Spécificités de la communication orale Ressources : multicanalité : sons + intonation + prosodie (intensité, débit, silences) + non verbal (mimiques, gestuel). Perception auditive et visuelle. Enonciation : - les sujets de l’énonciation sont co-présents à l’oral ; - construction du sens à deux (ou à plusieurs) ; - les interlocuteurs s’assurent mutuellement de la compréhension du message, de la situation et du contexte. Processus : nécessité de gérer dans l’instant toutes les tâches relatives à la mise en mots du message. La seule modification possible est la reformulation. Discours spontané et irréversible. L’oral tolère les répétitions, les reformulations, les hésitations, les phrases inachevées et mal construites. Durabilité : caractère fugitif.
Situations d’échange en face à face (Cf. Kerbrat, 1990) Les échanges oraux et plus généralement les interactions verbales sont des rituels sociaux càd se déroulent selon des règles. Le principe de coopération : les interlocuteurs forment une société (lien social de la parole). Règles partagées qui créent un système de droits et de devoirs et un système d’attentes. 1) gestion de l’alternance des prises de parole ; 2) organisation structurale des interactions verbales ; 3) construction de la relation interpersonnelle sur un mode intime ou distante, égalitaire ou hiérarchique, concensuel ou conflictuel.
Système des tours de parole Toute interaction verbale se présente comme une succession de tours de parole, une alternance des prises de parole. Droits / devoirs : l’énonciateur a le droit de garder la parole un certain temps, mais aussi le devoir de la céder à un moment donné . son successeur potentiel a le devoir de le laisser parler et de l’écouter pendant qu’il parle ; il a aussi le droit de réclamer la parole au bout d’un certain temps et le devoir de la prendre quand l’énonciateur la lui cède Ces principes créent certaines attentes chez les partenaires énonciatifs en présence.
Règles de l’alternance La fonction locutrice doit être occupée successivement par différents acteurs (idéalement, équilibrage relatif de la longueur des tours). NB il est mal venu dans les conversations de monopoliser la parole. Une seule personne parle à la fois (les chevauchements de parole restent très brefs car exigence d’audibilité). Il y a toujours une personne qui parle (au-delà de quelques secondes, le silence devient pesant : on éprouve alors le besoin de « meubler » ou de justifier).
Non-respect du système des tours En ce qui concerne la nature du successeur : - aucun candidat (silence) ; - plusieurs candidats (chevauchement de parole) ; - intrusion. En ce qui concerne le moment de l’alternance : - le successeur peut prendre la parole trop tôt = interruption.
Notion d’interruption Chaque fois que l’interlocuteur prend la parole alors que le locuteur n’a pas fini son tour, on dira que l’allocutaire interrompt le locuteur. 3 types d’interruptions : interruption à fonction positive d’entraide (quand le locuteur a une panne lexicale, quand il s’empêtre dans son discours) ; interruptions simplement coopératives (manifestation d’un soutien, d’un accord) ; interruptions non coopératives, qui sont « offensantes » pour le locuteur. Cela peut arriver lorsque le locuteur transgresse un principe discursif : - maxime de qualité (mauvaise foi du locuteur, contre-vérité, etc.) ; - maxime de pertinence (le locuteur ne traite pas le sujet fixé, digressions) ; - principe de politesse (l’allocutaire se sent insulté) ; - principe d’alternance (le locuteur ne cède pas la parole).
L’organisation des tours de parole repose sur l’application de règles précises. Le fonctionnement de ces règles repose sur des indices complexes et généralement flous. La façon dont s’effectuent les négociations et la façon dont se déroule l’alternance des tours de parole a des conséquences importantes sur le déroulement de l’interaction et sur la construction de la relation interpersonnelle.