Psycho dynamique du travail (Christophe Dejours) Professeur Ph Corten ULB
Plan du chapitre Démarche de Christophe Dejours Les idéologies défensives L’insatisfaction au travail Références
Pour Dejours Il n’y a pas de pathologie propre au travail Il faut chercher en amont: C’est à dire des comportements spécifiques à la situation de travail (ou de non-travail), non réductibles à la nosographie existante
Contraintes psychiques du travail En ergonomie il faut distinguer (Wisner) Les contraintes (les exigences de la tâche) Les astreintes (la charge du travail) « Des arguments historiques on conduit à l’hypothèse que dans la tâche, l’appareil psychique est en conflit avec l’organisation du travail » conditions de travail (ambiances chimique, physiques, biologiques…) = division des tâches, description des modes opératoires, hiérarchie… Pathologies Les conditions de travail prennent le corps comme cible L’organisation du travail prend l’appareil psychique comme cible
Astreintes psychiques du travail Qu’est-ce qui se passe du côté du mental lorsqu’il est confronté à l’organisation du travail (cad à l’intrusion de la volonté d’un autre dans le travail) et quel va en être le coût? C’est l’astreinte au sens ergonomique Donc, on recherche s’il n’y a pas de souffrance spécifique avant l’apparition de troubles mentaux lorsque l’individu est confronté à l’organisation du travail
Comment détecter cette souffrance? Existe-t-il des conduites ou des discours à finalité défensive face à l’organisation du travail qui témoigneraient de la souffrance engendrée par le travail? Idéologies défensives de métier L’insatisfaction au travail
Plan du chapitre Démarche de Christophe Dejours Les idéologies défensives L’insatisfaction au travail Références
Les idéologies défensives Définition: Comportements insolites, impliquant la collectivité des travailleurs, qui passent pour anecdotiques Alors qu’elles apparaissent avec une remarquable constance dans une profession donnée et pas ailleurs Exemples: Bâtiment Cadres
Idéologies défensives dans le bâtiment Interview des manœuvres: pas de place pour l’angoisse Or c’est la branche la plus exposée à tous les dangers et où la mortalité par accidents de travail est la plus élevée A côté de cela, comportements insolites Sauts périlleux sur les échafaudages Refus de respecter les normes de sécurité (casque, lunettes…) Concours, paris, baptêmes divers Quand on amène un instrument de sécurité (casque, bottines…) cette mesure semble tellement dérisoire à côté du risque globale que => rejet massif => augmentation de l’idéologie défensive => éclosion de comportements ordaliques => augmentation des aciidents de travail Le défi = être actif face au danger et non le subir passivement => impression de maîtrise L’évaluation juste du risque => angoisse diffuse => incompatible avec la poursuite du travail
Idéologies défensives chez les cadres Logique proposée: On est en guerre économique (mondialisation) Discours « sanitaire » de l’entreprise Il faut sélectionner les « athlètes de la compétition » Dégraisser l’entreprise des parasites et des sclérosés Confrontation à la réalité: Ces soit disant « parasites » sont des pères de famille, humains dans leur relations, mais qui n’ont pas l’ambition de se sacrifier à l’autel de la guerre économique (il veulent seulement gagner leur vie) Pourtant il faut faire le sâle boulot Discours pervers de l’entreprise En guerre, il est inévitable qu’il y ait des victimes (banalisation du mal) Si tu ne le fais pas, un autre le fera qui sera moins humain que toi (culpabilisation) La seule façon de s’en sortir c’est la ‘real’ politique (empêcher la révolte) D’ailleurs on ne licencie pas à l’aveuglette « on se dégraisse uniquement des plus sclérosés » (déculpabilisation) De plus, ce sont les entreprises qui financent quasi toute la sécurité sociale (elle sert au recyclage de nos déchets) Idéologie défensive Messes de cynisme dans un hôtel chic sous couvert de recyclage résidentiel. L’essentiel se passe pendant les pauses: concours à qui sera le plus cynique.
Conditions de l’émergence d’une idéologie défensive La souffrance doit être collective Le travail suppose un travail d’équipe Il ne semble pas qu’il y ait d’idéologie défensive dans un travail soumis à l’organisation Taylorienne
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L’insatisfaction au travail L’insatisfaction au travail résulte d’une tâche dont le contenu (significatif ou ergonomique) ne peut faire l’objet d’un investissement mental
Insatisfaction au travail Contenu significatif Sens de la tâche valeurs sociales et idéologiques (laboureur morgue) Le statut qu’il => (aisance, loisirs…) L’investissement fantasmatique possible. Pour qu’il y ait investissement fantasmatique il faut: Des aptitudes structurales à fantasmer ( alexythymie) Libre choix de la tâche Une organisation du travail « souple » avec des temps morts Travail Taylorisé Dans le travail Taylorisé ceci ne peut être rempli. Le fantasme est même considéré comme nuisible: « Il faut soutenir la cadence pour que l’ouvrier lutte contre l’oisiveté et la rêverie durant le travail » Une telle position => émergence anarchique des pulsions sous un mode violent Contre lui-même Contre l’organisation du travail La souffrance face à l’organisation du travail augmente d’autant plus que le travail est divisé
Insatisfaction au travail Contenu ergonomique C-a-d les exigences: Psychomotrices Psychosensorielles Intellectuelles ou cognitives Psychiques Suivant les individus, il y a différents types de personnalité qui utilisent des vois différentes pour décharger leur excitation => la tâche est-elle bien congruente avec le mode de décharge de l’individu? (Mensurations personnelles face aux tâches) Organisation Tayloriste: Augmente l’insatisfaction au travail en réduisant la diversité des types de décharges de l’excitation et du plaisir L’insatisfaction au travail augmente la souffrance face à l’organisation du travail => décompensations jusqu’à présent non-significatives => pathologies somatiques ou psyschiatriques
Livres à lire de Ch Dejours Travail et usure mentale La souffrance en France ou la banalisation de l’injustice sociale. Seuil. 1998