rénale Taurine : risque de neurotoxicité, troubles du comportement, excitabilité (+ caféine), thyroïde
Red Bull : AFSSA Caféine à forte dose : aggravation de syndromes maniaco-dépressifs, augmentation du débit cardiaque, augmentation dangereuse TA à l’effort 600mg/j: tachycardie, agitation, anxiété, céphalées , risque d’IDM 1000mg/j: delirium, convulsions… red bull + alcool = diminue la perception de l’intoxication mais pas la réalité de l’intoxication Interdit aux femmes enceintes
Compléments alimentaires, produits naturels ?
Produits « naturels » Ma Huang ou Ephédra chinois : éphédrine et pseudo éphédrine ( interdit à la vente depuis 2003) Citrus aurantium : octopamine (stimulant interdit) Tribulus terristris : contamination aux stéroïdes et stimulants Colostrum : contamination à l’IGF1 …
Etude internationale publiée 2004 215 fournisseurs dans 13 pays différents octobre 2000 à novembre 2001 634 compléments alimentaires analysés 91.2%: magasin, 8.2%: internet, 0.6%: téléphone 15% des compléments contenaient des produits interdits (stéroïdes…)
Résultats
Marché des compléments alimentaires Etats Unis (2000) 17 milliards $ Europe (2000) 16 milliards $ France (2000) 0,8 milliard $
Ressources Ministère des Sports : www.sports.gouv.fr AFLD : www.afld.fr AMA : www.wada-ama.org Wall protect : www.wall-protect.fr ANSES : www.anses.fr Ecoute dopage : 0800 15 2000 AMPD Antilles Guyane Tel 0596 55 97 41 ampd.97@chu-fortdefrance.fr
Merci de votre attention… Joëlle SAVIN-JUAREZ DJSCS Guadeloupe Boulevard maritime 97100 BASSE TERRE Tel : 0590 -81 -06 -32 GSM: 0690-35-28-24 joelle.savin-juarez @drjscs.gouv.fr