Mieux connaître les faux amis… pour essayer de s’en faire de vrais…

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Transcription de la présentation:

Mieux connaître les faux amis… pour essayer de s’en faire de vrais… …Quand la proximité peut engendrer la confusion… J’ai fait du rôti de poulet pour tous mes dalons… avec des bringelles. Les faux amis... s'en faire de vrais... GAILLAT Thierry

Notre parcours : Quelques rappels théoriques Quand 2 langues sont en contact… quid du lexique… notamment à la Réunion ? Quelle approche possible de la maternelle au collège ? Quelques ouvrages pour aller plus loin. Les faux amis... s'en faire de vrais... GAILLAT Thierry

1-Quelques rappels théoriques : En règle générale, les faux amis relèvent : -de l'homographie, -de l'homophonie, -de l'homonymie, -de la parasynonymie, -de la paronymie, -des expressions proches… Il est bon de revoir à travers quelques exemple ces différents phénomènes linguistiques avant de se lancer dans une réflexion propre à notre situation sociolinguistique. Les faux amis... s'en faire de vrais... GAILLAT Thierry

EX : Affluent / boxer / fils… Homographie : Des signes sont déclarés homographes lorsque leurs signifiants respectifs présentent une graphie rigoureusement identique, sans pour autant se prononcer de la même manière : EX : Affluent / boxer / fils… Boxer : boxer (v) / boxer (s) Fils : un fils (s) / des fils (s) Affluent : affluer (v) / affluent (s) Les faux amis... s'en faire de vrais... GAILLAT Thierry

EX : [bazilik] / [filtr] / [sO] Homophonie : Des signes sont déclarés homophones lorsque leurs signifiants phoniques respectifs sont identiques, mais ne s'écrivent pas pour autant de la même manière. EX : [bazilik] / [filtr] / [sO] [bazilik] : basilic / basilique [filtr] : filtre / philtre [sO] : seau / sot / saut / sceau Les faux amis... s'en faire de vrais... GAILLAT Thierry

Les faux amis... s'en faire de vrais... GAILLAT Thierry Homonymie : Des signes sont déclarés homonymes lorsqu'ils sont tout à la fois homographes et homophones et possèdent des étymologies différentes. Cette définition particulièrement restrictive est celle appliquée par les auteurs des Grand et Petit Robert et par de nombreux lexicologues. Elle a l'avantage d'utiliser un critère (l'étymologie) beaucoup moins arbitraire que celui du changement de sens (Combien d'homonymes faut-il prévoir pour des mots polysémiques comme aire, entrée, pomme, rapport …etc.?). Les faux amis... s'en faire de vrais... GAILLAT Thierry

Les faux amis... s'en faire de vrais... GAILLAT Thierry Quelques exemples : Homonymes Étymologie Acception de sens Boucan Viande fumée Boccano Fruit Cabot Caput Chien Caporal Cabotin Dériver Derivare Détourner To drive S’écarter de la route Dé + rivet Retirer le rivet Épier Spehon Observer Épi Monter en épi Les faux amis... s'en faire de vrais... GAILLAT Thierry

Parasynonimie ou proximité sémantique : Quand bien même ils relèvent d'un même champ sémantique et peuvent, à ce titre, faire l'objet d'un renvoi analogique dans le Robert, certains mots ne doivent pas être confondus : EX : avatar - mésaventure barbarisme - solécisme calomnie - médisance Les faux amis... s'en faire de vrais... GAILLAT Thierry

affectation - affection allocation - allocution - élocution Paronymie : Les paronymes sont des mots dont les signifiants (phoniques et/ou graphiques) respectifs sont relativement proches alors que leurs signifiés sont distincts : EX : affectation - affection allocation - allocution - élocution amnistie - armistice Les faux amis... s'en faire de vrais... GAILLAT Thierry

Expressions proches : à raison de - en raison de Certaines expressions figées présentent, elles aussi, une proximité de forme, voire de sens. S’y intéresser peut permettre de mieux prendre en compte ces cas sur lesquels trébuchent de nombreux locuteurs. EX : à raison de - en raison de de concert - de conserve faire chou blanc - faire ses choux gras jeter l'éponge - jeter le gant Les faux amis... s'en faire de vrais... GAILLAT Thierry

2-Quand des langues sont en contact… quid du lexique… Dès lors que deux langues sont en contact, qui plus est depuis très longtemps, des phénomènes liés à ce contact se font nécessairement jour. Ainsi au niveau du lexique, une langue B emprunte à une langue A soit directement, soit indirectement par une autre langue-vecteur C. Dans le cas des créoles, construits sur la base de la langue de colonisation, ces phénomènes sont légion. On retrouve ainsi en créole réunionnais différents « termes » français plus ou moins modifiés essentiellement de manière phonologique, mais aussi lexicale et bien sûr morpho-syntaxique. Ces termes peuvent avoir gardé leur acception de sens initiale en créole et en français, et ne sont à considérer que comme emprunt  pas de soucis. Les faux amis... s'en faire de vrais... GAILLAT Thierry

… notamment à la Réunion… Pourtant à la Réunion l'apparentement génétique du français et du créole a entraîné ce qu'on appelle des "interférences" structurelles, en particulier dans le domaine lexical. Ces "interférences" brouillent souvent la ligne de partage entre les deux langues et donnent lieu à des pratiques interlectales, qui, si elles persistent et s'installent au-delà de la phase d'apprentissage, sont préjudiciables à une bonne pratique des deux langues. Ainsi parfois le sens attesté au moment de l’emprunt est resté en créole, tandis qu’en français, celui-ci a évolué, prenant une acception de sens plus précise ou plus large. On a aussi le cas ou le terme emprunté, a au sein du créole pris un sens nouveau appliqué au contexte réunionnais, alors qu’en français le signifié s’est figé. A noter qu’au sein même de ce contexte, de nombreuses variations locales existent, ce qui complexifie d’avantage la situation. Les faux amis... s'en faire de vrais... GAILLAT Thierry

Quelques phénomènes lexicaux… Les mots « typiquement » créoles d’origines diverses A l’inverse, même s’ils ne sont pas directement opposables : les néologismes Les mots désignant des référents communs mais avec des noms différents Les vrais et faux… « faux amis » Les associations de mots utilisés aussi en français Les mots dont on a changé la prononciation Les faux amis... s'en faire de vrais... GAILLAT Thierry

1)Les mots « typiquement » créoles d’origines diverses Font référence à des choses « typiques » très peu ou non usités en français académique, et sont souvent soit des « mots d’ailleurs », soit des mots construits à partir de ces « mots d’ailleurs ». Ex : un letchi ou litchi  Tout le monde comprend ce terme. Il n’est point besoin de dire : j’ai acheté un kilo de fruits d’un arbre de la famille des Sapindaceae : le « Litchi chinensis ». De même le mot « goni », si je peux le remplacer par quelque chose comme « toile de jute » n’aura plus la même valeur affective, la même valeur culturelle dans un texte. Quant aux brèdes, que je ne pourrais traduire en français que par « jeunes pousses de… »… perdraient en l’instant toute « leur saveur ».  A la Réunion, il existe ainsi de nombreux mots (près de 200 – CARAYOL ) qui sont ainsi « intraduisibles » en français. Les faux amis... s'en faire de vrais... GAILLAT Thierry

Les faux amis... s'en faire de vrais... GAILLAT Thierry 2)A l’inverse, même s’ils ne sont pas directement opposables : les néologismes Les néologismes, là aussi d’origines diverses, vocabulaire souvent technique ou se rapportant à des technologies communément utilisées. Ces mots sont plus souvent employés par les jeunes qui ont accès aux moyens de communication. Ils ressemblent fortement aux mots originaux même s’ils ont subi des transformations dans un premier temps de prononciation, puis dans un second temps de graphie.  on retrouve là un des éléments qui caractérisent le phénomène de créolisation. Ex : Auto, ordinateur… Les faux amis... s'en faire de vrais... GAILLAT Thierry

Les faux amis... s'en faire de vrais... GAILLAT Thierry 3)Les mots désignant des référents communs mais avec des noms différents Ex : bringelle correspond à aubergine… mais… le vérificateur d’orthographe de l’ordinateur ne le reconnaît pas.  Ils se différencient de la première catégorie dans le sens où le référent existe en français. (près de 200, CARAYOL) Rem : Ce ne sont pas de faux amis à proprement parler puisque les mots n’ont aucun rapport, aucun lien structuraux, mais ils sont sémantiquement équivalents. Les faux amis... s'en faire de vrais... GAILLAT Thierry

4)Les vrais et les faux… « faux amis » Les vrais « faux amis » : mots n’ayant aucun ou très peu de rapport avec le sens français Ex : figue, pistache, bonbon, dragée, tente… mais aussi verbes comme râler, souquer … Les faux « faux amis »: historiquement on peut trouver des raisons au changement de sens. Ils correspondent : à des termes dont le sens a vieilli (barrer une porte) ou qui ont été pris de manière générique (grains) ou encore parce qu’ils ont pris une autre connotation (guetter).  Ces mots signifient pourtant bien ce qu’ils veulent dire : Barrer une porte c’est y mettre une barre et qu’est-ce qu’une targette à penne plat ? Des haricots, des lentilles… sont bien des graines ou grains (on dit bien des grains de poivre (ce sont aussi des fruits séchés). Guetter signifie bien regarder Les faux amis... s'en faire de vrais... GAILLAT Thierry

5)Les associations de mots utilisées aussi en français. Ce sont les « mots-expressions » formés par addition d’expansions qualificatives (Adj ou CdN) (pied de bois) ou par apposition d’un autre mot (baba figue)  le mot ne prend alors son sens que dans l’expression. Le mot armoire a un sens différent suivant qu’il s’agisse d’une armoire de salle de bains ou d’un lutteur qui est une véritable armoire à glace. (phénomène qui se retrouve donc en français) / De même on dit bien : dormir en chien de fusil et dresser un chien de chasse. En créole : « mon pied lé coupé » et « couper le pied de bois ». « Manger au pied » ou en français « mûri sur pied » En général, ces « mots-expressions » sont suffisamment imagés pour qu’on en comprenne le sens si l’on possède le lexique nécessaire. D’où l’intérêt de l’étude du vocabulaire Les faux amis... s'en faire de vrais... GAILLAT Thierry

6)Les mots dont on a changé la prononciation Par changement ou par élision d’un phonème, particularité qui existe dans de nombreuses langues régionales. Ex : arbiser qui signifie doubler peut certainement venir de rebisser ou de bisser. Ce phénomène existe aussi en patois dans le nord de la France où le verbe remonter et traduit par armonter. / Espartiates qui signifie sandales (spartiates) dans le sud de la France; un esquelette au lieu de squelette (ds le Midi). /ensoré au lieu de ensorcelé…  Ces mots déformés peuvent poser soucis s’ils se fossilisent (castrole / casserole ) Les faux amis... s'en faire de vrais... GAILLAT Thierry

3-Quelle approche possible de la maternelle au collège ? Laisser les enfants s’exprimer  Relever les « expressions » les plus souvent utilisées  Répertorier les « erreurs » de lexique et de syntaxe, tout en validant l’utilisation de certains termes (cf : cat. 1, 3 et 5) Mettre en place des activités de prise de conscience de la présence des 2 langues en présence  Construire avec eux une « sorte » d’analyse contrastive du créole et du français (expliquer que linge représente tous les vêtements en créole et qu’en français on différencie la chemise, le pantalon, le tee shirt… / construire avec eux un tableau qui donne qd c’est le cas les deux signifiants français et créole pour un même signifié : bringelle / aubergine ) Mettre en place des activités qui par la manipulation en contexte permet d’identifier ces faux-amis. (travail + formel en C2 / C3) Les faux amis... s'en faire de vrais... GAILLAT Thierry

Formes lexicales à valoriser : Les termes sans équivalence en français : en les repérant, en les identifiant  d’une prise de conscience en C1 à la construction d’un répertoire de ces mots en C3 ; (utilisation de la littérature de jeunesse) Les termes avec équivalence en français : en les repérant, en les identifiant  de la prise de conscience et de l’identification des « paires » repérées en C1 à la construction d’un référentiel avec les deux termes en C2, C3 (utilisation de la littérature) Les expressions imagées (syntagmes nominaux et verbaux)  IDEM  Nécessité de VALORISER ce patrimoine linguistique par une prise de conscience au plus tôt, et par une manipulation régulière. Les faux amis... s'en faire de vrais... GAILLAT Thierry

Formes lexicales à travailler Les Faux Amis : activités / situations de prise de conscience  activités d’identification  activités de fixation  activités de recherche  activités de mobilisation. (du C1 au C3) Les Mots Déformés : au C1, les identifier, les manipuler en opposition avec les équivalents français (pour bien voir la différence), à formaliser au fur et à mesure de la scolarité (C2 et C3)  Nécessité que ces formes ne se fossilisent pas dans l’esprit des élèves (travail sur la polysémie pour les F.A. / travail sur les différentes « prononciations » pour les M.D.) Les faux amis... s'en faire de vrais... GAILLAT Thierry

Les faux amis... s'en faire de vrais... GAILLAT Thierry 4-Quelques ouvrages : Dictionnaire Kréol/français, Alain ARMAND Petit dictionnaire créole réunionnais/français, Daniel BAGGIONI Le piment des mots créoles, Jean ALBANY Créole, école et maîtrise du français, Marie Josée HUBERT DELISLE Du plurilinguisme à l’école, Lambert Félix PRUDENT Particularités lexicales du français réunionnais, Michel CARRAYOL (1985) Le lexique à la Réunion, Rémy NATIVEL (1972) Dictionnaire du français régional de la Réunion, Leïla CAID (à paraître 2009 ?…) Les faux amis... s'en faire de vrais... GAILLAT Thierry