Economie résidentielle : du diagnostic à la stratégie éléments de méthodes d’analyse et de mise en œuvre stratégique dans les territoires ruraux et périurbains Chamarande, le 27/09/2011
Constats de départ L’économie résidentielle : une notion qui s’est progressivement installée dans le débat public… …mais elle suscite de vives réactions, positives comme négatives, traduisant une certaine confusion, voire une incompréhension dans certains cas. Des diagnostics débouchant rarement sur de véritables stratégies articulées visant à stimuler et tirer partie du potentiel de développement qu’elle recèle. Nécessité de poser le cadre conceptuel pour, dans un deuxième temps, envisager les voies d’une possible stratégie de valorisation de l’économie résidentielle. qui agite le petit monde du dév, qui a émergé dans un cadre académique. terri. Depuis quelques années maintenant,, qui s’est largement diffusé, vau point de s’installer dans le débat public et d’interpeller les acteurs du d, avec une montée en puissance ces toutes dernières années. Éléments du débat souvent mal posé dès le départ parce qu’il à opposer l’économie résidentielle à l’économie productive avec deux types de posture. D’un côté, les défenseurs quasi-exclusifs de la fonction « productive », qu’ils considèrent comme étant la seule « vraie » source de création de richesse, et qui stigmatisent l’économie résidentielle : parce que ce serait une éco de rente, Et que sa pérennité serait plus que soumise à caution. De l’autre, il ya ceux qui voient dans l’éco résid. une planche de salut, un moyen efficace et pourquoi par exclusif et un moyen nécessairement efficace. de revitalisation des territoires. Le propos ici n’est pas Or l’économie résidentielle n’est ni « bonne » ni « mauvaise », déjà de prendre conscience de son importance et de la marque qu’elle imprime sur le développement des territoires. L’idéen on puisse avancer quelques pistes de réflexion sur la possibilité de intégrée dans son étroite interrelation avec les autres dimensions des économies locales.
L’économie résidentielle : de quoi parle-t-on? Notion qui repose sur la théorie de la base qui énonce que le développement d’un territoire dépend de sa propension à : - capter des revenus de l’extérieur du territoire; - injecter et faire circuler ces revenus captés sous la forme de dépenses de consommation dans l’ économie locale. => L. Davezies distingue différentes sources de revenus captés : revenu productifs, revenus résidentiels, revenus publics, revenus sociaux Son fondement, le cadre conceptuel, c’est celui de la théorie de la base , née au début du 20ème siècle, assez simple dans son exposé, car elle nous dit en substance que le développement des territoires dépend de deux mécanismes : Leur capacité à capter du revenu de l’extérieur , on pense aux revenus liés à l’exportation de biens et services , et à leur contrepartie en terme revenus entrants (via salaires versés,), on parlera alors des revenus de la base productive Leur capacité à faire circuler ces revenus sous formes de dépenses de consommation, selon un mécanisme keynésien et effet d’entrainement, d’autant plus important que la part des revenus présents sur le territoire seront dépensés en faisant appel aux productions et services produits localement. L’apport récent, qui a permis de renouveler cette approche et lui redonner une nouvelle jeunesse, c’est celui de Laurent davezies, qui a montré qu’il existence, et surtout l’importance de l’apport de revenus extérieurs captés par les territoires , mais qui ne sont pas des revenus liés à la vente de produits et services, mais qui sont liés à des mécanismes redistributifs sur les territoires : liés à la présence de fonctionnaire, c’est la base publique, à l’ensemble des revenus sociaux de transfert (alloc. Chômage, aides sociales,…) , c’est la base sociale, et enfin et surtout les revenus de la base résidentielle liés aux pensions de retraites, dépenses touristiques, et enfin les revenus liés à la présence d’actif vivant sur le territoire maistravaillant en dehors du territoire, ce sont les navetteurs. Et dans le contexte de mobilité croissante , et ou le poids des revenus de transferts (publics et privés) représente une part de plus en plus importante de la richesse produite (laurent davezies a pu montré au niveau national que la base résidentielle représente à elle seule 52,8% des revenus basiques) , on perçoit dès lors l’importance à s’intéresser , à l’échelle des territoires à cette base résidentielle et, peut-être également, au moyen d’en tirer le meilleur parti Clairement une approche du développement territorial par les revenus et qui montre en substance qu’il existe une géographie de la production de richesses, qui est différente de la géographie des revenus : et que donc si on pousse le raisonnement à l’extrème, on peut être un territoire prospère sans pour produire, et créer de la valeur (dans une logique de rente, ou il suffirait de capter des revenus de l’extérieur et en capacité à les redistribuer pour créer de l’activité et de l’emploi , dans les secteurs domestiques, ceux répondant aux besoins des populations résidentielle : services à la personne, activités commerciales, …) On voit bien les limites de ce raisonnement : si tous les territoires jouent cette carte, le système s’effondre parce qu’en dernier ressort, il dépend des transferts, et donc la base productive , donc question se pose sur la durabilité (repose sur la mobilité, accueille de populations pas extensible à l’infini,…) , qualité des emplois domestiques créées, emplois précaires, saisonniers, etc.
Intérêts de l’approche Une ouverture du champ des possibles pour les territoires; Un vecteur de changement des représentations Un apport pour la compréhension des complémentarités, des relations de dépendance et l'articulation des territoires; Un apport en matière de questionnement sur les modèles alternatifs de développement Néammoins, au voit bien que par delà le débat qu’il peut y avoir sur ces différents points, le développement de cette économie résidentielle , à des incidences à plusieurs niveaux : Constitue une ouverture des possibles pour les territoires : alors que le développement territoire a longtemps fait référence à un modèle unique renvoyant les acteurs publics à la réalisation d’infrastructures de déplacement et à la création de zones d’activités , l’identification et la prise de conscience de l’importance des revenus mobiles pour l’économie locale suggère que d’autres voies sont possibles autour de cette perspective d’attraction et de fixation de revenus sur le territoire. Pour le milieu rural en particulier , la mobilité accrue des ménages représente un atout parce qu’elle génère des revenus qui irriguent les territoires indépendamment de leur capacité productive, et valorise des avantages culturels , identitaires, environnementaux, paysagers , patrimoniaux. En second lieu, cette économie résidentielle impose un changement de regard et de représentation. En général les diags éco généralement réalisés dans les territoires n’incitent pas à explorer les potentiells que recèle l’éco résidentielle. Ils privilégient des approches plus sectorielles que transversales, fondées sur la notion de création de valeur que sur celle de revenus circulants , sur une notion de stocks visivbles (création d’entreprises, nombre d’emplois créés, plutôt qu’en termes de flux (circulation des hommes et des revenus). Ces diags conduisent à focaliser l’attention des décideurs sur les activités dites productives, exportatrices, également plus visibles , et moins diffuses que les activités répondant aux besoins des résidents. Au final, ces diags écon tels que généralement élaborés conduisent in fine à occulter cette dimension essentielle du développement des territoires , ou au mieux à la considerer comme résiduelle et comme une résultante du fonctionnement territoriale. Troisième point : la mise en évidence de l’éco résidentielle permet également de pointer et s’attacher à la compréhension des complémentarités , des relations de dépendances et d’interdépendances des territoires, puisque Les flux de revenus s’affranchissent des délimitations territoriales , des périmètres de gouvernance et de projet. L’analyse des moteurs de développement met en évidence les foyers plutôt producteurs et émetteurs de revenus et les territoires qui a contrario sont plutôt les réceptables de ces revenus résidentiels. Elle permet donc pointer les relations de dépendance / complémentarités, de questionner les risques qui y sont associés, mais aussi les opportunités. Entre territoires adjacents qui sont confrontés à des interactions fortes : sous la forme de migrations pendulaires, zones de chalandise, tourisme de proximité Mais aussi entre territoires distant sans continuité géog. Vis-à-vis de touristes venant d’ailleurs et parfois de lon Quatrième point : l’éco résidentielle amène à questionner les modèles de développement territoriaux, en terme d’alternatives possibles ou de meilleur équilibre à trouver. Elle permet de pointer et interroger les risques économiques , pour chacun des moteurs de développement (résidentiels d’un côté, productif de l’autre, les, et ceux à plus ou moins long terme. C’est par exemple le pays horloger , (zone frontalière avec le jura suisse), frappé par la crise de l’horlogerie , s’interroge sur la manière de rééquilibrer son développement en réflichant aux manières d’éviter l’évasion en termes de revenus de consommations sur les agglo voisines (Montbelliard et besançon) A l’inverse, des territoires dominés par le moteur résidentiel s’interrogent sur la nécessité d’opérer un rééquilibrage en faveur du moteur productif. Je pense à une étude conduite dans le var par l’agence d’urbanimes qui a mis en évidence le caractère très dépendant de son développement à l’égard des navetteurs, des touristes et des retraités installés qui fournissent près de 90% de ses revenus. Et en pointant les risques associés à ce développement assis quasi-exclusivement sur le moteur résidentiel, cette étude a eu l’effet d’un électrochoc, qui a conduit à explorer les voies d’une diversification des sources de revenu local, en s’appuyant notamment davantage sur l’économie maritime et portuaire. Etude sur les passerelles entre industrie de défense et la recherche et impacts de l’éco maritime….
Faire évoluer les diagnostics économiques territoriaux => La méthode « canonique », mais lourde à mettre en œuvre => les méthodes alternatives : migrations domicile-travail, mouvements résidentiels, emplois présentiels, enquêtes auprès des populations résidentes, .. Beaucoup d’acteurs territoriaux qui s’interrogent . On voit aussi Pas nécessairement les mêmes : Migration domicile travail : mesurer les flux de personnes, derrière approche qualitative : qui entre qui sort : à la fois en termes de Parcours résidentiel : qui s’installe sur le territoire, Approche par les emplois résidentiels : INSEE Approche par mesure des revenus Approche en terme de dynamique d’installation :
Passer du diagnostic à la réflexion stratégique Quelques soient les méthodes de diagnostic , ils ne fournissent pas les clés, de manière automatique, d’une traduction stratégique et opérationnelle. Pour ce faire, il faut revenir aux enseignements de la théorie de la base : => deux faits générateurs distincts dans les mécanismes qu’ils sous-tendent, mais complémentaires au regard des effets recherchés sur la dynamique de développement local = les deux grandes voies pour accroître la richesse et l’emploi sur un territoire.
Une démarche assortie des conditions suivantes : 1. Premier fait générateur = captation de revenus circulants En termes de réflexion stratégique : porter l’attention sur les facteurs d’attractivité résidentielle (et touristique) Une démarche assortie des conditions suivantes : Recherche de la durabilité, au sens de la recherche de pérennisation dans le temps du moteur économique que l’on souhaiter stimuler, Mobiliser des actions visant explicitement à optimiser ses effets économiques en activités et emplois sur le territoire
2. Le deuxième fait générateur = circulation sur le territoire des revenus captés En termes de réflexion stratégique : chercher à créer les conditions d’une augmentation de la propension à consommer localement => Stimuler l’offre locale en réponse à la demande locale (offre commerciale, de structuration de l’offre de services à la personne, d’offre constructives, de structuration de circuits-courts de production et de consommation, d’offre culturelles, etc.) et ou/ dispositifs de soutien à la demande
En définitive : une stratégie de valorisation de l’économie résidentielle consiste à porter l’attention sur les critères d’attractivité du territoire dans une perspective de long terme, et à articuler la politique d’attractivité résidentielle et/ou touristique à l’offre économique territoriale pour amplifier les retombées économiques liées à la présence des revenus associés à ces populations sur le territoire.
Les « grandes figures » territoriales associés à cette réflexion de valorisation de l’économie résidentielle Figure 1 : les territoires à fort moteur de captation de revenus résidentiels et forte capacité à faire circuler en interne ces revenus Figure 2 : les territoires à fort moteur de captations de revenus et faible capacité à faire circuler les revenus en interne Figure 3 : Les territoires à faible moteur de captation de revenus résidentiel
Cas de figure 1 : les territoires à fort moteur de captation de revenus résidentiels et forte capacité à faire circuler en interne ces revenus Territoires à fortes aménités résidentielles qui alimentent les flux de revenus sur le territoire indépendamment de la création de valeur produite localement Une palette complète d’offre de biens et de services adaptés à la demande exercée par les résidents permanents et / ou provisoires Des effets pervers et/ou indésirables associés à ce modèle de développement (saisonnalité et précarité, hausse des prix du foncier, effets d’éviction des activités productives, dégradation des paysages et des milieux naturels, déséquilibres budgétaires et surcoûts générés par les charges destinées à assurer la fourniture des services collectifs, etc.) => A long terme, des risques d’effets irréversibles (internes et externes), allant jusqu’à compromettre les facteurs d’attractivité au fondement même du modèle de développement de ces territoires
Cas de figure 1 : les objectifs d’une valorisation de l’économie résidentielle Assurer les conditions d’une pérennisation des deux grands moteurs de développement résidentiels existants dans le temps, par : l’atténuation des effets pervers ou indésirables associés à ce développement par des actions visant à : allonger la saison touristique, qualifier les emplois et favoriser la pluriactivité par exemple, favoriser l’émergence d’offres en lien avec l’évolution des comportements de consommation, organiser et mailler l’offre de service à la population, développer l’offre de transport en commun, etc. la réduction des facteurs de risques et les déséquilibres pesant sur la pérennité de ce modèle de développement à long terme, en particulier, par des actions visant à préserver les aménités résidentielles et la qualité des paysages par (efforts de rationalisation de la consommation de foncier, etc.) Autre stratégie : opérer un certain rééquilibrage en faveur du productif.
Cas de figure 2 : les territoires à fort moteur de captations de revenus et faible capacité à les faire circuler en interne configuration correspondant à celui rencontré dans un grand nombre de territoires ruraux et périurbains. Un regain d’attractivité marqué par une forte hausse des prix du foncier enregistrée dans les pôles urbains, les 35 h et le développement du tourisme de week-end, l’avènement des TIC et le développement du télé-travail,... …qui se traduit par un certain renouveau démographique ayant contribué à maintenir des services et des commerces, voire à redynamiser l’économie locale (artisanat, construction,…). Pour autant, des revenus présents ne produisant pas tous les effets escomptés en termes de création d’activités et d’emploi local, faute d’un tissu économique maillé et organisé pour y répondre. Problématique qui se double, dans certains cas, de handicaps liés à la forte polarisation exercée par la présence de pôles de consommation et de services proposés par des agglomérations voisines
Cas de figure 2 : les objectifs d’une valorisation de l’économie résidentielle articuler les deux aspects suivants : La préservation des qualités (ou aménités) territoriales qui constituent les facteurs d’attractivité résidentielle et touristique du territoire La Stimulation de l’économie locale, en créant les conditions pour que les revenus présents suscitent la création d’activités et d’emplois sur le territoire.
Cas de figure 3 : les territoires à faible moteur de captation de revenus résidentiels 2 sous-cas : Territoires restés à l’écart du phénomène de desserrement des pôles urbains et de l’attractivité résidentielle et/ ou touristique nouvelle , avec des handicaps structurels, souvent cumulatifs Territoires ruraux où l’économie résidentielle apparaît en creux du fait de la présence d’un tissu d’activités « productives »
Cas de figure 3 : les objectifs d’une valorisation de l’économie résidentielle Dans la 1ère situation, celle du « rural isolé » la problématique de la valorisation d’une économie résidentielle est d’abord celle de la définition, de la constitution et de la mise en valeur de facteurs d’attractivité susceptibles d’activer le moteur premier fondé sur la captation de revenu. Dans la 2nde situation, celle des territoires ruraux à forte composante « productive », la sous-valorisation de l’économie résidentielle est également subie par certains égards, mais elle peut également être délibérément assumée, Dans le contexte de crise et d’essoufflement de la dynamique productivo-industrielle, la valorisation de l’économie résidentielle devient un relais de développement. (ex. pays Vitryat)
En guise de conclusion, quelques pistes d’approfondissement : Articuler stratégie de développement de l’économie résidentielle et valorisation de l’économie productive Favoriser le développement de démarches prospectives pour enrichir les stratégies de valorisation de l’économie résidentielle dans les territoires Développer les approches évaluatives de la contribution des stratégies publiques au développement de l’économie résidentielle