QUELLE AUTORITÉ A L’ECOLE ?

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Transcription de la présentation:

QUELLE AUTORITÉ A L’ECOLE ? Centre Départemental de Documentation Pédagogique de Chaumont Auditorium - mercredi 30 avril 2008 - 9h30/12h30 QUELLE AUTORITÉ A L’ECOLE ? Et si l’autorité renvoyait plutôt à des pratiques professionnelles qui s’apprennent… Bruno ROBBES Professeur des écoles Docteur et chargé de cours en Sciences de l’éducation

Plan de l’intervention Autorité autoritariste et autorité évacuée : deux discours sur l’autorité L’autorité éducative Les deux directions du « faire » autorité, illustrées par des situations

L’autorité autoritariste La conception autoritariste est l’autorité dans son sens commun. Le détenteur d’une fonction statutaire, d’une position institutionnelle exerce une domination sur l’autre afin d’obtenir de lui une obéissance inconditionnelle, sous la forme d’une soumission.

Autorité et savoir (1) L’enseignant ne peut plus se définir exclusivement comme le détenteur d’un savoir. L’enseignant est celui qui crée les conditions didactiques et pédagogiques permettant à l’élève d’être en activité d’apprentissage, non soumis à un savoir qui ferait autorité, du fait exclusif qu’il détient l’autorité statutaire.

Autorité et savoir (2) « Si l’autorité de l’enseignant est destinée à mettre les élèves au travail, elle ne saurait s’exercer pour faire accepter par les élèves les affirmations inhérentes à un savoir. L’autorité de l’enseignant ne doit pas le conduire à utiliser l’argument d’autorité pour imposer le savoir » (Rey, 2004, p. 116). « Caractère paradoxal de l’autorité de l’enseignant : nécessaire pour engager la relation didactique, elle devient un obstacle à l’apprentissage dès lors que l’élève s’y soumet totalement, un certain nombre de difficultés scolaires s’expliquant par la confusion opérée entre l’assujettissement à la situation et la soumission à l’autorité du maître » (Marchive, 2005, p. 191).

L’autorité évacuée (1) Revendication individualiste (De Singly, 2003). Auto-fondation de la norme (Lebrun, 2001), libre service normatif (Legendre, 1985, 1990). Parents, enseignants et éducateurs parviennent de plus en plus difficilement à poser des limites aux enfants et aux jeunes. Les adultes n’assument plus l’asymétrie inhérente à leur position générationnelle : inversion des places (Marcelli, 2003). Refus permanent de toute situation conflictuelle.

L’autorité évacuée (2) Tendance à refuser l’idée même d’autorité et son exercice, au nom de son caractère prétendument illégitime et anti-éducatif. Ici, l’autorité est confondue avec exercice d’une force physique ou psychique. Cette posture se traduit par l’abandon de la relation. L’enseignant doute de sa position de transmetteur de savoirs. Il considère que l’exercice de l’autorité ne relève pas de sa mission.

Quelques fondements de l’autorité éducative (1) « L’autorité, le pouvoir et la responsabilité sont des faits institutionnels fondamentaux et irremplaçables » (Ardoino, 1969, p. 358). « Celui qui fait autorité… n’est pas autoritaire. C’est la compétence qui fait l’autorité et les enfants ne s’y trompent pas. Encore faut-il que cette autorité se traduise par des actions observables » (Oury, Pain, 1972, p. 305).

Quelques fondements de l’autorité éducative (2) « L’autorité du sujet (…) est la capacité, essentiellement acquise, conquise, autant par le travail et les effets complexes de l’éducation qu’à travers l’expérience de la vie, de se faire soi-même son propre auteur ; c’est-à-dire de décider, en connaissance de cause, des moyens dépendant effectivement de nous comme des principes qui gouvernent notre existence » (Ardoino, 2000, p. 200-201).

Quelques fondements de l’autorité éducative (3) L’autorité est un lien princeps originaire spécifique de l’espèce humaine, trait évolutif sélectionné comme principe régulateur devenu caractéristique de la relation entre un adulte et son enfant indispensable à sa survie et à son inscription dans le groupe social (Marcelli, 2003). Place essentielle du regard dans la constitution des premières relations d’autorité entre le parent et le jeune enfant (ibid).

Définir l’autorité éducative (1) L’autorité se révèle au fondement de l’humain, comme un phénomène à la fois personnel et relationnel. Etre l’autorité (autorité légale, statutaire – potestas) Avoir de l’autorité (autorité de l’auteur – auctor – qui s’autorise et autorise l’autre – augere) Faire autorité (autorité de capacité et de compétence)

Définir l’autorité éducative (2) l’autorité statutaire (être l’autorité) l’autorité de l’auteur (avoir de l’autorité) l’autorité de capacité, de compétence (faire autorité) « centre de gravité » de la relation d’autorité

1er sens : l’autorité statutaire (1) La dimension statutaire (asymétrique) de l’autorité est une condition nécessaire à son exercice, mais non suffisante. Elle pose le non négociable de ma place générationnelle. Elle pose le non négociable de ma fonction institutionnelle.

1er sens : l’autorité statutaire (2) La relation d’autorité effective ne pourra s’établir qu’horizontalement, par la symétrie (« processus de légitimation », Robbes, 2004). Asymétrie et symétrie sont deux composantes de l’autorité. L’importance du respect initié par l’enseignant comme posture éthique « primordiale » à la reconnaissance de son autorité.

2e sens : l’autorité de l’auteur, qui s’autorise et autorise l’autre (1) La personne qui a de l’autorité est d’abord celle qui, par l’acquisition de compétences, de savoirs, conquiert la capacité d’être son propre auteur, c’est-à-dire de s'autoriser à accéder à la responsabilité personnelle, à l’autonomie sur sa propre vie dans ses relations aux autres.

2e sens : l’autorité de l’auteur, qui s’autorise et autorise l’autre (2) L’augere : L’auctor accepte de se confronter à l’autre avec son savoir et ses manques, en ayant le souci de lui ouvrir des voies non tracées à l’avance vers l’autonomie, de l’aider à poser des actes lui permettant de s’essayer à être à son tour auteur de lui-même.

3e sens : l’autorité, capacité fonctionnelle (1) Le « comment ? », le « faire », c’est-à-dire les savoirs d’actions mobilisés par l’enseignant dans sa pratique de l’autorité en classe (Robbes, 2004).

3e sens : l’autorité, capacité fonctionnelle (2) Le « faire » autorité passe par l’opérationnalisation des modalités de transmission des connaissances, dans deux directions : Les savoirs en terme de dispositif pédagogique (pédagogie institutionnelle, par exemple). Les savoirs en terme de communication.

Notre définition de l’autorité éducative L’autorité éducative est une relation statutairement asymétrique dans laquelle l’auteur, disposant de savoirs qu’il met en action dans un contexte spécifié, manifeste la volonté d’exercer une influence sur l’autre reconnu comme sujet, en vue d’obtenir de sa part et sans recourir à la violence une reconnaissance qui fait que cette influence lui permet d’être à son tour auteur de lui-même.

Trois caractéristiques de l’autorité éducative Asymétrie et symétrie. Influence du détenteur de l’autorité statutaire. Reconnaissance de la légitimité du détenteur de l’autorité statutaire par celui sur lequel elle s’exerce.

Deux dialectiques de l’autorité éducative Soumission, contrainte/autonomie, liberté. Soumission, contrainte/obéissance, consentement/ autonomie, liberté. Nécessité d’une mise en question, d’une instabilité permanente/recherche de solidité, de sécurité.

Les deux directions du « faire » autorité Des savoirs en terme de communication. Des savoirs en terme de dispositif pédagogique.