Apprentissage du langage en maternelle: Les albums échos Acquisition du Langage en maternelle CPC Villeurbanne Nord

Dans les programmes de l’école maternelle S’approprier le langage: Le langage est le pivot des apprentissages à l’école maternelle. L’enfant s’exprime et se fait comprendre par le langage….. Il acquiert quotidiennement de nouveaux mots dont le sens est précisé , il s’approprie progressivement la syntaxe de la langue française (ordre des mots dans la phrase)…. Les enfants apprennent à échanger d’abord par l’intermédiaire de l’adulte dans des situations qui les concernent directement puis… rendent compte de ce qu’ils ont observé ou vécu, évoquent des événements à venir…

Dans les programmes de l’école élémentaire Ils acquièrent progressivement les éléments de la langue nécessaires pour se faire comprendre: désigner correctement les protagonistes concernés, marquer les liens entre les faits, exprimer les relations temporelles…… Les activités de vocabulaire exigent des séances régulières de classification, de mémorisation de mots,de réutilisation du vocabulaire acquis…. Ils apprennent le vocabulaire( noms, verbes, adjectifs, adverbes, prépositions) qui leur permet de comprendre non seulement ce qu’ils entendent mais aussi d’échanger avec efficacité et d’exprimer leur pensée au plus juste

« Enseigner la langue orale en maternelle » d’après Philippe BOISSEAU Pourquoi enseigner l’oral en maternelle? Philippe Boisseau choisit de se démarquer de la seule pédagogie « des situations » pour que le langage se construise dans de meilleures conditions. En maternelle, l’usage de la situation est une condition nécessaire mais non suffisante . C’est la construction progressive de la syntaxe qui doit être la priorité du pédagogue. «… si la qualité de la situation est nécessaire, elle est loin d’être suffisante pour promouvoir une authentique construction du langage…»

Les grands principes de l’enseignement de la langue orale à la maternelle selon Philippe BOISSEAU La construction de la syntaxe nécessite trois grandes étapes pour tenter de réduire les écarts considérables entre les élèves. aider l’enfant à utiliser les pronoms l’encourager à construire un système de temps de + en + diversifié ( présent, passé, futur) le conduire à complexifier sa syntaxe Cela passe par des situations de langage motivantes et variées et un travail en petits groupes

ENSEIGNER LA LANGUE ORALE PRINCIPE 1 - Aider l’élève à s’approprier les pronoms et les différencier clairement. C’est la conquête progressive par différenciation du « i » ( celui-ci fait longtemps office de seul pronom). - Mettre en place le « je » qui va générer le « tu » en s’appuyant sur le détachement du sujet grâce à « moi » et « toi » EX: i fais du vélo moi, je fais du vélo Introduire « il » « elle » « ils » « elles » reprenant le sujet identifié, mis en position détachée.

EX: Vanessa, é mange sa compote Vanessa, elle mange sa compote Attendre l’émergence du « on » puis du « nous » et du « vous » plutôt en GS quand la socialisation s’intensifie. Chez le jeune enfant, le pronom est naturellement le sujet de l’action, tandis que le groupe nominal ne peut occuper qu’une position complément dans « sa » grammaire spontanée. EX: les rois, ils portent des couronnes Les albums échos de 1ère personne pour l’émergence du « je » sont l’occasion d’interagir avec l’enfant et favoriser la bonne utilisation des pronoms.

ENSEIGNER LA LANGUE ORALE PRINCIPE 2 - Aider l’élève à construire son système de temps Passer de l’infinitif à un système de plus en plus élaboré pour rendre compte des situations. Cette construction du système des temps se fait à partir du présent, quasi systématique au début. (80% des verbes produits par les enfants de 3 ans contre 50% à 5ans) Le présent est déjà une conquête pour l’élève qui ne parle qu’en mots phrases ou phrases à deux mots. Faire çà Mansé dateau

Le premier système à trois temps apparaît assez rapidement (présent/ passé composé/ futur aller). C’est plus le degré d’accomplissement de l’action qu’il exprime: - en train de…( présent) - accompli ( passé composé) à accomplir ( futur) Vers 4 ans , apparition de l’imparfait qui appelle le plus que parfait avec le questionnement de l’adulte. Vers 5 ans, quelques apparitions du conditionnel liées à des situations sollicitant l’imaginaire. On serait des monstres ( imitation et reproduction de formules de l’adulte)

ENSEIGNER LA LANGUE ORALE PRINCIPE 3 - Aider l’élève à complexifier tout en restant dans une formulation propre à l’oral, en utilisant:. * Les prépositions spatiales: à, au, de, du, dans, sur, sous,avant, après, devant, derrière,contre…. * Les adverbes naturellement utilisés dans certaines situations: dedans, dehors, autour, au milieu, loin… Ils permettent d’aborder les complexités plus difficiles qui sont souvent complémentaires: Comme….si…parce que ….quand…. pour + infinitif …. C’est une aide pour relier « des phrases noyaux » EX: J’reconnais la maison ou i s’cache , le bonhomme

ENSEIGNER LA LANGUE ORALE PRINCIPE 4 - Ne pas viser trop tôt la concentration , c’est-à-dire la production de phrases déclaratives simples qui sont issues de l’écrit. Ceci est un objectif du cycle3. Il ne faut pas « vouloir faire parler l’écrit » Toute tentative de modélisation dans ce sens de la part de l’adulte serait une structuration de l’ écrit dans l’oral: c’est hors de la portée des élèves de maternelle. Il y a risque de figer les élèves sur des déclaratives simples qu’ils ne parviendraient plus à complexifier. Les présentatifs et les pronoms sont des « béquilles » pour l’enfant dans la construction de son langage. EX: Y’a un petit garçon, i fait du vélo ( phrase de l’enfant) Y’a un petit garçon QUI fait du vélo ( feedback de l’adulte)

CONCLUSION Les quatre grands principes énoncés se travaillent simultanément, à chaque niveau de la maternelle, en prévoyant une complexification progressive respectant le rythme de chaque élève. Les thèmes choisis et les répétitions nombreuses que permettent le vécu quotidien facilitent l’acquisition de mots nouveaux.( 750 mots à 3 ans, 175O mots à 4 ans et 2500 mots à 5 ans)

Comment mettre en œuvre ces principes? - Privilégier l’interaction: à partir de situations liées au vécu de la classe: habillage, toilettes, accueil, récréation…. ( Cf doc « Le langage à l’école maternelle » p 40 à 45) Utiliser toutes les situations propices au langage des élèves. - Ateliers de langage autour d’un coin jeu (petit groupe) - Choix des thèmes: PS: grande motricité, nourriture, animaux… MS:les fêtes, la famille, l’espace proche, le jardin, la maladie…. GS:les sorties( au zoo, en forêt, à la mer…),les véhicules, les transports, les métiers,les activités scientifiques…

Favoriser les réitérations dans des situations variées. C’est un facteur important d’appropriation tant pour la syntaxe que le vocabulaire. Affirmer le rôle essentiel de l’adulte : « rôle de tuteur du langage» qui veille à fournir un étayage adapté par: * La relance : elle aide à la production du message et permet d’entretenir la conversation * Le feedback : sorte d’écho à des tentatives encore approximatives ; cela permet à l’enfant de vérifier qu’il a été compris, aux autres de le comprendre et à l’adulte d’adapter au besoin. - Combiner interaction et des outils spécifiques:

Les albums échos: on peut distinguer 3 types d’albums: à la première personne « je » relate des actions vécues à la troisième personne relate des actions vues d’autres du type « moi, je », « toi, tu » support au dialogue Albums de première personne Réalisation:choisir 6 à 8 photos d’un enfant en pleine activité; le laisser découvrir les photos et s’y reconnaître; provoquer ses réactions verbales: « qu’est-ce qui se passe, qu’est-ce que tu fais? » et noter fidèlement ses premiers jets Constituer l’album avec des « photos porteuses », accompagnées chacune du texte écrit par l’enseignant à partir des formulations de l’élève, en complexifiant juste au-delà de ses possibilités actuelles

Utilisation: - proposer à l’élève de raconter ce qu’il fait: l’adulte l’aide par des feedback appropriés Faire présenter son album par l’élève lorsqu’il est prêt Seul l’élève concerné peut s’entraîner avec l’adulte. Albums de troisième personne: Réalisation: 8 à 10 photos d’élèves en train de vivre une même situation; élaborer le texte sur la base des réactions spontanées; donner un exemplaire aux 5 à 6 élèves installés près de l’adulte; on peut proposer une entrée sous forme de jeu ( recherche d’une page…) pour une première restitution; proposer ensuite à un élève d’être meneur de jeu, l’adulte apporte les feedback d’étayage pour renforcer les réussites Tous les élèves peuvent raconter un album de 3ème personne.

Les oralbums: albums de l’oral écrit en syntaxe adaptée à chaque âge (selon les objectifs syntaxiques et lexicaux d’acquisition du langage) Ce sont des albums de l’oral avec un scénario original d’un conte du domaine public Pour éviter toute équivoque, ils font l’objet d’une présentation particulière: un enseignant qui raconte ( mis en forme dans une bulle) Quelques titres: « La petite poule rousse » « Les trois petits cochons » « Le petit chaperon rouge » « Cendrillon » « Boucle d’or et les trois ours » « Le vilain petit canard »

Utilisation: Une ou deux présentations par l’enseignant sur la base d’un texte oral ancré dans l’image ( texte = image) Puis l’album est mis de côté Une ou deux semaines plus tard, faire restituer l’histoire par un ou plusieurs élèves; les entraîner peu à peu au récit oral autonome avec les complexités à leur portée. Les imagiers: Création et utilisation d’imagiers sur la base de lexiques spécifiques. Ils servent d’appui lexical pour explorer et consolider les activités de langage. Ils permettent d’enrichir les connaissances du vocabulaire de l’élève. Imagiers H; M; Q

MACLO Modules d’Approfondissement des Compétences en Langue Orale Les MACLO sont destinés : aux Grands ( premier trimestre) qui n’ont pas les compétences langagières à l’issue de la moyenne section. Aux Moyens (deuxième trimestre) qui sont encore en difficulté en mai ( pauvreté lexicale, problème d’articulation, peu d’acquis au niveau de la syntaxe) et pour tous les élèves dans le cadre des APC. ORGANISATION: La prise en charge s’effectue sur une période massée en petits groupes de langage ( 4 à 6 enfants) pour un module de 3 à 4 semaines souvent en début d’après-midi durant une heure environ ( 14h 15/ 15h15). Le groupe est le plus souvent animé par l’enseignante de la classe qui a repéré les difficultés de l’élève.

L’encadrement des autres élèves est assuré par des adultes de l’école. Au préalable, il est important de lister le dispositif humain disponible dans la période retenue et aux horaires choisis. Qui peut intervenir dans le fonctionnement des MACLO? les maîtres supplémentaires les membres du RASED les ATSEM la directrice (si déchargée) Les animateurs peuvent travailler seuls ou à 2 (enseignante+ATSEM) Certains groupes peuvent ou non être à dominante langagière.

EVALUATION DE DEPART: Elle est réalisée en amont du lancement des MACLO. Elle permet de préciser les axes à travailler. Un outil conçu et édité par Philippe BOISSEAU est particulièrement intéressant en moyenne section. Il cible les domaines suivants: l’expression la communication la syntaxe le vocabulaire et l’articulation

Les outils pédagogiques: - les albums échos ( 1ère et 3ème personne) de situations bien adaptées aux compétences des élèves et qu’ils s’entraînent à présenter avec l’aide de l’adulte - les albums en syntaxe adaptée correspondant au niveau des élèves - les imagiers permettant de travailler les 750 mots de base en section de petits - des jeux: lotos, kim, mémory… - des comptines pour favoriser la différenciation des voyelles et développer une bonne articulation

La séance: Il faut parvenir à gérer l’heure sans que les élèves ne se démobilisent en alternant les activités - albums échos: jeu de recherche de la page…ou albums en syntaxe adaptée: présentation ou réécoute en enregistrement lotos de vocabulaire Kims sur les objets ou les images Rencontre avec un autre groupe pour lui présenter les albums échos qu’on s’est entraînés à raconter L’évaluation finale: reprise de la grille initiale