Les dimensions structurelles de la libéralisation dans lagriculture & le développement rural Banque mondiale (ESSD Africa) - RuralStruc Program – Atelier de MBour avril 2006
Un préalable : Agriculture matters En 2000 : 1.27 Mds dactifs dans lagriculture dans les PED, soit : 96% des actifs agricoles mondiaux, faisant vivre 2.5 Mds de personnes (42% population mondiale) 70% des pauvres vivent en zone rurale Des taux dactifs agricoles très variables : – Asie (yc. Inde et Chine), Afrique = 60% – Amérique latine = 20% (mais 46% Guatemala vs. 15% Chili) – UE15 (4%), Etats-Unis (2%)
Evolution de la population active agricole mondiale
Un impératif : remettre le débat en perspective La libéralisation > dimension commerciale Replacer la libéralisation commerciale dans son contexte… Lexemple de liceberg…
Remettre le débat en perspective (1) Sintéresser à la « configuration » densemble : – Le mouvement général de mondialisation (révolution des transports, de linformation => mobilité des produits, capitaux, idées, hommes) – Rôle de lÉtat => nouveau rôle des firmes Ajustement / désengagement / privatisation Changement institutionnel / démocratisation / décentralisation Nouvelle nature et nouveaux contenus des politiques
Remettre le débat en perspective (2) Sintéresser à la « densité » : – Quelle est la nature des nouvelles polarisations économiques et démographiques ? sectorielles/régionales – Quelles recompositions ? Croissance démographique rapport urbain-rural nouvelle consistance du rural structuration économique (secteurs dactivités)
Remettre le débat en perspective (3) … pour mieux apprécier les « trajectoires » – Quelles tendances dévolution ? – Quelles marges de manœuvre ? – Quelles alternatives => quels projets de société / politique / national ? – Quels choix de politiques ?
Rappel : le référentiel du débat sur la libéralisation Le référentiel « standard » : – Libéralisation interne et externe (« moins dEtat + de marché ») = efficacité => croissance => réduction de la pauvreté Le référentiel « réformé » (début des 90s) : – Existence de gagnants et perdants – Mieux identifier les impacts / identifier les perdants – Définir des filets de sécurité – Identifier les voies dune croissance « pro-pauvres » – « Mieux dÉtat + de marché »
Les 5 limites du débat sur la libéralisation 1. Amplification des effets-prix (effets de 1er ordre) 2. Sous-estimation des effets de structure (effets de second ordre) 3. Sous-estimation des effets de confrontation 4. Occultation de la question de la transition 5. Absence de perspective historique
Les limites du débat sur la libéralisation (1) Une amplification des effets de transmission de « premier ordre » : – Une entrée par les prix des produits agricoles – Renforcée par les choix méthodologiques : le recours aux modèles économétriques qui définissent les gains du producteur et du consommateur Avec une limite technique de construction : prix élasticités Et un référentiel théorique partiel qui sous-estime la concurrence imparfaite
Or la baisse tendancielle des prix agricoles : – Nest pas seulement la conséquence de la surproduction liée au dumping et aux subventions (les distorsions classiques) – Mais aussi du gap entre prix producteur et prix de détail, qui exprime de nouveaux pouvoirs de marché Doù :
Les limites du débat sur la libéralisation (2) Une sous-estimation des effets de transmission de « second ordre », par les structures : au-delà des prix, de nouvelles configurations de marchés – concentration et oligopolisation – intégration verticale par les « filières » agro-alimentaires : première et seconde transformation – Intégration « horizontale » par les chaînes de distribution – Qui modifient : Les règles du jeu : nouvelles façons dacheter, de vendre… et de produire (normes, standards => contrats)… Les conditions daccès et le nombre de «joueurs » (insiders / outsiders) Les conditions de la négociation
Les limites du débat sur la libéralisation (3) Une sous-estimation des effets de «confrontation» : – Une confrontation des productivités entre situations agricoles (écarts technologiques) – Une confrontation des compétitivités (coûts, qualités, volume) – … qui se traduisent par des risques de marginalisation sur les marchés
Les limites du débat sur la libéralisation (4) Une relative occultation de la question de la « transition » – Un risque de remise en cause du modèle évolutionniste sous-jacent des analyses (hausse de la productivité => accumulation de capital, excédent de main-dœuvre => transfert vers dautres secteurs)… – …qui bute sur les caractéristiques démo-économiques (importance des effectifs dans lagriculture et absence doptions de sortie dans un contexte concurrentiel renforcé) => cf. travaux sur Trade and Poverty
Les limites du débat sur la libéralisation (5) Une absence de perspective historique et loubli des conditions spécifiques des premières industrialisations – Un ordre mondial impérial / colonial : ouverture commerciale + contrôle territorial (marchés captifs) – Un ajustement par des migrations internationales de grande ampleur, cf. : Le projet colonial : « la coloniale contre la sociale » Les « nouveaux mondes »
In fine La nécessité de différencier les situations nationales : – Taille démographique => marché intérieur – Diversification économique : secteurs alternatifs (dabsorption) – Base fiscale de lEtat (permettant la redistribution) – Alternatives migratoires La nécessité dune attention particulière pour les « petits et moyens » pays à fort taux dactifs agricoles : existe-t-il un risque « dimpasse de transition » ? – Pays à faible revenu et PMA : Afrique SS, mais aussi Amérique andine, centrale, insulaire, et Asie centrale La nécessité de différencier les situations régionales : marginalisation et polarisation, enjeux territoriaux
RuralStruc Program
Justification et objectifs La nécessité de mieux comprendre les évolutions en cours : « A better understanding for a better policy making » 1. adopter une approche globale des phénomènes de changement en intégrant les dimensions structurelles 2. « affronter » la question de la transition pour certaines catégories de pays 3. modifier la méthode : aller du «correctif» ex-post au débat de politique ex-ante et tester de nouvelles approches comparatives
Hypothèses Trois hypothèses principales : – La segmentation rapide des structures de production et de marché – Les blocages structurels / de transition – La recomposition des économies rurales
La segmentation La concentration des structures de marché et les processus dintégration => une concentration / marginalisation / exclusion au sein des structures de production Émergence dune agriculture à 2 ou 3 vitesses : – 1. une agriculture compétitive, intégrée (avec souvent développement du salariat) – 2. une agriculture marginalisée et des ménages précarisés (activités et revenus multiples et instables) – 3. une frange intermédiaire à risque (insertion résiduelle et manque de moyens dadaptation)
La segmentation (2) Les structures de production : nombre et taille / résultats techniques et économiques Les structures de marché : – le marché des produits – le marché des facteurs (intrants, crédit, foncier)
Les blocages Quelles sont les évolution démo- économiques : rural / agricole / urbain – exode rural ? Et les alternatives existantes : – diversification économique : nouveaux secteurs dactivité => capacité dabsorption (emplois créés) – soupapes migratoires ?
La recomposition Le développement dune nouvelle configuration des ménages ruraux en réponse aux changements globaux (cf. « léconomie familiale darchipel » alliant revenus et activités composites, dorigine locale ou extérieure)
La recomposition (2) Nouvelle composition des revenus ruraux : – Agricole / non agricole (le non-farm = la solution à la marginalisation agricole ?) – Transferts publics (cf. programmes de lutte contre la pauvreté) / privés (remittances) Fonctionnement en réseaux et nouveaux rapports ville-campagne