La France Données sociales Licence 1ère année Cours de sociologie UPJV Faculté de philosophie, sciences humaines et sociales Enseignant: Frédéric Lebaron

Leçon 1. La démarche sociologique La sociologie comme discipline scientifique: combinaison entre enquêtes et observations / modèles et théories. Absence de données expérimentales. Les données sociologiques résultats d’un dispositif de construction. « Les faits sont construits, conquis, constatés » (G.Bachelard). Le vocabulaire sociologique et les prénotions ; catégories spontanées, catégories scientifiques ; nomenclatures et classifications.

Plan de la leçon 1. L’assise statistique de la sociologie 2. Les enquêtes contemporaines et leurs usages 3. Données sociales et progrès scientifique: réflexions épistémologiques

1. L’assise statistique de la sociologie Référence: F.Héran, « L’assise statistique de la sociologie », Economie & Statistique, 1984, 168, p.23-35, téléchargeable sur le site de Persée http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1984_num_168_1_4881 « Pour appréhender les faits sociaux de façon objective, la sociologie ne peut se passer de la méthode statistique » (Héran).

1. L’assise statistique de la sociologie L’objectivation statistique comme instrument de connaissance sur le monde social. « Régularités » (Emile Durkheim). Exemple : mixité au lycée et insertion professionnelle selon le sexe (rapport Filles et garçons sur le chemin de l’égalité, de l’école à l’enseignement supérieur, DEPP/MEN, 2009).

1. L’assise statistique de la sociologie Le problème des catégories statistiques: catégories juridiques (exemple: la situation matrimoniale), administratives (exemple: les sections du baccalauréat) ; nomenclatures officielles (exemple: les branches d’activité). Régularités, indicateurs et interprétations sociologiques. L’apport des données « qualitatives »: « description épaisse » (thick description), interprétation des processus au niveau individuel ou microsociologique.

2. Les enquêtes contemporaines et leurs usages Existence d’un vaste système d’enquêtes quantitatives, en particulier de la statistique publique, dont les données sont largement accessibles, sous diverses formes. Exemple: les « relations professionnelles » dans les entreprises. REPONSE (Relations professionnelles et négociations d’entreprise), réalisée au ministère du travail.

L’exemple de l’enquête REPONSE (DARES, ministère du travail) Après les éditions de 1992-1993 et 1998-1999, l’enquête Relations professionnelles et négociations d’entreprise (REPONSE) de 2004-2005 fournit pour la troisième fois en France une photographie de la situation sociale des entreprises. Réalisée dans 3 000 établissements d’au moins 20 salariés, elle permet de croiser les points de vue des acteurs en interrogeant à la fois un représentant de la direction, un représentant du personnel (lorsqu’il y en a un) et un échantillon de salariés. Le questionnement porte entre autres thèmes sur la présence et la nature des instances de représentation du personnel, la tenue de négociation et la conclusion d’accord collectif, l’existence de conflits collectifs et la perception du climat social. Exemple de conclusion : hausse de la conflictualité hors grèves de plus de 2 jours.

Autre exemple, l’enquête sur le contexte de la sexualité en France L’enquête CSF a été réalisée en 2006 par l’INSERM  et l’INED. La recherche a été soutenue financièrement par l’ANRS, avec le concours de la Fondation de France, de la Direction des Recherches et Etudes Statistiques (DREES) du ministère de la Santé, et de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES).  Il s’agit de la troisième enquête nationale sur les comportements sexuels en France, après l’enquête Simon[1] en 1970 et l’enquête « Analyse des Comportements Sexuels en France » (enquête ACSF)[2] en 1992. L’enquête ACSF a été menée en 1992 auprès de 20000 personnes Cette enquête avait été réalisée au plus fort de l’épidémie de sida, et avait eu un grand retentissement. Les résultats ont contribué à guider l’élaboration des politiques de prévention de la transmission sexuelle de l’infection à VIH.

3. Données sociales et progrès scientifique : réflexions épistémologiques L’accumulation de données sociales -ou sociologiques- (quantitatives ou qualitatives) n’implique pas l’existence d’une véritable accumulation de connaissances scientifiques. L’accumulation de connaissances dépend de la sélection progressive des modèles interprétatifs les plus adéquats. Plusieurs modèles coexistent actuellement en sciences sociales (« pluralisme théorique »), ce qui ne signifie pas qu’ils se valent (« relativisme »). Problème: quels critères pour les départager ? Adéquation aux données ? Capacité prédictive ?