Le suivi étroit auprès des personnes à potentiel suicidaire élevé : partage de réflexions… Présentation dans le cadre de la journée annuelle de Suicide.

Slides:



Advertisements
Présentations similaires
Processus d’accès aux services pour les EHDAA
Advertisements

JIQH La Villette 10&11 Décembre 2007
Nadia Desbiens, Université de Montréal
Colloque « Au cœur des droits » Vendredi 30 octobre 2009 Victimisation financière : portrait dune réalité méconnue Sarita Israël Coordonnatrice de léquipe.
Plan de campagne de communication au regard de la prévention des ITSS pour Service de lutte contre les infections transmissibles sexuellement.
Section 11 - Transparents
PROGRAMME DE L'EDUCATION DE LA PETITE ENFANCE à Madagascar
Présentation au Congrès de l’Association québécoise
conférence régionale de gériatrie- 6 Novembre 2007-
Collège Professionnel des Acteurs de l Addictologie Hospitalière Assemblée Générale Vendredi 4 avril 2008 Collège niveau 1 Attentes et perspectives Brigitte.
Habiter la mixité Une intervention auprès des immigrants vivant en HLM Claire Bradet Direction de la diversité sociale Ville de Montréal 17 mars 2010.
Prise en charge des urgences en santé mentale dans les Yvelines
Concurrence et complémentarité
1 La mesure de la mortalité prématurée : comparaison des décès avant 65 ans et des années espérées de vie perdues A. Lapostolle a,*, A. Lefranc b,c, I.
Orientations en attente pour les patients hospitalisés à l’AP-HP (Enquête un jour donné) Des solutions innovantes Journée thématique FHF AP-HP 26.
Unité Mobile de Géronto Psychiatrique Intervention en EHPAD Docteur Sigwald Le boisquillon 95230/la cerisaie
Marie-Claude Blais, ing. Jr.
Programmes de Psychoéducation
GESTION DES URGENCES MEDICO-SOCIALES AVEC ANALYSE DE LA CRISE AU MAILLON.
SALON INDÉPENDANT DE LA COPROPRIÉTÉ « Les 3 jours de la Copropriété » Accompagnement des travaux en copropriété Planète Copropriété
Agir en sentinelle pour la prévention du suicide
L’intervention de crise auprès des hommes suicidaires
: des psychologues pour les professionnels de santé en difficulté
Soirée d’information du réseau REPER’ AGE
Le Projet d'encadrement du programme de sciences humaines du cégep de Bois-de-Boulogne.
Ensemble pour une vision renouvelée des services de reconnaissance des acquis et des compétences.
Présentation des services de transition et de réadaptation vers la communauté offerts aux services externes de l’Institut Philippe Pinel de Montréal Cathy.
LE SUICIDE La crise suicidaire.
Quelques recherches évaluatives du RISQ dans les Centres de réadaptation en toxicomanie: tentative de synthèse Michel Landry en collaboration avec Jacques.
Younes YATINE / Coordinateur National des actions prévention HSH
Isabel Larocque, R2 La pédiatrie sociale.
7 & 8 novembre 2005 LES ESPACES SANTE JEUNES DANS LE SYSTEME DE SANTE : PRATIQUES; PARTENARIATS, PERSPECTIVES.
Données, enjeux, besoins
SOUTIEN AUX AIDANTS FAMILIAUX
Réseaux sentinelles en prévention du suicide dans le Bas-Richelieu France Lessard organisatrice communautaire CSSS Sorel-Tracy 14 mai 2008.
Présenté par Isabelle Vézina inf. M.Sc.
12 octobre UN PROJET DE PARTENARIAT ENTRE LE CSSS JARDINS-ROUSSILLON ET LE CÉGEP ANDRÉ-LAURENDEAU par Mme Sonia Bélanger, du CSSS Mme Isabelle Lamarre,
P LAN Q UÉBÉCOIS D A BANDON DU T ABAGISME. But Diminuer le nombre de fumeurs Intensifier les services : Mettre en place des services minimums, Les rendre.
PRISE EN CHARGE DE LA DENUTRITION DES PERSONNES AGEES
Adolescent et suicide : comprendre pour mieux réagir
Case Management à L’Unité de Crise du CHU Brugmann
Département des finances, des institutions et de la santé Service de la santé publique Etat de santé de la population valaisanne Rapport janvier.
SEMINAIRE DE CONTACT novembre 2008 Outils de gestion de projet.
Les principales modifications à la Loi sur la protection de la jeunesse Présenté par Annie Labonté et Natasha Leclerc Direction de la protection de la.
Un programme de gestion du retour à la santé et au travail
EFFETS DE L ’INTÉGRATION D ’UN INTERVENANT SOCIAL D ’UN CENTRE LOCAL DE SERVICES COMMUNAUTAIRES AU SERVICE D ’URGENCE D ’UN CENTRE HOSPITALIER Jocelyne.
Risque de toxicomanie du TC dans le processus d’autonomisation hors de son milieu familial Samsah TC 40 Soustons 4 mai 2012.

CSSS de Dorval-Lachine-LaSalle Le 11 décembre 2009 Le Guichet de soins de première ligne pour les clientèles vulnérables, orphelines de médecin Dre Chantal.
LA CONTRIBUTION DU SERVICE SOCIAL EN ONCOLOGIE PAR FRANÇOIS DALLAIRE, M.S.S. INTERVENANT SOCIAL CINQUIÈME COLLOQUE EN ONCOLOGIE HÔTEL-DIEU DE LÉVIS 6 AVRIL.
Sommet sur la santé mentale de Rogers
Abus de substances et comportements suicidaires à l’adolescence: de l’urgence d’améliorer la prévention N. Werner, J.P. Kahn (CHU Nancy) Société de Psychiatrie.
Par Michel Raîche, Réjean Hébert et Marie-France Dubois
La prise en charge de la vulnérabilité des femmes victimes de violences au sein du réseau d’accueil: quelles ressources et approches? Quelles collaborations.
RÉSEAU ENTRAIDE Réseau valaisan de prévention de la détresse existentielle et du suicide ORGANISATION DES FORMATIONS Dr Serge ETIENNE
L’implication des patients/familles dans l’identification de leurs besoins de soutien de la part de l’infirmière en oncologie Implementation of a Nursing.
1 Stratégie collective pour l’implantation de la loi sur les armes à feu au Québec: Projet parrainé par le Centre national de prévention du crime Les suicides.
Projets-réseau DRMG-CSSS de LAVAL PAR DRE LOUISE PHANEUF M.D. DÉPARTEMENT RÉGIONAL DE MÉDECINE GÉNÉRALE 5 décembre 2007.
PRÉVENIR LE SUICIDE AU QUÉBEC : les enjeux des prochaines années Fédération des cegeps Le 25 mai 2005 Lorraine Deschênes Direction de la santé mentale.
Catherine Tourette-Turgis, Maryline Rébillon COMMENT DIRE, Paris
Actuellement, il y a presque 200 millions de diabétiques dans le monde. Plus de 90% des diabétiques ont le diabète de type 2, et seulement 10% présentent.
Parentalité et déficience intellectuelle: Etat des lieux de la recherche et perspectives Luxembourg 9 octobre 2014  
6èmes journées nationales des EMG 10 et11 AVRIL 2014 Montpellier
HelpAdoLine Rencontre des chargés cantonaux de la santé psychique Berne 23 octobre 2014 Nathalie Schmid Nichols & Adriana Radulescu Centre d’Etude et de.
Portrait de la clientèle des programmes d’assistance sociale Direction de la statistique et de l’information de gestion (DSIG) 20 novembre 2012.
Suicide et conduite suicidaire. Repérage et perspectives de prise en charge AUTEUR H Romano, Cellule d’urgence médico-psychologique du SAMU Reférences.
Offre de service Équipe santé mentale adulte CIUSSS Centre-Sud-de-l ’Île-de-Montréal, territoire Jeanne- Mance Présentation à la Table Faubourg Saint-Laurent.
Ministère de la Santé et des Services sociaux Intégration des travailleurs sociaux en GMF Journées annuelles de santé mentale 3 mai 2016 Dr Antoine Groulx.
Quête d’amélioration, quête de valorisation Centre national d’excellence en santé mentale (CNESM) JASM – 3 mai 2016 Michel Gilbert Coordonnateur.
Comment maximiser l’engagement dans le processus thérapeutique chez des parents immigrants dont l’enfant présente un retard développemental? Stratégies.
Transcription de la présentation:

Le suivi étroit auprès des personnes à potentiel suicidaire élevé : partage de réflexions… Présentation dans le cadre de la journée annuelle de Suicide Action Montréal Le 26 novembre 2009 Françoise Roy Consultante en prévention suicide et développement des compétences consultationsfranco@hotmail.com

Objectifs de la présentation Identifier les personnes à potentiel suicidaire élevé Reconnaître les difficultés dans la capacité à les rejoindre, les évaluer et les traiter (organisationnelles et cliniques) Identifier les objectifs d’un suivi plus intensif et qui tient compte des facteurs de vulnérabilités et de protection

Contexte L’ampleur du problème 1136 suicides en 2006 (taux de 23,4/100 000 chez les H et 6,4/100 000 chez les F) 4 % idées suicidaires = 222 000 personnes(ESQ 98) 5/1000 tentatives de suicide = 42 000 (ESQ 98) 40 % se sont rendus à l’urgence 33,5 % des personnes qui se sont suicidées avaient fait une tentative dans les 5 ans ayant précédé l’enquête. Une large proportion des personnes décédées avaient été hospitalisées au cours des 12 derniers mois, ou avaient consulté principalement en psychiatrie externe, au cabinet du médecin de famille ou en urgence[1] [1] Bureau du Coroner du Québec, Résultats de l’enquête portant sur les personnes décédées par suicide au Québec entre le 1er septembre et le 31 décembre 1996. MSSS, 2000. L.Appleby et al., «Suicide within 12 months of contact with mental health services : national clinical survey» British Medical Journal, vol.318, 8 mai 1999, p.1235-1239.

Définition du potentiel suicidaire Définition : réfère à la probabilité de passage à l’acte à court, moyen ou long terme Composantes : Urgence suicidaire Risque suicidaire Éléments de dangerosité

1. Les personnes à potentiel suicidaire élevé Les groupes de personnes Les facteurs de vulnérabilités qui ont un poids relatif plus élevé. On les retrouve dans les trajectoires des personnes décédées par suicide

Trajectoires des personnes décédées par suicide (Séguin, Lesage, Turecki, Daigle et Guy, 2005)

Descriptif des trajectoires 1 ière trajectoire : 15 % des personnes de l’étude. négligence, abus physiques et sexuels, maltraitance et conflits familiaux majeurs. événements d’abus se cumulent tout au long du développement de l’individu Moyenne d’âge : 38 2 ième trajectoire : 24 % des personnes de l’étude. La vie a été difficile dès le départ le contexte de vie s’est amélioré à l’âge adulte diminuant ainsi les facteurs de risque et augmentant les facteurs de protection. vulnérabilité de base ressurgit lorsqu’ils doivent faire face à des périodes d’adversité plus tard dans leur vie. T 2: « C’est comme si une certaine vulnérabilité, particulièrement au niveau de la personnalité, se soit maintenue chez ces individus pendant tout ce temps et que les difficultés personnelles, psychologiques et psychiatriques les rattrapent en milieu de vie et provoquent un effritement relationnel et un cumul de difficultés avant le passage à l’acte. Ce sont d’ailleurs ces personnes… qui ont commis le plus grand nombre de tentatives de suicide et qui présentent des taux de psychopathologies de l’axe I et II relativement élevés. » (Séguin, 2005, p. 22)

Descriptif des trajectoires (suite) 3 ième : 43 % des personnes décédées de l’étude. la vie a bien commencé un minimum de facteurs de risque et plusieurs facteurs de protection. progressivement des éléments d’adversité dans la vie et contexte de vie graduellement dégradé. grand nombre de psychopathologies de l’axe I (toxicomanie et dépression) Caractéristique : effritement relationnel et affectif de plus en plus important et relié à la présence d’alcoolisme et de dépression. En général, peu de tentative de suicide et le geste suicidaire apparaît à la suite d’une séparation ou d’une perte affective.

Descriptif des trajectoires (suite) 4 ième trajectoire : 17 % des personnes décédées de l’étude. Présentent peu de facteurs de risque et d’éléments d’adversité En moyenne âgées de 52 ans Se suicident à la suite d’une situation de perte importante et lorsqu’il y a une dimension d’humiliation ou de perte publique réelle ou perçue comme telle.

Facteurs qui ont un impact plus « important » lors d’une crise suicidaire Toxicomanie : intoxication, dépendance, sevrage, produits Dépression Difficultées interpersonnelles et sociales Tentative de suicide antérieure Impulsivité Collaboration difficile (capacité à demander de l’aide) Désespoir

2. Comprendre les difficultés à rejoindre, évaluer et traiter les personnes à potentiel suicidaire élevé Quelles sont les difficultés rencontrées (équipe de 4-5), identifier 3 éléments dans chaque catégories. 10 minutes Retour en grand groupe : Un représentant par équipe Voir les constats

Constats dans les difficultés pour rejoindre, évaluer et traiter les personnes à potentiel suicidaire élevé Peu de continuité dans les services offerts La majorité des personnes qui se sont suicidées a consulté un médecin le mois précédant leur décès (Luoma et collab., 2002). Difficulté d’accès rapide aux services psychosociaux et médicaux. Manque d’intensité dans le suivi auprès des personnes suicidaires Peu de services adaptés à la comorbidité (SM et Toxico) Peu de concertation entre les ressources d’aide (les personnes qui sortent de l’urgence ne sont pas prises en charge assez rapidement et une seule référence à un service d’aide a peu d’impact sur les personnes suicidaires). Ces constats provinciaux nous amènent à penser que, trop souvent au Québec, l’organisation actuelle des services répond peu à une majorité de personnes suicidaires qui demandent peu d’aide. Le pari du suivi étroit est d’offrir rapidement et de façon systématique un suivi plus intense aux personnes suicidaires qui se présentent à l’urgence et que nos organisations de soins arrivent peu à rejoindre. Pour ce faire, le suivi étroit devra s’inspirer de certaines pratiques utilisées par les travailleurs de rue, par les intervenants en toxicomanie et par ceux qui se spécialisent dans l’intervention auprès des hommes. Ces approches facilitent l’établissement d’un lien de confiance auprès des personnes qui présentent une grande détresse, mais qui demeurent récalcitrantes aux services d’aide tels que nous les connaissons actuellement.

Constats (suite) Absence de pratique de « Reaching out » (aller vers) « Si la personne ne demande pas d’aide elle-même, on ne peut pas l’aider » !! Pourtant, cette pratique permet de rejoindre des clientèles qui abandonnent facilement les liens avec les services d’aide, compte tenu de leur désespoir et de leur niveau de désorganisation matérielle et cognitive, etc. (Mueser et collab., 2001).

Constats (suite) Certaines pratiques ne sont pas cohérentes avec l’état des connaissances du problème Risque élevé de suicide ou de récidive après une tentative de suicide Absence de suivi qui tient compte des facteurs qui augmentent le risque Le suicide survient lorsque la situation de la personne se détériore, qu’elle n’a plus accès aux services d’aide et que son entourage s’éloigne (Mishara et Chagnon, 2007) Lieu d’intervention pas toujours adaptés aux besoins

Constats (suite) Certaines personnes sont plus difficiles à aider, parce qu’elles : Nous font sentir impuissants Ne sont pas des « bons clients » : adhésion, collaboration Ont de nombreux facteurs de vulnérabilité … et il est difficile de discriminer le risque du risque

3. Donc… Pour toutes ces raisons, la mise en place d’un suivi, tel le suivi étroit, permettra de mieux rejoindre, évaluer et traiter les personnes à potentiel suicidaire élevé. Une attention particulière devrait être portée : Aux personnes qui ont fait une tentative de suicide (particulièrement lors de la sortie des services hospitaliers) Les personnes toxicomanes Les personnes dépressives

Ce type de suivi permettrait : Améliorer la coordination et la continuité des services Soutenir et accompagner la personne dans la réintégration de son milieu de vie Assurer le lien avec tous les intervenants impliqués Accompagner la personne et son entourage dans les différentes étapes du processus d’obtention de service (soutien, accompagnement)

Principes et caractéristiques de ce type de suivi Intervention : centrée sur l’ensemble de la situation, tout en favorisant les liens avec l’entourage ; tenant compte des caractéristiques des personnes présentant un potentiel suicidaire élevé : intervention proactive (reaching out), durée et intensité variable. Travail centré également sur la diminution des facteurs de risque et sur l’augmentation des facteurs de protection. Les interventions avec la personne suicidaire et/ou son entourage peuvent se réaliser en face à face ou par téléphone, dans le milieu de vie de la personne ou à tout autre endroit jugé opportun

Intensité et durée du suivi Une première rencontre est réalisée rapidement La personne sait qui elle verra lorsque la référence est terminée Un nombre de contacts rapproché devrait être offert durant le premier mois. Par la suite, l’intensité et la fréquence devrait être déterminés en en fonction : de la situation de la personne et de ses besoins ; de l’intensité de la crise ; du potentiel suicidaire. Durée optimale permettant l’atteinte des objectifs Fin du suivi lorsqu’on note : résolution de la crise réintégration dans le milieu de vie diminution de la vulnérabilité (facteurs de risque) et une augmentation des facteurs de protection

Commentaires et réflexions MERCI !! Françoise Roy consultationsfranco@hotmail.com