La mondialisation en débat Depuis le début du XXe siècle, on assiste à l’augmentation régulière du nombre des États. On aurait pu penser dans les années 1990, qu’avec la mondialisation et l’ouverture des frontières, les conflits territoriaux allaient baisser en intensité.

Il n’en est rien. Les conflits de frontières sont toujours une menace pour la paix. D’autre part, la mondialisation, si elle est définitivement établie, provoque des débats acharnés. De nombreux acteurs dénoncent ses abus et réclament une régulation internationale.

Problématique : Quels sont les effets de la mondialisation sur la carte du monde ? Quels effets de la mondialisation font débat ? Par qui et comment la mondialisation est-elle contestée ?

Etats, frontières et mondialisation La fragmentation étatique 1945 : 51 États présents à la Conférence de San Francisco pour signer la Charte des Nations Unies. 2011 : il y avait sur la planète 193 États souverains. Le XXème siècle a vu naître de nombreux pays : d’abord en Europe (après 1918) puis en Asie et en Afrique lors de la décolonisation (après 1945) et enfin de nouveau en Europe après la chute du Mur de Berlin (en 1989). En Afrique, le Soudan s’est scindé en deux États distincts (2011)

La mondialisation joue un rôle important dans cette balkanisation de la planète. Elle favorise l’enrichissement de certains territoires et stimule les sentiments nationalistes. Les mouvements régionalistes se multiplient même en Europe où les États sont anciens. Ex : En Catalogne, en Flandre, en Lombardie les partis régionalistes et indépendantistes remportent d’importants succès électoraux.

Les États semblent en perte de vitesse dans la mondialisation. Les FTN les affaiblissent en mettant les territoires en concurrence. Elles exigent toujours plus d’avantages fiscaux prive les États de moyens pour agir en faveur de la santé, de l’éducation, de la sécurité... De nombreux États ont accueilli des forces étrangères pour lutter contre une catastrophe naturelle (Haïti) ou pour rétablir la paix (Côte d’Ivoire, Mali).

Cependant, si les États semblent démunis, les organisations régionales (UE,ALENA. . .) sont plus à même de peser sur la mondialisation. En Europe, la frontière s’est déplacée à l’échelle régionale : les frontières de la France sont devenues celles de "l’espace Shengen". Les FTN apprécient ces ensembles plus vastes qui servent leurs stratégies de conquête des marchés.

Une nouvelle fonction pour les frontières Avec le développement des NTIC, les individus passent au-dessus des frontières et ils créent des réseaux virtuels. On compte 5 milliards d’abonnements à la téléphonie sur 7 milliards d’habitants et 2 milliards d’internautes dans le monde. Il devient presque impossible de cacher une information. Les flux d’informations confortent l’image d’un village global où les événements sont divulgués en temps réel.

Les frontières ont acquis une nouvelle fonction => Elles ne servent plus seulement à borner des territoires, elles deviennent des interfaces, des zones de contacts entre deux ensembles.

Les autorités doivent réguler les flux, contrôler les marchandises pour lutter contre les trafics. Les douaniers font appel à la vidéo, à la biométrie. . . Ex : 2011 Etats-Unis : Patriot Act (2001) + Homeland Security Act (2001) (durcissement de la politique frontalière)

P 182-183 : comment les frontières de l’Amérique du Nord évoluent-elles dans le contexte de mondialisation ? Smart border : « frontière intelligente », frontière équipée de manière suffisamment sophistiquée pour rester ouverte.

Les frontières ne bloquent plus les marchandises en revanche, le contrôle des flux de personnes se renforce car les législations sur l’immigration se sont partout durcies. Frontières asymétriques Ex : 2002 : L’Afrique du Sud a durci sa législation contre l’immigration clandestine mais a ouvert sont territoire aux étudiants africains

Des Etats crispés sur leurs frontières Pour contrôler leurs territoires et faire aux nouvelles menaces, les États renforcent leurs frontières. Les États d’Asie centrale issus de l’éclatement de l’URSS ont miné leurs frontières.

D’autres construisent d’imposantes barrières pour bloquer les flux de clandestins : Ex : l’Espagne dans ses possessions du Maghreb les Etats-Unis face au Mexique L’UE à ses frontières intensifie sa lutte contre l’immigration illégale et elle a créé l’agence "Frontex".

Dans beaucoup de régions du monde, les frontières issues de la colonisation n’ont pas été bornées. Ces imprécisions ont parfois donné lieu à des guerres (entre la Libye et le Tchad). https://www.youtube.com/watch?v=Bfd2EHGPDdw

Cependant, il existe des cas où la négociation prend le pas sur l’affrontement. Ex : Entre l’Inde et la Chine, les perspectives de développement ont pris le pas sur les contentieux politiques.

Les effets de la mondialisation qui font débat Les chocs économiques et sociaux

Globalement, la croissance économique a fait reculer la pauvreté. Ex : Venezuela, pays pétrolier, ↘ 1/3 pauvreté Mais tous les États ne possèdent de richesses aussi recherchées.

D’autre part depuis 2007, les indicateurs de pauvreté repartent à la hausse. Dans tous les pays concernés par la mondialisation, les inégalités explosent. Une partie de la population, notamment (celle qui a eu accès à l’éducation de haut niveau) s’est greffée sur les flux internationaux et a pu améliorer sa situation matérielle. Dans les pays émergents, la classe moyenne se développe, consomme, voyage et elle est courtisée par les FTN.

En revanche, les PMA malgré le boom des matières premières, malgré l’arrivée de nouveaux investisseurs (chine, Inde. . .), ne connaissent pas une amélioration notable de leur sort. Parfois, la présence de richesses naturelles déclenche des guerres civiles (Libéria, Sierra Leone, R.D. Du Congo). D’une manière générale, la mondialisation par ses délocalisations, détruit les emplois peu ou pas qualifiés, pousse les salaires à la baisse et crée de nouvelles couches de "working-poors".

Les effets sur l’environnement Depuis le rapport Bruntland (1987) et le Sommet de la Terre de Rio (2002), tous les États affirment agir dans le cadre du développement durable. Mais on constate que les gouvernements font souvent passer la croissance économique avant la préservation de l’environnement

La mondialisation accroît la pression sur les matières premières et elle est grande consommatrice d’espaces. Le brésilien Lula a laissé défricher de grands espaces amazoniens pour financer sa politique sociale ("bolsa familia"). La mondialisation a accéléré la rupture des équilibres environnementaux.

L’urbanisation a détruit d’immenses espaces agricoles au Nord comme au Sud, le mode de consommation a augmenté les quantités de déchets polluants. Les produits consommés ont souvent parcouru de grandes distances et l’empreinte écologique de chaque Terrien augmente dangereusement. Enfin, la circulation des hommes favorise la propagation des virus (dengue, grippe aviaire, chikungunya. . .).

Cartographie de la distribution des différentes lignées virales, asiatique et IOL, du virus chikungunya (CHIKV). Après des années d’absence, le CHIKV a émergé en Afrique et en Asie, causant de grandes épidémies. PLoS Negl Trop Dis. Jun 2014; 8(6): e2921.

L’impact de la mondialisation sur la culture L’essor des médias (chaînes satellitaires, internet) a fait naître une culture mondialisée. Certains produits standardisés diffusés par les pays occidentaux ont été adoptés dans tous les États de la planète. Ex : fast-food, vêtements (de sport), musiques, films et séries. . .

Cette uniformisation se remarque aussi dans l’industrie touristique. Le tourisme est devenu une activité vitale pour de nombreux pays. Mais, il conduit à une uniformisation des goûts et des paysages côtiers. => « baléarisation », « disneylandisation »

La mondialisation menace-t-elle la culture ? Certes, elle est dominée par la langue anglaise et la culture anglo-saxonne. Mais, on constate que les autres cultures et langues profitent des nouvelles technologies pour se faire connaître.

Si l’uniformisation gagne l’économie et les modes de vie, en revanche, les cultures nationales sont fermement défendues. De nombreux pays ont soutenu la France quand elle a demandé (et obtenu) une « exception culturelle » possibilité de soutenir financièrement la création locale et d’imposer des quotas de diffusion d’œuvres culturelles.

Les FTN accusées de mener à l’uniformisation culturelle adaptent de plus en plus leurs produits aux goûts locaux.

La contestation de la mondialisation Les origines de l’altermondialisme