Le langage à l’école maternelle Ruptures ou continuité dans les instructions officielles des 35 dernières années? Jean-Paul Rabottin, IUFM Châteauroux, 2 Avril 2012 Formation maternelle du 02 Avril au 20 Avril 2012

Introduction Des questions : quelle est la place du langage à l’école maternelle? Notamment la place de l’oral?  pourquoi apprendre à parler à l’école?

Les orientations de 1977 Le langage n’y est pas considéré comme prioritaire. « Le langage ne s’enseigne pas… mais se construit par un effort personnel et permanent de l’enfant »

Les orientations de 1986 Elles définissent, à partir de 3 objectifs : « scolariser, socialiser, faire apprendre et exercer » le langage comme « activité de communication et d’expression orale et écrite ». On dit maintenant que le langage « doit être développé ».

La loi d’orientation de 1989 L’accès à une bonne maîtrise de la langue et de la culture est considéré comme l’objectif premier de l’école primaire et ce, dans une continuité, du début du cycle 1 au cycle 3. Des objectifs sont fixés pour chaque cycle dans le domaine de la langue orale et écrite pour que chaque enfant accède à une pratique efficace de la langue française.

Les instructions officielles de 1995 : Elles distinguent deux types d’activités mettant en jeu le langage : -Celles qui lient l’expérience au langage, en permettant à l’enfant d’en « mettre en œuvre le fonctionnement » dans des situations authentiques de communication;

Les instructions officielles de 1995 suite -Celles permettant d’effectuer des acquis linguistiques qui deviennent, au cycle 2, des « connaissances nécessaires à la maîtrise de la langue orale… », portant sur les matériaux sonores de la langue, la syntaxe et le lexique. L’interaction entre oral et écrit est primordiale.

L’instruction du 21 octobre 1999 (B./O. HS n°8) L’école de tous les possibles, Les langages, priorité de l’école maternelle. maîtrise des langages comme enjeu prioritaire L’école maternelle peut permettre à tous ses élèves d’aborder le C.P. avec une maîtrise de l’oral suffisamment aboutie pour y réussir.

L’instruction du 21 octobre 1999 (B./O. HS n°8) suite On parle également d’apprentissages structurés. Le langage est à la fois un outil de communication et un objet d’étude. Il donne le « pouvoir de penser pour mieux faire ».

L’instruction du 21 octobre 1999 (B./O. HS n°8) suite Un chapitre entier s’intitule : Le langage oral, pivot des apprentissages à l’école maternelle «l’école maternelle est d’abord l’école de la parole » : -En préconisant un langage explicite et structuré; -En préconisant également des modalités de regroupement souples pour satisfaire des besoins variés;

L’instruction du 21 octobre 1999 (B./O. HS n°8) suite -Avec une exigence bienveillante qui fait la part de l’étayage et de l’enseignement, de manière adaptée au jeune âge des élèves. -En évaluant l’oral : une expertise difficile mais nécessaire. On souhaite un projet pédagogique qui organise la progressivité des apprentissages.

Les programmes de l’école maternelle de 2002 Rôle essentiel de propédeutique de l’école élémentaire. Place beaucoup plus grande à l’apprentissage de la langue. A l’école maternelle d’enseigner d’abord l’expression orale, puis, en grande section, de préparer à la lecture et à l’écriture.

Les programmes de l’école maternelle de 2002 suite C’est à travers tous les domaines d’activité qu’à l’école maternelle l’enfant apprend l’usage du langage. Cinq domaines d’activités pour structurer les apprentissages Le langage au cœur des apprentissages est celui qui nous concerne le plus ici.

Les programmes de l’école maternelle de 2002 suite → « aide incessante des adultes ou des enfants plus âgés qui entourent l’apprenti parleur ». Permettre à chaque enfant de participer aux échanges verbaux de la classe et inscrire les activités de langage dans de véritables situations de communication.

Les programmes de l’école maternelle de 2002 suite Accompagner le jeune enfant dans son premier apprentissage du langage : le langage en situation : adulte verbalise, sollicite et interagit en étayant et reformulant + utilisation des moyens non verbaux.

Les programmes de l’école maternelle de 2002 suite Apprendre à se servir du langage pour évoquer des événements en leur absence : événements passés, à venir, imaginaires : -implique la maîtrise progressive d’un lexique de plus en plus précis, de structures syntaxiques nouvelles et de nouvelles formes linguistiques; -action incessante de l’adulte : reformuler et amener l’enfant à reformuler;

Les programmes de l’école maternelle de 2002 suite Dans les autres domaines d’activités, la part du langage est très importante: -Vivre ensemble -Agir et s’exprimer avec son corps -Découvrir le monde -La sensibilité, l’imagination, la création.

Les programmes de l’école maternelle de 2002, commentaires La dimension transversale des apprentissages langagiers est fortement affirmée; La priorité porte sur l’acquisition de compétences;

Les programmes de l’école maternelle de 2002, commentaires, suite Pour acquérir effectivement ces compétences, il convient de travailler l’oral en tant que tel en programmant les acquisitions avec rigueur, dans des situations didactiques bien définies, afin que l’enfant acquière de nouveaux outils lui permettant de complexifier son langage et, donc, sa pensée (Vygotski).

Les programmes de l’école maternelle de 2002, commentaires, suite L’évaluation est indispensable et repose sur une observation quotidienne. Elle a pour fonction essentielle de permettre à l’enseignant de contrôler l’efficacité des situations programmées à partir de l’analyse des besoins des élèves, Apprentissage d’une langue étrangère ou régionale recommandée.

L’évaluation GS/CP Recueillir des informations objectivées pour que la programmation des activités soit parfaitement adaptée aux besoins identifiés des élèves, ainsi qu’à leurs acquis.

L’évaluation GS/CP, suite Elle est centrée sur les compétences à acquérir C’est une évaluation diagnostique qui permet de mesurer : -les compétences maîtrisées, -les compétences en cours d’acquisition, -les difficultés rencontrées qui font obstacle, en tout ou partie, à ces acquisitions.

L’évaluation GS/CP, suite →d’où des besoins selon chaque enfant, d’approfondissement, de consolidation, de remédiation qui vont servir de base à l’enseignant pour établir sa programmation des activités et organiser sa classe en conséquence. → pas des tests, ne pas faire passer tous les exercices.

La loi d’orientation et de programme pour l’avenir de l’école  du 23 avril 2005 : BO N°185 MAI 2005   Article 9  : La scolarité obligatoire doit …garantir à chaque élève l’acquisition d’un socle commun constitué de compétences et de connaissances à maîtriser pour : - accomplir avec succès sa scolarité - poursuivre sa formation - construire son avenir personnel et professionnel - réussir sa vie en société.

La loi d’orientation et de programme pour l’avenir de l’école  du 23 avril 2005 : BO N°185 MAI 2005 Le socle commun comprend : la maîtrise de la langue française la pratique d’une langue vivante étrangère les principaux éléments de mathématiques et la culture scientifique et technologique la maîtrise des techniques usuelles de l’information et de la communication la culture humaniste les compétences sociales et civiques l’autonomie et l’initiative L’école maternelle est-elle concernée par les compétences du socle commun ?

Programme de l’école maternelle B.O. HS du 19 juin 2008 Préambule : -L’objectif essentiel de l’école maternelle est l’acquisition d’un langage oral riche, organisé et compréhensible par l’autre. -Il (l’enfant) découvre l’univers de l’écrit.

Programme de l’école maternelle B.O. HS du 19 juin 2008, suite S’APPROPRIER LE LANGAGE : -Le langage oral est le pivot des apprentissages de l’école maternelle. -Il (l’enfant) acquiert quotidiennement de nouveaux mots et s’approprie progressivement la syntaxe de la langue française.

Programme de l’école maternelle B.O. HS du 19 juin 2008, suite Echanger, s’exprimer : -apprendre à échanger ; -nommer avec exactitude les objets qui les entourent et les actions accomplies ; -redire de manière expressive des comptines et interpréter des chants mémorisés ; -communiquer sur des réalités de moins en moins immédiates.

Programme de l’école maternelle B.O. HS du 19 juin 2008, suite Comprendre : Compréhension liée aux capacités générales de l’enfant. -Distinguer une question, une promesse, un ordre, un refus, une explication, un récit de plus en plus complexe ; -Comprendre une consigne ; -Comprendre un interlocuteur ;

Programme de l’école maternelle B.O. HS du 19 juin 2008, suite Progresser vers la maîtrise de la langue française : -s’approprier les règles qui régissent la structure de la phrase ; -utiliser de manière adaptée les principales classes de mots ; -produire des phrases complexes et progressivement des unités plus larges que la phrase ; -apprendre régulièrement le vocabulaire pour comprendre, échanger et exprimer sa pensée. -Enseignant : maître de langage.

Programme de l’école maternelle B.O. HS du 19 juin 2008, suite Compétences de fin d’école maternelle, l’enfant est capable de : comprendre un message et agir ou répondre de façon pertinente ; nommer avec exactitude un objet, une personne ou une action ressortissant à la vie quotidienne ; formuler, en se faisant comprendre, une description ou une question ; raconter, en se faisant comprendre, un épisode vécu inconnu de son interlocuteur, ou une histoire inventée ; - prendre l’initiative de poser des questions ou d’exprimer son point de vue.

Programme de l’école maternelle B.O. HS du 19 juin 2008, suite DECOUVRIR L’ECRIT : l’école maternelle favorise grandement l’apprentissage systématique de la lecture et de l’écriture qui commencera au cours préparatoire.

Programme de l’école maternelle B.O. HS du 19 juin 2008, suite 1) Se familiariser avec l’écrit -Découvrir les supports de l’écrit : reconnaître et nommer; -Découvrir la langue écrite ; percevoir la spécificité de l’écrit et rencontrer les œuvres du patrimoine ; reformuler, interroger et mémoriser. -Contribuer à l’écriture de textes : dictée à l’adulte en transformant un énoncé oral en un texte que l’adulte écrit.

Programme de l’école maternelle B.O. HS du 19 juin 2008, suite Compétences de fin d’école maternelle, l’enfant est capable de : -identifier les principales fonctions de l’écrit ; -écouter et comprendre un texte lu par l’adulte ; -connaître quelques textes du patrimoine, principalement des contes ; -produire un énoncé oral dans une forme adaptée pour qu’il puisse être écrit par un adulte.

Programme de l’école maternelle B.O. HS du 19 juin 2008, suite 2) Se préparer à apprendre à lire et à écrire : -Distinguer les sons de la parole : scander, manipuler des syllabes, les percevoir. Progressivement discriminer les sons. -Aborder le principe alphabétique : correspondance entre l’oral et l’écrit, mise en relation des lettres et des sons et découverte du principe alphabétique. -Apprendre les gestes de l’écriture : reproduire des motifs graphiques, percevoir les caractéristiques des lettres et écrire en cursive en GS pour tous dès qu’ils en sont capables avec un enseignement guidé.

Programme de l’école maternelle B.O. HS du 19 juin 2008, suite Compétences de fin d’école maternelle, l’enfant est capable de : - différencier les sons ; - distinguer les syllabes d’un mot prononcé, reconnaître une même syllabe dans plusieurs énoncés ; - faire correspondre les mots d’un énoncé court à l’oral et à l’écrit ; - reconnaître et écrire la plupart des lettres de l’alphabet ; - mettre en relation des sons et des lettres ; - copier en écriture cursive, sous la conduite de l’enseignant, de petits mots simples dont les correspondances en lettres et sons ont été étudiées ; - écrire en écriture cursive son prénom.

Programme de l’école maternelle, commentaires Le langage a pris une place considérable : se divise en deux domaines d’activités. Chaque chapitre se termine par des compétences précises à atteindre en fin d’école maternelle. L’évaluation en fin d’école maternelle est obligatoire. Acquisition de connaissances plus formelles et intellectuelles qu'on peut le penser.

Conclusion décalage entre les programmes (pédagogie par le jeu, importance des plans relationnels et affectifs) et la réalité des pratiques, avec certains enseignants de G.S. alignant leurs méthodes à celles de l’école élémentaire. Comment « s’emparer » en équipe de ce programme ?