Stage Bassin du Mercredi 23 mai 2012 Secteur Lens Ouest ENSEIGNER EN MATERNELLE: « Les rituels à l’école maternelle » Nadine DEJAIGHER – CPC Noyelles-Godault Françoise GOUDEMEZ – CPC Avion
Historique des rituels dans les I.O. : M. T. ZERBATO POUDOU Maître de conférences à l’IUFM d’Aix Marseille A quoi servent les rituels? En 1977: Il est conseillé d’organiser matériellement sa classe, et le regroupement a des objectifs d’ordre culturel. En 1986: Le terme de socialisation apparaît : trois grands objectifs énoncés : scolariser, socialiser, apprendre et exercer.
En 1995 : « Vivre ensemble » est le premier domaine d’activité, mais les rituels ne sont pas évoqués. En 2002, le mot rituel est présent pour la maternelle, pages 26 et 338 : « L’appropriation des règles de vie passe par la réitération d’activités rituelles (se regrouper, partager des moments conviviaux…). Celles-ci peuvent être transformées dans la forme et dans le temps. Lorsque tous les enfants se sont approprié un rituel, il doit évoluer ou être remplacé » (P 26) « On comprend l’importance de l’organisation régulière de l’emploi du temps et des rituels qui marquent les passages d’un moment à l’autre. L’utilisation des instruments de repérage chronologique (calendriers) et de mesure des durées (sabliers, clepsydres, horloges…) est un moyen sûr pour conduire les enfants à une meilleure appréciation du temps. Leur usage régulier (rituel) est nécessaire dès la première année d’école maternelle » (P 33).
En 2008: devenir élève Progressivement, les enfants acceptent le rythme collectif des activités et savent différer la satisfaction de leurs intérêts particuliers. Ils comprennent la valeur des consignes collectives. Ils établissent une relation entre les activités matérielles qu’ils réalisent et ce qu’ils en apprennent (on fait cela pour apprendre, pour mieux savoir faire). Ils apprennent à rester attentifs de plus en plus longtemps. Ils découvrent le lien entre certains apprentissages scolaires et des actes de la vie quotidienne.
Les rituels dans les programmes de 2008: P.13 : « L’école maternelle laisse à chaque enfant le temps de s’accoutumer, d’observer, d’imiter, d’exécuter, de chercher, d’essayer, en évitant que son intérêt ne s’étiole ou qu’il ne se fatigue » « L’organisation du temps y respecte les besoins et les rythmes biologiques des enfants tout en permettant le bon déroulement des activités et en facilitant leur articulation: plus souple avec les plus petits, la gestion du temps devient plus rigoureuse quand les enfants grandissent » Le mot « quotidiennement » est utilisé ou sous-entendu à plusieurs reprises dans les divers domaines d’apprentissage; On perçoit plus l’insistance sur des activités ritualisées et la gestion du temps de l’élève. S’approprier le langage: « La pratique du langage associée à l’ensemble des activités contribue à enrichir son vocabulaire et l’introduit à des usages variés et riches de la langue (questionner, raconter, expliquer, penser) » Découvrir l’écrit: p.13 : « Les enfants se familiarisent peu à peu avec le français écrit à travers les textes lus quotidiennement par l’enseignant » p.14: « Les enfants observent et reproduisent chaque jour des gestes graphiques »
Les rituels dans les programmes de 2008 (suite): Devenir élève: p.14: « Les enfants découvrent les richesses et contraintes du groupe auquel Ils sont intégrés. Ils éprouvent le plaisir d’être accueillis et reconnus, ils participent progressivement à l’accueil de leurs camarades ». « En participant aux jeux, aux rondes, aux groupes formés pour dire des comptines ou écouter des histoires, à la réalisation de projets communs, etc., les enfants acquièrent le goût des activités collectives et apprennent à coopérer. Ils s’intéressent aux autres et collaborent avec eux. Ils prennent des responsabilités dans la classe et font preuve d’initiative…. » Agir et s’exprimer avec son corps: « Les activités proposées à l’école maternelle doivent offrir de multiples occasions d’expériences sensorielles et motrices en totale sécurité »
Découvrir le Monde / Se repérer dans le temps : « A l’école maternelle, l’enfant découvre le monde proche: il apprend à prendre et à utiliser des repères spatiaux et temporels » : « Les enfants perçoivent très progressivement, grâce à une organisation régulière de l’emploi du temps, la succession des moments de la journée, puis celle des jours et des mois. A la fin de l’école maternelle, ils comprennent l’aspect cyclique de certains phénomènes (les saisons) ou des représentations du temps (la semaine, le mois). La notion de simultanéité est abordée dans des activités ou dans des histoires bien connues, la représentation (dessins, images) contribue à la mettre en évidence. Dès la petite section, les enfants utilisent des calendriers, des horloges, des sabliers pour se repérer dans la chronologie et mesurer des durées. Ces acquisitions encore limitées seront à poursuivre au cours préparatoire. Par le récit d’évènements du passé, par l’observation du patrimoine familier (objets conservés dans la famille…), ils apprennent à distinguer l’immédiat du passé proche,,, du passé plus lointain. Toutes ces acquisitions donnent lieu à l’apprentissage d’un vocabulaire précis dont l’usage réitéré, en particulier dans les rituels, doit permettre la fixation.
LES RITUELS: analyse ANNE-MARIE DOLY Professeur de philosophie à l’IUFM de Clermont Ferrand Les rituels: compris comme situation répétitive, réglée et faite pour régler les comportements Ces rituels, qui sont partie prenante de la pédagogie de maternelle et semblent indispensables à l’adaptation du jeune enfant à l’école apparaissent quelquefois si répétitifs et figés que l’on est en droit de se demander s’ils remplissent bien leur rôle. Il est donc intéressant de comprendre le sens et l’intérêt pédagogique de ces rituels, mais d’en voir aussi les limites et les conditions de fonctionnement pour le progrès des enfants.
LES RITUELS: analyse Les activités ritualisées qui se situent au cours des divers regroupements d’une journée de classe à l’école maternelle ne répondent plus à l’attente des enfants, ni à celle des enseignants: Les objectifs ne sont pas clairement définis La participation active de chacun n’est pas effective Les apprentissages ne sont pas souvent conduits dans une progressivité et ne sont que rarement évalués On en arrive à confondre rituels et routine.
Repenser les rituels : pourquoi ? Dans ces moments ritualisés, on construit des SAVOIRS mais aussi des COMPORTEMENTS qui concourent à: la mise en sécurité affective et physique, la transmission « culturelle » la modélisation de conduites l’appartenance à un groupe.
Caractéristiques et fonctions d’un rituel: La très grande régularité d’un fonctionnement La répétitivité des gestes, des paroles, des codes mis en place L’identité formelle des situations dont les enjeux ne varient pas et qui constituent des repères sûrs, même si les contenus évoluent Des contraintes claires, des règles bien posées et respectées par tous.
Repenser les rituels : comment ? Conserver les côtés positifs des rituels: la régularité, la répétition qui permettent à un dispositif pédagogique d’être efficace. La ritualisation optimise considérablement les apprentissages. C’est le temps nécessaire pour entrer dans « le métier d’élève ». Contourner un des éléments négatifs: ces rituels sont pratiqués en regroupement, or la formation en groupe classe ne favorise pas toujours les apprentissages pour tous les élèves.
Repenser les rituels : comment ? Il est indispensable de redéfinir : la place des rituels dans la journée, dans la semaine,(rituels et activités ritualisées) les contenus des rituels, en fonction du niveau de classe (programmation de cycle), de la place des rituels dans l’année (programmation de classe), en fonction de l’élève concerné (différenciation) les procédures à mettre en œuvre (Cf. la démarche d’apprentissage : résoudre une situation problème pour tester les procédures: de la procédure de tâtonnement à la procédure experte) les situations d’apprentissage à organiser au fil des classes de l’école maternelle (du simple au complexe, du concret à l’abstraction, du temps vécu au temps évoqué, représenté, à venir). l’organisation pédagogique de la classe l’optimisation des moyens et des dispositifs
Repenser les rituels : pour quels apprentissages? Catherine BERDONNEAU Professeur de mathématiques à l’IUFM de Versailles Les contenus mathématiques possibles: La structuration de l’espace, en particulier par le jeu de Kim qui contribue à développer le sens de l’observation, l’attention et la mémoire visuelle. La construction du nombre qui nécessite la mise en œuvre d’activités spécifiques et la mise en place de situations problèmes, Travail sur la chronologie Travail sur le repérage et la mesure du temps (représentations du temps, succession des jours,,,, aspect cyclique de certains phénomènes, calcul de durées, du passé proche au passé lointain, antériorité/simultanéité/postériorité)
➤ structurer le temps, avec des codes (calendrier, jours de la semaine), enrichir le vocabulaire (les mots qui disent les temps, conjugaison des verbes), faire passer l’enfant de son temps « familial » cyclique à un temps social et culturel, qui est linéaire. ➤ socialisation, identification dans le rapport aux autres, dans et par l’institution. ➤ La passation des consignes: (développement d’une attention spécifique aux éléments pertinents d’un message, essentiel pour la réussite) ➤ Le moment de mémoire (rétrospectif/évaluatif ): évoquer ce que l’on a vécu ensemble par le biais du cahier de vie, ou, à la fin de chaque journée, par une sorte de bilan (en GS) : initiation à une attitude de réflexion à moyen terme sur ce que l’on a appris, à une position distanciée et critique relative aux événements.
➤ le conte (narratif, entrée dans une chaîne de transmission et d’appropriation de la culture humaine) ➤ l’appel (développement du sentiment d’existence personnelle et d’appartenance à un groupe) ➤ l’élaboration du rythme de vie (comme exercice de l’anticipation, entrée dans la culture d’un temps scolaire) Ces rituels doivent évoluer tout au long du parcours de l’élève : supports, outils, temps d’activité, rôle des enfants.
Quelles démarches? 3 « étapes » : L’élève participe en tant que spectateur à la prestation du maître L’élève réalise l’activité avec l’étayage du maître (à l’accueil, au regroupement, en ateliers) L’élève est capable de faire seul face au groupe: c’est la notion d’exploit (M.Brigaudiot)
En conclusion: Les rituels sont efficaces si: L’enseignant les pense, les prépare en fonction d’objectifs précis, et anticipe sur les modes de mise en œuvre L’enseignant sait les faire évoluer et suivre (voire précéder) l’enfant dans sa propre évolution socio affective et cognitive. L’enseignant sait les faire évoluer sur l’année et d’un niveau de classe à un autre avec et par des évaluations régulières.
QUELQUES EXEMPLES: Cf; ouvrage: » Construire des rituels à la maternelle » des situations pour apprendre Editions RETZ L’écriture de la date en GS. L’accueil et l’affichage des présences en GS. Le calendrier en MS /GS: calcul de durées. L’accueil en PS Les ateliers des rituels en PS ( Documents vidéos)