Dans l'Antiquité Égyptienne (4000 à 500 av. J.-C.) les artistes ignoraient la perspective. Les personnages étaient représentés de profil, sans profondeur. Leur taille dans l'image dépendait de l'importance qu'ils avaient (symboliquement et dans ce que raconte l'image) et pas de leur éloignement.
C'est en Grèce que des philosophes et des mathématiciens établirent (de 500 à 100 av. J.-C.) que notre "image visuelle" était constituée de lignes droites partant de l'oeil et formant un cône", posant ainsi les bases de la réflexion sur la perspective.
dessin d'après une fresque de Pompei, 1er s. Son application dans l'art reste très intuitive, mais on sait que les lignes doivent converger pour exprimer le relief. Le cheval de troie, dessin d'après une fresque de Pompei, 1er s.
La connaissance de la perspective ne progresse pas pendant le Moyen-Âge, où l'aspect symbolique prédomine sur la représentation du réel.
Cependant, petit à petit, les artistes cherchaient à représenter l'espace de façon plus réaliste.
L'annonciation, Ambrogio Lorenzetti, 1344
C'est pendant la Renaissance (au XVe s. en particulier) que des artistes comme Brunelleschi, Alberti, De Vinci... chèrchèrent des méthodes géométriques et sûres pour représenter en volume même les objets les plus compliqués.
L'Ecole d'Athènes - Raphaël, vers 1510 Fresque mesurant environ 7,7 m à la base - Musée du Vatican Au centre de la composition se trouvent Platon, sous les traits de Léonard de Vinci, désignant le ciel et Aristote désignant la terre. Le geste de chacun résume sa philosophie. Socrate est au même niveau, un peu plus à gauche, en mauve. Au premier plan on reconnaît - à gauche, Pythagore avec un livre ouvert - Héraclite, sous les traits de Michel-Ange, appuyé sur le coude pour écrire - à droite, Euclide dessinant sur une ardoise - Raphaël, l'avant dernier visage en bas à droite.
Le point de fuite principal est le point de concours des droites qui représentent les perpendiculaires au tableau. L'oeil devrait être placé à l'horizontale de ce point... Mais sur la fresque, il se trouve à environ 3,50 m du sol...
Ils inventent le point de fuite, point où convergent les lignes qui représentent la profondeur et que l'on appelle les fuyantes, . Au début du XVIè s. apparait la notion de ligne d'horizon, ligne imaginaire qui se situe toujours devant nous, à la hauteur des yeux. Cependant, ailleurs, comme au Japon, on développait la représentation en perspective cavalière, où les fuyantes sont parallèles entre elles, seule représentation du volume connue jusqu'aux échanges avec les occidentaux au XVIIIè s.
Moronobu Murasaki Shikibu 1683 (détail), Japon
Chine XVIIème
Les artistes des siècles suivant purent alors travailler en pleine connaissance de la perspective.
Les Ménines, Diego Velasquez, 1656
Ulysse remet Chryséis à son père de Claude Gellée (~1644), musée du Louvre, Paris
Au XIXe s., l'invention de la photographie permit la diffusion des images et permit à tous de voir et de comprendre définitivement la perspective. Au XXe s., les artistes, suivant leur sensibilité, représentent la réalité ou travaillent dans l'abstraction. Ils sont libres d'utiliser ou non la perspective, ou de jouer avec elle.
Champ de Mars 1911 Robert Delaunay Le peintre ne cherche pas à construire une perspective réaliste La décomposition cubiste de la tour Eiffel et des immeubles est une construction abstraite, une autre façon de représenter l'espace.
Un autre monde, M.C. Escher