FLG et littérature jeunesse au cycle 3

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Transcription de la présentation:

FLG et littérature jeunesse au cycle 3 Un rapide historique Des outils pour analyser un récit Le Festival, académique, de Littérature Genèse

Les débuts de la littérature jeunesse

Esope représenté dans une édition allemande des Fables de 1479. On sait peu de choses sur Esope. Il aurait vécu au VIème ou VIIème siècle avant JC. Plutarque parle de lui comme d’un esclave laid et boiteux. Esope en grec signifie : pieds inégaux. Platon(Vè-IVè siècle av JC), ayant banni Homère de sa République, y a donné à Esope une place très honorable. Il souhaite que les enfants sucent ses fables avec le lait de leur nourrice. Esope représenté dans une édition allemande des Fables de 1479.

Esope Du Corbeau et du Renard. Un Corbeau s'était perché sur un arbre, pour manger un fromage qu'il tenait en son bec. Un Renard qui l'aperçut, fut tenté de lui enlever cette proie. Pour y réussir et pour amuser le Corbeau, il commença à le louer de la beauté de son plumage. Le Renard voyant que le Corbeau prenait goût à ses louanges : " C'est grand dommage, poursuivit-il, que votre chant ne réponde pas à tant de rares qualités que vous avez. " Le Corbeau voulant persuader au Renard que son chant n'était pas désagréable, se mit à chanter, et laissa tomber le fromage qu'il avait au bec. C'est ce que le Renard attendait. Il s'en saisit incontinent, et le mangea aux yeux du Corbeau, qui demeura tout honteux de sa sottise, et de s'être laissé séduire par les fausses louanges du Renard. Reprise de la fable quelques siècles plus tard, au Moyen Age, par un des auteurs anonymes du roman de Renart( XIIème siècle). Les fables font partie d’un genre les bestiaires très courants au moyen âge. Disparition de la mise en rapport du plumage et du ramage, mais célébration des talents vocaux du père de Tiercelin le corbeau. La Fable conserve le principal du récit mais adopte une mise en forme et des références liés à la société où vit l’auteur. Dans le roman de Renart, la fable est au service d’une satire sociale, alors qu’avec la Fontaine, nous avons une forme plus classique, plus épurée.

Esope et La Fontaine Jean de La Fontaine rend hommage à Ésope dans une de ses fables : "À Monseigneur le Dauphin": Je chante les héros dont Ésope est le père, Troupe de qui l'histoire, encore que mensongère, Contient des vérités qui servent de leçons. Tout parle en mon ouvrage, et même les poissons : Ce qu'ils disent s'adresse à tous tant que nous sommes ; Je me sers d'animaux pour instruire les hommes. [...] Le nom d'Ésope est rattaché à un palindrome en langue française : « Ésope reste ici et se repose ».

Travail de comparaison entre différentes versions des fables très intéressant à mener.

COMENIUS Comenius et son « didactica magna » qui préconise l’éducation pour tous. Il publie en 1658 Orbis sensualium Pictus (le monde des choses sensibles en images). Premier livre d’images à but éducatif. Comenius est l’un des premiers à écrire à destination des enfants considérés comme lecteur.

Orbis Pictus

Charles Perrault Charles Perrault est l’ingénieur d’une transformation culturelle à la fin du XVII ème. Il inaugure une littérature populaire en français alors que le latin dominait. Il adapte son écriture au jeune lecteur : langue simple et dépouillée, formules magiques, détail pittoresques. Littérature de jeunesse longtemps étroitement liée à l’idéologie de l’enfance. Rôle essentiellement éducatif jusqu’au XIXème : récits édifiants et moralisateurs

Parution des contes de Perrault en 1697 Parution des contes de Perrault en 1697. Issus plus ou moins de la tradition orale. Les contes de Grimm ne paraitront que 1 siècle plus tard, début 19 ème. Au XIX une version paraît, illustrée par gustave Doré. Ces contes sont aussi lus en salon entre adultes.

Exemple d’album revisitant les contes de Perrault ou de Grimm : Le chat détective de Yvan Pommaux qui part à la recherche de la belle au bois dormant…  « Le grand sommeil » adapte librement un conte traditionnel au roman noir. La belle au bois dormant fait également l’objet de deux versions : la plus connue est celle de Grimm mais celle de Perrault est plus explicite (le texte dit que la mère du jeune prince est une ogresse qui un jour mangera sa belle-fille).

Quelques repères 1533 Pantagruel de F. Rabelais 1697 Charles Perrault, les contes de la mère l’oye 1719 Daniel Defoe, Robinson Crusoé 1726 Jonathan Swift, Les voyages de Gulliver 1820 Contes des frères Grimm 1833 Loi Guizot oblige les communes à avoir une école 1757 Jeanne Marie Leprince de Beaumont publie Le Magasin des enfants avec la belle et la bête. Elle le présente comme un recueil de moral avec des contenus encyclopédiques. Elle publiera par la suite un magasin des ados, des pauvres et un manuel de la jeunesse. (Jean Paul Gourévitch)

« Un des plus célèbres contes des frères Grimm où se mêlent, dans une forêt immense, une marâtre, une sorcière, une maisonnette à croquer, des perles et des pierres précieuses, et le bonheur retrouvé » Une nouvelle traduction des célèbres oeuvres de Rabelais, dans un français moderne et accessible. Une adaptation fidèle à l'esprit rabelaisien, entre éclats de rire et message humaniste. Des encarts thématiques, des notes, une biographie de Rabelais situent les ouvrages dons le contexte de la Renaissance et de l'Humanisme. Un cahier culturel en couleurs offre des clés pour permettre au lecteur de décrypter et d'apprécier les oeuvres artistiques que Gargantua et Pantagruel ont inspirées au fil des siècles.

Quelques repères 1835 Contes d’Andersen (Petite fille aux allumettes, La petite sirène) 1838 Oliver Twist de Charles Dickens 1862 Jules Verne, Cinq semaines en ballon 1865 Lewis Caroll, Alice… 1881 Jules Ferry et Pinocchio de Carlo Collodi, L’île au trésor de Stevenson.

" alice commençait à se sentir lasse de rester assise à côté de sa soeur... " c'est alors qu'un lapin blanc passe en courant tout près d'elle. curieuse, alice décide de le suivre, pénètre dans son terrier et découvre le pays des merveilles imaginé par lewis carroll, où rien ne se déroule vraiment comme au pays des hommes. pour vous baigner dans une mare de larmes, prendre le thé avec un chapelier fou, jouer du croquet avec les flamands roses... suivez alice dans le terrier du lapin blanc !

Quelques repères 1883 Gustave Doré illustre les contes de Charles Perrault. 1894 Rudyard Kipling et les livres de la jungle 1905 Bécassine (BD), parue dans « la semaine de Suzette » 1907 Selma Lagerlof, le Merveilleux voyage de Nils Holgerson 1912 Louis Pergaud la guerre des boutons

Quelques repères 1924 Ouverture de « l’heure joyeuse » 1ère bibliothèque pour enfants 1929 Naissance de Tintin 1931 1ers albums du « Père Castor » 1937 Tolkien et Bilbo le Hobit 1939 les contes du chat perché, Marcel Aymé 1943 Le Petit Prince de Saint-Exupéry 1977 Création du livre de poche pour les enfants.

Très belle version en BD de l’œuvre de St Exupéry

Michel Tournier, après avoir écrit une version de Robinson pour adultes : « Vendredi ou les limbes du Pacifique », donne une nouvelle version pour les enfants : « Vendredi ou la vie sauvage ».

Accélération du phénomène éditorial dans les années 60 1963 parution aux Etats-Unis de « Max et les Maximonstres » de Maurice Sendak Scandale aux Etats- Unis car livre trop opposé aux canons de la création pour l’époque. Il est l’heure d’aller se coucher mais Max fait des bêtises. Il est puni, alors pas de dîner, et pas d’histoires… La nuit, tous les rêves sont permis… Et voilà comment Max, qui avait enfilé son costume de loup fait un merveilleux voyage pour finalement renoncer à être le roi des maximonstres. Récit en boucle dans lequel les illustrations occupent une place prépondérante et fonctionnent sur l’implicite. Le jeu de couleurs, les dimensions et la mise en page rythment le récit.

Deux attitudes extrêmes à éviter Le non-interventionnisme : « la lecture des livres est de l’ordre de l’intime, ça ne regarde personne d’autre que l’enfant » La scolarisation à outrance du livre considéré comme un excellent outil pédagogique à « utiliser jusqu’à plus soif ». thèse de Christian Poslaniec: Attitude 1 fait le terrain où l’illettrisme peut s’enraciner Attitude 2 l’enfant s’en détourne

Des outils pour analyser un récit On peut distinguer : L’histoire, c’est l’objet du récit. Le récit, c’est le discours qui présente l’histoire. La narration prend en charge les choix comme le type du narrateur ou l’ordre dans lequel l’histoire est racontée. Un peu la même distinction qu’entre langue et langage.

2 formes narratives de Base La narration à la 3ème personne Le narrateur ne figure pas dans l’histoire Narration à la 1ère personne Double fonction de cette première personne : - Comme narrateur, elle assure la narration du récit Comme acteur, elle joue un rôle dans l’action (personnage principal, secondaire ou simple témoin) 1er cas : on a tendance à croire qu’il n’existe pas et à ne jamais se poser de question sur lui. 2ème cas : on peut s’interroger sur le degré de fiabilité variable du narrateur

Un narrateur peu fiable : Tuffy Si l’on analyse le discours du chat dans son journal, on voit qu’il prétend avoir commis un crime abominable : il aurait tué le lapin de ses voisins. Finalement, il est coupable d’une autre faute que celle dont il s’accuse.

La narration Le point de vue et la focalisation sont des notions utiles à la compréhension. Il s’agit de répondre aux questions : Qui parle ? Que voit-il ? Que sait-il ? Que pense-t-il ? Le temps de l’histoire et le temps du récit ne sont pas les même en cas de flash-back (analepse) ou d’anticipation (prolepse ). Otto de Tomi Ungerer Prolepse.

Otto Tomi Ungerer Autobiographie d’un ours en peluche "J'ai compris que j'étais vieux le jour où je me suis retrouvé dans la vitrine d'un antiquaire. J'ai été fabriqué en Allemagne. Mes tout premiers souvenirs sont assez douloureux. J'étais dans un atelier et l'on me cousait les bras et les jambes pour m'assembler..." Exemple de prolepse:Otto de Tomi Ungerer Dans cet album, l’auteur commence le récit par la quasi fin de l’histoire. L'histoire commence à la première personne, et Otto nous informe qu'il s'est retrouvé dans la vitrine d'un antiquaire. Or, l'antiquaire n'apparaît qu'à la fin de l'album. C’est, contrairement à ce qu’indique le sous-titre, une fausse autobiographie : l’auteur est différent du narrateur, mais le narrateur et le personnage principal sont confondus. Dans une vraie autobiographie (le journal d’Anne Frank, Léon), les trois « je » se confondent (auteur, narrateur et personnage.

Une « vraie » autobiographie : « Léon » de Léon Walter Tillage L’auteur, dont le portrait illustre la couverture, est né en 1936, dans le sud des Etats-Unis. Ce livre est son Histoire.

La relation texte/image « Au-delà d’une sensibilisation ou d’une formation esthétique, elle rend concrets des procédés littéraires comme l’allusion, la citation, la stylisation, l’ironie, la polysémie ou la métaphore; lire l’image dans l’album revient moins à l’interpréter qu’à prendre conscience qu’elle interprète le texte, et donc à comprendre la notion même d’interprétation. » Tauveron

Images redondantes au texte (illustratives) Les illustrations jouent un rôle descriptif, pour certains passages du texte. La difficulté pour l'enfant est de repérer la place de la séquence illustrée dans le déroulement narratif du texte. images complémentaires du texte L'image assure avec le texte la continuité narrative : elle prend en charge certains éléments qui n'apparaissent pas dans le texte. La mise en relation du texte et de l'image est indispensable à la compréhension. Images redondantes rares dans la littérature jeunesse de qualité.

Exemple d’album où l’image consolide la narration, en donnant des informations et des renseignements complémentaires au texte: extraits authentiques de journaux, photo des enfants. Deux types d’images : des illustrations et des extraits authentiques. Michel Navratil raconte le voyage vers l’Amérique à bord du Titanic qu’il a effectué à 4 ans avec son frère et son père en 1912.Le père, séparé de sa femme, voulait refaire sa vie en Amérique avec ses enfants En tchèque, Navratil veut dire « celui qui reviendra ».Michel et son frère seront retrouvés par leur mère, une niçoise au bout de 3 semaines: elle les avait reconnus sur le journal. Michel devient prof de philo. Il est mort en 2001, à 93 ans.

Images divergentes Les images orientent la compréhension du texte (point de vue particulier de l'auteur, du narrateur, d'un personnage, du lecteur…interprétation particulière du texte…). Les images peuvent même être en contradiction avec le texte. Effet de dérision, de dramatisation ou de mise à distance, de double lecture…parfois difficile à percevoir par le jeune enfant. Images autonomes Les images racontent une ou plusieurs histoires apparemment indépendantes du texte. Tout le problème pour le jeune lecteur est alors de découvrir les liens implicites entre ces images et le texte qui devraient faire sens. Le texte lui-même devient image La typographie suggère ou énonce une interprétation, l'espace d'écriture s'insère dans l'image elle­même : écriture en spirale, en vague, calligramme etc.…

Exemple d’images divergentes « Chez Elle ou chez elle » de Béatrice Poncelet Aller chez l’un ou chez l’autre n’est pas indifférent à ce « Je » de l’enfance, qui dit ses émotions, son ressenti dans les rencontres avec des adultes différents, dans des lieux habités de significations étrangères ou familières. Ce récit d’expérience de vie à la première personne entre en correspondance avec des images dans lesquelles la composition, les références et les citations, l’usage de la typographie, sont autant de signes à interpréter pour se représenter les quatre lieux fréquentés par le narrateur et leur atmosphère : la bibliothèque de l’enfance « chez elle », l’intimité d’un appartement féminin « chez Elle », ou masculin, « chez lui », ou encore la rusticité de « chez eux ». L’enjeu de lecture se déploie dans l’énigme créée par l’indétermination relative des personnages et les résonances subjectives de l’expérience relationnelle évoquée. Nous assistons à la mise en scène des paroles, des pensées ressentis et émotion d’un personnage-narrateur qui n‘apparaît jamais dans l’illustration : l’image peut-elle en dire pus long ou autrement que le texte ? Il s’agit d’inciter les élèves à des lectures conjointes, croisées, en allers/retours, des textes et des illustrations pour construire leur interprétation en s’appuyant sur les dimensions expressive, esthétique et « littéraire » de l’image. - nous sommes devant une « focalisation interne » :l’histoire est perçue subjectivement par le narrateur qui nous livre des images filtrées et reconstruites par son regard. - « les blancs » du texte se donnent à lire dans l’illustration. - l’ambiguïté des pronoms sollicite le lecteur.

Une BD : « Piero » de Baudoin Un adulte évoque son enfance avec son frère dans la région niçoise. C’est un flash-back sous forme d’un récit autobiographique chronologique. Peu de bulles. Elles rapportent les paroles des deux frères - Le texte-voix du narrateur est parfois à l’intérieur de vignettes Comparer avec des textes autobiographiques et saisir l’économie que permet l’articulation texte-image Repérer les histoires racontées dans l’histoire et lister les procédés utilisés pour le faire comprendre.

Un rapport texte/image particulier L'image de la couverture fait penser à une image photographique, documentaire, retravaillée pour l'album qui évoque donc un ouvrage de type documentaire. On ne va donc pas approcher la lecture de l'image et du rapport texte-image de la même façon que dans un album entièrement fictionnel Il s’agit d'un récit enchâssé dans un autre récit. La page de dédicace donne également des informations : "À mes enfants, vos étoiles illuminent ma vie" (R.V.Z) . Cette dédicace de l'auteur renvoie donc à la raison de l'écriture du livre, renforcée par la note de l'auteur qui situe le cadre de la création : "En 1995, cinquante ans après la seconde guerre mondiale, j'ai rencontré une femme dont il est question dans cette histoire. À partir de "Puis elle m'a raconté son histoire..." l'auteur passe le relais à Erika qui va parler à la première personne.

Le choix des textes

Quels textes choisir ? Il faut lire des « textes résistants » Soit des textes « réticents » qui posent des problèmes de compréhension au lecteur Soit des textes « proliférants », qui sont polysémiques et posent des problèmes d’interprétation Plaisir de lire, de remplir des blancs laissés entre les pièces, « le lecteur a le rôle de l’orpailleur qui découvrant un petit grumeau de sens creuse à nouveau pour voir si la pépite ne s’étend pas en un filon » Italo Calvino. Rôle aussi du tisserand qui jongle entre les fils imposés par le texte et ceux importés par le lecteur. Rôle enfin de l’archéologue qui met à jour dans une seule histoire toutes les histoires déposées en strates et qui lancent des clins d’œil complices.Tauveron

L’Auberge de Nulle Part Le narrateur se représente dans les illustrations de cette étrange BD. thème fantastique : passage d’un monde à un autre et retour Un artiste peintre ou illustrateur a perdu l’inspiration, l’imagination. Un jour, sa voiture l’emmène, sans que lui-même le veuille, sur un chemin inconnu qui s’arrête à l’auberge de Nulle Part. Il y est accueilli comme un hôte attendu par un perroquet parlant. Il apprend de la bouche du perroquet que tous les pensionnaires de l’auberge « ont un petit quelque chose de particulier ». Son séjour a donc pour but de trouver sa propre originalité. Au fil de son séjour, il croise et observe des personnages étonnants (auteur, personnage de légende, héros de roman…). Il s’interroge sur les motivations de chacun d’eux . Il pense qu’il pourra ainsi retrouver son imagination. En effet, l’artiste, grâce à la quête personnelle de chaque client, découvre son chemin personnel : il peut à nouveau rendre réel ce que l’esprit ne fait qu’imaginer. Réseau intertextuel dont une partie est expliquée à la fin de l’album : les aventure d’Huckleberry Finn, la petite sirène, L’île au trésor, le petit prince, Moby dick …

dispositifs de présentation des textes Présentation d’un texte seul - lecture in extenso la plus répandue - dévoilement progressif permettant d’émettre et de vérifier des hypothèses - lecture puzzle - lecture avec ou sans : le titre, les illustrations Les mises en réseaux lecture puzzle : notamment dans le cadre d’un travail sur le rapport texte/image

La lecture des oeuvres La lecture feuilleton ou suivie à haute voix ou silencieuse Lecture par le maître sur des passages délicats ou importants Le résumé partiel qui peut être lu ou donné à lire Les lectures différées : à éviter Les débats d’interprétation Les présentations de livres par les élèves Le questionnaire de lecture parfois multiforme : il s’agira de déterminer son rôle précisément. évaluation ? Grammaire ? Orthographe ? Aide à la compréhension ?

La lecture des oeuvres photocopier le texte pour travailler (surligner, entourer les anaphores, découper des parties...) Lecture puzzle, lire un passage et chercher ce qui s’est passé avant. Rechercher un passage, une phrase. Recopier un passage particulièrement apprécié ou important. Faire le lien avec d’autres textes d’autres livres (intertextualité). Reconstitution ou recréation de texte (collectif). Exercices de closure Chasse aux mots en orthographe. Chasse aux phrases mais il ne faut pas trop scolariser la lecture.

Les mises en réseaux Catherine Tauveron propose de distinguer deux types de réseaux : Des réseaux pour faire découvrir ou structurer le socle des référence culturelles communes (genres littéraires, symboles, mythes et légendes, personnages-types) Des réseaux pour faire identifier des singularités ( singularité d’une reformulation, d’un procédé d’écriture, d’un auteur) Policier, conte, roman historique, autobiographique … Eau, feu, eau, couleurs, saisons Fondateurs de notre société et présents en filigrane dans la lit jeunesse(Icare, Ulysse, Jonas …) Le loup, l’ours, la sorcière Réseaux hypertextuels, clins d’œil et référence au texte source, variations, recréations : structure répétitive, notion de point de vue, place et rôle du narrateur,

Les mises en réseaux Le réseau littéraire est compris comme un ensemble ouvert de textes que l’on peut rapprocher, comparer selon un angle de lecture qui souligne les analogies, les parentés, les emprunts les variations, les oppositions, les écarts … L’objectif de la mise en réseaux est de faciliter la compréhension, l’interprétation, l’appréciation. C’est un moyen privilégié de construire une culture littéraire

Quelques exemples réseau autour d’un genre : le journal intime « Journal d’un chat assassin »/ « je t’écris, j’écris »/ « Mon je-me-parle » réseau autour de la notion de point de vue « Verte »/« histoire à 4 voix »/ « l’enfant-océan » réseau autour d’un genre : le fantastique « un chat dans l’oeil » /« l’œil du loup »/ « le rêveur »

Le journal intime Mon je-me-parle : Récit fictionnel qui se présente comme le journal intime de Chloé, petite fille de 9 ans. La particularité de ce journal intime est la présence dans le récit de cet interlocuteur confident : son journal, son je-me-parle (en italique dans le texte). Il vient prendre la place de la tortue Zéphira, première confidente de Chloé, morte 2 jours avant le début du récit. Il peut se rapprocher en ce sens, de certains récits épistolaires comme « je t’écris, j’écris » Ce récit comprend deux parties distinctes : le moment où « je t’écris » jusqu’à la page 53 et celui où « je m’écris ». C’est le mois de juillet, les vacances. Une fille attend le facteur. Tous les jours, elle écrit une lettre au garçon qu’elle aime. Le mois suivant, déçue, elle entame un journal. Elle y décrit sa tristesse, sa colère, ses nouvelles amitiés, son nouveau chaton, puis le souvenir de ses vingt-quatre lettres, de ce serment trahi... Autre sorte de journal intime , celui du chat assassin qui raconte une semaine dans la vie d’un chat. Ce chat rapporte ses impressions : il met en rapport son comportement et les réactions de la famille chez qui il vit. Les illustrations, très humoristiques, reflètent les pensées du chat (cf : la machine à botter les fesses du chat)

La notion de point de vue Histoire à 4 voix :Variations sur une histoire apparemment simple : une mère et son fils, un père et sa fille, se croisent un court moment lors de leur promenade au parc. Le point de vue différent de chacun des quatre personnages, tour à tour narrateurs, est pris en charge à la fois par le langage, la typographie et l'image prolixe. Cette mosaïque permet de porter un regard sur la société dans son ensemble. Verte : Une tranche de vie est racontée par quatre voix successives signalées par un titre un sous-titre, comme s’il s’agissait de mettre en scène des extraits de journaux intimes, de juxtaposer ou mieux de superposer quatre points de vue. Trois voix féminines se font entendre celles d’Ursule, de sa mère Anastabotte et de sa fille, trois voix à la fois proches et empruntes d’une expérience et d’une sensibilité différentes. A celles-ci se joindra en fin de parcours celle du jeune Soufi, hors jeu et porteur de la résolution finale, le candide de l’histoire qui porte un regard étonné et contrasté sur les évènements. On remarquera par ailleurs que la voix d’Ursule revient en fin de roman, comme pour analyser ce qui s’est passé, tirer les conclusions. L’enfant Océan : n’est pas une variation de points de vue autour d’une même histoire (comme 1 histoire à 4 voix), mais un « relais de narration » (Tauveron) qui permet , à partir de la succession de 40 témoignages partiels, ayant chacun leur version propre et restreinte des événements, de construire la totalité de la fugue du « néo Petit Poucet » et de ses frères.

un genre : le fantastique Un chat dans l’œil :Tout va mal pour Dante. Ses parents sont partis travailler à Hong-Kong. Il doit finir l’année scolaire à Venise chez son intraitable grand-mère. Il bafouille quand il parle et quand il écrit, il mélange les lettres. Mais sa vie bascule le jour où il passe la porte de Casimo Dolent, un étrange et séduisant vieux professeur censé lui donner des cours de rattrapage. Casimo aime les chats, le chocolat chaud et les expériences scientifiques. Il réapprend à écrire à Dante, mais surtout il lui apprend à lire…dans les pensées, dans les pensées de Virgile, un petit chaton. Alors, dès qu’il ferme les yeux, Dante se met à tout voir par le regard du chat…Mais est-ce réellement ce que voit le chat, est-ce vraiment ce qui se passe ?…Qui est cette petite fille qu’il « voit » se faire kidnapper « sous les yeux » de Virgile ? L’œil du loup: Dans un zoo, un enfant et un vieux loup borgne se fixent, œil dans l’œil. Toute la vie du loup défile au fond de son oeil : une vie sauvage en Alaska, une espèce menacée par les hommes. L’œil de l’enfant raconte la vie d’un petit africain qui a parcouru toute l’Afrique pour survivre, et qui possède un don précieux : celui de conter des histoires qui font rire et rêver. L’auteur a utilisé la technique de l’enchâssement avec d’une part l’histoire du loup puis en parallèle celle du petit garçon. Le rêveur : Ce livre évoque la vie d'un enfant, tranquille mais rêveur. Il affabule les yeux ouverts, s'invente des histoires conformes à ses désirs. Il explore d'autres points de vue en 6 courtes nouvelles. Dans Le Chat, il prend la place de son animal familier.. Dès le début l’auteur oppose avec humour les deux styles de vie, celui des humains et celui du chat. La présentation du chat, à qui l’on prête des sentiments, réflexions humains, apparaîtront à la relecture comme des signes annonçant les changements qui suivent.

Interprétation des textes L’appropriation des œuvres littéraires appelle un travail sur le sens. Elle interroge les histoires personnelles, les sensibilités, les connaissances du monde, les références culturelles, les expériences de lecture. Echanger ses impressions, élaborer des jugements esthétiques, éthiques, philosophiques, remettre en cause des préjugés.

De la lecture des œuvres à l’écriture Le plaisir d’écrire vient naturellement prolonger celui de lire. Tous les genres rencontrés peuvent faire l’objet d’un travail d’écriture. Pas de règles formelles pour le point de départ. C’est au moment où il écrit que l’enfant peut comprendre comment fonctionnent les systèmes énonciatifs des œuvres qu’il a lues. Quels sont les points de vue défendus dans le texte, dans l’image et dans leur relation. Il est possible de prolonger l’écriture par une mise en livre (typographie et mise en page). Ne pas oublier la création ludique (type OULIPO) ni l’utilisation possible de situation inductive à partir d’une image.

De la lecture des œuvres à l’écriture Production d’écrit : de nombreuses pistes sur le site du FLG (22 fiches d’aide) : Bande dessinée, affiche, galerie de portraits, dépliant touristique, portrait chinois, 4ème de couverture… Story-board, interview, article de presse, critique littéraire, Changement de point de vue… Jeu de l’oie, de 7 familles, calligramme, oulipo… Histoires croisées, correspondance fictive …

Festival littérature Genèse

Un thème, une forme littéraire Le festival s’adresse aux classes de cycle 2 et aux classes de cycle 3, de 6ème et de SEGPA des Alpes-Maritimes et de Monaco ; il leur propose d'élire « le livre de l'année » en argumentant leur choix. En 2008-2009, ce livre sera recherché : -Pour les classes de cycle 2 et de SEGPA parmi les fictions présentant un personnage d'ours. -Pour les classes du cycle 3, de 6ème et de SEGPA parmi les récits en "je". Récit autobiographique ou narration par un personnage à la première personne.

Une lecture en réseau Dans un premier temps, en s'appuyant, s’ils le souhaitent, sur les outils bibliographiques mis à leur disposition (menu Productions), les élèves devront chercher dans les B.C.D., les bibliothèques municipales, sur Internet, chez les libraires les ouvrages qui se rapportent à la structure ou au genre qui les concernent. Après lectures et débats argumentés, il leur faudra choisir le "coup de foudre" de la classe.

1ère production, décrire le réseau le parcours de lecture Une première étape consistera, tant pour le cycle 2 que pour le cycle 3 et les 6è, à décrire le parcours de lecture qui a conduit la classe à fixer son choix au travers, soit : -D’une galerie de portraits. -D’un jeu de l'oie. -D’un carnet de bord. Exemples d’un jeu de l’oie et d’un carnet de bord lauréats des années précédentes et fiche d’aide à la production galerie de portraits

2ème production sur un livre choisi Au cours de la deuxième étape, la classe devra compléter son travail en illustrant sa sélection sous l’une des formes suivantes : Pour le cycle 3 (1 seul choix) -Un changement de point de vue. -Un portrait chinois -Une correspondance fictive avec le narrateur.

Des règles Ces deux productions se feront sous forme de fichier texte, avec illustrations et ne devront pas comporter de sons ou d’animations ; chacune d’entre elles ne dépassera pas deux pages (menu" Productions"). Utilisation indispensable de l’ordi pour scanner, mettre en page…. Et courrier

Envoyer au MAI Une fois réalisés, ces documents « anonymés » seront transmis par chaque classe par fichiers joints aux I.E.N. de la circonscription dont elle relève et ils seront mis en ligne par les M.A.I. sur le site de la circonscription. En résumé, vous envoyez quatre pages en version numérique.

Ce n’est pas fini ! Le travail des classes ne s'arrête pas là. Après avoir été « productrices » de documents, elles deviendront « classes jury » et ainsi, lectrices expertes du travail des autres ; elles devront alors, aidées par des fiches guides pour l’évaluation (menu" Classes Jury"), apprécier le travail des autres classes participantes selon un planning et des modalités que leur fixera le comité de pilotage. Nous avons donc Deux fiches remplies par la classe et notées sur 20. Grille simple à remplir en débat.

CLASSES FINALISTES L’évaluation des productions permettra, par la prise en compte conjointe des deux productions réalisées par chaque classe, de retenir trois classes finalistes par circonscription (une classe de cycle 2, une classe de cycle 3, une classe de 6ème et une classe de SEGPA). À l’occasion du Festival de Littérature Genèse, « le livre de l’année » des élèves des Alpes-Maritimes sera également sélectionné ; sera retenu pour cela et pour chacun des trois cycles, le livre qui aura été plébiscité par le plus grand nombre de classes participantes.

CLASSES FINALISTES Les 30 classes ainsi retenues participeront alors activement à l’un des festivals de Littérature Jeunesse des Alpes-Maritimes selon des modalités qui seront ultérieurement portées à la connaissance des équipes enseignantes. Elles recevront également des lots de livres offerts par l’Inspection Académique et par les professionnels du livre. Les productions de ces 30 classes (cette fois identifiées) seront mises en ligne sur le site de l’Inspection Académique des Alpes-Maritimes.

CALENDRIER Pré-inscription possible jusqu’à fin 2008 Inscription en ligne des classes Menu Inscription sur le site du FLG : http://www.ac-nice.fr/ia06/flg/cl2009 Calendrier à distribuer

bibliographie Lire la littérature à l’école, Catherine Tauveron, Hatier, 2004. Aux petits enfants les grands livres, AFL 2007. Activités de lecture à partir de la littérature jeunesse, Christian Poslaniec, Hachette éducation, 2002 Document d’application 2002, Une culture littéraire à l’école.

En guise de conclusion « Grâce à la conjonction du choix concerté de textes séduisants mais résistants et de dispositifs d’approche inventifs, qui donnent la part belle à l’initiative et à la réaction propre des enfants, on peut espérer construire didactiquement, et non simplement donner, le goût de lire. » C. Tauveron Car, comme le dit Sartre : « Un livre sans lecteur n’est qu’un petit tas de feuilles mortes. »