Stratégie thérapeutique dans l’ulcère de jambe veineux 26/03/2017 Dr Bruno LECLERCQ Angéiologue 59 - DENAIN
Pourquoi parler de l’ulcère de jambe veineux ? il représente 70 à 80% des ulcères de jambe sa prévalence augmente avec l’âge il nécessite des soins prolongés il est invalidant c’est un problème de santé publique HAS : recommandations novembre 2006
Nos objectifs connaître les spécificités de l’ulcère de jambe veineux identifier les causes de retard de cicatrisation obtenir la cicatrisation dans des délais raisonnables éviter la récidive
Définition de l’ulcère de jambe veineux c’est une plaie cutanée située sous le genou qui n’a pas cicatrisé 6 semaines après sa constitution et qui vient compliquer l’évolution d’une insuffisance veineuse superficielle ou profonde les autres composantes étiologiques ayant été éliminées
Physiopathologie de l’UJV il est le témoin de l’échec ou de la non prise en charge correcte de l’insuffisance veineuse et de l’hypertension veineuse distale
Qu’est-ce que l’hypertension veineuse distale ? 2 types : superficielle (varices) profonde (post-thrombotique)
Physiopathologie hypertension veineuse superficielle ou profonde distale distension des capillaires manchon de fibrine péri-capillaire diminution des échanges anoxie cutanée + accumulation de déchets + agrégats monocytes -plaquettes + inflammation ulcération cutanée
Diagnostic positif de l’ulcère veineux le diagnostic des formes simples est clinique l’écho-doppler est le seul examen complémentaire nécessaire et indispensable dans les formes isolées (pas de prélèvement, pas de biopsie)
Présentation clinique distal et péri-malléolaire int/ext superficiel ou peu creusant modérément douloureux en dehors des phases d’extension/infection maladie variqueuse ou antécédent de maladie thrombo-embolique veineuse pouls perçus et IPS > 1
L’examen écho-doppler est le seul examen à pratiquer systématiquement est indispensable dans le bilan initial a un très bon rapport coût/bénéfice précise la nature de la maladie veineuse causale, renseigne sur la perméabilité artérielle et pose l’indication chirurgicale
Evolution d’un ulcère veineux extension en surface centrifuge avec confluence et possible forme circonférentielle guérison spontanément lente (6-9 mois) voir autonomisation (15-20%) = évolution > 2 ans récidives fréquentes (65 à 70%) complications tjs possibles
Complications d’un ulcère veineux complications infectieuses : infection locale ou loco-régionale (lymphangite, érésipèle, ténosynovite, ostéo-arthrite) voire sepsis avec greffe infectieuse métastatique organique ou prothétique (rares) dégénérescence locale rare (<1%)
Qu’est-ce que la colonisation d’un ulcère? présence d’une flore bactérienne naturelle non pathologique sécrétions purulentes si odeurs = colonisation importante (pullulation microbienne) ou pyocyanique (verdâtre) ou anaérobies >>> changement de pansement
Quand suspecter la transformation maligne de l’ulcère ? bourgeonnement excessif et saignement anormal de la plaie ou de ses berges indurées >>> biopsie (carcinome spinocellulaire, basocellulaire, lymphome, angiosarcome)
Reconnaître l’infection de l’ulcère extension brutale et douloureuse avec bordure nécrotique et peau périphérique inflammatoire, syndrome infectieux >>> traitement infectieux général
Reconnaître l’autonomisation de l’ulcère Ulcère ancien (> 2 ans), atone, n’évoluant plus et réfractaire aux traitements, à socle fibreux (fond blanc) >>> excision large de l ’ulcère et de son socle
Identifier les causes d’échec de cicatrisation ulcère non bilanté maladie veineuse non prise en charge patient non compliant (repos, contention, traitement) mauvaises conditions socio-économiques pansements et soins inadaptés
Identifier les facteurs de mauvais pronostic 1- liés à l ’UJV ancien > 2 ans grande taille > 10 cm atteinte du derme profond peau péri-ulcéreuse / berges situation distale ou face post. circulaire, multiple et confluent colonisation poly-bactérienne réponse (-) après 4 sem. de tt
Identifier les facteurs de mauvais pronostic 2- liés au patient grand âge, dénutrition diabète sucré, polynévrite corticothérapie au long cours insuffisance cardio-respiratoire, artérite défaut d’hygiène sédentarité, troubles de la marche, ankylose de cheville
Indice de Skene (1992) 4 items : surface de l’ulcère ancienneté âge du patient antécédent de thrombose veineuse profonde (maladie post-thrombotique)
Autres critères Critères de Kantor (2000) : âge profondeur réponse au traitement discipline du patient Critères de Margolis (2004) surface de l’ulcère évolution (ancienneté)
Indice des berges de la plaie bords minces, rosés, en pente douce vers le centre = favorable bords épais, inflammatoires, éversés = défavorable
Principes généraux du traitement le patient doit être compliant l’HTV doit être corrigée les pansements doivent être effectués par une IDE et adaptés à l’état local de la plaie détersion rigoureuse = gage de cicatrisation l’hygiène doit être rigoureuse (VAT), les bains de pieds évités
Principes généraux du traitement la cicatrisation est plus rapide en milieu humide utiliser les produits les plus neutres respecter la colonisation naturelle de la plaie adapter les soins à la phase de cicatrisation
détersion = gage de cicatrisation
Comment corriger l’hypertension veineuse? repos déclive (éviter la position assise jambes pendantes) contention forte par bandes amovibles ou standard en classe 3 avec interposition de mousse gymnastique anti-stase cure chirurgicale de varices (sauf si MPT)
Recommandations HAS (novembre 2006) traiter par compression à haut niveau de pression en l’absence d’AOMI favoriser les compressions multi-couches vérifier l’observance de la compression opérer les insuffisances veineuses superficielles sinon prescrire une compression au long cours pour prévenir les récidives
Traitements adjuvants acide acétylsalicylique : 300 mg/j (action anti-inflammatoire) pentoxifylline LP : 400 mg 3 fois/j (action fibrinolytique) flavonoïdes ? zinc ? auto-greffes cutanées en pastilles répétées
Autres traitements adjuvants facteurs de croissance (Régranex®) collagène (poudre Catrix®, éponge Intégra®) acide hyaluronique (compresses et crèmes Ialuset® et Effidia®) living equivalent skin (Dermagraft®, Apligraf®)
Autres traitements adjuvants autohémothérapie (facteurs de croissance) occlusion sous vide « vacuum sealing » (drainage) biochirurgie - lucilia sericata - (détersion) « maggot therapy »
bloc de mousse, pst occlusif transparent, redon, aspiration 26/03/2017 bloc de mousse, pst occlusif transparent, redon, aspiration 50-75 mmHg en continu 48 h puis par intermittence
Quand penser à l’hospitalisation ? nécessité d’un geste chirurgical (décapage, éveinage variqueux) ulcère très ancien étendu atone ulcère compliqué notamment très infecté (érésipèle aigu sévère) très mauvaises conditions socio-économiques (soins impossibles au domicile) non observance du traitement manifeste (repos, contention) polypathologies difficiles à gérer au domicile
Les bénéfices d’une hospitalisation surveillance quotidienne et prise en charge globale respect du repos, observance des traitements hygiène et qualité des soins éducation et rééducation du patient avis spécialisés et traitements spécifiques (vacuum sealing, chirurgie, ATB parentérale...) bilans complémentaires organisation du retour au domicile
En conclusion tout ulcère de jambe doit être bilanté par écho-doppler (au moins une fois) ne pas attendre, pas de fatalité beaucoup de pansements techniques qu’il est nécessaire de bien connaître pour bien les utiliser au bon moment la compression est primordiale dans la prise en charge pour lutter contre l’hyperpression veineuse qui fait le lit de l’ulcère rôle de l’infirmière fondamental (éducation, suivi et détersion)
Références http://www.has-sante.fr http://www.ulcere-de-jambe.com
Bibliographie
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