RESILIENCE : Réflexion théorique et clinique Marjorie Poussin
Face à une situation perçue comme difficile / stressante Mécanismes psychologiques Conduites individuelles Gestion de la transition / changement Moyens / ressources du sujet Impact sur l’identité
Situation sens réactions Grande variabilité interindividuelle
Réactions défensives ou offensives / stratégies Adaptation / Homéostasie
Résilience : survivre à des situations extrêmes Personne résiliente a vécu une situation extrême, un événement à haut risque de dysfonctionnement provoquant un stress élevé et ayant des effets généralement perturbateurs. B. Bettelheim (1943) : Comportement individuel et comportement de masse dans les situations extrêmes.
« Nous nous trouvons dans une situation extrême quand nous sommes soudain catapultés dans un ensemble de conditions de vie où nos valeurs et nos mécanismes d’adaptation anciens ne fonctionnent plus et que certains d’entre eux mettent même en danger la vie qu’ils étaient censés protéger » (Bettelheim , 1979, 24). « L’effondrement brutal et simultané de toutes (nos) défenses contre l’angoisse de mort nous précipite dans ce que j’ai appelé, à défaut d’un autre terme, une situation extrême » (id. ibid.).
La survivance implique 2 temps : Le traumatisme originel : dégradation de la personnalité, destruction de la vie sociale antérieure Les effets ultérieurs : vulnérabilité, répercussions sur la vie de la personne le survivant garde la conscience que le traumatisme a mis à mal sa propre intégration psychique et que ses défenses habituelles ne lui ont pas assuré une protection adéquate
3 réactions possibles du survivant : Se laisser détruire par l’expérience : sentiment d’incapacité, d’injustice Nier toute conséquence durable : Ce processus peut-être conscient (refus), préconscient (dénégation, répression) ou inconscient (refoulement) Lutter, faire face : « Résilience : se (re)construire après le traumatisme » J. LIGHEZZOLO & C. DE TYCHEY (2004)
Fisher (1994) : Le ressort invisible situations extrêmes vécues collectivement (guerres, catastrophes naturelles, génocides, etc.) situations vécues individuellement (maladies, handicap, sida, accidents, perte d’un être cher..)
Le handicap acquis : du traumatisme au deuil Le refus face à une réalité trop douloureuse. La dénégation est un amortisseur après le choc de nouvelles brutales qui permet à la personne de se recueillir => d’autres systèmes de défense. L’irritation, l’injustice, phase d’agressivité projetée dans toutes les directions sur l’entourage, les soignants, au hasard. Phase de dépression : pertes multiples : atteintes physique, atteinte du projet de vie, atteintes narcissique , de l’image et l’amour que l’on a de soi. Phase d’accommodation : question du sens; réaménagement psychique
Handicap congénital Traumatisme de l’annonce/révélation Mécanismes de deuil pour les parents : enfant idéal. Et pour l’enfant? Traumatisme de naissance. Se construit dans le regard traumatisé de ses parents. Révélations quotidiennes de son handicap : réactivent le processus d’annonce.
Définition de la résilience La personne n’est résiliente que si elle a pu traverser cette situation, vivre cet événement sans effets perturbateurs majeurs sur son développement psychologique et social (Tap, 2005). Qu’est ce que le développement psychologique normal, le comportement normal ?
Résilience : notion complexe, multidimensionnelle Première définition : Aptitude d'un corps à résister à un choc (du latin resilientia) : « tenir le coup » L’effet négatif du traumatisme est résilié, annulé (du latin resilire, ex. résilier un contrat) ; il y aurait retour à l’état antérieur. Dénégation ou prise de distance => transition fluide
Seconde définition : Après la rupture, la chute, la personne se relance, rebondit => transition dure. La rupture et ses effets ne sont pas niés : mais la personne va « remonter la pente », lutter contre la dépression ou l’hostilité, se reprendre, « repartir d’un bon pied ».
Phase de crise (transition) Rupture (chute) Rebond (Relancer) Phase de crise (transition) Transition dure B A PHASE DE
L’important, ce n’est pas tant l’événement ou la situation en soi, mais la façon dont le sujet vit sa situation. « Le ressort psychologique est l'aptitude des individus et des systèmes à faire face avec succès à une situation très défavorable ou comportant un risque élevé. Cette aptitude se développe et change avec le temps. Elle est renforcée par les facteurs de protection chez l'individu ou dans le système et le milieu, et contribue au maintien d'une bonne santé ou à l'amélioration de celle-ci » (Mangham, C., McGrath, P.., Reid, G. & Stewart, M., 1995).
Facteurs de risque et vulnérabilité Antony, Chiland & Koupernick, 1982-86 : 3 grandes catégories de facteurs : liés aux caractéristiques de l’enfant : (pbs de santé, handicap ou personnalité) liés aux caractéristiques familiales (structurelle familiale inadéquate, pauvreté, isolement social) liés à des caractéristiques socio-environnementales plus larges (guerres, catastrophes…). RUTTER (1985): concept de risques cumulés Anthony (1982) => profils de risque Marcelli (1996) => pas de déterminisme
Les facteurs de protection Gamerzy et Masten (1991) : 3 catégories de facteurs facteurs individuels : la personnalité (Jeanne et Jack Block : Ego-resiliency); la réflexion et les aptitudes cognitives ; le sentiment d'auto-efficacité et d'estime de soi ; compétences sociales ;la créativité, la capacité à utiliser les mécanismes de défense disponibles (déni, clivage, sublimation, intellectualisation, humour..). facteurs familiaux : la chaleur et le soutien parental, bonnes relations parents/enfants, harmonie parentale... facteurs extra-familiaux : réseau de soutien (pairs, enseignants, organismes sociaux...) Cyrulnik (1999) : tuteurs de résilience
Intérêts et applications cliniques de la résilience Nouveau regard : potentiel du sujet à rebondir; Travailler sur les processus individuels défensifs et l'estime de soi; Encourager la réussite dans les domaines importants pour le sujet (scolaire, social, sportif...); Travailler sur les potentiels familiaux : compétence des familles (Ausloos, 1995).
Conclusion sur la résilience Pas de déterminisme Processus dynamique et évolutif Attention aux dérives… (manichéïsme : vainqueurs/perdants) : L’invulnérabilité n’existe pas… La résilience, à quel prix ? Survivre et rebondir (M. Hanus, 2001) « Il ne faudrait cependant pas sous estimer la réalité de la blessure affective sous-jacente qui n'en est pas cicatrisée pour autant ».