Séance de révision 2 Pour agir moralement, faut-il ne pas se soucier de soi ? Demain mercredi : Le sujet peut-il être transparent à lui-même ?

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Transcription de la présentation:

Séance de révision 2 Pour agir moralement, faut-il ne pas se soucier de soi ? Demain mercredi : Le sujet peut-il être transparent à lui-même ?

POUR AGIR MORALEMENT, FAUT-IL NE PAS SE SOUCIER DE SOI ? Variantes « N’avons-nous de devoirs qu’envers autrui ? » « Avons-nous des devoirs envers nous-mêmes ? »

Ce qui a déjà été vu Cf. « Suffit-il d’avoir bonne conscience pour être sûr d’agir moralement ? » + cours sur le désir DESCARTES, la morale par provision KANT, l’impératif catégorique et le problème du mensonge SARTRE : le dilemme moral de l’étudiant HEGEL et la « belle âme » WEBER, éthique de conviction et de responsabilité ROUSSEAU et la pitié dans l’état de nature (amour de soi / amour-propre) NIETZSCHE, Par delà le bien et le mal PLATON, L’Apologie de Socrate

Introduction Constat (sens commun) : la morale suppose le dévouement, le sacrifice de soi, mais jusqu’où ? Définitions : « agir moralement » : agir conformément aux règles qui définissent le bien et le mal. Mais d’où viennent ces règles ? De la société ? De notre conscience ? « ne pas se soucier de soi » : ne pas faire passer son propre intérêt avant tout, ne pas être égoïste. Mais « se soucier de soi », n’est-ce pas aussi chercher à s’améliorer ? Formulation de la question : « faut-il » : il s’agit d’un devoir, d’une obligation. Mais est-ce possible ? Peut-on s’oublier soi-même, faire preuve d’abnégation ? « ne … pas » : ici, la morale est définie négativement, sur le mode de l’interdit. Présupposés : Lien morale et « souci » (inquiétude, tourment) Lien morale et action : « agir moralement »

Problématique OUI : une conduite morale n’exige-t-elle pas de dépasser l’égoïsme ? OBJECTIONS : Mais est-ce possible ? Que vaudrait une morale inapplicable ? Surtout, une telle conception de la morale impliquerait que je me sacrifie pour les autres : est-ce vraiment la morale ? (« passage à la limite ») La morale ne prescrit-elle pas « d’aimer son prochain comme soi-même » ? PROBLEME CENTRAL : comment dois-je me conduire vis-à-vis de moi- même si je veux être moral ? Remarque : cf. lien morale / bonheur « Suffit-il d’agir moralement pour être heureux ? »

Plan La morale s’oppose à l’égoïsme : KANT La morale consiste dans l’action de se soucier de soi = de se questionner : SOCRATE Agir moralement, c’est se soucier de ce qui n’est pas soi, de ce qui ne nous concerne plus (les générations futures) : Hans JONAS

I. L’ACTION MORALE ET L’OUBLI DE SOI Ici, souci de soi = égoïsme

1) Ai-je intérêt à être moral ?

Une action morale est désintéressée Intérêt : avantage, utilité KANT, Fondements de la métaphysique des mœurs : une action morale ne repose pas sur un intérêt. Action faite « par devoir » (avec une intention morale) / « conformément au devoir » (de façon intéressée). La morale ne vise pas le bonheur. La moralité d’une action s’évalue d’après les intentions, non les résultats. Morale « déontologique » (devoir) vs. Morale « conséquentialiste ». On ne peut jamais savoir si une action est vraiment morale …

2) Aimer son prochain comme soi-même ?

La morale se fonde sur la raison et non sur le sentiment Pour KANT, agir par bienveillance n’est pas agir moralement. L’« altruisme », « l’amour du prochain » ne sont pas moraux. Exemple du philanthrope devenu mélancolique. Le problème du sentiment, c’est qu’il est instable. C’est la raison qui nous commande d’être moral. Pour être moral, il faut s’arracher à ses « penchants sensibles » (sentiments, désirs). Impératif catégorique inconditionnel (indépendant des circonstances). C’est la forme de l’action qui la rend morale, et non sa matière, son contenu Cette forme a la particularité d’être universelle

La loi morale : une loi universelle L’impératif catégorique est analogue à une loi universelle de la nature : « Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature » (1ère formulation). « maxime de l’action » : principe d’après lequel j’agis. La loi morale n’admet pas d’exception, comme une loi de la nature. Mais la loi morale est une obligation, qui peut être enfreinte, alors que la loi de la nature est une nécessité (on ne peut l’éviter). Le test pour savoir si une action est morale : puis-je universaliser la maxime de mon action sans contradiction ? Exemple : le mensonge, ou la fausse promesse, ne peut jamais être justifié d’une part parce que le mensonge suppose que les autres croient en la véracité, et qu’une société où l’on ne pourrait faire confiance à la parole de l’autre est impossible.

Loi morale et autonomie La loi morale ne s’oppose pas à ma liberté : elle en est la condition. Je suis en effet l’auteur de la loi morale qui est dans ma conscience : c’est l’autonomie. 3ème formulation de l’impératif catégorique : « Agis de telle sorte que ta volonté puisse se considérer elle-même en même temps comme légiférant universellement grâce à sa maxime ». Je ne suis pas libre si j’agis selon mes passions, mon intérêt, la pression sociale, car je ne suis plus le législateur de ma maxime.

3) Le respect envers soi-même

Respecter l’humanité en soi et chez les autres 2ème formulation de l’impératif catégorique « Agis de telle sorte que tu traites l’humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre comme une fin et jamais simplement comme un moyen ». La morale commande le respect de la personne humaine. Une personne, en tant qu’être raisonnable, a une dignité (une valeur inestimable) : elle est une fin en soi, et non un moyen. Une chose a un prix (une valeur relative), peut avoir un équivalent, et est un moyen. Je dois donc respecter autant la personne d’autrui que ma propre personne. « Ainsi je ne puis disposer en rien de l’homme en ma personne, soit pour la mutiler, soit pour l’endommager, soit pour le tuer ». Interdit moral du suicide.

Le devoir envers soi-même « En réalité, le principe du devoir envers soi-même(...) n'a aucun rapport avec notre bien-être et notre bonheur terrestre. Loin d'occuper le dernier rang, ces devoirs envers soi viennent en premier et sont les plus importants de tous, car il est évident qu'on ne peut rien attendre d'un homme qui déshonore sa propre personne. Celui qui contrevient aux devoirs qu'il a envers lui-même rejette du même coup l'humanité et n'est plus en état de s'acquitter de ses devoirs envers les autres. » KANT, Leçons d’éthique

Suite … « L'homme qui a mal accompli ses devoirs envers autrui, en manquant de générosité, de bonté et de compassion à son endroit, mais qui a observé les devoirs qu'il a envers lui-même en vivant comme il convient, peut encore posséder une certaine valeur intrinsèque. Celui qui au contraire a transgressé ses devoirs envers soi ne possède aucune valeur intrinsèque. Par conséquent la violation des devoirs envers soi-même enlève toute valeur à l'homme, tandis que la violation de ses devoirs envers les autres lui ôte sa valeur de manière simplement relative. »

Transition Donc il faut se soucier de soi pour être moral !

II. AGIR MORALEMENT IMPLIQUE DE SE SOUCIER DE SOI Ici, souci de soi = examen critique de soi-même

1) La connaissance morale « Nul n’est méchant volontairement »

Le savoir ignorant de SOCRATE Dans l’Apologie de Socrate, SOCRATE constate que son savoir consiste seulement à savoir qu’il ne sait pas. SOCRATE a néanmoins un savoir : « Ce que je sais, au contraire, c’est qu’il est mauvais et honteux de faire le mal, de désobéir à un meilleur que soi, dieu ou homme. Jamais donc, je ne consentirai à un mal que je sais être tel, par crainte d’une chose dont j’ignore si elle est bonne ou mauvaise, et pour l’éviter ». SOCRATE sait ce qui est bien et mal Par conséquent, il ne fera jamais le mal par ignorance. « Nul n’est méchant volontairement » : formule qui résume la morale socratique, qui signifie que l’homme ne fait le mal que par ignorance du bien. Un homme qui connaît le bien ne peut pas faire le mal. Mais comment expliquer que SOCRATE connaisse le bien, et en même temps ne sache rien ?

2) L’examen de soi

Questionnement et connaissance du bien Pour accéder à la connaissance du bien, il faut en fait se questionner sans cesse, s’examiner, remettre en question ses préjugés, évaluer ses actes. SOCRATE interroge les Athéniens pour les inviter à se soucier de leur âme. Se soucier de son âme exige de se détourner de ses préoccupations quotidiennes. Ce n’est pas de l’égoïsme. « Quoi ! Cher ami, tu es Athénien, citoyen d’une ville qui est plus grande, plus renommée qu’aucune autre pour sa science et sa puissance, et tu ne rougis pas de donner tes soins à ta fortune, pour l’accroître le plus possible, ainsi qu’à ta réputation et à tes honneurs. Quant à ta raison, quant à la vérité, quant à ton âme, qu’il s’agirait d’améliorer sans cesse, tu ne t’en soucies pas, tu n’y songes pas ! » Socrate ne lâche pas celui qui croit avoir soin de son âme : « non, je l’interrogerai, je l’examinerai, je discuterai à fond » pour qu’il prenne conscience de son erreur.

3) Le souci des autres

SOCRATE, médecin de l’âme SOCRATE tient sa mission de son « démon ». « une certaine voix, qui, lorsqu’elle se fait entendre, me détourne toujours de ce que j’allais faire, sans jamais me pousser à agir ». = sorte de conscience morale lui imposant un moment de réflexion en interrompant l’action. « Ma seule affaire, c’est en effet d’aller par les rues pour vous persuader, jeunes et vieux, de ne vous préoccuper ni de votre corps ni de votre fortune aussi passionnément que de votre âme, pour la rendre aussi bonne que possible ». SOCRATE est indispensable à la cité d’Athènes, afin de la « stimuler comme un taon stimulerait un cheval grand et de bonne race, mais un peu mou en raison de sa taille, et qui aurait besoin d’être excité ». Analogie entre Athènes et un grand cheval mou. SOCRATE néglige ses propres affaires, intérêts pour s’occuper de l’âme de tous les Athéniens, riches ou pauvres (il n’est pas rémunéré comme les Sophistes).

Jusqu’où se soucier des autres ? Faut-il se soucier plus des autres que de soi ? SOCRATE a refusé de prendre part à la politique, pour toujours défendre la Justice. Il a participé quelquefois : la défense des stratèges lors de la bataille des Arginuses, de Léon de Salamine. Un homme juste voulait éviter l’injustice ne peut faire de politique dans une cité injuste : il se perdrait. SOCRATE accepte la sentence injuste des Athéniens, et sa mise à mort, car il vaut mieux subir l’injustice que la commettre. Remettre en cause les Lois risque de déstabiliser la Cité et de conduire à beaucoup d’injustices (cf. Le Criton). Mourir n’est pas un mal

Transition Donc, pour se soucier de son âme, il faut accepter de se sacrifier …

III. AGIR MORALEMENT, C’EST SE SOUCIER DE CE QUI N’EST PAS SOI

1) Le vide éthique

Une situation inédite Le progrès technologique étend les conséquences de l’agir humain. L’action porte non plus sur le local et le présent, mais le lointain et l’avenir. « possibilités apocalyptiques contenues dans la technologie moderne ». Hans JONAS, Le Principe Responsabilité, 1979 Les morales traditionnelles se conjuguent au présent : « Aime ton prochain comme toi-même », « Agis de telle sorte que la maxime de ta volonté puisse toujours servir de principe d’une loi universelle »… Elles reposent sur la proximité et la réciprocité des droits et des devoirs. Elles sont inadaptées à la situation actuelle. Effacement distinction nature / artefact (produit humain) : domination de la nature qui risque de conduire à une catastrophe. L’homo faber (fabricateur) a pris le pas sur l’homo sapiens (sage).

2) La responsabilité à l’égard du vulnérable

La nature périssable et vulnérable Nouveauté : L’homme devenant capable de détruire la nature, elle apparaît périssable et vulnérable, alors qu’elle était avant une évidence. Sentiment de responsabilité. Dans la définition traditionnelle, nous répondons des conséquences de nos actes passés. Maintenant, il faut être responsable des actes à venir, prévoir les effets futurs de nos actions. « Éthique de la conservation, de l’empêchement », et non « éthique du progrès et du perfectionnement ». « L’avenir de l’humanité est la première obligation du comportement collectif humain à l’âge de la civilisation technique devenue « toute-puissante » ». Principe normatif absolu : préserver une nature habitable pour les générations futures. Axiome universel.

Le modèle de la responsabilité Cette responsabilité doit être pensée sur le modèle de celle des parents à l’égard de leurs enfants. La responsabilité se révèle à l’égard de ce qui est d’abord sans défense : « ceux qui ne sont pas encore nés sont- sans pouvoir ». Non plus logique juridique, réciprocité du droit et des devoirs. La nature n’a pas de droits, mais nous sommes responsables d’elle. Responsabilité « métaphysique ».

3) L’« heuristique de la peur »

La prophétie du malheur Question de « savoir si, sans le rétablissement de la catégorie du sacré qui a été détruite de fond en comble par l’Aufklärung [Lumières] scientifique, nous pouvons avoir une éthique capable d’entraver les pouvoirs extrêmes que nous possédons aujourd’hui ». Être responsable, désormais, c’est prendre des décisions en envisageant le pire, la catastrophe. Il y a une « priorité du mauvais diagnostic sur le bon », ou « davantage prêter l’oreille à la prophétie du malheur ». La crainte devient un principe éthique. C’est « l’heuristique de la peur ». JONAS conteste l’utopie de la société d’abondance.

Une éthique de la précaution Il faut prendre conscience des limites de nos ressources. Il s’agit de suspendre toute recherche scientifique qui pourrait s’avérer dangereuse pour la nature et l’homme, et inciter à un moratoire.

CONCLUSION Agir moralement, c’est être capable de se décentrer de son quotidien, de ses propres intérêts, de s’examiner, et d’inviter les autres à se soucier d’eux-mêmes (dans ce sens). C’est aussi se soucier des conséquences lointaines de nos actions, des générations futures.