La famille est un système ouvert : C'est-à-dire qu’il y a présence d’une frontière qui permet de gérer de manière plus ou moins perméable le flot d’énergie, de matières et d’informations qui y transitent. On parle d’input pour les informations qui entrent dans le système et d’output pour les informations qui quittent le système. Les changements du système ne seraient pas uniquement liés aux modifications internes, mais aussi en relation avec les échanges famille—environnement. Décrire la famille comme un système en évolution, c’est porter attention au fait que le changement ne peut se produire qu’en relation avec le temps.

Quels sont les principes qui découlent d’une vision de la famille comme étant un système ouvert et en évolution ? Pour rendre compte d’un tel système, il faut tenir compte des processus et de l’évolution de ces processus dans le temps. Prendre en compte un processus, c’est se centrer sur les interactions et la dynamique existante entre les éléments du système ainsi qu’entre le système et son environnement. Les qualités d’un système ouvert et en évolution émergent de l’interaction de ses parties (le tout est plus grand que la somme des parties). Ce qui permet de définir une série de processus évolutifs comme appartenant à un système est lié à leur organisation dans des schémas récurrents et répétitifs s’inscrivant dans le temps. De ces régularités observées, on peut déduire les règles qui gouvernent le système. Les règles qui gouvernent le système sont hiérarchisés. Il est clair que toutes les règles ne sont pas égales dans l’étendue de leur application (il y a des règles et des méta-règles).

Les règles de premier niveau sont les règles concrètes. Les méta-règles quant à elle spécifient les conditions sous lesquelles les règles de premier niveau s’appliquent. Derrière ce second niveau se situent les politiques médianes qui définissent les paramètres d’application (comme le style d’éducation approprié à un certain âge). Les règles de troisième niveau représentent la philosophie, les valeurs derrière les choix. Elles peuvent évoluer avec le temps, mais demeurent les schémas de référence les plus stables et les plus centraux.

Parmi les règles familiales, on peut en identifier certaines qui servent à maintenir la continuité et l’identité familiale dans le long terme. Il y en a qui servent à gérer les distances relationnelles entre les membres. Elles servent de régulateurs entre les forces qui militent en faveur d’une unité de vie cohérente et celles qui visent à préserver l’identité individuelle et à limiter le degré d’entremêlement (on nomme cette dimension la cohésion). Il y a d’autres règles qui gèrent la circulation entre l’interne du système familial et l’environnement. Elles servent de régulateur entre les énergies dépensées pour augmenter les liens avec l’environnement et celles dédiées au maintien des frontières entre la famille et l’environnement (adaptabilité de premier ordre).

La famille vue comme un système orienté vers un but : Comme tout système cybernétique, la famille poursuit des buts. Pour poursuivre des buts, il faut préalablement choisir des buts et mobiliser les membres de la famille autour d’eux. Pour poursuivre des buts, il faut une fonction exécutive pour en définir le sens, les destinations intermédiaires, les tactiques à utiliser. Pour atteindre le but, les progrès doivent être mesurés et les déviations perçues doivent être corrigées. Il faut cependant comprendre que les familles varient dans leurs efforts à construire des buts et objectifs communs et à les poursuivre.

La famille comme un système autorégulé : Pour une autorégulation efficace, un système doit recevoir continuellement des informations provenant de trois sources : des informations du monde extérieur, des informations du passé à large spectre et recombinée (buts, valeurs, histoire) des informations sur le système lui-même et ses parties. L’autorégulation prend la forme d’une boucle de rétroaction qui permet à la fois de maintenir la stabilité du système tout en permettant les changements adaptatifs requis.

Le principe de variété requise Un élément à tenir compte chez tous les systèmes auto-régulés est le principe de la variété requise. Ce principe stipule qu’un système doit avoir dans son répertoire de réponses (output) assez de variétés pour pouvoir répondre à la variété des demandes (input) qui lui sont faites. Si cette variété manque, le système a trois choix : Il peut se fermer, refusant de répondre complètement, il peut se retirer derrière une réponse standard et, s’il s’agit d’un système suffisamment complexe, il pourra générer une nouvelle réponse qu’il n’a jamais utilisé (il s’agit du concept de morphogenèse où un système crée une nouvelle structure)