À partir de l'analyse et de la confrontation des deux documents, répondez à la consigne suivante : Quels facteurs font du Proche et du Moyen-Orient un foyer de conflits et quelles sont les évolutions liées à ces conflits depuis 1918 ? http://www.pedagogie.ac-nantes.fr/histoire-geographie-citoyennete/enseignement/evaluer/un-foyer-de-conflits-le-proche-et-le-moyen-orient-684571.kjsp?RH=PEDA

NB : la question traitée est indéniablement une question complexe et difficile. Il en va de même pour le sujet proposé (analyse et confrontation de deux cartes). De fait, les attendus de correction qui suivent ont pour but de faire globalement le tour du sujet. Pour autant, il va de soi que l'exhaustivité n'est pas attendue de la part du candidat : c'est son aptitude à mobiliser à la fois des capacités et des connaissances pour répondre clairement à une question générale reposant sur l'analyse et la confrontation de deux cartes qui doit être privilégiée lors de l'évaluation.

les grands enjeux qui caractérisent la région : importance géostratégique, diversité ethnique et culturelle, présence des lieux saints des trois grands monothéismes, forte pression démographique, importantes réserves mondiales de pétrole

la complexité d'une histoire politique et diplomatique « marquée par l'influence des grandes puissances »

la montée de l'islamisme politique.

Le sujet confronte des cartes, documents dont les élèves sont familiers sur cette question puisque les cartes sont les supports privilégiés pour aborder les études conduites dans cette partie du programme. La confrontation entre la situation au lendemain de la Première Guerre mondiale et 2012 invite le candidat à traiter le sujet dans une perspective historique, et lui permet de réinvestir le travail d'analyse conduit en classe. Il lui faut cependant veiller à ne pas tomber dans le piège et/ou la facilité d'une récitation du cours qui transforme les documents en prétexte ou omet de les exploiter et de les citer.

Sans que cela constitue un plan type obligatoire, on peut attendre du candidat : - qu'il présente les deux cartes, toutes deux issues de sources scientifiques et qu'il décrive les contextes auxquels elles font référence : Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la région se trouve soumise à la logique coloniale et au contrôle des métropoles européennes, en particulier les puissances française et britannique qui sont mentionnées dans la troisième partie de la légende. Déjà présentes avant 1914 dans la région, elles y renforcent leur influence par le système des mandats attribués par la SDN pour administrer les territoires libérés de la puissance ottomane depuis 1918. Aujourd'hui, dans un Proche et Moyen Orient où le principe de l'Etat-nation a remplacé les logiques impérialistes du passé, le contexte se caractérise par la multiplication des foyers de tensions et de conflit, et le renforcement des enjeux géostratégiques à l'échelle régionale et internationale. - qu'il conduise une analyse conjointe des deux cartes et qu'il veille à opérer des comparaisons. On pénalisera donc les travaux qui conduiront une exploitation distincte des documents.

les cartes permettent d'identifier trois grands types de facteurs : Cette analyse peut s'appuyer sur une démarche reprenant les termes de la consigne : les cartes permettent d'identifier trois grands types de facteurs : la question des frontières : la confrontation des deux cartes montre que les frontières d'aujourd'hui sont le produit des découpages imposés par les puissances tutélaires et la SDN durant l'entre-deux-guerres. Ceux-ci ayant été dictés par les intérêts de ces puissances et leurs visions géopolitiques, ils ont remplacé les logiques tribales et l'empire multinational et multiconfessionnel de l'époque ottomane par le principe de l'Etat-nation, et créé ainsi les conditions d'une balkanisation de la région. On peut attendre que soit, par exemple, cité le cas des populations kurdes mentionnées par la carte 1, mais sans Etat souverain sur la carte 2. Le Kurdistan irakien y apparaît comme un foyer majeur de conflit.

La diversité ethnique et religieuse est soulignée par la carte 1 dans les deux premières rubriques de la légende. On peut attendre que cette diversité soit précisée et développée par le candidat. Cette diversité débouche en effet sur l'épineuse question des nombreuses minorités, et de leur gestion dans le cadre d'États-nation fondés sur une autorité centralisatrice et la diffusion d'une idéologie nationaliste unificatrice.

L'importance géostratégique de la région, pont entre l'Europe et l'Asie. La carte 1 permet de rappeler les motivations des tutelles européennes, en particulier la protection de la route des Indes qui est alors la principale préoccupation de la diplomatie britannique. La carte 2 mentionne des passages maritimes stratégiques, notamment le détroit d'Ormuz par lequel transite toujours la majorité des navires pétroliers, malgré la politique de diversification des acheminements et la construction des conduites terrestres. La localisation de réserves pétrolières et gazières importantes appelle également un développement qui démontre l'importance de cet enjeu dans le contexte actuel d'une demande accrue par la croissance des pays émergents, et d'une dépendance forte des économies industrialisées à l'égard des hydrocarbures. L'enjeu du partage de l'eau peut également être décrit à travers le cas des barrages qui se sont multipliés sur le Tigre et l'Euphrate, notamment sur le cours supérieur de ces fleuves qui naissent en Turquie. Enjeu plus récent mais potentiellement très dangereux, la nucléarisation de la région doit être mentionnée à partir de la carte 2.

Les cartes permettent d'appréhender l'évolution des conflits, dont la complexité tient aux héritages historiques, à la multiplicité des échelles, et à leur imbrication régionale et internationale.

Des conflits majeurs ouverts : on peut attendre, en fonction des sujets d'étude retenus, qu'un exemple soit développé et que soit mentionnée son internationalisation éventuelle.

Des peuples sans État : on peut attendre une description succincte du problème kurde, ou plus probablement du problème palestinien. On valorisera les copies qui historicisent ces conflits et soulignent leurs formes d'internationalisation.

Des tensions internes aux États confrontés à la contestation des peuples révoltés contre l'autoritarisme et les dictatures, à des violences intercommunautaires et/ou à la montée d'un islamisme violent. En fonction des sujets d'étude retenus, on ne peut attendre que soient décrites toutes les situations mentionnées par la carte 2, notamment en ce qui concerne les Révolutions arabes dont on ne peut exiger que les développements les plus récents soient connus. On valorisera les travaux qui peuvent apporter quelques précisions à partir d'un exemple localisé.

Une tutelle étrangère toujours forte : on sera attentif à ce que soit évoquée cette permanence de la géopolitique du Moyen Orient. Plusieurs indices en témoignent sur la carte 2 : les États sous embargo, les bases militaires américaines et britanniques et les flottes des États-Unis. On valorisera les copies qui sont en mesure de décrire et d'expliquer ces expressions de l'interventionnisme anglo-américain et de la communauté internationale. On valorisera également les copies qui tireront de la confrontation des deux cartes les grands traits de l'évolution de cette tutelle. Cette tutelle étrangère, motivée par les enjeux géostratégiques de premier ordre, s'explique également par l'absence d'une puissance régionale dominante capable de fédérer des logiques de coopération et d'intégration suffisamment puissantes pour atténuer les logiques de conflits.

Le candidat pourra conclure son étude critique par l'évocation des conséquences de cette histoire politique et diplomatique complexe. On peut attendre qu'il souligne les éléments suivants : - l'importance de la région dans la géographie des conflits, le Proche et le Moyen-Orient constituant un des foyers majeurs de tensions et de conflits à l'échelle planétaire. - Le caractère particulièrement dangereux de plusieurs de ces conflits dont l'internationalisation peut entraîner des logiques très déstabilisatrices pour la région et au-delà. - La persistance d'une tutelle étrangère qui est venue se substituer aux tutelles coloniales d'avant-guerre. Depuis la fin de la guerre froide s'est imposée une tutelle américaine dont la diplomatie peut se montrer très interventionniste, mais qui doit aussi composer avec d'autres puissances (Union européenne, Russie, Chine). - l'absence de référence explicite à l'islamisme politique qui constitue une limite des documents. On pourra valoriser les copies qui mentionneront cette limite et qui la relieront aux tensions politiques que nourrit la montée des partis islamistes depuis l'éclosion des « printemps arabes ».